Le lendemain midi, Thorkel dans la cuisine de la maison de son hôte, préparait le petit-déjeuner de la jeune femme endormie à l'étage. Il était allé faire quelques courses, pour nourrir « la rescapée ». Quant au maître des lieux,il dormait paisiblement dans son cercueil, dans sa chambre. Celui-ci s'était montré généreux en acceptant une humaine dans sa demeure, Thorkel en avait conscience. Le petit-déj’ était maintenant prêt! Au lieu que la jeune femme ne se réveille apeurée d'être dans un endroit qu'elle ne connaissait pas, Thorkel préférait la réveiller lui-même en lui apportant son petit-déjeuner au lit. Cette délicate attention lui prouvait que sa partie humaine n'attendait qu'à se révéler en présence d'un être-humain blessé. Lorsqu'il arriva au seuil de sa porte, il frappa trois coups par correction, afin de ne pas la surprendre dans une tenue embarrassante. N'obtenant aucune réponse, il se permit d'entrer dans la chambre de la jeune femme.
Elle dormait encore profondément. N'osant la perturber dans son sommeil, Thorkel décida de s'asseoir sur une chaise au pied de son lit. C'était une situation étrange. Cette intimité avec cette humaine n'était pas naturelle pour lui. Pourtant, pendant quelques minutes, il la regarda dormir. Alors qu'il allait s'assoupir également, il entendit la jeune femme pousser des gémissements tout en s'étirant.
« Bonjour mademoiselle » dit le vampire de la voix la plus joviale qui soit. Elle leva de grands yeux bleus clairs sur Thorkel.
— Je suis où ? Qui vous êtes ?
— Vous êtes chez un ami à moi, chez qui j'héberge. Vous ne vous rappelez donc de rien ? Hier soir, dans la ruelle ?
La jeune femme s'essuya les yeux avec force. Ses souvenirs semblaient revenir à la surface. Elle se mit à sangloter.
— Vous m'avez sauvée... Merci.
« Je vous en prie. Je m'appelle Thorkel. » Il s'approcha d'elle pour lui serrer la main.
« Moi, c'est Léa. » Elle lui fit un grand sourire qui pendant quelques secondes désarçonna le vampire.
— Enchanté mademoiselle.
Amusée, elle lui dit :
—Vous parlez comme un vieux, alors que vous semblez avoir juste quelques années de plus que moi. Vous m'avez sauvé la vie, je vous donne la permission de me tutoyer.
Le naturel de cette jeune femme était à la fois charmant et déstabilisant.
— Très bien. Je vais essayer de vous tutoyer... eh...de te tutoyer.
Léa fit à nouveau un joli sourire.
— Je t'ai préparé un petit-déjeuner.
Il alla chercher le plateau qu'il avait posé sur la chaise juste avant d'aller salué Léa
— Encore merci Thorkel, c'est adorable.
Elle mordit à pleine dent l'un des croissants que le vampire avait été cherché à la boulangerie le matin-même.
— Je vais te laisser manger tranquillement.
« Non, tu peux rester, ça ne me dérange pas. » Marmonna Léa entre deux bouchées.
— OK.
Thorkel s'assit de nouveau sur la chaise, qu'il avait cette fois-ci installée à la hauteur de Léa, sur le côté droit du lit.
— En fait, d'où vient ton prénom ? "Thorkel"c'est pas courant.
— Je suis d'origine scandinave.
— Ah tout s'explique ! C'est de là que vienne aussi tes beaux cheveux blonds et ta peau assez pâle. Mais ce qui et étonnant,c'est que tu n'as pas d'accent ?
Ce genre de conversation sur ses origines n'était pas dérangeante pour lui. A force, il n'était plus jamais pris au dépourvu. Soit il reprenait des éléments qu'il avait pu déjà dire dans de pareils cas, soi til improvisait totalement.
— A vrai dire, j'ai beaucoup voyagé. Je me suis sans doute imprégné des différents dialectes que j'ai pu croisé sur ma route.C'est sans doute pour cette raison que je n'ai plus d'accent propre.
— Ah tu as de la chance. Les voyages forment la jeunesse, comme on dit. Alors que moi, Je suis de Rennes. Tu connais ? En ce moment, j'habite chez ma tante à Paris, car je fais une école de design ici.
