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La Femme qui Voulait les Yeux de l'Homme aux Yeux de Jack
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L’as-tu vu dans la nuit ? Cette nuit ? Lorsque ses yeux brillent de mille feux. Oh oui ! Ils étaient beaux et bleus. Oh oui ! On ne voyait qu’eux. Hélas, j’étais trop loin et je n’ai fait que les apercevoir, étincelant dans le noir. Malheureuse ! Que dis-tu ?

Es-tu à ce point éprise de lui, au point de te jeter dans ses bras ? Es-tu folle, ma parole ? Qui oserait même, ne serait-ce qu’effleurer cette folle idée, voler les yeux du Diable, l’homme aux yeux de Jack ? Enfin ! Il aura tôt fait de toi et de ton corps la corolle d’une nouvelle fleur, aux allures de mort.

Que nenni, mon amie ! Ce n’est pas le Diable, seulement un homme avec les yeux de Jack.

Enfin, quelle folie infuse dans ton sang, au point de souhaiter ses yeux d’argent ?

Il n’est nulle folie qui m’habite, seulement une passion de m’approprier ces joyaux d’argent. Tu n’es qu’une pie, envieuse et bavarde. Tu t’entiches de tout ce qui brille.

Prends garde à tes abattis, car il pourrait t’en cuire à vouloir frayer avec ce triste sir. N’entends-tu point chacune de ces nuits les cris de ces putains que l’on retrouve déchiquetées chaque matin ?

Oh ! Mais cela ne m’intéresse point ! Qu’il viole ! Qu’il pille ! Qu’il assassine ! Peu me chaud, que tout ceci ! Moi ce que je veux, ce sont ses yeux, ses yeux brillants, ses yeux délicieux et facétieux, des yeux si gracieux que tous tomberont en pâmoison à ma vision !

Mais enfin, pourquoi te gausses-tu ainsi ? Te moquerais-tu de moi ? Quelles sont donc les raisons de ce soudain fou rire ? Tous les damoiseaux ne cessent de voler autour de toi ! Moi je n’ai que les miettes, sans beauté ni esprit. Il m’en faut aussi. Je ne veux pas finir vieille fille ! Cesse donc un peu de gémir et de trépigner ! Va-t’en trouver un mari qui te fera des lardons à tire-larigot. Moi ! Il me quitte sitôt dans mes bras et me laisse sans joie.

Cesse là ta folie ou tu finiras comme la petite Gladys ; fleur de lys retrouvée éventrée sur la surface gelée de la Tamise !

Que tu dis, petite grue ! Il m’en faut plus ! Je me rendrai cette nuit dans ces rues qui longent la Tamise et je lui arracherai ses yeux. Rien ne saurait me détourner de mes desseins. Pas même cette lame que tu tiens entre les mains.


Texte publié par Diogene, 15 novembre 2017 à 18h48
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