Quelques mois plus tard...
Edward se tenait agenouillé derrière les barreaux de la prison. On l'avait menotté comme un prisonnier de guerre. Il attendait la sentence qui le conduirait surement à la mort. Il dormait peu à cause de la perte de son épouse. Souvent, des cauchemars le hantaient. Il se rappela pourtant le jour de leur première rencontre. Ce jour où il n'était qu'encore qu'un jeune soldat à l'académie militaire royale.
*
L'académie était immense avec ses coupoles en verre et ses drapeaux disposés parfaitement sur les murs. Des dalles en marbre recouvraient le sol. Le plus impressionnant, fut l'architecture de l'académie avec ses piliers formant un dédale de pierres. Cela faisait déjà deux semaines qu'Edward avait entré à l'académie. Il ne passait pas inaperçu parmi ses camarades. Effectivement, le jeune homme avait réussi sans faute les épreuves d'entrée. Ces épreuves se divisaient en trois parties, l'agilité, la tactique et le combat à mains nues. Malgré sa fine corpulence, il ne laissait pas impressionné. Mais, le quotidien militaire commençait à le lasser car il voulait faire ses preuves sur le terrain. D'ailleurs la Grande ville n'était pas la seule ville flottante car d'autres cités peuplaient le ciel. Malgré le nombre important de ces cités, la Grande ville avait le monopole sur les autres. Cela permettait de décourager les autres d'attaquer. Une alliance n'était pas concevable car chaque cité avait ses intérêts. Et lorsqu'il il lui était accordé une permission de sortie, Edward ne se fit pas prier. L'ambiance oppressante de l'académie l'énervait parfois. Il se disait tout de même que ce sacrifice lui permettrait d'être enrôlé parmi les meilleurs. Le prestigieux corps d'élite chargé de défendre le palais royal. Son nom résonnait dans son esprit, « Le bouclier du roi ».
Soudain, un son de cloche retentit dans l'enceinte du bâtiment. Cela signifiait que les soldats avaient l'autorisation de sortie. Edward se rendit comme tous les soldats à l'auberge des « Quatre étoiles «. Il traversa le pont qui reliait académie. L'académie était séparée par une grande passerelle. Il accéda ensuite au centre de la ville ou une allée de commerçants vendait des produits en tout genre. L'auberge se trouvait juste derrière. Il emprunta une allée plus déserte qui l'utilisa comme raccourci. Enfin, il put rejoindre l'auberge ou déjà une foule de personnes se rassemblaient. Il commanda comme d'habitude la même boisson sans alcool. En attendant, il s'assit dans un coin en révisant les tâches du jour. Pour chaque soldat, était attribué des tâches particulières comme de la simple livraison à la surveillance de zones plus dangereuses. Il aperçut soudainement une serveuse qu'il n'avait jamais vu auparavant. Ce qui attira son attention, c'était ses cheveux roux et ses magnifiques yeux verts. Edward avait aussi la particularité d'être un fin observateur, ce qui dans les missions de surveillance lui donna un avantage. Il vit la serveuse s'approchant de lui, plus elle s'approchait, plus le monde se figeait autour de lui. Quand soudain, elle se cogna contre la table et renversa le plateau sur Edward. Elle s'excusa timidement mais Edward s'amusa finalement de la situation. Il lui demande si il était nouvelle ici. Ce à quoi elle répondit par un sourire. Il en perdit même tous ses sens lorsqu'il se présenta :
— Je m'appelle Edward. Je suis soldat à l'académie royale.
— Je l'ai reconnu tout de suite à votre uniforme.
— Effectivement. J'en suis à mes débuts
— Vous comptez rejoindre « Le bouclier du roi « ?
— Exactement ! Comment avez-vous su ?
— Je ne suis pas une simple serveuse vous savez. Quand j'ai du temps libre, j'adore feuilleter les ouvrages de la bibliothèque.
— Une femme cultivée comme vous devrait envisager d'autres horizons
— Oh ce métier me convient parfaitement. Je ne me plains pas et puis je gagne bien quelques pièces.
— J'imagine bien. Mais vous vivez seule ?
— Ca oui... Depuis que ma famille est décédée
— J'en suis navré. J'ai connu aussi des instants de solitude
— Ne vous inquiétez pas. Ça fait un moment déjà
— Je n'ai pas vu mais le temps passe. J'ai encore des affaires à régler
— Je ne vous retiendrai pas dans ce cas. J'ai moi-même à faire.
Edward lui pria d'attendre un instant
— Qu'est ce qui y'a ?
— Que diriez-vous si on revoit ce soir ?
