Terry n’avait aucune idée de qui ils étaient. Cela faisait dix minutes que Jules lui décrivait les Siodama, une ancienne famille de l’île dont elle n’avait jamais entendue parler. Elle connaissait bien évidemment Hal Siodama, mais elle imaginait qu’il était plutôt originaire de l’Orange ou du Rouge que du Cyan. Il arrivait souvent que des habitants de couleurs différentes portent les mêmes noms : Neil lui avait expliqué que cela venait des choix qui avaient été faits lors de la Seconde Répartition. Il était possible que ces homonymes aient des ancêtres communs, mais pour les trouver, il fallait remonter des siècles en arrière. Les Siodama de Jules étaient une lignée d’historiens et sociologues qui s’étaient particulièrement intéressés aux origines de l’Arc-en-ciel. Ils avaient apparemment cherché à en apprendre plus sur la création des plateformes et sur notre installation dans les différentes îles. Ils avaient également – et surtout – essayé de découvrir ce qu’il se cachait aux pieds des pylônes. Certains d’entres eux avaient même perdu leurs vies dans cette recherche... Aujourd’hui, il ne restait aucune trace, ni de leurs travaux, ni de leur présence en ce monde. Personne n’avait aucun souvenir d’aucun d’entre eux, excepté Jules, évidemment. Ce dernier était tombé par hasard sur l’unique exemplaire existant du journal de Martha Siodama, dont les dernières entrées dataient d’il y a trente ans.
— Il est sept heures, nous devrions peut-être y aller.
Jules avait raison : il était temps de partir. Les mains de Terry se mirent à trembler dans un mélange d’excitation et d’appréhension. Le grand soir était arrivé, le bal des Belles Soies, la première véritable action des Oras.
Son voisin, en tant que rédacteur du Coloré Cyanais avait reçu une invitation et avait proposé à Terry de l’accompagner à la soirée. L’occasion était trop belle et dans un premier temps, la jeune femme avait refusé de croire à une simple coïncidence : cela faisait des semaines qu’elle cherchait un moyen de s’infiltrer à ce gala, elle désespérait de trouver une solution et, du jour au lendemain, Jules débarquait en lui proposant d’y aller avec lui ! Elle s’était empressée d’accepter et avait immédiatement prévenu la Pie que le problème était réglé. Chris avait, quant à lui, insisté auprès de Jane pour qu’elle l’y emmène – cette dernière ayant obtenu des places par l’intermédiaire de son oncle, Daniel Monomie. Terry ne savait pas comment les autres Oras concernés s’étaient débrouillés mais il semblait que chacun avait fait ce qu’il devait puisque les plans initiaux n’avaient pas été modifiés.
Le hall qui accueillerait les Belles Soies se trouvait en périphérie du Cyan, dans une région de la ville que Terry ne connaissait que de nom. Les deux amis arrivèrent en avance, mais une foule immense se pressait déjà devant l’entrée du manoir. Plusieurs agents du gouvernement gardaient les lieux et la jeune femme ne doutait pas que de nombreux Veilleurs étaient dissimulés parmi les invités. Les Oras avaient envisagé l’hypothèse selon laquelle la tenue de cette soirée dans le Cyan était un test, une façon d’évaluer les ambitions du groupe révolutionnaire, mais ils avaient décidé de tenter leur chance malgré tout : eux aussi avaient besoin de connaître leurs limites. La Pie avait paru confiante, Chris aussi, mais cela n’avait pas suffi à balayer les craintes de Terry... Et s’il s’agissait d’un piège ?
Elle chassa cette idée de ses pensées et se concentra sur sa mission. Son rôle, ce soir, serait simple : elle devait utiliser ses connaissances des habitants de l’Indigo et du Bleu pour endormir la méfiance des membres les plus influents ; elle devait faire en sorte que ceux-ci soient suffisamment bien divertis pour qu’à aucun moment, ils ne pensent aux Oras.
