Seize heures cinq. Le prochain Cylindre ne partirait que dans dix minutes. Terry soupira : Adrien leur avait donné rendez-vous à quatre heures et demi, elle serait en retard.
Comme beaucoup de jeunes de leur âge, Chloé Sumaine et son frère Adrien habitaient dans la périphérie du Cyan, au bord de la mer. La plateforme sur laquelle reposait l’île avait une forme circulaire et Terry n’avait pas d’autres moyens que les Cylindres pour se rendre chez ses amis.
Les Cylindres étaient de sorte de grosses capsules de métal doré, mises en mouvement par un système fonctionnant à l’air comprimé. Dix lignes permettaient de se déplacer du centre vers la mer et inversement. Six lignes de Billes les coupaient ensuite perpendiculairement pour assurer les déplacements le long de cercles concentriques espacés d’un kilomètre les uns des autres.
Plus jeune, Terry était fascinée par le fonctionnement de ce système de transport. En fait, elle était fascinée par la mécanique en général. Pendant des années, elle avait travaillé avec son père, scrutant ses schémas et calculs avec passion. Elle avait d’ailleurs suivi des études d’ingénieur en mécanique et avait brillamment obtenu son diplôme deux ans plus tôt. Mais ensuite, elle n’avait plus rien fait... Aucun des postes ouverts dans le Cyan ne lui avait paru intéressant et elle avait même décliné la proposition de son père de devenir son associée. Pourtant, elle aimait infiniment la mécanique, elle avait trouvé ses cours de l’université captivants et rien au monde ne lui aurait fait plus plaisir que de travailler avec son père. Non, le problème ne venait pas de la mécanique, mais de la façon dont le Système l’obligeait à en faire. Elle, ce qu’elle affectionnait par dessus tout, c’était de construire. Le gouvernement appelé Marin, l’inventeur, mais celui-ci n’avait jamais été autorisé à réaliser aucune de ses créations. On imposait aux habitants du Cyan d’être des théoriciens. Ils étaient chargés de faire des calculs, de préparer des plans et de proposer des idées, mais on ne leur permettait rien de concret. Terry, elle, aurait aimé utiliser ses mains, manipuler des boulons, des vis, des engrenages et des marteaux. Au lieu de cela, on lui demandait de s’asseoir derrière un bureau tandis que la conception de ses propres inventions était confiée aux techniciens du Vert ou à des ouvriers sous-payés de couleurs plus éloignées encore. La jeune fille avait alors décidé que, tant que le Système ne laissait pas à ses habitants de choisir eux-mêmes ce qu’ils souhaitaient faire pour vivre, elle refuserait de travailler pour lui.
Cela avait été possible jusqu’à présent – son père avait subvenu à ses besoins –, mais maintenant que Marin avait disparu ? Allait-elle devoir trouver une place dans un des ateliers de la ville ? Peut-être devrait-elle reprendre l’activité de Papa, comme Neil lui avait suggéré... Et d’ailleurs, que faisait sa cadette ? Elle lui avait parlé d’un concours, mais ce n’était que l’affaire d’une journée, que faisait-elle le reste du temps ? Terry se souvenait qu’elle avait commencé des études de sociologie. Elle compta rapidement : elle aurait dû être diplômée le mois dernier, mais elle était incapable de se remémorer aucune conversation à ce sujet. Terry ne pensait pas que Neil avait échoué, non, il était impossible pour elle de rater quoique ce soit, mais alors que faisait-elle ? Elle devrait lui poser la question en rentrant... Elle lui demanderait aussi des nouvelles de son concours. Après tout, son père n’était plus là pour s’occuper d’elles, sa sœur était visiblement contrariée par la situation et elle était sa grande sœur : c’était son rôle de veiller sur elle. La jeune femme fut satisfaite de ses réflexions et se félicita se l’attention qu’elle était capable d’accorder à ses proches : Neil devrait prendre exemple sur elle et se montrer plus ouverte et partageante.
Le sifflet retentit et les portes d’accès aux Cylindres se déverrouillèrent. Terry s’installa dans le fond de la capsule, là où il était possible de voir les vannes s’ouvrir. Mise à part elle, seuls trois autres passagers étaient présents à bord : une mère et son bébé et un vieillard qu’elle reconnaissait vaguement. Lorsque la cartouche fut propulsée, l’enfant se mit à crier et ne se tut qu’à l’arrêt suivant. Des passagers montèrent, d’autres descendirent, mais bientôt la jeune fille n’y prêta plus attention. L’horloge du véhicule indiquait seize heures vingt-cinq : elle arriverait – peut-être – finalement à temps.
