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tome 1, Chapitre 5 « Ouverture » tome 1, Chapitre 5

Rien ne bouge. Sa respiration n’est plus. A-t-elle jamais été ? Dans le lointain, il entend toujours les murmures des roues de métal contre les rails. Tac, tac. Tac, tac. C’est peut-être la seule chose qui le raccorde à ce souffle magique qui s’appelle vie.

– Alors qu’en penses-tu ?

Cette voix. Il ne la reconnaît que trop. Il essaie de tourner la tête. Hélas ses efforts demeurent vains. Il n’est plus qu’une poupée de chiffons entre les mains de son bourreau.

– Attends !

Il sent qu’on le manipule. Pour la première fois, il perçoit le contact de sa chair contre la sienne. Sèche et froide au premier abord, elle devient plus douce, plus chaude et plus humide aussi. Bientôt, elle se fait caresse. Sous ses doigts, sa peau frisonne. Son corps ne lui appartient plus, car il le devine qui se meut, seul, sans volonté autre que celle de cet être qui joue sa partition. Soudain, sa tête se relève. Est-ce de son fait ou du sien ? Il est incapable de le dire. En face de lui, il découvre un visage qui pourrait être celui d’un ange. Pâle, presque décharné, les yeux d’un bleu délavé, il contemple sa figure. Autour des boucles noirs tombent et couvrent ses oreilles qu’il devine immenses et anguleuses. Le nez, presque retroussé surmonte une bouche si fine qu’il la croirait dessinée avec un pinceau.

– Prêt… tu es presque prêt. Mais pas elle. Pas encore.

Soudain, la figure s’éloigne. Elle s’éloigne avant de fondre dans le noir sur un dernier cri muet.

– Tu te demandes pourquoi ?

Les mains s’éloignent. Sur sa peau, il garde encore le souvenir brûlant de ses attouchements. Reviens ! Reviens ! Mais les mots ne sortent pas. Rien ! Aucun son, aucun cri, aucun bruit ! Seul le silence lui répond. Des gouttes humides roulent le long de ses joues, puis tombent sur le sol. Ploc, ploc, ploc. Une à une, il entend ses larmes se fracasser sur le sol. Au travers de sa vue troublée, il aperçoit le masque ricanant de son bourreau qui se penche à son oreille.

– Regarde.

Sa voix est un murmure rauque et rugueux. Sa tête est posée sur son épaule ; il est imberbe. Sa peau est aussi lisse que celle d’un nouveau né et en même temps si glacé. Est-ce la figure d’un mort ? D’un vivant ? Devant lui, danse un point lumineux. Il essaie d’en suivre la chaotique chorégraphie. Hélas ses yeux refusent de lui obéir. Noir, tout est noir et la lueur a disparu. Quelque chose chute. Il le sent mais ne l’entend. Quelque chose vibre. C’est le sol. Tac, tac, tac. Il reconnaît l’écho du train dans le silence. Au-dessus de lui, il aperçoit le masque et la flamme qui brille dans le noir. Il verse une larme, la dernière du soir.


Texte publié par Diogene, 30 novembre 2017 à 21h40
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