L’homme chargé de contrôler les invitations les laissa entrer, elle et son compagnon, et ils pénétrèrent dans une haute et longue salle à la décoration fastueuse. L’endroit brillait de mille feux, les hommes et les femmes portaient, pour la plupart, des robes et des costumes brillants et colorés, mais sans que cela n’ait rien d’ostentatoire. Un orchestre d’instruments à corde jouait au fond de la pièce, un buffet avait été installé le long du mur et des hôtes et hôtesses en habits sombres s’occupaient de servir les convives. Dans son enfance, Terry avait une ou deux fois accompagné son père à des évènements de ce genre et elle réalisait à présent à quel point tout cela lui avait manqué. Tout, autour d’elle, lui parut merveilleux, trop merveilleux ; à tel point qu’elle craignait d’en oublier les raisons de sa présence ce soir...
— Terry ! Quelle bonne surprise ! Tu vas bien ?
— Oh bonsoir ! Je suis ravie de vous voir, je ne m’attendais pas à vous rencontrer ce soir !
Madame et Monsieur Bertrine étaient – eux aussi – d’anciens clients de son père. Ils venaient du Bleu et étaient à la tête d’une entreprise de fabrication de meubles ; ils demandaient parfois l’avis de Marin sur certains produits.
— Nous non plus, nous ne nous y attendions pas ! Nous non plus !
— Mais comment vas-tu, ma petite ?
— On a entendu que tu t’étais installée comme inventeur ! C’est une excellente nouvelle ! Alors, comment ça se passe ?
Terry leur répondit avec un enthousiasme non feint. Elle aimait parler de son travail et elle aimait montrer au monde qu’elle avait fini par réussir. Le démarrage n’avait pas été facile, elle avait traversé des périodes vraiment compliquées ces derniers mois et elle était heureuse de pouvoir leur dire à tous qu’elle avait survécu. Tandis qu’elle répondait aux interrogations des Bertrine, son regard croisa celui de Jules : il restait silencieux et se contentait d’écouter mais ses yeux brillaient d’une lueur amusée. D’autres vieilles connaissances des Aldermant les rejoignirent bientôt et tous accueillirent la jeune femme avec beaucoup d’affabilité. L’un d’entre eux finit par remarquer le garçon et, brusquement, la mémoire parut enfin leur revenir à tous.
— Mais tu es Jules !
— Le petit voisin de l’inventeur !
— Oui, je me souviens de toi ! Comme tu as grandi !
— Cela fait des années que je ne t’avais plus vu. Que deviens-tu ?
— Je me rappelle encore de vous deux – plutôt, trois, il y avait ta sœur également il me semble –, de vos jeux dans l’atelier !
— Vous étiez adorables !
— Et inséparables !
Ce fut au tour de Terry de se moquer de son ami. En quelques secondes, Jules était devenu le centre de l’attention. Son visage devint rubicond et tous le regardèrent trébucher sur ses mots alors qu’il expliquait tant bien que mal qu’il était rédacteur de la version cyanaise du Coloré.
Terry s’éloigna discrètement, ignorant malicieusement le regard suppliant du jeune homme et s’enfonça dans la foule. Elle aperçut Chris, lui fit un discret geste de la main et constata que Jane n’était pas en sa compagnie. Elle consulta sa montre : vingt heures trente, les Oras ne tenteraient rien avant au moins une heure, peut-être deux. Elle erra au hasard, saluant de temps à autre des visages connus. Elle avait repéré trois invités à surveiller plus particulièrement : un proche conseiller du Gouverneur, qu’elle n’avait jamais rencontré jusqu’alors mais dont elle avait beaucoup entendu parler ; Sorel Rusi, qui travaillait pour Hélios et qui devait très certainement être responsable de la sécurité ce soir, et Awa Tournin, la directrice des Belles Soies. Aucun d’eux n’était des clients des Aldermant et elle n’avait aucune idée de comment les distraire : elle ne savait rien d’eux ; en fait, ils auraient très bien pu faire partie des Oras eux-mêmes sans qu’elle ne soit au courant. Après tout, la Pie, le Siamois ou l’Épervier devaient bien se trouver parmi les convives de ce soir... Elle regarda en direction des escaliers : des hommes et des femmes continuaient de s’y présenter sans que rien ne paraisse suspect. Et de nouveau, un doute la saisit : elle avait un mauvais pressentiment, l’atmosphère était trop détendue, tout le monde était trop détendu. Les Belles Soies se savaient sur les terres des Oras, pourquoi personne n’en parlait ? Pourquoi les invités n’avaient-ils aucune crainte ?
