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tome 1, Chapitre 44 « Un nouveau nom (2) » tome 1, Chapitre 44

15 – Où Herlhand gagne un nouveau nom et touche presque son rêve (2)

J’eus l’impression de me trouver face à une meute de loups qui se demandaient lequel d’entre eux pourrait m’arracher le premier morceau.

Le maître des lieux daigna se lever pour me saluer :

« Capitaine, je vois que ma fille a bien rempli sa tâche et vous a mené sans traîner à notre quartier général ! »

Il gloussa légèrement :

« Vous avez dû être étonné de constater que nous avions pignon sur rue ! Dites-vous que c’est justement pour cette raison que nous pouvons perdurer. Le secret attire la méfiance, mon jeune ami. Ce sera votre première leçon… »

Il se tourna vers ses invités :

« Voici le jeune homme dont je vous ai parlé. Messire… »

Il haussa un sourcil, comme pour m’interroger sur la question. Je m’apprêtais à m’annoncer sous l’identité d’Herlhand vor'Deiter, mais une vague réticence m’en empêcha.

— Herezan », déclarai-je avec fermeté.

Ce nom appartenait à un général Argylien, du temps de la royauté silindarienne. J’avais toujours trouvé qu’il sonnait bien.

« Messire Herezan, donc, répéta Karolys avec approbation. Soyez le bienvenu en ces lieux. Je vais vous présenter les autres membres du conseil. Ensuite, vous pourrez vous asseoir et nous parlerons. »

Il se tourna vers l’homme à sa droite :

« Voici le responsable de la branche… du commerce, dirons-nous. Koran Marravin. »

Si j’interprétais bien les non-dits, cet homme devait se trouver en charge des affaires de contrebande. Son visage mince et osseux, aux paupières un peu lourdes et aux lèvres pleines, ne me parut pas laid… mais pas beau pour autant, juste très singulier. Le coin de sa bouche se relevait en un sourire bon enfant qui lui donnait un certain charme. Les femmes devaient l’apprécier – certes pas à toutes, mais celles qui le remarquaient ne devaient pas l’effacer aisément de leur esprit. Sous ces paupières paresseuses veillaient plus de vivacité et d’intelligence que son apparence indolente pouvait le faire supposer. Ce Maravin me plaisait bien.

« Harlon est notre responsable de la branche… militaire, dirons-nous ! »

Je le détaillais avec tout autant d’intérêt que son collègue ; à ma grande surprise, il ressemblait bien moins à un pirate que moi-même. Je l’aurais volontiers pris pour un marchand cossu, avec ses cheveux gris fer et son ventre confortable. Il ne portait pas la moindre cicatrice, ni même le hâle de l’altitude. Peut-être jouait-il les stratèges ? Sans doute en apprendrais-je plus par la suite.

« Ce gentilhomme, poursuivit maître Karolys, s’occupe plus particulièrement du traitement des soucis… individuels. »

Je notai le ton presque ironique dont il avait prononcé le mot « gentilhomme » ainsi que l’étrange absence de nom. Plus encore que ses deux camarades, il ne collait pas à l’activité sous-entendue… le noble art de l’assassinat. Il possédait un physique ingrat, avec un visage aux traits épais, qui lui donnait l’air d’un lourdaud. Malgré tout, je remarquai dans ses expressions subtiles et dans son regard brillant le témoignage d’une vive intelligence. D’une certaine manière, il aurait pu être l’un des multiples frères, oncle et cousins de Klehon, même si mon valais semblait fort affûté en comparaison de cet homme !

« Je précise, ajouta Karolys, qu’il n’est là qu’en observateur. Ensuite, voici Kolher, notre trésorier. »

Bien entendu… Je pouvais comprendre l’importance primordiale de ce poste dans une organisation telle que la confrérie. Kolher me fit l’effet d’un bon vivant, souriant, rougeaud, passablement débraillé ; en bref, tout le contraire de l’apparence austère et méticuleuse que l’on associait communément aux comptables et autres trésoriers. Je me demandai avec amusement si Karolys s’ingéniait à ne rassembler que des personnes qui ne possédaient pas le physique de l’emploi.

