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tome 1, Chapitre 1 « Une liberté inattendue (1) - V2 » tome 1, Chapitre 1

NDA

Bonjour et bienvenue dans le continent d'Orante ! J'espère que vous aimez l'aventure, les mondes alternatifs et les histoires de cape et d'épée ! Parce que c'est ce que vous trouverez ici, en espérant qu'Herlhand saura vous distraire, vous amuser, vous toucher et peut-être vous séduire ! ^^

Je m'excuse à l'avance des coquilles qui peuvent traîner ici. Je sais hélas qu'elles existent et j'espère qu’elles ne vous empêcheront pas d'apprécier cette histoire. Je ne passe pas par la bêta-lecture et je me corrige seule, avec l'aide d'Antidote qui repère l'essentiel, mais hélas pas tout. Je tenterai une relecture complète quand l'histoire sera terminée.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture ! :)


Chapitre 1 – Où Herlhand vor’Deiter retrouve – malgré lui – sa liberté

et doit décider quoi en faire (1)

« En d’autres termes, monsieur, je ne veux plus de vous en mes états… »

Ces paroles me heurtèrent comme une poignée de gravier en plein visage. M’efforçant de conserver l’expression digne et le corps droit, je regardai mon interlocuteur en face, espérant le voir détourner les yeux.

Il n’en fut rien.

« J’avoue mal comprendre, Votre Altesse. Puis-je au moins savoir ce que vous me reprochez ?

— Vous le savez parfaitement, capitaine vor'Deiter. »

Mes mains s’étaient crispées au point que mes ongles blessaient mes paumes ; je m’obligeai à les relâcher. Il n’y avait aucune raison pour que ce pantin m’intimidât. Personne n’y était jamais arrivé, que ce fût à l’Académie d’Harroldehm ou ailleurs. Je ne laisserais pas cet honneur à un prince de pacotille dont les états n’avaient même pas la taille d’une ville de province ellegienne.

Non, ce qui me rongeait était bien autre chose…

De l’amertume.

Une amertume profonde, étouffante, débilitante, qui me remontait du fin fond de la gorge. Je regardai le prince en silence, détaillant avec un étrange détachement chacun de ses traits : les yeux sombres et profondément enfoncés, le nez légèrement busqué, la mâchoire carrée, les lèvres fines… Sa faiblesse, sa lâcheté, sa médiocrité, rien de tout cela n’apparaissait clairement dans sa physionomie. La salle d’apparat surchargée de peintures mythologiques inspirées de l’art sertorien, encadrées de frises dorées et de panneaux sculptés, témoignait bien davantage de la vanité du prince d’Ingarya que son physique.

Certes, je ne m’étais jamais totalement fié à lui. Il me montrait bien trop d’amitié et de façon trop ostentatoire pour être sincère. Mais à mon arrivée, jeune officier de vingt ans, venant de quitter en catastrophe son second poste, j’avais été trop heureux de me voir attribuer une charge, un commandement de surcroît. Quant à lui, il pouvait se vanter d’avoir à son service un capitaine formé par la prestigieuse académie d’Harroldehm, capitale de l’Empire ellegien.

L’académie intégrait toujours pour moitié des élèves issus de la mosaïque de petits états qui s’étendait entre lui et le royaume de Tramonde, l’autre grande puissance du continent. C’était une façon de conserver une saine influence sur ces multiples principautés qui n’étaient indépendantes que de nom et de les maintenir dans son alliance, sans avoir à absorber cette zone chaotique.

Ma province natale, Trazzetia, se trouvait directement sous allégeance de l’Empire, ce qui facilitait les choses. Mais en tant que rejeton un peu trop remuant d’une lignée ruinée, dont les représentants clamaient à qui voulait l’entendre que la domination de l’Empire n’était que symbolique, je n’avais que peu de chance d’intégrer la marine aérienne d’Ellegis. Des circonstances familiales défavorables avaient tué ce faible espoir. Après deux premières expériences calamiteuses, j’avais enfin trouvé prestige et stabilité à Ingarya… pendant deux ans tout au moins.

« Est-ce là toute votre réaction ? Me regarder avec insolence ne changera rien à votre situation. »

Tout cela devenait tellement ridicule que je ne pus m’empêcher de rire.

