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PAINFUL SORROW ▬ Journal de la Douleur.
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tome 1, Chapitre 2 « PROVERBE ▬ Celui qui naît, hurle ; celui qui » tome 1, Chapitre 2

Le nœud qui s’est formé dans mon ventre semble remonter jusqu’à ma gorge, m’étouffant de façon presque agréable. J’aime cette sensation, celle de revivre enfin après de longues heures de vide et d’indifférence. C’est comme si mon cœur recommençait à battre après s’être douloureusement arrêté, c’est comme si la vie affluait en moi après avoir déserté chacun de mes membres avec une lenteur insupportable. Mes yeux parcourent les pages noircies avec avidité, toujours plus vite, toujours plus loin ; ne jamais m’arrêter, comme si ma vie en dépendait. Et peut être que c’était le cas, finalement. Ma vie dépend de ces lettres arrondies, de ces lignes déliées, de ces mots qui me transpercent par leur vérité, leur sincérité. Leur beauté. Ils me laissent vivre à travers leur sens, sans attendre de retour, me laissent devenir eux le temps de quelques pages. Et alors j’oublie tout ce qui n’est pas moi, eux. J’occulte le monde extérieur et un tout autre univers m’accueille en son sein, diffusant la chaleur vitale dans mon corps engourdi par ce Néant fait de glace et d’obscurité qu’est devenue ma misérable existence.

« Jenny, à table ! »

Je sursaute vivement, me pinçant la langue avec mes dents pour éviter de crier de surprise et c’est comme si on m’arrachait à une douce chaleur à laquelle je m’étais vite habituée ; trop vite sans doute. Et la morsure violente dans ma poitrine est plus douloureuse encore, écrasant mes poumons, mon cœur dans ma cage thoracique oppressée. J’ai mal, tellement mal. Et chaque fois c’est pareil ; à me laisser aller au confort de la saveur de ces mots, j’en perdais l’habitude de mourir de l‘intérieur.

« Allez, dépêche toi. Ça fait déjà trois fois qu’on t’appelle ! me houspille mon père avec dureté et je baisse les yeux sur mes mains moites.

- Oui, j’arrive. Désolée… je marmonne, la voix rauque. »

Encore tremblante, je me lève doucement de peur de ne pas pouvoir tenir sur mes jambes engourdies et flageolantes. Ma tête tourne encore agréablement des derniers spasmes de bonheur qui semblent déjà quitter mes veines comme refluent les vagues sur le sable blanc. Je n’ai pas tellement faim, à vrai dire je ne connaissais plus cette sensation ; j’étais comme vide de l’intérieur. Mais il faut donner le change, pour ne pas inquiéter les autres. Quoique ça n’aurait certainement rien changé que je sois présente ou non, mais je ne désire pas imposer ma propre douleur à celle des autres. Et ma seule faim était celle de partir vers mon autre monde celui où enfin je me sens revivre. Pour de bon, lorsque se dilue en moi cette chaleur qui réchauffe peu à peu tout mon corps d’habitude aussi froid que celui d’un cadavre.

« Tiens, mademoiselle daigne nous honorer de sa présence. Comme c’est aimable à toi ! Tu sais, si c’est pour rester cloitrée dans ta chambre tout le week-end, pourquoi ne restes-tu pas à Clermont dans ce cas là ? »

La voix, sèche et froide, de ma mère claque comme un fouet, me heurte en plein dans la poitrine comme un coup de poing. La sensation que mon cœur s’était arrêté de battre est intense ; il me semble qu’on l’arrache de ma cage thoracique, faisant trainer en longueur ma lente agonie de sentir la vie me quitter petit à petit. Je m’assois à table, tête basse, sans broncher aux remarques acerbes de ma mère. Mère qui ne ressemblait plus en rien à celle que j’avais il y a quelques mois encore. Mais tout est de ma faute, et elle me donne entièrement raison sur ce point là, alors qui suis-je pour me plaindre ? Tout cela n’était que les conséquences de mes actes, et je me dois de les assumer. Comme une grande. Sans un mot de plus, elle me sert et repose mon assiette sous mes yeux vides.