Le plan que le Siamois et la Pie avaient mis en place était simple, leur action serait pacifique. Ce type d’événement était toujours retransmis en léger différé à l’ensemble des citoyens du Système. La salle de bal était, pour cela, équipée d’un système de ce que Marin appelait des caméras. Ces objets étaient de larges boîtes noires munies d’un viseur et d’une main mécanique. La main traçait en accéléré un croquis de la scène observée à travers le viseur, les images étaient ensuite envoyées de façon plus ou moins rapide dans tout l’Arc-en-ciel. Les spectateurs avaient ainsi la possibilité d’assister à une reconstitution dessinée de la soirée, légèrement saccadée, mais néanmoins assez réaliste. Terry avait toujours été impressionnée par l’ingéniosité de ce mécanisme et, depuis toute petite, elle rêvait de pouvoir un jour disséquer l’une de ces caméras.
Ce n’était cependant pas pour ce soir, elle avait d’autres sujets de préoccupation. Les caméras permettaient également d’enregistrer des entretiens avec certains convives, plus importants – et plus influents – que d’autres. Ceux-ci étaient invités à se présenter dans l’une des trois chambres réservées à l’étage, à l’écart du bruit et de l’agitation de la soirée. Le Corbeau et l’Épervier avaient pour mission d’entrer dans l’une de ces pièces, où ils seraient rejoints par le Siamois et un autre Oras, le Crocodile, et diffuseraient un discours écrit par Chris au sujet de toutes ces mystérieuses disparitions. D’autres Oras étaient chargés d’endormir, puis de remplacer les gardes qui surveillaient l’accès aux escaliers. Terry n’en savait pas beaucoup plus et elle espérait que des consignes plus précises avaient été décidées sans qu’elle n’en soit informée.
Elle scruta à nouveau les alentours, cherchant à reconnaître certains membres des Oras dans la foule. Son regard croisa celui de Daniel Monomie : l’homme sourit de toutes ses dents et s’avança brusquement dans sa direction.
— Mademoiselle Aldermant ! Comment allez-vous ?
— Bonsoir. Bien, je vous remercie, et vous ?
— Je vais bien. Très bien. Tu as croisé ma nièce, Jane ? Non ? Elle ne devrait pas être loin... Ah, j’ai beaucoup entendu parler de toi ces derniers mois. Un peu moins de ta sœur. Neil, c’est ça ?
— Oui, Neil. Elle va bien, je suppose...
— Enfin bref. Alors, comment vont les affaires ? Sur les traces de ce cher Marin ?
Terry le regarda sans comprendre. Cela faisait des mois qu’elle n’avait plus entendu prononcer le nom de son père. Elle, y pensait souvent bien sûr mais tous ceux qu’elle croisait semblaient l’avoir oublié. Mêmes les quelques-uns qui l’avaient connue par son intermédiaire n’évoquaient jamais Marin. Ils se rappelaient d’elle, ils se souvenaient l’avoir rencontrée alors qu’elle n’était qu’un enfant, mais jamais ils ne parlaient de son père...
— Oui, je... J’essaie. J’essaie de suivre ses traces.