« Et notre spécialiste de la sécurité, dirons-nous… maître Aspard ! »

L' homme m’adressa un petit sourire ; loin d’être une brute épaisse auquel on pouvait s’attendre, il était mince, mais tout en nerfs, avec un visage au teint mat, des traits élégants rehaussés par un anneau doré dans le lobe de son oreille droite et de grands yeux veloutés. Je me surpris à admirer sa mise impeccable. Son expression cordiale tranchait avec sa fonction supposée. Même quand il s’affalait dans un fauteuil, la grâce inconsciente de ses gestes trahissait un maître d’armes accompli.

Je m’interrogeai sur ces individus si paradoxaux, dont les postes s’apparentaient à ceux des conseillers d’un prince, mais avec une meilleure compétence – ou du moins l’espérai-je. Quant à leur côté disparate, il me rappelait mes propres troupes, un ramassis de forbans qui ne manquaient pas de talents !

« Eh bien, mon garçon, venez vous asseoir avec nous ! Nous n’avons aucune intention de vous laisser debout, surtout dans votre état de convalescent ! »

La jovialité de Karolys ne me trompa guère. Une lueur calculatrice brillait dans son regard.

« Je vous remercie, déclarai-je courtoisement. J’aimerais savoir ce que vous attendez de moi aujourd’hui. Si vous souhaitiez juste me présenter au conseil de la confrérie, c’est chose faite. Si vous projetez de m’expliquer quelle sera ma tâche future, je suis tout ouïe ! »

Une fois ma tirade terminée, je m’installai dans le fauteuil désigné par Karolys, résolu à ne plus prononcer un mot tant que je n’en saurais pas plus sur les raisons de ma présence.

« Voici un jeune homme qui ne manque pas de caractère, remarqua Maravin avec un sourire.

— C’est ce qui m’a porté à l’engager, expliqua Karolys. Il montre une grande audace et la chance semble l’accompagner, plus qu’il ne l’imagine… »

Appréciant assez peu qu’on parlât de moi alors que je me trouvai dans la pièce, je levai les yeux au ciel :

« Bien. Puisqu’on ne sollicite rien de plus de moi, pourrais-je au moins avoir à boire ? »

Un léger rire secoua l’assistance.

« Décidément, déclara Kolher avec force, il me plaît, ce garçon. Je ne sais où vous l’avez trouvé, mais vous ne vous ennuierez pas avec lui ! »

Leurs réactions commençaient à m’agacer. J’éprouvais le sentiment d’être traité comme une bête curieuse et la situation me hérissait le poil. Je n’avais pas été engagé pour leur servir de bouffon ! Puisqu’Herezan était mon nouveau nom, ils allaient devoir le respecter !

« Bien. Je reformule ma question : qu’attendez-vous de moi, aujourd’hui, en ces lieux ? Si c’est pour me présenter le fonctionnement de la confrérie, je vous écouterai attentivement. Si c’est juste pour passer du bon temps en ma compagnie et apprendre à me connaître, je suis votre homme. Si c’est pour se payer ma tête, je peux tout aussi bien repartir dès à présent. »

Quelques grimaces suivirent mes paroles, mais Aspard et l’illustre inconnu me lancèrent un regard appréciateur.

« Loin de nous l’idée de vous humilier, répondit Karolys avec un sourie patelin, nous souhaitons vous accueillir comme il se doit. Je comprends qu’après avoir traversé toutes ces épreuves, vous vouliez reprendre votre destin en main. Puisque vous sollicitez des explications, vous en aurez ! »

Il prit la peine de se lever pour me servir un verre :

« C’est un marden de vingt ans d’âge… Vous m’en direz des nouvelles ! »

J’acceptai le verre qu’il me tendit, le remerciant d’un signe de tête. Tous les regards reposaient sur moi.

« Je tiens d’abord à vous assurer que je ne me moque pas de vous, capitaine. Après tout, comme vous nous l’avez répété, je suis responsable de votre présence. Nous avons tous conscience de votre valeur, mais vous devez comprendre que pour le moment, vous n’êtes qu’un potentiel brut. Je compte vous laisser le temps de prendre vos marques, mais tôt ou tard, il vous faudra faire vos preuves.

— Je n’ai pas de problème avec ça, répondis-je fermement.