« Je travaillais… je souffle dans une vague excuse.

Mais bien sûr ! Arête ton cinéma, ton père m’a dit qu’il t’avait trouvée en train de lire. »

Je rentre la tête dans mes épaules plus encore et, évitant de lui répondre, je prends ma fourchette pour picorer un peu dans mon plat. Je sens la nausée monter, comme à chaque fois qu’il me faut me forcer à manger devant eux. Ma famille. Si j’avais eu la possibilité de le faire, je me serais ruée aux toilettes pour y vomir tripes et boyaux. Mais à quoi bon ? Mon ventre est vide, j’avais déjà à peine mangé à midi, et je ne tiens pas à m’effondrer sous leurs yeux. Alors j’avale ce que je peux, me retenant avec difficulté de ne pas tout régurgiter, là, sur la table. Un coup d’œil jeté à la place à ma droite et mon ventre se retourne une nouvelle fois, je sens mon estomac se révulser avec force, mon cœur se serrer encore. Le souffle oppressé, je me mords les lèvres jusqu’au sang, et bientôt le goût métallique du liquide carmin m’emplit la bouche, retenant au mieux les larmes qui viennent embuer mes yeux. Ne pas pleurer, surtout ne pas crier, ne pas hurler de douleur, ne pas se frapper. Ne pas se jeter contre le mur pour s’ouvrir le crâne et oublier ne serait-ce qu’une seconde la douleur au creux de mes entrailles. Non, je n’avais pas le droit. Tout est de ma faute, je me dois d’assumer. Et d’endurer, en silence. Si Elle n’est plus là, c’est à cause de mes erreurs. La place vide laissée par ma sœur à mes côtés me coupe le souffle, comme à chaque fois que mes yeux se posent sur cette chaise en osier de la salle à manger. J’ai si mal. Et je dois serrer un peu plus les dents pour ne pas craquer. Je le pourrai plus tard, mais pas tout de suite. Pas encore. Pas maintenant. Pressant mes paupières, je tourne mon visage vers mon assiette, ne relevant le regard qu’à hauteur de mon verre, comme j’en ai pris l’habitude depuis sa disparition, voilà quatre mois. Sept jours. Quinze heures. Et trente-six minutes. Je compte chaque seconde qui s’écoule depuis notre accident, depuis ce terrible jour où je l’ai perdue, Elle. Ma sœur. Mon ventre se tord encore une fois, la bile envahit ma bouche ne laissant que le goût amer du regret accompagné de celui, acide, de la culpabilité. Les larmes me brûlent les yeux, ma vue se brouillant derrière cet écran rouge de haine et de colère. Depuis l’instant même où je l’avais perdue à jamais, la douleur m’avait pris aux tripes, me consumant chaque jour un peu plus, me détruisant à petit feu, tout doucement, dans la plus lente de tortures. Le temps me paraissait comme ralenti, ne semblait pas vouloir passer, rallongeant mon agonie. Quand l’air vient à me manquer cruellement, je me suis rappelé de respirer profondément, laissant l’oxygène envahir à nouveau mes poumons et j’ai eu l’impression qu’une lame chauffée à blanc me transperçait le corps.

« Jenny ? (…) Jenny, tu m’écoutes ? »

La main de mon père se pose sur mon avant bras à moitié dénudé et je frissonne. Son contact me brûle la peau, et j’en suis presque écœurée. Comment peut-il toucher cette horreur ? Ne voit-il pas qu’il se salit ainsi ? Il est si moche, si dégoûtant. Comment fait-il pour ne pas le remarquer ? J’ai vrillé mon regard au sien, comme par automatisme, encore hébétée par la souffrance des souvenirs qui avaient afflué.

« Si tu n’as pas faim, tu peux sortir de table, m’apostrophe ma mère avec dureté. Ne te sens pas obligée de nous imposer ta présence surtout ! »

Je serre les dents, replis mon bras sur mon ventre cependant qu’il se contracte sous la violence crue de ses mots qui m’atteignaient toujours plus que je ne l’aurais voulu.