— Et d’après ce que j’ai entendu, ça se passe plutôt bien ! Si tu continues de la sorte encore un ou deux ans, je pourrai peut-être t’intégrer dans une de mes équipes ! Tu nous serais très utile...
Monomie monologua encore de longues minutes, mais le nom de Marin Aldermant ne revint jamais. Terry ne savait pas s’il avait remarqué sa gêne et qu’il voulait l’épargner ou si sa question avait été une erreur et qu’il essayait de la faire oublier. Il lui tint la jambe pendant près d’une heure, évoquant son travail, Jane et d’autres sujets diverses et variés. Il lui présenta quelques-uns de ses collègues et amis, avec lesquels elle discuta également. Elle avait perdu Jules de vue mais croisait Chris de temps en temps. Chacune de ces rencontres était un soulagement : les Oras n’étaient pas encore intervenus. Les craintes de Terry ne cessaient d’augmenter et, à présent, elle ne souhaitait qu’une seule chose : que cette soirée se termine au plus vite. Il était près de vingt-deux heures quand elle entra en collision avec Madame Dune. Sa cliente fut vraiment ravie de la voir ici, elle avait justement quelques projets dont elle souhaitait lui parler. Connaissait-elle Adrien Cospier ? Il était le cousin de la voisine de sa sœur quand elle était aux études... Peu importe, savait-elle que cet Adrien venait d’être élu à la tête du groupe RAC ? Jamais de sa vie, elle n’aurait imaginé cela possible. Elle ne l’avait rencontré qu’une ou deux fois mais il lui était apparu si effacé ! Mais là n’était pas le sujet, quand elle avait appris la nomination de Cospier, elle avait eu une idée...
La femme continua son discours sans s’interrompre à un seul moment pour vérifier que son interlocutrice suivait bien. Terry acquiesçait, sans vraiment savoir ce qu’elle devait faire de plus. L’heure avançait, les Oras passeraient bientôt à l’action et elle ne s’était toujours pas occupée de ses trois cibles. Si le conseiller du Gouverneur semblait plutôt entouré et paraissait déjà bien imbibé par l’alcool, Rusi et Tournin étaient, elles, encore sur leur garde. Tout au long de la soirée, Awa Tournin avait fait des allers-retours entre la salle du bal et le premier étage : Chris et les autres ne pourraient pas intervenir tant qu’elle continuait ce manège. Terry devait trouver une solution et ce, rapidement...
— ... J’étais bonne dessinatrice à l’époque. Et j’avais de bonnes idées. Mais surtout, j’avais encore du temps : vous n’imaginez pas ce que cela fait de vieillir ! Profitez tant que vous êtes jeunes, ça ne durera pas. Enfin, je disais donc que j’avais réalisé tous ces croquis et je cherchais désespérément un styliste avec qui les partageaient...
Les yeux de Terry se posèrent sur Madame Dune et soudain, elle comprit ce qu’il lui restait à faire.
— Madame Dune !
— Oui ?
— Connaissez-vous Awa Tournin ?
— Bien sûr, tout le monde la connaît. Elle est la directrice des Belles Soies !
— Mais je veux dire : lui avez-vous déjà adressé la parole ?
— Oh non, malheureusement, non. Je n’ai pas eu cette chance... J’aurais des choses à lui dire pourtant, mais non, je n’en ai jamais eu l’occasion.
— À présent, vous l’avez, non ? Elle est ici ce soir, les Belles Soies vous ont invité. Vous devriez aller la saluer, discuter quelques temps avec elle.
— Ce ne serait pas convenable, ne pensez-vous pas ? Elle ignore qui je suis...
— Vous pourriez vous présenter et surtout, lui parler de toutes vos belles idées.
— Vous croyez qu’elle pourrait être intéressée ?
— J’en suis persuadée. Allez tenter votre chance... Tant qu’il est encore temps !
— Oui ! Oui, bien sûr, vous avez raison ! Vous êtes merveilleuse Terry, vos conseils toujours excellents. Maintenant ?
