– Ouvre les yeux ! murmure-t-il à son oreille.
Sa voix est si douce, aussi douce que la brise légère qui passe sur son visage. Au même instant, elle sent une étoffe glissée sur sa chair et son regard se libère. Entre ses doigts, il tient un ruban de soie ; il la dévisage. Interloquée, elle l’observe sans comprendre ; quelque chose lui manque.
– Elles t’appartiennent désormais, chuchote-t-il. Regarde !
Il se retourne. Son dos est nu et ses muscles roulent sous la peau. Intriguée, elle avance une main vers l’une des taches écarlates qu’elle aperçoit à la lueur de la lune.
– Qu’est-ce que c’est ?
Les sons sortent avec difficultés, ils lui collent au palais ; elle vient de renaître. Il lui sourit ; un sourire étrange et contradictoire, qui lui donne l’impression d’un nouveau recommencement.
– Ta renaissance ! souffle-t-il, en même temps qu’il lui tend un coffre en bois de rose.
Puis, sans un mot, il l’ouvre. Couché sur un carré de soie noir un tantō, dont la lame lui d’un éclat sinistre. Le souffle lui manque.
– Souviens-toi !
L’ordre se glisse en elle, se love contre son âme et force la porte de sa mémoire. Il neige et le ciel est blanc. Pourquoi sont-ils là ? Ils ne devraient pas. Son cœur est lourd, lourd de peine et de chagrin. Soudain, il s’arrête et sa vue se brouille. Dans la brume de ses larmes, elle le voit, la figure déformée. Elle veut tendre ses mains vers son visage, empêcher le geste fatal, mais ses jambes se dérobent sous elle ; il est trop tard. Pourquoi Sora… Les mots s’échappent, mais le souffle lui manque. La neige a amorti sa chute, mais elle n’est plus là pour le voir.
– Puisses-tu me pardonner !
Le visage de l’ange n’est plus ; il a disparu. Elle tend la main vers lui, mais il lui glisse la lame entre les doigts. Elle la contemple sans comprendre.
– Je puis partir à présent, le cœur léger.
– Sor…
Mais elle n'achève pas sa phrase, qu’il s’empare de ses mains et enfonce la lame dans ses entrailles. En face, d’elle l’homme lui sourit, le sourire paisible d’un mort qui s’en va sans mot dire.
– Tel était son présent…
Des bulles de sang perlent à ses lèvres, tandis que la vie s’enfuit d’un corps habité par un esprit.
– Tu sais ce qu’il te reste à faire, achève-t-il.
La femme lui sourit, puis brandit la lame et lui fend d’un coup la poitrine. Au fond, le cœur bat encore, le cœur de l’ange. Avec lenteur, elle s’en empare et le dévore.
– Kansha shite-imasu** Sabishisa no tenshi.
Dans son dos, ses ailes se déploient.
* Sabishisa no tenshi : L’Ange de la Solitude
** Kansha shite-imasu : Merci honorifique
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