« Non… Non, non j’ai faim, je réponds faiblement. D’ailleurs, c’est très bon… maman. »

Elle ne m’accorde qu’un bref regard glacial, pas même un remerciement et je replonge le nez dans mon assiette encore aux trois quart pleine. J’avale ma salive avec difficulté. Il fut un temps où j’appréciais la cuisine de ma mère ; elle avait toujours tellement bien cuisiné. Encore aujourd’hui, elle cuisine divinement bien. Non, encore une fois le problème vient de moi ; je n’ai désormais plus goût à rien. Tout se ressemble dans ma bouche, tout a un sale goût de papier mâché et de carton. Je ne distingue plus rien de l‘arôme de sa cuisine quasi-parfaite, tout a invariablement la même texture, la même saveur. Et quand je porte une fois encore la fourchette à ma bouche, les gestes lents et calculés, je prie pour ne pas m’évanouir de dégoût devant eux. Je saute le fromage, vais me prendre un rapide dessert, au chocolat – toujours – dans le réfrigérateur de la cuisine, attrapant enfin une pomme au passage. Je ne dois plus traîner, je me sens faiblir un peu plus à chaque seconde qui passe. Mon ventre se révulse en spasmes irréguliers de plus en plus douloureux et tous mes membres sont pris de convulsions. Je sens mes entrailles se déchirer de douleur, l’envie de vomir revenant encore et encore. Encore et toujours. J’ai si mal, je suis si mal. Et les larmes me brûlent toujours les yeux, et cette boule est toujours là qui enserre ma gorge à m’en étouffer. Jusqu’à en suffoquer. Il m’était parfois étrange de voir que personne ne semblait le remarquer autour de moi. Ni mes amis proches, ni le reste du monde. Pas même ma propre famille. Personne. Jamais personne ne paraissait voir à quel point je souffrais, à quel point j’avais mal. Et j’avais mal, terriblement mal ; c’était certain. C’est une évidence dont moi seule suis consciente, apparemment. Et ça, ça fait encore plus mal. Mais j’ai finalement appris à vivre avec la douleur, sans la faire partager ; à la cacher aux yeux de tous, pour me protéger. Je ne suis plus qu’une coquille vide ; une coquille vide de douleur. Elle remplit ce trou béant dans ma poitrine, comblant la déchirure de mon cœur, mon ventre, mes tripes. Et personne ne le voit. Jamais. J’avale ma crème au chocolat sans grand enthousiasme, et alors que je m’apprête à débarrasser ma table, mon frère m’apostrophe de sa voix fluette :

« Jenny, je peux regarder les Simpson dans ta chambre ce soir, dis ? »

Immobile au plein milieu du passage, j’ai dû me mordre la langue pour ne pas lui lancer une réplique bien acide en pleine figure. Comme si il se gênait. Cela faisait des mois et des mois qu’on regardait ce dessin animé à l’humour plus que douteux, ensemble, dans ma chambre. Comme si ça allait changer.

« Comme tous les samedis soirs, Calvin… Comme tous les samedis soirs, je lui réponds d’une voix atone. »