Le Cylindre atteint enfin son terminus, Terry sortit de l’appareil et fut éblouie par la clarté de la mer. Elle avait un jour lu que, dans l’ancien temps, le mot « mer » désignait une grande étendue d’eau salée : il n’en était rien ici. Ce que les habitants de l’Arc-en-ciel appelaient la mer, était en réalité un vide infini à la blancheur éclatante, qui séparait les huit couleurs les unes des autres. Chaque couleur reposait sur une île, c’est-à-dire une plaque de fonte supportée par un large pylône. Les pieds de ces poteaux devaient bien reposer sur un sol, ce qui laissait penser que la mer avait un fond, mais personne ne savait réellement ce qu’il y avait là en bas.
Quand Terry sonna à la porte de l’appartement d’Adrien, il était seize heures trente-cinq. Angeline, la fiancée d’Adrien, lui ouvrit et l’invita à entrer.
— Terry ! Te voilà déjà ! Adrien n’est pas encore rentré, il sera en retard, mais Jane, Chloé et Chris attendent dans le salon. Je t’en prie, entre !
La jeune femme remercia son hôte en s’efforçant de lui adresser un sourire chaleureux. Elle aimait beaucoup Angeline, mais elle la trouvait trop... domestique. Elle passait son temps libre à cuisiner et à décorer sa maison pour que celle-ci ressemble aux illustrations qu’on voyait dans les magasines du Bleu. Elle était très différente d’Adrien et de Chloé, mais pour une raison que Terry ne comprenait pas, ces derniers semblaient y être très attachés. Elle était, certes, extrêmement douce et gentille, mais elle n’avait pas l’énergie ni la passion qui agitaient les deux jeunes Sumaine.
Angeline la conduisit dans le salon, et lorsque Chloé l’aperçut, elle se précipita vers elle pour la serrer dans ses bras.
— Terry ! Comment vas-tu ? J’ai vu ton message, il m’a brisé le cœur ! Je suis tellement désolée pour toi, j’espère que tu tiens le coup.
Les mots de réconfort de son amie émurent Terry : ses yeux lui piquèrent et elle dut faire un effort surhumain pour ne pas éclater en sanglot. Elle se racla la gorge et répondit d’une voix tremblante.
— Merci Chloé, ça va... Je... Je pense que mon père va bien. Je pense qu’il est quelque part ici, dans l’Arc-en-ciel, en prison peut-être. Le Système a dû...
— J’en suis sûre ! La question ne se pose même pas : nous vous l’avions dit Adrien et moi, le gouvernement fait disparaître en toute impunité des centaines de personnes par an. C’est pour ça qu’on est là, c’est pour ça que les Oras sont là ! Bref... Tu connais déjà Chris et voilà Jane, une amie.
Cette dernière et son sourire hypocrite s’avancèrent vers Terry.
— En réalité, Chloé, nous nous connaissons déjà. N’est-ce pas Terry ?
Elle ne mentait pas : l’oncle de Jane dirigeait une équipe d’ingénieurs chargés d’améliorer le confort des habitants de l’Arc-en-ciel. Il faisait régulièrement appel à Marin pour concevoir de nouveaux produits.
— Comment vas-tu, Jane ?
— Je vais bien, merci. Je suis désolée pour ton père, Oncle Daniel l’appréciait beaucoup, il sera dévasté quand je lui apprendrai sa disparition...
Terry en doutait fort : les rapports entre les deux hommes avaient toujours été cordiaux mais tendus. Marin n’avait jamais accepté aucune des propositions de postes de Daniel Monomie, préférant resté indépendant. Comme il avait les faveurs du gouvernement, cela ne lui avait posé aucun problème financier, mais Monomie en avait gardé une certaine rancœur à son égard.
— Oh, et j’ai vu ta sœur !
— Neil ?
— Oui, elle passait, elle aussi, le concours des Veilleurs.
Neil ? Le concours des Veilleurs ? Terry voulut dire quelque chose mais elle fut interrompue par Chris.
— Tu as passé le concours des Veilleurs, Jane ?
— Absolument !
— Mais tu es au courant qu’on est ici pour discuter des Oras ?
— Oui, ce que je...
Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase, une Chloé surexcitée lui coupa la parole.
— Justement ! Tu ne trouves pas ça brillant ? Si elle est admise, on aura un espion !
— Pour cela, il faudrait qu’elle soit admise...
Terry sursauta et Jane se retourna brusquement pour découvrir l’identité de celui qui doutait ainsi de ses capacités. Adrien se tenait sur le pas de la porte et les regardait d’un œil fatigué.
— Et ce ne serait vraiment utile que si nous parvenions à intégrer les rangs des Oras.
— Adrien !
Angeline venait d’entrer dans la pièce, un plateau dans les mains.