— Je suis déjà passé à Rennes. Les habitants y sont charmants.
« Merci pour nous. » dit-elle enchantée.
Elle regarda sa montre.
— En parlant de ma tante, j'avais rendez-vous avec elle cet après-midi. Le temps que je passe chez moi pour prendre une bonne douche et me changer, je devrais y aller tout de suite.
— Bien sûr, tu fais comme tu veux.
Thorkel sorti de la chambre pour la laisser se changer. Après quelques minutes, elle descendit un grand escalier en bois pour le rejoindre au salon.
— Je ne sais pas comment te remercier.
— Ce n'est rien. Théobald aurait aimé faire ta connaissance, mais il dort encore. C'est un oiseau de nuit.
— Tu lui diras mille fois merci de m'avoir accueilli sous son toit. J'aurai vraiment aimé le remercier de vive voix, mais je dois partir...
— Il comprendra, ne t'en fait pas.
Le vampire l'accompagna jusqu'au portail.
« En plus de m'avoir sauvé la vie, tu as été si gentil avec moi » Les yeux mouillés, elle posa ses mains de chaque côté du visage de Thorkel, tout en l'amenant à sa hauteur, pour lui déposer un tendre bisou sur la joue. Elle partit sans se retourner. Cette marque d'affection de la part de cette jeune femme ouvrit une brèche dans le cœur du vampire.
En attendant que son ami se réveille, Thorkel décida d'aller flâner dans les rues de Paris. L'impression qu'il avait eu la veille lors de son arrivée réapparut. Cette ville n'avait plus vraiment d'âme. Les habitants étaient noyée dans une masse informe. Ils ne se regardaient pas, ne s'écoutaient pas, rentraient rarement en contact les uns avec les autres. « La méfiance» enfermaient ces humains dans leur individualité. Une nouvelle prouesse technologique ajoutait à cet isolement : Le portable. Outil logiquement créé pour communiquer avec le monde entier, mais qui semblait bâtir un mur immense autours de chacun. Les lieux sociaux existaient toujours, mais de plus en plus délaissés pour des lieux virtuels sur internet : Facebook, Twitter, forums en tout genre. En parallèle de la réalité s'était construit un univers virtuel et ce dernier restait complètement inconnu pour Thorkel. Pourtant, en fin de journée, devant ses yeux, la nature lui-prouva que paris avait toujours gardé son charme. Sur la place du Trocadéro, il put assister à un merveilleux couché de soleil derrière la Tour Eiffel.
De retour chez Théobald, il s'installa sur le canapé du salon. Son ami n'allait sans doute pas tarder à se lever. Pour patienter, il alluma la télévision. Avec l'aide de la télécommande il zappait d'un programme à l'autre. Il tomba sur une série qui datait déjà de quelques années : Buffy contre les vampires.C'était divertissant pour deux raisons : rien ne semblait si éloigné de son monde et les personnages étaient attachants dans leur naïveté. Les épisodes s'enchaînaient les uns derrière les autres. Au milieu du deuxième épisode de la série, la clochette du portail de l'entrée retentit. Ne voulant déranger son ami qui n'était sans doute pas encore prêt, il se permit d'aller voir lui-même. Un camion de livraison était garé derrière le portail.Lorsqu'il approcha de la grille, le chauffeur déclara :
— J'ai un colis pour monsieur Schmitt.
Thorkel reconnut l'un des nombreux noms d'emprunt qu'utilisait Théobald. Il lui ouvrit donc et l'invita à entrer avec son camion. Les graviers du jardin crissaient sous cette importante masse. Au même moment le maître des lieux sorti de sa maison pour accueillir son visiteur et salua du même coup son ami.
— Alors bien dormi ? Et notre rescapée, comment va-t-elle ?
— Elle a du s'en aller, mais elle m'a chargé de te dire mille fois merci.
Sur ces entrefaites, le chauffeur se rappela aux deux vampires :
« A qui dois-je faire signer ? » Il tendait un bon de livraison.
« A moi ! » Répondit gaiement Théobald.
— J'aurai besoin d'un coup de main pour m'aider à décharger.