Et je repars, ne lui ayant même pas jeté un coup d’œil. Parfois, sa simple vue m’insupportait. J’éprouvais tant d’antipathie envers mon frère que je n’étais plus capable de le regarder, même dans les yeux. Parce que dès que je posais mon regard sur lui, je ressentais cette brûlure au creux de mon estomac qui venait annihiler toute pensée logique et me consumer de l’intérieur. Ça me faisait tellement mal, et c’était à la fois si bon. Si bon de se sentir vivre. Vivre, même à travers cette haine farouche qui me tordait le ventre. Et, à chaque fois, ma vue se brouillait, mon sang bouillonnait dans mes veines. Et je ne voyais plus que ça, ne sentais plus que ça. N’existais plus que pour ça. Que par ça. Cette envie irrépressible de blesser mon frère, de lui faire du mal. Jusqu’à ce qu’il en meure. Puis le dégoût de moi-même revenant en force par vagues immenses, je serrais alors les poings, laissant mes ongles déchirer ma peau, pénétrer ma chair. Et la douleur semblait me laver, me purifier de toute la haine que j’éprouvais à l’égard de cet être auquel j’étais liée par le sang. Quoiqu’il puisse arriver. Je serre les dents tout en me lavant vigoureusement les mains. Je frotte fort, si fort qu’elles en deviennent rouge brique. Et l’eau presque glacée qui agresse ma peau de la plus délicieuse des façons n’arrange rien à leur état. Mais je m’en fichais, cela m’était égal. Mon cœur bat vite, trop vite ; j’ai la respiration courte, trop courte ; mon corps devient tremblant, trop tremblant. Passant fébrilement une main sur mon front moite, je rencontre mon regard éperdu dans le reflet que me renvoie le miroir de la salle de bains. Et je grimace. Je semble sur le point de m’évanouir à tout moment, le teint plus pâle que d’ordinaire, les lèvres asséchées, la bouche pâteuse. Je réussis à me réfugier rapidement dans ma chambre, sans ne plus croiser personne. Et je le retrouve enfin, m’attendant, comme toujours : le cocon chaleureux de ma chambre. Très vite, la boule dans ma gorge se desserre et ma respiration se fait plus facile. Et même si la souffrance reste comme ancrée à l’intérieur, marque indélébile au fer rouge sur ma chair mutilée, j’oublie un peu les spasmes violents de mon ventre qui se contracte toujours aussi douloureusement. Je m’allonge sur le lit qui grince sous mon poids, et les larmes coulent à flot, d’elles même. Sans les avoir invitées, elles étaient là, dévalant mes joues dans une longue cascade interminable. Je ne m’étonne que très peu de sentir leur contact me brûler, habituée depuis trop longtemps que j’étais à cette acidité qui semblait ronger mon épiderme, s’attaquant à la moindre parcelle de peau de mon visage rond. Et isolée dans cette sécurité que m’offrait ma chambre, je me laisse aller à ma peine, ma douleur, ma haine. Je me recroqueville sur moi-même, les bras repliés contre mon ventre, pressés contre mes cuisses, et je me mords avec force jusqu’à m’ouvrir la lèvre quand je fais pénétrer mes ongles dans la chair de mes avant-bras. Le goût métallique envahit ma bouche, je sens le liquide poisseux couler lentement sur mon menton. Je gémis faiblement ; mon ventre se serre, se révulse de dégoût. Toutes sortes de sensations différentes affluent et leur violence me coupe le souffle, si bien que je crois presque m’évanouir sous l’élancement trop brutal. Puis la tempête de douleur se dissipe, aussi soudainement qu’elle était apparue, ne laissant bientôt plus que le Néant pour m’envelopper toute entière dans son obscurité réparatrice. Mes oreilles bourdonnent encore sourdement, le sang pulse toujours aussi violemment à mes tempes. Par précaution, je garde mes paupières clauses pendant un moment, de peur de voir le monde tanguer à nouveau autour de moi, de sentir cette furieuse envie de vomir réapparaitre avec force. Et enfin, je retrouve lentement mes facultés sensorielles et peux me relever, le corps endolori et aux prises de tremblements convulsifs, la bouche sèche, la tête sur le point d’exploser. Elle tambourinait, assourdissante cacophonie qui prenait un malin plaisir à meurtrir mes tympans. La vue trouble, je tente une approche la plus silencieuse possible vers la cuisine afin d’y chercher un verre d’eau et un médicament, ne supportant plus la douleur qui me vrillait le crâne et sentant la bile remonter