Allongé sur le futon, Otomo s’est endormi, il n’est plus qu’une coquille vide, retenue à la vie par un fil invisible. Penchée sur lui, une silhouette éthérée le contemple. Elle ne comprend pas ses questionnements, ses idées fluctuantes. Une main sur son front, elle chasse les mauvaises pensées qui le hantent.N’a-t-il point accompli sa tâche avec perfection ?
– N’ai-je point répondu à tes attentes ? murmure-t-elle, comme elle découvre un coffret de bois.
– Pourquoi est-ce que je ne meurs pas ?
– Pourquoi est-ce que je ne meurs pas ?
Mais l’autre ne lui répond pas. Il se contente de le fixer de ses grands yeux bleutés. Des flocons tombent à nouveau et se posent sur son visage délicat.
– Sora-kun, chevrote une voix derrière lui.
– Non ! gémit Otomo. Tu n’as pas le droit !
Dans son ventre, la douleur irradie et il expulse bientôt un flot de sang. La vie le fuit, il le sent. Pourtant… L’autre se penche sur lui. Quelque chose se déploie derrière lui, comme d’immenses voiles blanches et soyeuses ; les ailes d’un ange. Ses lèvres remuent, mais aucun son ne sort, mais peut-être est-il déjà mort. Ses mains sont toujours crispées autour du manche du poignard. Hélas, les forces lui manquent pour l’arracher.
– Que me veux-tu ? crache Otomo dans une violente quinte de toux.
Quelques gouttes écarlates s’écrasent sur la joue de l’étranger. Il suspend un instant son mouvement, puis du bout des doigts essuie les taches sanglantes, avant de les porter à ses lèvres. Ravi ou semblant de l’être, sa bouche esquisse un sourire, enfin quelque chose qui y ressemble tant son visage est étrange. Lisse, sans la moindre aspérité ou imperfection, il paraît être confectionné dans la cire. Terrorisé, il le voit qui s’approche de plus en plus de lui. Ses lèvres touchent presque les siennes.
– Qui… ? éructe Otomo dans un dernier souffle.
Mais il n’achève pas sa phrase, l’autre a plaqué ses lèvres sur les siennes. Sa langue se glisse dans sa bouche. Impuissant, il subit la possession, la narration de l’illusion, la soumission de l’hallucination ; tout son être se dissout.
– mo-san !
– Vite ! On le perd ! Passez-moi l'adrénaline !
Quelque chose transperce sa poitrine. C’est froid. C’est métallique. Les yeux tournés vers le ciel, il le fouille à sa recherche. Des taches sombres emplissent son regard.
– Est-ce ainsi que tu tiens ta promesse, balance-t-il d’une voix faible.
– Ore ha omae*, Sora-kun.
* Ore ha omae : Je suis toi.
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