— Maintenant, oui, je pense.
— J’y vais de ce pas !
Madame Dune sourit mais resta immobile.
— Vous n’y allez pas ?
— Si, je vais y aller. J’y vais. Maintenant.
Elle fit un pas hésitant, regarda Terry qui l’encouragea d’un signe de tête, finit son verre d’une traite et disparut dans la foule. La jeune fille poussa un soupir de soulagement : elle espérait que Madame Dune accapare l’attention de Madame Tournin assez longtemps pour permettre à ses amis de faire ce qu’ils avaient à faire. Elle ne doutait pas de la bonne volonté de sa cliente, mais elle craignait que la directrice parvienne à lui échapper. Elle aurait sans doute trouvé une meilleure idée si elle avait eu plus de temps, mais elle venait d’apercevoir Chris se diriger vers les escaliers. Les battements de son cœur s’accélérèrent : on y était. Elle chercha Sorel Rusi du regard : elle devrait s’en charger elle-même. Elle prit son courage à deux mains et s’avança dans la direction du Veilleur. Elle cherchait un sujet de conversation, il devait être pertinent pour ne pas paraître suspect et assez intéressant pour occuper ses pensées...
— Madame Rusi ? Je vous prie de m’excuser, je m’appelle Terry Aldermant...
— Bonsoir Mademoiselle.
— Bonsoir. Je souhaitais... Je... Ma sœur, Neil Aldermant, a intégré les Veilleurs il y a quelques mois, vous l’avez peut-être rencontrée...
— Aldermant ? Non, je ne crois pas... Bien que... Oh, si ! Je vois de qui il s’agit. Sujette aux idées fixes, n’est-ce pas ?
— Aux idées fixes ?
— Oui, son étrange obsession pour les Oras...
Les Oras ? Neil, obsédée par les Oras ?
— Une brillante jeune femme. En réalité, je n’avais aucune idée de qui elle était avant que Gabriel ne m’en parle.
Gabriel Hélios ? L’Arc ? Il connaissait Neil ?
— Et vous êtes sa sœur ? Eh bien, enchantée ! Que faites-vous dans la vie ?
— Je suis inventeur. Je... J’ai...
Devait-elle le dire ?
— J’ai repris les affaires de mon père à sa disparition.
Elle savait que ce n’était pas judicieux de parler de disparition avec l’un des meilleurs agents du Système – en particulier à cet instant précis –, mais elle n’avait pu s’en empêcher. Heureusement pour elle, Rusi ne la comprit pas... À moins que ce ne soit voulu ?
— Toutes mes condoléances pour cette perte. Et votre sœur, vous êtes toujours en contact avec elle ?
— Oui... Un peu moins en ce moment.
— Toutes les deux trop occupées ?
— En quelques sortes.
— Bien, Terry, dites-moi...
Mais la femme n’eut jamais le temps de terminer sa phrase. Un agent des Veilleurs accourut dans leur direction et glissa quelques mots dans son oreille. Les yeux de Terry se tournèrent vers le fond de la salle : on commençait à s’agiter... Rusi donna un ordre qu’elle n’entendit pas et des hommes armés se précipitèrent au premier étage. L’incompréhension et la panique gagnèrent petit à petit les convives. Des bruits de course retentirent, puis des coups de feux. Il y eut des cris et Terry se trouva entrainer par un mouvement de foule. Elle chercha d’abord Chris du regard, puis elle tenta vainement de retrouver Jules : il y avait trop de monde, trop de visages, trop de couleurs. Tout devint flou, sa vue se brouilla. Elle voulut courir vers les escaliers pour comprendre ce qu’il se passait mais quelqu’un attrapa son bras pour l’attirer vers la sortie. Les Veilleurs évacuaient le bal et Terry se laissa entrainer...
La plainte d'une sirène s'éleva au loin.
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