«Aucun problème » Répondit Thorkel.
A la grande surprise de ce dernier, dans le ventre du camion se trouvait un piano.
Après avoir fini de l'installer au milieu du salon, le livreur salua les deux vampires et s'en alla.
« Admire cette merveille mon ami ! » dit Théobald avec un brin de vanité dans la voix.
Thorkel en effet admirait ce bel instrument de musique. C'était un « Steinway & Sons », la Rolls-Royce des pianos. L'élite des artistes internationaux s'entendaient tous la-dessus. En outre, il donnait de suite beaucoup de cachet à son environnement dès que l'on y installait.
Théobald tournait autours comme si il était en présence d'une jolie femme. Il regardait le piano sous toutes ses coutures, admirant le moindre de ses petits détails. Après quelques minutes, il osa enfin s'asseoir et poser délicatement ses mains sur le clavier. Il improvisa une mélodie de son cru. Tandis que Thorkel s'était à nouveau installé dans le même canapé qu'il avait quitté une vingtaine de minutes plus tôt. Au- delà des notes de musique qui ravissait l'oreille, c'était plaisant d'observer son ami entrain de jouer. Son visage presque extatique, ses mains virevoltant sur le clavier, il ne semblait faire plus qu'un avec son instrument de musique. Dans ce moment suspendu, la clochette mit du mal à s'entendre malgré les oreilles fines des vampires.
« C'est Léa qui est à l'entrée » Dit-il à son ami.
« Et bien qu'elle entre ! » Répondit Théobald tout en continuant à jouer.
Théobald alla donc ouvrir à Léa.
Lorsque tous deux arrivèrent dans le salon, le maître des lieux marqua théâtralement leur entrée en leur jouant la danse hongroise " Allegro Molto "en sol mineur de Johannes Brahms.
Depuis une quarantaine de minutes déjà, Théobald jouait au piano. Tandis que Léa et Thorkel, tous deux installées côte à côte sur le canapé, l'écoutaient religieusement. Était-ce la proximité de cette jeune femme ? Les notes de musique qu'insufflait son ami à ce piano ?Il n'aurait su le dire. Mais Thorkel a ce moment précis se sentit vraiment heureux. Mais tout à une fin et Théobald se leva sans fausse modestie pour accueillir les applaudissements enthousiastes de ses deux spectateurs.
— Merci Léa. Je peux vous appeler Léa ?
— Bien sûr vous pouvez. J'étais tellement déçu d'être parti sans vous avoir remercié de m'avoir hébergé cette nuit. D'ailleurs je n'ai toujours pas trouvé comment le faire.
— Votre présence si charmante me suffit entièrement. Et puis ce n'est pas moi qui vous ai sauvé des griffes de ces dégénérés.
Léa regarda son sauveur avec gratitude. Ce qui fut pour effet de gêner ce dernier.
— Oui ton ami a raison. Thorkel, qu'est-ce qui te ferait plaisir ?
Théobald s'amusait de voir son ami si mal à l'aise face à ces flatteries. Et soudain, il écarquilla les yeux en émettant cette idée :
— Vous jouez du piano, n'est-ce pas ?
La jeune femme répondit surprise :
— Mais comment vous le savez ?
Ne pouvant admettre que c'était son don de vampire qui l'avait renseigné, il s'en sortit par une pirouette :
— J'ai pu le lire dans vos yeux lorsque vous m'écoutiez jouer. Ainsi vous pourriez donner quelques cours de piano à notre ami commun.
Léa flattée à son tour se contenta de cette explication. Et répondit enthousiaste tout en regardant Thorkel :
— Quelle bonne idée !
Théobald applaudissait des mains tout en jubilant :
— L'affaire est donc faite !
Quant à Thorkel, n'ayant semble-t'il aucun mot à dire, se sentit dans l'obligation d'accepter.
Après ce concert improvisé, Léa ne voulut pas s'imposer plus longtemps et prit congé des deux vampires. Elle partit ravi d'avoir fait la connaissance de Théobald et d'autant plus qu'elle avait maintenant une excuse pour revoir Thorkel.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2780 histoires publiées 1267 membres inscrits Notre membre le plus récent est JeanAlbert |