jusqu’à ma bouche. Toujours cette envie de vomir tripes et boyaux à n‘importe quel moment. Toujours cette sensation que mon estomac se retournait à chaque seconde. Toujours cette crampe dans mon ventre qui me comprimait à l’intérieur. Et bientôt je ressens la nausée jusque dans ma poitrine, le cœur soudain plus lourd et plus douloureux encore. J’aurais voulu pouvoir plonger la main dans ma poitrine et y arracher cet organe qui n’était plus désormais qu’un amas de chair morte. J’aurais tant voulu. J’aurais pu enfin me débarrasser de toute cette douleur, de la culpabilité, me débarrasser de ma vie. Ma vie qui n’était plus qu’un sale cadeau empoisonné. Cette seule pensée amène à nouveau un flot de larmes au bord des mes yeux que je ne contiens que difficilement. Oubliant l’aspirine déjà diluée dans mon verre d’eau, je me réfugie dans ma chambre, les bras resserrés autour de mon ventre. Je ne prends même pas la peine de m’allonger sur mon lit, je me laisse glisser à terre à peine entrée dans la pièce et, recroquevillée sur moi-même, je laisse la vague des sentiments affluer, me submerger et m’engloutir. Le noir se fait autour de moi, ne laissant plus que le son des battements affolés de mon cœur entre mes côtes et qui se répercutent jusque dans ma tête. J’avais juste l’impression qu’une main de fer me maintenait à terre, en position de faiblesse, abandonnée à la violence de cette étreinte douloureuse. N’étant plus capable d’aucun mouvement, je ne fais que geindre faiblement. Pitoyablement. Si j’en avais encore eu la force, j’aurais certainement rougi de honte. Il m’était parfois difficile de voir jusqu’où la condition humaine pouvait faire tomber quelqu’un, pouvait m’avoir faite tomber. Si bas ; tellement bas. Existait-il seulement une porte de sortie ? Une issue de secours, peut être ? J’ai mal au ventre, à la tête, au cœur. Aux bras. Ils semblent me brûler et je ressens ce picotement dévastateur avec une intensité affolante jusque dans ma chair. Et je savais, en mon for intérieur, ce que tout cela signifiait : l’envie me reprenait, vicieuse et sournoise. Ce besoin me submergeait, totalitaire et poignant. Je serre les dents, cherchant par tous les moyens de ne pas craquer, de ne pas me laisser aller. D’oublier cette attirance morbide et sanglante. Mais bientôt, la sensation d’une lame qui se glisse sur mon bras m’obsède. Je ne vois plus que son éclat argenté qui court sur ma chair diaphane, je ne perçois plus que le déchirement de ma peau. Et le bien être me noie, m’enivre. Je pouvais déjà sentir les effets libérateurs m’envahir avec force, me heurtant en pleine poitrine. L’envie n’en devient que plus forte encore. Je halète, la gorge sèche et douloureuse ; et lorsque j’ouvre à nouveau les yeux, je m’aperçois que je tremble. Alors je m’oblige à respirer lentement, profondément, et mon souffle n’est plus qu’un sifflement rauque. Les larmes ont coulé indépendamment de ma volonté et je peux sentir leur sillon humide sur mes joues, leur goût de sel sur mes lèvres, leur trace sur ma chair. La lumière de mon halogène m’aveugle, me faisant cligner des paupières, brûlant presque mes prunelles. Je tente de me relever, échoue, réessaye une nouvelle fois. Je ne réussis finalement qu’à m’effondrer sur mon lit aux draps défaits, les jambes encore flageolantes. Je laisse à mon cœur le temps de retrouver un rythme plus régulier avant de faire le moindre mouvement, figée, allongée par-dessus ma couverture chaude. Son contact paraît m’apaiser, m’éclaircir les idées et je prends conscience de mon état actuel : mon front est humide de sueur, je la sens couler le long de ma colonne vertébrale ; une main de fer étreigne mon estomac sans douceur, j’en ai le souffle coupé ; je sens mon sang bouillonner sous ma peau, il me brûle de l’intérieur. Et je laisse mes ongles lacérer la peau de mes bras. Violemment, frénétiquement. Sans pour autant le voir, je sens bientôt ma chair qui se déchire jusqu’à ce que le liquide trace une ligne fraîche sur mon avant bras bouillant. Et le sang coule. Mon sang coule tandis que mes ongles m’écorchent toujours plus, libérant la douleur qui pourrissait depuis trop longtemps sous l’écorce de ma peau.


Texte publié par kika., 11 septembre 2013 à 16h09
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