— Je n’en doute pas. Tout d’abord, l’invitation que vous avez reçue constitue une faveur extrême. La plupart de nos membres sont observés durant des années avant d’être « invités » parmi nous. Nous n’admettons pas non plus, généralement, de capitaines aussi jeunes. Vous commencerez par le bas, comme tout un chacun. Vous n’avez pas l’âme d’un transporteur et votre nef est bien armée. Vous travaillerez donc, dans un premier temps, sous la couverture d’un escorteur privé – vous obtiendrez toutes les autorisations nécessaires. Il va sans dire que les clients que vous protégerez appartiendront au domaine de compétence de notre ami ici présent ! »

Il désigna du regard Marravin, qui m’offrit un salut non dénué de panache. Parmi l’assemblée, il me semblait le plus aisé à apprécier ; j’aimais le recul amusé dont il savait faire preuve.

« Cela me convient tout à fait ! »

Si j’avais disposé de deux jambes valides, je les aurais croisées avec désinvolture. Je me contentai de faire tourner le marden dans le verre ; il s’agissait de l’alcool tramondien le plus populaire, mais jusqu’à présent, je n’en avais consommé que du médiocre. Je le goûtai avec application. J’en trouvai le parfum agréable et chargé de nuances épicées, quoiqu’un peu délicat à mon opinion. Nos breuvages de l’Est bénéficiaient généralement de plus de corps, d’une saveur plus prononcée, un arrière-goût plus âpre… En bref, ils nous ressemblaient. À en croire ses alcools, dans ce vaste royaume policé, l’ambiance devait être bien plus feutrée, même si les Marches dardaniennes représentaient sans doute une transition entre ces deux univers.

« Fameux, murmurai-je en posant sur l’accoudoir la main qui tenait le verre.

— Ravi que vous appréciiez. Avez-vous d’autres questions ?

— Je suppose que si tout se passe bien, je monterai en responsabilités ?

— C’est fort possible, mais ne vous attendez pas à une progression fulgurante. Je vais avoir besoin de tester votre loyauté autant que votre talent… »

Je plongeai mon regard dans les yeux rusés de maître Karolys :

« Vous doutez de ma loyauté plus que de mon talent, si je comprends bien ?

— Pour l’instant, je doute surtout de votre bon sens. »

Je me sentis insulté par cette remarque ; même si je ne pêchais pas par excès de prudence, je n’avais pas pour habitude de me précipiter tête baissée dans les ennuis !

Mes yeux se baissèrent sur ma jambe blessée.

Peut-être bien que si.

« Certes, grommelai-je, il est possible que j’aie laissé la fougue de ma jeunesse me monter à la tête. Mais je suis bel et bien guéri de ce genre de chose. »

— Nous en jugerons avec le temps. »

Il esquissa un léger sourire :

« Cela dit, je ne vous ai pas convié ici pour discuter de vos perspectives de carrière, mais pour que vous puissiez mieux comprendre notre structure. »

Il engloba d’un regard circulaire ses compagnons :,

« Voyez-vous, mon jeune ami, notre organisation pourrait se rapprocher de celle des cités libres telles qu’Haverat. Pour chaque poste vacant, des candidats sont encouragés à se présenter. Le meilleur d’entre eux est choisi par les autres membres du conseil. Malgré tout, il arrive que certaines personnes soient admises au conseil, comme notre ami ici présent, pour l’expertise dont elles font preuve. »

Il avait désigné celui que je subodorais appartenir à une caste bien plus ténébreuse que le reste de l’auditoire.

« Est-ce que vous faites une visite guidée à tous vos membres putatifs ? »

Aspard se raidit ; visiblement, mon insolence l’indisposait plus que ses pairs. Je décidai de me contrôler un peu. Après tout, il s’agissait de mon avenir !

« Je veux dire, est-ce que je dispose d’un traitement particulier ou est-ce la procédure habituelle ? »

Harlon caressa sa fine moustache :

« Eh bien, mon jeune ami, déclara-t-il d’une voix précise, les nouveaux ne sont habituellement présentés qu’au responsable de la section où ils seront affectés, ainsi qu’au maître de la confrérie. Mais vous constituez un cas très singulier. Compte tenu de votre… lignée, votre admission a été âprement débattue. Certains y voient un grand avantage, d’autres un danger susceptible d’entraîner notre perte. En ce qui me concerne, je partage avec maître Karolys l’idée que puissiez constituer un élément de talent. »

Je me demandais lesquels d’entre eux s’étaient opposés à mon arrivée dans les rangs de la Confrérie. Aspard ? Qui d’autres ? Pour l’instant, je peinais à le déterminer. J’avais appris à me méfier des visages souriants, qui pouvaient masquer de l’hostilité ou des desseins inavoués.

