Jean-Michel mordilla son stylo, indécis. Il doutait de l'écriture de son texte. Il haïssait cette phase de doute qui le prenait régulièrement quand il écrivait. Il avait envie d'arracher toutes les pages noircies pendant des heures de son écriture rapide et courbée. Cependant, il savait d'expérience qu'il était rarement objectif dans ces phases sombres.

Jouant avec les pages, le jeune homme s'affala un peu plus dans son fauteuil, exaspéré. L'écriture lui filait entre les doigts et il ne savait plus quoi faire. Il se passa les doigts dans les cheveux, indécis. Finalement, il referma son cahier. Avec un état d'esprit comme le sien, il était sûr de ne rien écrire de bon. Regarder fixement la couverture beige ne l'aiderait pas à trouver l'inspiration.

Jean-Michel se leva et se passa une main sur le visage. La chaleur de l'été le rendait moite et il détestait la sensation laissée par la pellicule de sueur constante qu'il avait sur tout le corps. Allant dans la cuisine, le jeune homme prit une tasse avant de saisir la bouteille de lait d'avoine dans le frigo. Le froid lui fit du bien avant que la vague de chaleur ne l'écrase de nouveau. Il maudit la chaleur et l'été qui le rendait mou et collant. Il détestait cette sensation.

Choisissant de combattre le mal par le mal, il décida de se faire un chocolat chaud. Rien de mieux que le chaud pour avoir froid ! Jean-Michel se mit à râper quelques carrés de chocolat à pâtisser avant de les mettre à fondre avec le lait dans une casserole. En attendant que sa préparation soit prête, il se dirigea vers son étagère à épices avant de choisir un bâton de cannelle. Il en avait de toute sorte, de toutes les tailles et de nombreuses origines différentes. Il adorait l'odeur réconfortante de cette épice. Mêlé au chocolat, son goût était absolument divin.

Le chocolat chaud prêt, le jeune homme s'installa devant son ordinateur avant d'allumer sa messagerie instantanée. Il chercha parmi les nombreux avatars, celui représentant un lapin tacheté dans la neige. Malheureusement, son interlocutrice n'était pas connectée. Il lui dit quand même bonjour, espérant qu'elle se connecte vite. A sa grande surprise, il reçut une réponse aussitôt :

Petit Padawan :

Hey ! Comment ça va ?

Jean-Michel Serveaux :

Bien et toi ? Je te dérange pas ? T'es hors-ligne.

Petit Padawan :

Ouais, c'est rien, je dessinais un peu mais cette chaleur me tue, j'arrive pas à avancer.

Jean-Michel Serveaux :

Moi non plus... Je me suis fait un chocolat pour m'aider à me mettre dans l'ambiance !

Petit Padawan :

Toujours cette sombre histoire de Père Noël ?

Jean-Michel Serveaux :

Toujours !

Petit Padawan :

Et tu en es bloqué où ? Tu as besoin d'aide ? Attends je t'appelle !

Jean-Michel sourit, il adorait ce côté un peu fou mais prévenant de Lucie, son amie de toujours. La sonnerie stridente, semblable à un son de cloche, retentit et il s'empressa de prendre l'appel. Il détestait ce son mais suite à un pari qu'il avait perdu, Lucie l'avait obligé à la mettre partout : messagerie instantanée, appel, sms. Heureusement, cela n'allait durer que quelques semaines encore !

L'appel dura plusieurs heures, comme d'habitude. Jean-Michel s'était installé sur son bureau, son carnet près de lui, l'inspiration revenue. Lucie quant à elle avait repris le dessin. Ils étaient meilleurs à deux et réussissaient régulièrement à retrouver la motivation en échangeant ensemble sur leurs projets, leurs idées etc.

Finalement, quand Lucie mit fin à l'appel, Jean-Michel avait mis le point final à son chapitre et il n'avait pas envie de le brûler. Il se réjouit intérieurement avant de relire une dernière fois la phrase finale : « Les parents du père Noël auraient aussi souhaité que leur fils existe vraiment. » Il ferma son carnet, caressa la couverture beige avant de se lever afin de prendre une douche fraîche. Cela lui ferait du bien après tant de temps à rester assis sous la chaleur du soleil.