Décembre venait de commencer son long décompte vers la nouvelle année. La mer intérieure avait réuni ses deux océans dans une même et seule couleur : un gris bleuté unique. Pourtant, maintenant qu’ils avançaient dans la partie la plus septentrionale, le vent glacé transperçait les manteaux jusqu’aux os. Les hommes du prince Xavier étaient transis de froid. Quelques stalactites de givre ornaient les cordages leur donnant de l’éclat. Malgré le soleil, le ciel d’un azur très pur et la forte odeur d’embruns, ce marin aguerri sentait qu’il était loin de chez lui, très loin. Xipés et ses îles avaient un climat enchanteur. Grande-Ile et le Palais des mille fontaines avait toujours eu la réputation de ne connaître qu’une saison : l’été. Les alizés soufflaient toute l’année et les dragons des mers réchauffaient les flots, leur donnant une ambiance constante de vingt-huit degrés.
Xéphos regardait au loin. Il n’osait imaginer la température de l’eau. Il frissonna et resserra son manteau.
Le galion princier fendait la surface à une vitesse surprenante. La mer intérieure était d’huile. Ils avaient passé la confluence océane sans souci. Le Maître des mers avait même créé des courants favorables à leur progression. Le capitaine de la garde de Xipés ôta un instant le voile de sa chéchia qui masquait le bas de son visage. Il inspira profondément. Ici, les vagues portaient des embruns différents. Le jeune homme habitué à naviguer sur l’océan austral ne s’était jamais aventuré aussi loin sur l’océan septentrional. Ses doigts figés par le vent glacé lui rappelèrent pourquoi. Il avait l’hiver en horreur ! Grubens était le pays du froid et de la neige ; Xéphos ne serait jamais venu si ce n’était pour servir son prince.
De nombreux oiseaux tournaient maintenant autour des mâts. Ils approchaient la côte. Le capitaine de la garde princière se dirigea vers les cales.
Ses hommes étaient nerveux. Il pouvait l’entendre au sons des rires. Tous avaient déjà revêtu leur uniforme de cérémonie. Les regards étaient inquiets et les mains se crispaient sur les cordages. Xéphos descendit les quelques marches qui le séparaient des quartiers des loutres et entra dans l’animalerie. Là, son traîneau était attelé et flottait légèrement dans les airs. Une vingtaine de mustélidés se précipitèrent vers lui, entraînant avec elle le chariot. Il les caressa toutes puis il siffla. Elles s’ordonnèrent. Une par une et patte après patte, il oint leurs coussinets. Bientôt, les loutres à pattes de feu de Xipés couraient la course la plus importante de leur vie : celle pour la main de la Princesse Griselle de Grubens.
Xéphos n’eut pas le temps de penser aux conséquences d’un éventuel échec. Son second le héla ; Plaine-plate était en vue. Il sauta dans le traîneau et siffla une nouvelle fois. Le toit des cales s’ouvrit lentement. Les loutres bondirent et propulsèrent la carriole dans les airs. Ils atterrirent à moins d’un mile marin de la ville frontière de Grubens. Les animaux se mirent à avancer si vite que leurs pattes prirent feu. Le courant chaud ainsi généré souleva l’attelage, lui permettant de voler. Ne restait plus à Xéphos qu’à arriver le premier pour sauver Dulatum de la tyrannie.
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