Le soleil brille en ce milieu d'après-midi. La jeune femme allongée sur son lit regarde le rayon de soleil qui traverse sa fenêtre. Les murs orangés de la pièce prennent une teinte abricot chaleureuse. Enfin son coeur est apaisé et la lumière l’habite de nouveau. Après les larmes écoulées. En ce jour, elle peut revenir sur le bouleversement que sa vie a connu sans s’effondrer.Son regard fixe la flasque, c’est un drôle de cadeau même s’il avait pour but de compléter sa collection d’objets vintage. Après la séparation, elle l’a conservé car bien que ce présent l’ai surpris, elle l’aime bien en dépit du fait qu’elle ne l’utilise pas. Fixé sur l’objet ses yeux ne sont pas en accord avec son esprit qui est ailleurs: quelque part dans les limbes des souvenirs. Celui qui l’accapare se passe un jour d’été comme aujourd’hui, un jour de fournaise.

Ce jour là, elle avait reçu la visite de sa soeur jumelle, Suzanne. Sa venue avait suscité une grande joie teinté d’appréhension. Il faut dire qu’elles ne se voyaient plus tellement lorsque elle a déménagé à l’autre bout du pays. Ce départ a provoqué un éloignement autant géographique que émotionnel. Le contact a commencé à se détendre entre elle lorsque Suzanne a trouvé l’homme de sa vie. Elle a donc dans un premier temps et inconsciemment délaisser le reste du monde pour ne vivre que pour elle et son amour. Malgré tout, les deux soeurs trouvaient le temps de s’appeler plus ou moins fréquemment. Elles se voyaient aussi parfois soit chez leurs parents ou lors des passages de Marina dans la capitale du pays. Très vite après le déménagement, elle avait invité Suzanne a venir la voir; malheureusement elle n’avait pas entendu la réponse escomptée. Sa jumelle lui fit comprendre qu’elle aurait des difficultés à venir pour des questions de distances, de coûts de voyage et d’agenda chargé. C’est à cette occasion qu’elle apprit ce qui préoccupait tant sa soeur : Suzanne rencontrait des problèmes médicaux qui ralentissait l’accomplissement de son désir le plus cher : avoir un enfant avec l’homme qu’elle venait tout juste d’épouser. Marina se rappelle le chagrin que cette nouvelle a causé chez elle, un chagrin né de l’impossibilité de recevoir sa soeur dans sa nouvelle ville dans un avenir vraiment proche ainsi que celui de la savoir en difficulté pour avoir ce bébé. Au fond d’elle, ces annonces ont mis en branle son esprit. Face aux avancées de sa jumelle, Marina s’était interrogé sur l’évolution de sa propre vie.

Voilà dix ans, elle avait quitté le foyer familial pour s’installer avec son homme et poursuivre ses études dans la capitale du pays. Ce fut un changement important dans sa vie, elle tomba rapidement sous le charme de sa nouvelle ville et les aller et retours pour voir le reste de la famille étaient simples et accessibles. La vie à deux s’est bien passé bien qu’un jour un doute sur la fidélité sur son compagnon naquit et fissura la confiance qu’elle lui accordait. Cependant, leur union perdura en dépit de cette fragilisation. Avant de partir si loin, leur vie était routinière et parsemée de voyages.

Puis lorsque Marina apprit le désir d’enfants de sa soeur, elle se posa la question de son côté : la réponse ne se fit pas attendre, elle veut des enfants ! La question plus épineuse ne la concernait pas elle, mais lui. Est-ce que lui en voulait ? Il n’a jamais été simple de discuter à coeur ouvert avec cet homme peu à l’aise avec le dialogue. Elle obtint quand même une demi réponse qui une fois comprise ne laissa plus place au doute : non l’homme qu’elle aime ne veut pas d’enfants. Ce fut très difficile à accepter pour atténuer le choc de cette découverte, Marina se dit qu’il changera peut-être d’avis et que dans l’immédiat elle a le temps avant d’avoir des enfants.Seulement, est enfin arrivé le jour où Suzanne lui a annoncé sa grossesse réussie et quelques mois plus tard la naissance de sa nièce. Elle se souvient de cette contradiction énorme qui l’avait alors envahi : le bonheur pour sa jumelle qui en a bavé pour avoir cette petite et la jalousie qu’elle éprouve en voyant la famille agrandit. Ce n’est qu’en tenant sa nièce dans ses bras qu’elle avait compris que la jalousie avait altéré sa relation avec Suzanne sans qu’elle en ait pleinement conscience. C’est grâce à cet électrochoc qu’elle avait compris qu’elle voulait plus de sa vie et pour cela il fallait que des choses changent. Le bon côté de cette prise de conscience fut d’avoir une discussion a coeur ouvert avec son compagnon. Il finit par lui donner une réponse franche en affirmant qu’il ne voulait pas être père. Cette révélation avait anéanti Marina car elle n’envisageait pas de ne pas connaitre la maternité. Devant cette intransigeance, Marina avait plié bagage pour revenir le temps de se remettre de ce bouleversement chez ses parents. Elle avait réintégré sa chambre aux tons abricot.

Plusieurs mois se sont écoulés depuis son retour dans sa ville natale, Marina se sent mieux car elle a réalisé que l’amour véritable avait déserté son couple depuis plusieurs années. Elle se sait assez jeune pour pouvoir refaire sa vie et trouver un homme avec qui fonder un foyer. Maintenant qu’elle va mieux, elle regrette de ne pas avoir pris conscience de cet état de fait plus tôt. Ses proches ont pourtant essayé de lui faire admettre cette réalité il y a quelques années. Elle aurait sans doute moins souffert et se serait rendu compte que partir vivre si loin de sa famille ne lui convenait pas. Aujourd’hui, elle peut profiter de sa nièce et se concentrer sur la reconstruction d’une vie fidèle à ce qu’elle souhaite. Retrouver la proximité de sa jumelle est d’un grand soutien dont elle n’aurait jamais dû pouvoir se passer si longtemps même si elles sont des femmes différentes avec une perception du monde qui ne s’accorde pas toujours.