— J'en serai ravie
— Rendez-vous près de la fontaine à la place centrale
La jeune femme s'éloigna en souriant. Edward avait même oublié de lui demander son prénom. Mais pour l'instant, il ne lui resta plus beaucoup de temps pour rentrer à l'académie. Il se pressa de rejoindre le bâtiment royal. Lorsque tous les soldats firent au rendez-vous, ils chantonnèrent l'hymne national. Un hymne qui racontait l'histoire des plus grands soldats du « Bouclier royal « qui avaient combattu pour la Grande ville dans la période du deuxième Age. Ce qui était le plus impressionnant, était l'armement utilisé. En temps de guerre, la cité se dotait d'armures robotique construit par les ingénieurs qui avaient eu même bâti la cité. Et en permanence, un bouclier énergétique protégeait la cité d'éventuels envahisseurs. Puis c'était les exercices de routine ou il fallait compter l'armement et ranger l'équipement militaire dans l'entrepôt. La cité recevait régulièrement des marchandises de ce genre. La journée fit éprouvante pour Edward. L'obscurité tomba rapidement dans la ville. C'était l'heure ou en principe personne n'avait autorisation de sortir sauf pour les tâches particulières. Tout loisir était proscrit pour la soirée. Les hauts gradés veillaient au pas les désobéissants. Edward allait soit devoir trouver un prétexte pour sortir ou se faufiler à travers les gardes. Eventuellement, aucun soldat ne voudrait subir la sanction car elle consistait en un violent choc électrique pour faire passer l'envie de recommencer. Un jour, Edward avait entendu un soldat qui hurlait puis plus rien. Il n'avait pas survécu. La rumeur disait qu'on jetterait les corps dans ce qu'on appellerait le « Vide ». Effectivement, personne n'osait se poser la question s'il existait un monde en dessous de la cité. Personne n'osait remettre en cause les vérités déjà établies car il était interdit d'évoquer l'existence d'un tel monde. C'était pourquoi il y a le « Vide « car les hommes pouvaient chuter à l'infini sans jamais toucher le sol. Edward avait pensé à ce moment que l'électricité n'était finalement pas la pire des punitions.
Edward eut ensuite la brillante idée de sortir en prétextant une livraison. Il informerait le garde qu'il devait réceptionner un précieux objet. Il était persuadé que cela fonctionnerait car même la nuit aussi dangereuse soit-elle, le commerce devait continuer à tourner en permanence. Si un commerçant ne livrait pas sa commande à temps, il était taxé plus sévèrement par le palais royal. Le palais royal détenait la main également sur les commerçants. Cela lui permettait une fortune encore plus grande. Malgré tout, les maigres revenus qu'empochaient les commerçants, ils ne pouvaient se plaindre. Un registre était tenu régulièrement pour vérifier les commandes. Pourtant, avec tous ses parchemins, les autorités pouvaient s'en mêler les pinceaux.
Edward saisit l'occasion et se rendit alors à l'entrée de l'académie. Un garde l'arrêta en lui demandant le motif de sa sortie. Edward répondit :
— Je suis chargé de réceptionner une commande
— Attendez, laissez-moi vérifier
Il discuta avec un autre garde pour confirmer la commande. La discussion dura un certain moment et Edward ne se sentit pas du tout à l'aise. Il pria pour que son plan fonctionne. Le garde revint vers lui et confirma :
— Ca me revient. Une précieuse commande de vins pour les prochaines festivités
— Oui c'est exactement ça
— Allez-y dans ce cas
Une fois sorti, Edward se réjouit de sa réussite. Pour revenir, il se dit qu'il trouverait bien quelque chose pour ne pas éveiller les soupçons. Edward vérifia ensuite sa montre dont les aiguilles indiquaient presque minuit.
Il se faufila rapidement entre les rues pour accéder à la place centrale. Il n'était pas en retard mais pourtant l'amour lui donnait des ailes. Il s'envola à son rendez-vous. Mais lorsqu'il arriva à son rendez-vous, il vit la jeune femme en difficulté avec des individus peu fréquentable. Des voyous des Bas-fonds qui profitaient de l'obscurité pour accéder à la partie haute de la cité et dépouillaient parfois les plus riches. Les militaires ne pouvaient pas jeter régulièrement un œil car était privilégié la protection devant le palais. Il existait aussi quelques militaires qui fermaient les yeux pour quelques pièces. On ne pouvait espérer devenir riche si on n'était pas membre du Haut Conseil. Le financement militaire se concentrait essentiellement dans l'armement et les soldats gagnaient une faible somme. C'est pourquoi la corruption prenait une place non négligeable parmi les rangs.