— Tu es rentré ! Ils sont tous là, je les ai laissés s’installer en t’attendant. Voilà des gâteaux ! Bon, asseyez-vous tous, allez, allez !
La jeune femme força ses invités à se répartir entre le canapé et les coussins et fit passer son assiette de pâtisseries. Terry se servit et elle dut admettre qu’elles étaient délicieuses. Ils mangèrent en silence avant qu’Adrien ne prenne enfin la parole.
— Terry, je suis entièrement d’accord avec ton message : il devient urgent de trouver les Oras. Le Système a enlevé ton père, mais ça aurait pu être n’importe lequel d’entre nous. Des histoires comme la tienne arrivent tous les jours et c’est contre ce genre d’actions que se battent les Oras...
— J’ai encore tenté aujourd’hui de déchiffrer un de leurs messages mais je n’ai aucune idée de comment m’y prendre.
— Des rumeurs disent qu’ils utilisent des livres.
— Tu as raison, Chris ! J’ai lu ça aussi ! Les numéros donnent la page, la ligne et la place du mot.
— Peut-être, mais sans le livre, comment on fait ?
— Je n’en ai aucune idée, Terry. Pourtant, il doit bien y avoir un moyen d’intégrer les Oras : ils doivent chercher à recruter de nouveaux membres, tous les groupes révolutionnaires le font.
— Oh Adrien ! Tu as pu voir Martin ?
— Oui, à l’instant. C’est pour cette raison que je suis en retard en fait...
— Qui est Martin ?
— Un de ses amis.
— Il était avec moi à l’école, il travaille aux archives maintenant.
— Du coup il a accès aux documents confidentiels !
— Je lui ai demandé s’il pouvait se renseigner sur les Oras...
— Pardon ?!?
Jane avait bondi sur ses pieds.
— Tu lui as parlé de nos projets ? Sans nous demander quoique ce soit ?
— Calme-toi, Jane. On ne risque rien : Martin est comme nous, il est d’accord avec nous. Une de ses cousines a disparu tu sais, alors...
— On ne le connaît même pas !
— Chloé, Angeline, Chris et moi le connaissons.
— Pas Terry, ni moi ! Tu aurais dû nous mettre au courant : il travaille pour le Système...
— Comme nous tous...
— Il a accès à des informations classées : il a très certainement été certifié digne de confiance par le gouvernement.
— Tu as passé le concours des Veilleurs, tu l’as été aussi.
— Je ne vous ai jamais caché que je participais aux épreuves. À la différence de Terry...
Adrien s’apprêtait à répondre mais il s’interrompit brusquement quand il réalisa ce que Jane venait de dire. Il se tourna vers Terry, confus.
— Tu as passé le concours des Veilleurs ?
— Non, ma sœur, Neil.
— Et elle nous l’a cachés !
— Tais-toi, Jane ! Pourquoi tu n’as rien dit ?
— Je... Je ne le savais pas.
— Ta sœur passe l’un des concours les plus sélectifs de l’Arc-en-ciel et tu ne le sais pas ?
Terry n’aimait pas le ton amusé qu’avait pris Chris pour lui poser la question.
— Tu ne connais pas Neil, Chris : elle ne dit jamais rien à personne. Je savais qu’elle passait un concours, je n’avais aucune idée qu’elle espérait rejoindre les rangs des Veilleurs.
— Comment tu...
— Est-ce qu’on pourrait revenir à nos histoires d’Oras maintenant ?
— Je suis d’accord avec Chloé...
— Merci Angeline !
— Je pense qu’on pourrait peut-être discuter de tout ça plus tard. Personne ici n’appartient encore aux Oras et vous voulez déjà trouver des traîtres ?
— C’est parce qu’il est plus astucieux de les trouver avant qu’ils nous trahissent, Angeline. Pour survivre, tout ça...
— Chris ! Pas la peine d’être sarcastique !
— Chloé, je...
— Est-ce que je peux finir mon histoire avec Martin ? Merci ! Bon alors, comme je le disais, j’ai demandé à Martin de nous trouver tout ce qu’il pouvait sur les Oras...
— Et ?
— Il n’y a rien, Terry, ou quasiment rien.
— Quasiment ?
— Oui. Non. En fait, il existe bien des documents les mentionnant : deux dossiers de candidats au concours des Veilleurs, l’un rendu il y a cinq ans, l’autre la semaine dernière. Les rapports sont anonymes, Martin n’a pas pu identifier leur auteur.
— Leur auteur ? Au singulier ?
— Les deux dossiers sont très similaires : la présentation, les tournures de phrases, les arguments et les interrogations... Nous pensons qu’il s’agit d’une même personne.
— La sœur de Terry...
— Tais-toi, Jane !
— Je ne crois pas que ce soit ma sœur : elle n’a pas passé le concours il y a cinq ans.
