Couchée dans son lit, elle regardait par la fenêtre en cherchant à savoir depuis combien de temps elle était là.
Elle se redressa doucement, encore dans les vapes, et ramena ses genoux contre sa poitrine pour poser sa tête dessus, pas encore très stable physiquement.
Qu'est-ce que je fous là ?
Cette pensée avait fusé naturellement. Elle n'avait aucun souvenir de son arrivée dans ce qui semble être une chambre d'hôpital.
Cette chambre n'est pas très grande, mais contient tout le confort nécessaire : soit un lit, une caméra fixée au plafond, une table, une chaise, une fenêtre à barreaux cachée par des rideaux, une plante est posée dans un coin de la pièce, une table et une chaise. Elle n'est pas carrée ou rectangle, une partie de cette chambre est occupée par une salle de bain aux murs de verres à peine opaques. Tout est d'un blanc immaculé. Hormis le végétal, bien sûr.
Mais sans comprendre pourquoi, la couleur verte de cette verdure la rassurait. Comme si cette couleur avait évoqué quelque chose de fort pour elle, quelque chose de protecteur.
Elle se leva, non sans peine, pour essayer d'aller ouvrir la porte. Sans succès. Elle avait été verrouillée et aucun loquet ni aucune clé n'était visible à proximité.
Peut-être est-ce pour la protéger des gens extérieurs ? Peut-être. Mais rien n'est sûr.
Elle s'adossa quelques minutes à la porte pour reprendre son souffle avant de retourner s'asseoir sur son lit pour réfléchir à la situation.
Oshoku sentait bien que quelque chose manquait. Même si elle se souvenait de son identité et d'une grande partie de son enfance et de sa vie de jeune adulte, il lui restait des parcelles de mémoire qu'elle ne parvenait pas à débloquer ou à retrouver même si elles semblaient importantes pour elles.
Dans un élan d'ennui, elle ouvrit les rideaux. Ça lui fera toujours ça d'occupation en attendant que quelqu'un ait la gentillesse et l'amabilité de lui expliquer sa situation.
Par la fenêtre, elle pouvait observer l'immensité de la ville de Shin Keikou. La lumière du soleil paraissait pâle comparée à celle qui émanait de la grande métropole entourée par un haut et large mur gardé jour et nuit.
À son grand étonnement, un immense écran surplombant la ville avait été installé. Des gens, dont il lui semblait reconnaître les visages, mais sans en avoir aucun souvenir, y apparaissaient. Des Gardiens, également. Reconnaissables à leurs uniformes noirs et à leurs visages tous identiques.
La première personne à être levée de sa chaise s'appelle Nakama, d'après ce qui était marqué sur l'écran, suivi du motif de son arrestation.
Désertion ?
Avant qu'elle ne puisse en voir et en apprendre davantage sur la situation, un cliquetis de porte qu'on déverrouille se fait entendre dans la petite chambre, ce qui la détourna du macabre spectacle qui avait faillit se dérouler sous ses yeux.
La personne qui venait d'entrer posa un plateau sur la table et se tourna Oshoku.
- Bonjour Mademoiselle. Votre nuit s'est-elle bien passée ?
- J'imagine que oui ? Pourquoi suis-je ici ?
- Une personne vous a retrouvée inconsciente dans la rue. Vous êtes ici depuis.
- Et cela fait combien de temps ?
Ce qui s'apparente être une infirmière était venue fermer les rideaux sur la scène qui se déroulait plus bas, sans pour autant répondre à la question.
- Vous devriez vous reposer plutôt que d'assister à ce spectacle.
- Que se passe-t-il ?
- Les Vagabonds qui sévissaient en dehors de la ville ont enfin été arrêtés. Ce n'est pas trop tôt.
Le ton de la personne était acerbe et sans aucune once de compassion.
- Depuis combien de temps ?
- Ça doit bien faire un an qu'ils ont réussi à sortir.
- Je ne comprends pas... s'ils étaient en dehors, avec toutes les sécurités, comment pouvaient-ils être nuisibles pour nous ?
- Vous avez une tasse de thé et des biscuits pour l'accompagner ce matin.
Visiblement, ce questionnement la dérange... et... un an ? Je suis ici depuis un an ?
- Merci... quand est-ce que je pourrais sortir ?
- Quand le médecin aura donné son approbation
- D'accord. Quand doit-il passer ?
- Bientôt.
L'infirmière ne s'attarda pas plus longtemps dans la chambre, laissant Oshoku à nouveau seule dans sa triste chambre. Juste assez tôt pour assister à l'exécution d'un dénommé ''Jiyu'', également accusé de désertion.
La vue de cet évènement lui infligea une violente douleur semblable à une migraine qui la plia en deux dans un gémissement de douleur.
Qu'est-ce qu'il m'arrive ?
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