Le collier doré autour du cou de la jeune femme intéressait les individus. Elle ne se laissa pas faire lorsqu'un des bandits tenta d'arracher le collier. Elle lui mit une grosse claque. En assistant à la scène, Edward reconnaissait que cette femme avait du caractère. Le bandit empoigna alors la jeune femme. Elle se débattit de toutes ses forces mais elle n'arriva pas à lui échapper. Les autres s'empressèrent de la saisir à leur tour. La jeune femme commença à paniquer lorsque l'un des bandits sorti un couteau. Edward serra les poings et se précipita à la rencontre des bandits.
Edward envoya un coup de poing à l'un des bandits et le bougre encaissa le coup. C'est alors que les deux autres le prirent à partie. Le jeune soldat se mit en garde mais sa garde étant imparfaite, il se prit plusieurs coups au visage. Son visage saigna légèrement, pourtant il tint encore debout. Il avait certes réussi les épreuves de combat, mais le soldat devait se parfaire dans ses techniques. Edward tenta alors une ruse en esquivant simplement les assauts de ses adversaires. Sa ruse fonctionna lorsque l'un des bandits se prit un coup de genou dans le ventre et s'écroula comme une larve. Les deux autres bandits continuèrent toujours à l'attaquer malgré que l'un de leur compagnon ait été mis hors d'état de nuire. Soudainement, Edward se déplaça telle une feuille dans le vent et aucun des bandits comprirent le déferlement de coups qui devait suivre. Le soldat eut l'air un danseur lorsqu'il frappa d'un coup de pied la tête de l'un des voyous. Un bruit sourd retentit lorsque sa tête se cogna contre le sol. Le dernier failli à s'enfuir et Edward l'attrapa par les cheveux et le poussa violemment dans la fontaine. Les ennemis jonchèrent le sol sous le regard stupéfait de la jeune femme. Elle ne cacha pas son dégoût pour ce genre d'individus :
— Ces hommes ont mérité leur sort
— Les voyous des Bas-Fonds sont de plus de plus nombreux en ce moment
— Une chance que vous étiez là. Je tenais à vous remercier
— Je n'ai fait que mon devoir. Mais dites-moi, d'où vient ce collier ?
— Ah ça ? C'est un magnifique cadeau que m'avait offert une amie
— Ce bijou est fascinant
— Je le trouve aussi.
— J'ai d'ailleurs quelque chose à vous montrer
— Je vous suis
Le jeune homme l'invita à s'asseoir sur un banc sur la Grande place. Ils restèrent là pendant un moment sans se parler, puis ils observèrent les étoiles. Edward se confia :
— A l'académie, nous étudions l'astronomie et chacune de ses étoiles ont leur récit.
— Dans ce cas racontez-moi, j'aimerais tout savoir.
— On raconte que dans la tradition qu'à chaque grande bataille, on a laissé un nom à une étoile pour honorer la mémoire des combattants et que l'âme des guerriers continue à vivre dans les astres.
— C'est tellement beau et héroïque à la fois
— En effet. Pardonnez-moi, je suis maladroit mais je n'ai vous ai pas demandé votre prénom.
— Ce n'est rien. Je m'appelle Rebecca
— En voilà un aussi beau prénom
— Quel charmeur vous êtes Edward
— Pas seulement charmeur. J'ai bien d'autres talents
— J'aimerais bien voir ça
Le gentleman se rapprocha d'elle et il l'embrassa. Rebecca fut d'abord surprise mais elle se prit ensuite au jeu. Était-ce les astres du destin qui ont décidé à ce moment d'unir ces deux êtres ? Nul ne le savait et c'est ainsi que l'amour était le fruit du hasard, que nul ne pouvait le prévoir. C'est un sentiment qui pouvait vite arriver comme une étoile s'échouant dans le ciel. Et c'est l'un de ces souvenirs qu'Edward avait gravé dans sa mémoire. Il n'avait pas non plus prédit que cette flamme vive pouvait embraser un homme. C'est ce qui arriva pourtant. Il n'avait pas pu contrôler la flamme, qu'il avait brûlée de l'intérieur.
*
Edward reprit ses esprits lorsqu'il entendit des bruits de pas dans le couloir. Il vit la silhouette s'approchant de sa cellule. L'inconnu qui portait un costume entièrement noir, s'arrêta face à Edward. Le prisonnier décela le visage d'un homme plutôt âgé. Il avait un symbole particulier gravé sur sa veste. Edward reconnu tout de suite un politicien :
— Que me vaut la visite d'un homme du Haut conseil ?
— Vous êtes perspicace mon ami. J'ai une proposition à vous faire
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