« Cela dit, poursuivit-il avec l’œil pétillant, vous ne saurez pas forcément qui s’est déclaré contre vous et inversement… Sauf, bien entendu, maître Karolys, comme vous vous en doutez. De toute façon, nous ne pourrons nous faire un avis définitif que lorsque nous vous aurons vu à l’œuvre. Commencez tout d’abord par poser vos malles. Guérissez de vos blessures… toutes vos blessures, travaillez à établir votre couverture, et dès lors, vous nous montrerez ce que vous valez ! »

Je serrai les mâchoires, vexé par le ton un peu trop paternel de l’homme. Mais je ne pouvais pas le lui reprocher.

« Pour l’instant, cela nous suffira, déclara Maravin. Par contre, nous vous avons attribué une autre tâche que vous entreprendrez dès à présent… »

Je haussai un sourcil et pris le temps d’avaler quelques gorgées de marden, avant de demander d’un ton aussi détaché que possible :

« Une autre tâche ? De quoi parlez-vous ? »

Harlon regarda le plafond et esquissa un sourire exagéré :

« Cela me blesse de l’avouer, mais aucun d’entre nous ne partage votre bagage en ce qui concerne le combat aérien. Vous êtes issu de l’académie d’Harroldehm, et même si celle d’Orebrune la surpasse en réputation, elle n’en demeura pas moins l’une des toutes meilleures du continent. Pour notre part, nous possédons une formation bien plus… empirique. Ce qui présente des métrites, mais vos connaissances nous intéressent malgré tout. Tout autant, d’ailleurs, que vos capacités singulières. Il semblerait que vous sachiez improviser des tactiques auxquelles vos adversaires n’auraient jamais pensé… Vous intégrez les particularités du terrain et recourez à des mouvements qui n’existent dans aucun manuel. Cette faculté, alliée à votre savoir académique, devrait faire de vous un redoutable conseiller en tactique de combat aérien. »

Cette fois, je restai sans voix… Pourtant, cette demande me paraissait tout à fait pertinente. Ces hommes étaient des aventuriers, et comme Karolys l’avait lui-même avoué, il comptait sur moi pour insuffler des valeurs qui n’avaient pas cours en leurs rangs. Partant de là, il semblait logique de masquer mon rôle véritable sous ce genre d’écran de fumée.

Peut-être attendait-il réellement de moi ce type de compétence. Et dans ce cas, la moindre erreur de ma part pourrait se retrouver désastreuse… Des gens qui frictionnaient avec un maître-assassin ne s’embarrasseraient sans doute pas d’états d’âme.

Je commençai à en avoir mal à la tête ; un moment, je fus tenté de bondir de mon siège et de disparaître par la fenêtre, avant de me rappeler d’une terrible réalité : j’en étais incapable. Tout ce que je pourrais faire était boitiller vers la porte d’un air offusqué. Autant pour le panache…

Je me renfonçai dans le fauteuil, les yeux fixés sur le fond de mon verre. Même le marden avait pris un goût amer : je pensais ma place acquise quand Karolys m’avait traîné dans la Confrérie, mais je découvrais peu à peu le prix que je devrai payer.

Ce qui ne voulait pas dire que je ne me sentais pas à la hauteur de la tâche… J’ignorais juste le niveau de leurs exigences.

Tout à coup, une immense fatigue me tomba sur les épaules. Toutes les forces que j’avais récupérées durant ma convalescence s’étaient comme envolées. Je regardais mes mains crispées autour du verre, remarquant à quel point les os saillaient sous la peau. Mes vêtements restaient un peu trop lâches, mais je n’avais pas réalisé à quel point… Je devais ressembler à un épouvantail !

Étrangement, ce détail me rattrapait au moment où j’aurais dû me préoccuper de questions bien plus graves. Sans doute parce que je me rappelais soudain combien j’étais faible et fragile encore, à la merci complète de ces hommes. Non seulement moi, mais mon équipage… Comment avais-je pu les mettre ainsi à la merci de ces aventuriers sans foi ni loi ?