« J’ignore ce qui provoque votre hilarité, monsieur. Au cas où vous l’auriez oublié, je suis totalement au fait de votre popularité croissante en ces terres. Le capitaine Sirkis m’a fait part de ses doléances vous concernant, et ses paroles n’ont fait que renforcer mes intuitions. Il m’a expliqué comment vous aviez réussi à vous arroger tous les mérites, en dépit de votre manque flagrant d’expérience. Et quelle sera la prochaine étape ? Le pouvoir sur cet état ? »

Mes yeux s’élargirent de stupéfaction. Comment pouvait-il croire une chose pareille ? Jamais ses territoires crottés ne m’avaient le moins du monde intéressé. J’en serais parti tôt ou tard pour tenter ailleurs ma fortune. J’étais déjà en théorie l’héritier de Trazzetia, mais mon père montrait toujours une verdeur insolente – pour longtemps encore, du moins je l’espérais – et sa sœur lui avait offert pléthore de neveux. Si le prétendant décédait, défaillait ou se retirait, le nom comme le pouvoir pouvait passer par la branche féminine. Dans cette mosaïque de petits états souvent en guerre les uns contre les autres, le taux élevé de mortalité dans les familles dirigeantes avait obligé à assouplir les règles de succession, pour éviter l’extinction des lignées par défaut de rejetons mâles et le chaos qui pouvait s’ensuivre.

« Ses vues se sont révélées très éclairantes. Vous estimez sûrement que votre sang est plus prestigieux que le mien ! Et que vous pourriez avantageusement me remplacer à la tête d’Ingarya. »

Un sourire cruel déforma ses lèvres :

« Ce n’est pas comme si votre lignée n’avait pas une longue histoire de trahison derrière elle… »

Ce coup était encore plus bas que les autres, mais je ne m’étonnais plus de rien. À l’âge de vingt-deux ans, se voir reprocher une erreur vieille de plusieurs siècles tenait de la plus totale incohérence.

Et pourtant, quand j’y repensais, le poids de cette erreur conditionnait une bonne part de mon existence, en dépit du changement de nom de notre famille. Je portai en silence la main au médaillon suspendu à mon cou. Un héritage maudit d’un romanesque perturbant. Je ne puis m’empêcher d’esquisser un petit sourire ironique. Ces considérations étaient loin de moi ; je n’avais pour intention que de mener une vie confortable et intéressante, avec juste assez de danger pour faire bouillir mon sang, à l’occasion. Mais je refusais de me voir transformer en personnage de tragédie.

Mais quelle solution me restait-il ? Lui donner raison en me révoltant ? Ce monarque imbécile était-il conscient du fait que s’il me poussait à cette extrémité, il risquait de se trouver détrôné ? Ses misérables alliés ne se donneraient sans doute pas la peine de le défendre. Mais je ne me sentais pas l’âme d’un dirigeant. Loin de moi l’envie de me charger de ce genre de fardeau. J’étais fait pour le mouvement, pour l’aventure… pas pour rester assis sur mon derrière à gérer des chiffres et prendre des décisions politiques. J’étais bien trop épris d’imprévu et négligent dans mes habitudes pour remplir correctement cette tâche.

À certains moments, il fallait savoir mettre de côté sa fierté et choisir la voie la plus raisonnable. Me retenant de lever les yeux au ciel, j’arborai mon plus beau sourire et demandai d’un ton dégagé :

« Eh bien, que puis-je vous répondre… Je ne vois pas ce que je peux faire, sinon quitter vos états ! Ce qui ne devrait pas me prendre trop de temps, vu leur taille. Je sollicite malgré tout un peu de temps pour mettre mes affaires en ordre avant de partir d’Ingarya. »

Mon interlocuteur ne s’était pas attendu à ma soumission apparente. Son visage se ferma.

« De combien de temps avez-vous besoin ? demanda-t-il en soupirant.

— Cinq jours devraient me suffire.

— Soit… »

Son regard sombre confirma sa déception profonde. Peut-être me soupçonnait-il de préparer une vengeance secrète. Comme si j’avais du temps et de l’énergie à gaspiller pour quelqu’un d’aussi méprisable de lui !

« Je vous accorderai trois mois de solde afin de vous permettre de vous refaire plus facilement, après votre départ.

— Merci d’une telle générosité… »

Je m’inclinai profondément – et excessivement, ce qui me valut un nouveau regard pernicieux.

« Puis-je disposer ?

— Faites ! » rétorqua le prince avec un geste agacé de la main.

Sans attendre, je pivotai sur mes talons. Je savais précisément quoi faire ; ni le princelet ni ses serviteurs ne se doutaient de mes projets. J’ignorais quelle intuition m’avait conduit ainsi à assurer mes arrières, mais je ne pouvais que m’en féliciter. Sans me retourner, je sortis de la pièce pour retrouver mes hommes.

Une longue discussion nous attendait.


Texte publié par Beatrix, 26 mars 2018 à 23h16
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