— Tu ne savais pas qu’elle le passait aujourd’hui, je ne pense pas que tu sois très fiable pour...
— Chris ! Tu ne connais pas Neil ! Je suis sa sœur, je sais ce que je dis. Ce n’est pas elle, ça ne peut pas l’être : il n’y a aucune chance qu’elle ait déjà entendu parler des Oras. Elle vit dans son monde, elle – et Papa – ne sortent jamais, ils...
Sa voix se brisa à l’évocation de son père, une larme coula sur sa joue. Elle s’empressa de la faire disparaître mais c’était trop tard : ils l’avaient tous aperçue. Chloé se rapprocha d’elle pour la serrer dans ses bras et Angeline lui tendit un biscuit. Les autres détournèrent le regard et Adrien reprit :
— Les rapports, notamment le plus récent, donnent une analyse détaillée des actions des Oras : il y en a plus que ce que nous n’en avions comptées...
Ces deux dernières années, les membres du groupe étaient parvenus à pirater le système de courrier pneumatique pour distribuer leurs propres prospectus, révélant ainsi toutes ces mystérieuses disparitions et dénonçant les inégalités de traitement des habitants d’îles différentes. L’auteur écrivait qu’ils avaient également intercepté des envois du Général ou d’autres membres du gouvernement mais Martin doutait de cette dernière affirmation : aucune information confidentielle ne semblait avoir fuité. Toujours d’après le rapport, les Oras se contentaient, pour le moment, de collecter le plus de données possibles pour les utiliser dans le futur. L’autre activité principale des Oras semblait être d’offrir aux résidents du Cyan, la possibilité de quitter l’île pour aller refaire sa vie dans une autre couleur. Ils étaient spécialisés dans la création de fausses identités et on lisait qu’ils avaient déjà aidé organiser la fuite de plusieurs citoyens qui se sentaient menacés par le Système.
— Et ce n’est pas tout : l’auteur du texte relève plusieurs points de convergence entre les Oras et les Sétlov.
— C’est absurde : les Oras ne sont pas armés, ils n’ont jamais menacé personne.
— Les Sétlov non plus, à leur début...
Angeline écarquilla les yeux quand elle comprit ce que cela impliquait. Elle se tourna vivement vers Adrien, révoltée.
— On ne peut pas faire ça !
— Pardon ?
— Non, je refuse. Je refuse de m’associer à des criminels.
— Les Oras ne sont pas des criminels.
— Pas encore !
— Chris ! Inutile d’en rajouter. Angeline, les Oras ne sont pas les Sétlov, la situation est différente.
— Ce n’est pas ce que dit le rapport...
— Je suis d’accord avec Chris : on devrait prendre en compte ce qu’il est écrit ici.
— Si j’ai bien compris, les prédictions que l’auteur avait émis il y a cinq ans se sont révélées plutôt exactes.
— Qu’est-ce qu’il disait ?
— Regarde ici, Terry. Et, rappelle-toi, il y a cinq ans, aucun d’entre nous n’avait entendu parler des Oras. Apparemment, le Général connaissait leur existence mais affirmait qu’ils n’étaient qu’un petit groupe de criminels mineurs. Je vous lis le passage : À ce jour, deux disparitions suspectes ont été enregistrées dans le Cyan. Il pourrait évidemment s’agir de faits complètement indépendants, mais il serait imprudent d’écarter l’hypothèse que le même groupe puisse être derrière les deux évènements. Si c’est effectivement le cas, et si ceux que nous avons nommés les Oras sont concernés, il est à parier que des affaires du même type seront observées dans les années à venir. De même pour leurs brochures...
— Adrien ! Tu entends ! On ne peut pas faire ça, on ne peut pas devenir des Sétlov.
— Ça n’arrivera pas, Angeline. Les Oras ne sont pas les Sétlov : jamais ils ne s’en prendront à des innocents, jamais aucun de nous ne le fera...
Terry rentra chez elle à la nuit tombée. Depuis la rue, elle constata que la lumière dans la chambre de sa sœur était encore allumée et elle se rappela qu’elle avait à lui parler. Elle grimpa quatre à quatre les escaliers métalliques qui menaient au porche de la maison et poussa brusquement le battant de la porte. Il y eut un bruit de papier froissé qui surprit la jeune femme. Elle baissa les yeux et découvrit une enveloppe à son nom. Elle la retourna, intriguée : à l’emplacement du destinataire, aucun nom n’était indiqué. À la place, on avait tracé un arc-en-ciel et un œil en son centre. Les mains de Terry se mirent à trembler : elle connaissait ce symbole, elle le connaissait bien, il ornait chacun des tracts clandestins des Oras.
Le cœur battant, la jeune femme décacheta l’enveloppe...
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