Amalia claqua brutalement la porte. Son ardeur se mua en une colère tout aussi puissante. Il n’avait pas le droit de lui voler ces instants.
« J’ai déjà demandé que vous ne fassiez plus ça ! C’est chez moi !
— Tu paies ce logement avec de l’argent qui appartient à la Confrérie, répondit-il sèchement. Tout comme les Dens que tu as utilisés pour corrompre Liu. »
Sa voix sonna comme une gifle. Pour la première fois, Amalia eut la sensation de l’avoir réellement énervé. Elle croisa les bras et s’appuya sur la porte fermée. Si, au moins, elle l’avait fait réagir, c’était déjà ça.
« Tiens donc… Je croyais qu’il était sans fond, ce compte.
— Il est sans fond. Mais la Confrérie n’intervient pas et une transaction à visée corruptive venant de notre compte a été enregistrée. Tu es sous mandat d’arrêt, je suis venu te chercher avant que ça ne dégénère, encore.
— Qu… quoi ? Mais… »
Elle se redressa. Allan devait à peine avoir rejoint la voiture, elle devait le prévenir. Elle essaya de sortir, mais la porte était fermée.
« Et tu viens, accessoirement, de causer un incident diplomatique entre les Citées Arabes et la Confrérie. Incident par lequel nos négociations actuelles sur la réhabilitation des zones immergées par la Morte persique tombent à l’eau.
— Laissez-moi partir ! » exigea-t-elle.
Une panique s’emparait d’elle.
« Non. Alan est en train d’être arrêté, Monsieur Liu est en garde à vue, le village est déjà encerclé. Il n’y a rien que tu puisses faire. »
Amalia posa sa tête sur la porte et serra les dents. Cela lui arrivait donc encore. Combien de fois allait-elle se retrouver impuissante quand ses proches étaient en danger ?
« Qu’est-ce qu’ils vont leur faire ? » demanda-t-elle, la voix basse.
Elle sentit Kentigern s’avancer dans son dos, mais elle n’eut pas le courage de lui faire face.
« Malo ira en prison, Alan et les siens seront renvoyés en Bretagne. Monsieur Liu sera relâché et destitué de son poste. L’artefact sera retiré. »
Amalia pâlit, serra les poings, puis se mit à pleurer. Tout était de sa faute. Sans elle, ils auraient trouvé une autre solution. Peut-être qu’Akio aurait même accepté de placer le dispositif sans argent. Elle avait cru l’opération sécurisée.
« Bordel ! Mais qui reçoit un pot-de-vin, comme ça, sans s’assurer que la transaction est indétectable ? gronda-t-elle à mi-voix, tremblante.
— Si tu n’avais pas été remarqué sur le réseau plus tôt, tes échanges n’auraient pas été surveillés. »
La jeune femme pleurait contre le bois de sa porte, sans bouger jusqu’à ce que quelqu’un y frappe plusieurs coups vifs. Elle sursauta et s’écarta brutalement. Kentigern l’arrêta et dit simplement :
« Je t’emmène au Monastère. »
Elle se dégagea de ses mains et leva enfin les yeux vers lui. Ils étaient donc déjà là pour elle.
« Vous voulez toujours faire de moi une consœur après ça ?
— On en parlera plus tard. »
Elle lança un bref regard vers la porte et songea, amère, à la vie qu’elle avait commencé à se construire ici. Elle savait que cela finirait ainsi, que Kentigern, un jour, l’attendrait chez elle, debout devant la fenêtre, et qu’il lui tendrait la main pour l’emmener au loin. Mais même cette période d’inconscience qu’il lui avait servi sur un plateau d’argent, elle n’avait pas réussi à la vivre correctement. Pourquoi, par Merlin, avait-elle essayé de s’inventer une nouvelle vie à Dubaï ? Avait-elle ne serait-ce qu’un seul instant envisagé d’y rester ? Quel gâchis !
« Tu restes ici ou tu viens avec moi ? demanda Kentigern sans s’impatienter.
— Vous me laissez encore le choix ?
— Tu as déjà fait ton choix il y a quelque temps, maintenant. »
Elle aurait pu aimer Dubaï, s’y intégrer, y vivre heureuse. Pourquoi avait-elle tout fait foirer ? Pourquoi s’était-elle occupée de l’histoire de ces Bretons ?
« Est-ce que vous pourrez assurer à Malo sa citoyenneté et sauver le village ?
— Pourquoi ?
— Malo ne voulait pas se mêler de tout ça, à la base. C’est ma faute et celle d’Alan.
— Sauver le village ? Pourquoi sauverions-nous celui-ci plus que les prochains que ciblera l’Ordre ? Si nous sauvons ces gens-là, pourquoi ne sommes nous pas intervenus à chaque agression, à chaque guerre ?
— J’ai compris ! Oui, la Confrérie n’intervient pas ! Je sais, j’ai compris ! Mais… bordel, je ne vais pas vous supplier ! »
Elle croisa les bras sur son ventre, malade de n’avoir pas la possibilité d’apporter elle-même l’aide nécessaire à ceux avec qui elle avait célébré toute cette nuit. Elle revoyait chacun d’entre eux avec une précision ahurissante, couplant leur visage et leurs sentiments. Kentigern l’observa, puis soupira.
« Bien. Je m’en occuperai.
— Merci. »
Elle attrapa sa main et ils quittèrent Dubaï.
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