Certes, parmi eux figuraient bon nombre d’aventuriers sans foi ni loi… Malgré tout, ils se retrouvaient dans une position plus compliquée que je l’aurais cru… Et par ma faute !

« Vous êtes bien silencieux, jeune homme, remarqua Maravin. Quelque chose vous trouble ? »

Je me demandai s’ils se moquaient de moi. Ils en avaient le droit ! Est-ce que pour ma seconde fois, j’étais tombé dans un guet-apens ? Projetaient-ils de me livrer aux autorités du pays contre rançon, pour avoir osé franchir la frontière ? À cette pensée, mon cœur se serra si fortement que je manquai d’air. Le verre échappa à mes mains et explosa sur le sol en un millier de fragments scintillants, répandant au sol les dernières gouttes du précieux liquide doré. Mon cœur battait si fort dans ma poitrine que je crus qu’il allait s’en arracher. Ma raison avait beau me hurler que je faisais fausse route, que personne n’avait intérêt à me sacrifier, que Karolys ne leur avait sans doute pas révélé mon vrai nom… Le fait de me trouver seul et impuissant au milieu de cette assemblée criminelle me faisait redouter le pire.

« Herezan ? »

Je respirai profondément, tâchant de reprendre mon calme. Je m’obligeai à un sourire, encore plus contrit, sans doute, que je le croyais possible.

« Je vous présente mes excuses. La blessure de mon bras a fait des siennes. Parfois, elle me lance et je deviens malhabile…

— Bien entendu, je comprends, déclara Karolys d’un ton paternel. Après tout, je vous ai trouvé dans un état déplorable et il vous faudra encore un peu de temps pour guérir totalement… »

Ses yeux sombres lancèrent des regards comminatoires vers certains de ses alliés ; je compris qu’il leur ordonnait de me ménager.

Je me forçai à sourire :

« Je n’oublie pas que je vous dois probablement la vie ! » déclarai-je solennellement.

Après tout, on ne sauvait pas un mourant pour le sacrifier de nouveau, à moins d’avoir perdu toute santé mentale – ce qui ne semblait pas être le cas de Karolys.

— Je vais vous faire examiner par notre médecin, reprit mon bienfaiteur. Il pourra juger de votre état et estimer le temps qu’il vous faudra encore pour redevenir pleinement opérationnel. En attendant, nous assurerons votre position en vous confiant des missions d’escortes de routine, qui assureront des soldes régulières à vos hommes. »

Ses prunelles brillèrent d’un éclat amusé :

« Tâchez de ne pas trop vous y habituer ! Nous aurons rapidement besoin du côté plus… acéré de vos capacités ! »

J’inclinai la tête pour signifier mon accord, sans quitter du regard mon nouveau maître – même si j’avais peine à lui donner ce nom. Au moins montrait-il de la vivacité et de l’intelligence, ce qui me changerait de ses prédécesseurs.

« Cela va sans dire. J’ai d’abord été surpris par la teneur de vos demandes, mais à présent, je m’en sens profondément flatté ! J’espère que je me montrerai à la hauteur de la tâche.

— Je n’en ai pas le moindre doute, mon garçon. Vos actions parlent pour vous. Si vous mettez du cœur de la bonne volonté, je ne vois aucune raison pour que tout ne se passe pas au mieux. Je ne tiens personne à l’impossible et l’erreur, dans une certaine mesure, est inévitable. Dites-vous que mon oreille sera toujours disponible pour vous. »

J’opinai de nouveau, un peu rassuré.

« À présent, capitaine Herezan, vous pouvez vous retirer. Nous avons à parler d’autres questions qui, pour l’instant, ne vous concernent guère. Initza vous attend pour vous expliquer la suite. »

Je me levai tant bien que mal du fauteuil dans lequel j’avais sombré et m’inclinai profondément devant mon bienfaiteur. Il leva la main pour arrêter mon geste :

« Nul n’est besoin de tant de cérémonies, capitaine Herezan. Vous apprendrez vite qu’ici, les actions ont plus d’importance que les apparences. Même si je dois admettre que ce genre d’attention n’a rien de désagréable ! »

L’assemblée presque dans son entier frémit de rire ; cette fois, je promis de ne pas m’en offusquer. J’ignorai quelles conversations suivraient mon passage, mais je devinai que je n’en serai pas absent.


Texte publié par Beatrix, 14 janvier 2020 à 23h55
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