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Le festival des jardins de Chaumont-sur-Loire a pour thème cette année : jardins magiques ! Le couple regarde la brochure. L’affiche est belle, attrayante comme souvent. Il y a un moment que Maël et Ondine ne sont pas allés profiter de ce charmant festival proposé par le domaine de Chaumont-sur-Loire. En ce doux printemps, c’est l’occasion de faire une agréable sortie. Les amoureux se mettent en route.

La visite de la multitude de jardin leur prend du temps. Ils admirent les créations originales et intéressantes. Ils sont d’accord qu’il n’y a pas un jardin qui les convainc par sa magie. Il y a de belles réalisations mais aux yeux des profanes il manque un petit quelque chose pour obtenir le sentiment de magie dans les jardins proposés. Cela n’empêche pas Ondine d’apprécier cette promenade en tête à tête avec son homme. La semaine le rythme est trop rapide et les journées trop courtes pour qu’ils ne s’offrent de vrais moments de complicité et de distractions en extérieur. Ils ont commencé leur visite au milieu d’après-midi, sur la fin de leur tour, l’espace se vide. Il y a de moins en moins de monde. Le nombre de personnes déclinent en même temps que le soleil. Avant d’aller déguster une glace, le couple se pose sur un banc, il regarde les familles, les enfants épuisés d’avoir tant marché. La découverte de ces mondes miniatures les a émerveillé et captivé. Ondine sourit, elle espère qu’elle viendra se promener avec leur petit bout d’ici l’année prochaine. À cette pensée, elle soupire qu’il lui tarde d’agrandir sa famille et d’accueillir son enfant qu’ils aiment déjà. Elle ferme les yeux quelques secondes pour profiter de cette pensée agréable. Maël regarde sa femme avec tendresse. Il voudrait tellement lui offrir le bonheur de la maternité. Il inspire, savoure ce moment de paix: le soleil réchauffe la peau et appelle à la détente. Il prend exemple sur Ondine et ferme les yeux tout en laissant son esprit se vider complètement.

Ondine a l’impression de s’être assoupie. Elle se redresse, s’étire, à cet instant seulement qu’elle réalise qu’elle est dans l’herbe et que le banc a disparu. Encore engourdi par ce somme inopiné, la jeune femme ne met pas tout de suite le doigt sur ce qui a changé. Cela la chiffonne. Maël est à ses côtés dans l’herbe moelleuse. Elle l’éveille doucement. Il semble lui aussi sortir du sommeil. Une fois suffisamment conscient de son environnement, la perplexité le gagne. Les petits îlots de jardins se sont dissipés pour reformer une seule entitée. Il n’y a bien plus qu’un seul grand espace. Les deux visiteurs désorientés se lèvent.

- Que s’est-il passé ? demande Ondine, nous ne sommes plus à Chaumont ?

- Je ne sais pas bien. Le château est caché par la végétation. Pourtant les tours que l’on aperçoit n’ont pas l’air identique.

Ils observent attentivement les bouts de tours qui se dressent derrière les arbres. La château de Chaumont est de style Renaissance avec de grosses tours rondes, celles qu’ils ont sous les yeux ont perdu leur aspect charnu au profit de tours carrées en pierres blanches et scintillantes. Bouche bée, le couple prend conscience qu’ils ont d’une manière ou d’une autre quitté le domaine et le festival. Ils n’ont pas la moindre idée d’où ils se trouvent mais se sentant ragaillardi, ils décident de faire une promenade dans ce jardin enchanteur.

Après quelques pas, Maël lance :

- Il me semble entendre le bruit d’une cascade un peu plus loin ! Allons voir !

- Il attrape la main de sa femme et l'entraîne à la recherche de la cascade.

- Tu es sûr que l’on peut aller s’éloigner ? Il vaut peut être mieux rester à proximité de notre lieu d’arrivée afin de pouvoir repartir sans difficulté ?

Malgré la prudence du ton de sa compagne, Maël voit bien que la curiosité d’Ondine est piquée. Il raisonne calmement :

Si nous n’étions pas les bienvenus nous n’aurions pas atterri ici ! Quelque soit le phénomène à l’oeuvre, nous avons été invités sinon pourquoi nous retrouver dans un lieu autre que le festival des Jardins ?

Hochement de tête approbateur de la jeune femme. Rassurée, Ondine s’élance sur l’herbe douce. Des arbres parsèment la pelouse, ils n’ont pas l’air tout à fait ordinaire. Il leur faut être devant pour comprendre: ces arbres ne sont pas fait de bois mais de matières précieuses : le tronc d’onyx, les branches de d’ambre, les feuilles de chrysobéryl en font un arbre sublime dans lequel les rayons du soleil scintillent de mille feux. Ondine pointe du doigt les petites fleurs qui apparaissent. Elles sont faites d’opales.

- C’est magnifique !

- Ce jardin est magique, c’est sur !

- Allons voir les autres merveilles dont il regorge, s’écrit Ondine pleine d’enthousiasme.

Ils découvrent des arbres fruitiers, une fois encore, cette végétation n’est pas celle du monde des humains. Les fruits ont la forme des pommes, des poires, des cerises mais sont fait de pierres précieuses. Ondine les trouve tellement beau qu’elle aimerait en cueillir cependant elle ne le fait pas par respect de cet endroit merveilleux. Maël reprend sa recherche, il faut trouver la cascade. Il est curieux. ll s’interroge sur sa nature. Ce n’est probablement pas de l’eau; alors qu’est-ce que cela peut-être ? Il a hâte de le découvrir.

Le couple déambule une bonne heure découvrant toujours plus de merveilles : une partie du jardin est composée de végétation comestible. Ils ont adorés les fleurs en Barbe à Papa, la guimauve en lieu et place de des fleurs qui s’épanouissent dans l’herbe. C’est comme ci quelqu’un avait divisé le jardin et utilisé une partie de l’espace pour créer un jardin gourmand. Ondine a eu grand mal à résister au bassin de chocolat fondu. Plus qu’un bassin c’est un cratère qui fond petit à petit et le chocolat fondu est recueilli au creux du cratère. Ils ont aussi vu des buissons de sucettes colorées, une grotte composée de crème fouettée traversée par une rivière de caramel doré. Mis en appétit, les visiteurs ont pris la poudre d’escampette avant de craquer et de dévorer le décor.

C’est au détour d’un bosquet que Maël découvre la cascade. Un demi cercle de haies taillées dans la malachite protège cette chute… d’or bleue liquide. Le liquide chatoyant d’un bleu turquoise soutenu charrie des ruban jaune d’or pur. Le vent agite les feuilles qui bruissent comme un feuillage ordinaire. Ondine et Maël ouvrent des yeux ronds. Le liquide épais et fluide s’écoule avec fluidité dans un grand bassin de marbre. curieusement la cascade qui s’entendait de loin ne fait pas tant de bruit lorsqu’on est à son pied. Le bosquet abrite aussi une sculpture d’amazone sur sa fière monture.

Dans ce petit coin de jardin, la paix et la tranquillité apaisent l’esprit. Ondine s’allonge dans l’herbe, elle voudrait rester là à tout jamais, tellement elle s’y sent bien. Maël la rejoint, ensemble ils contemplent les rubans d’or aux reflets bleus qui dévalent les falaises de quartz. Vision hypnotique.

- À ton avis, quelles sensations ça fait de plonger la main dans le bassin, questionne la jeune femme

- Je ne sais pas mais comme pour le reste de ce jardin divin, ce n’est pas ce que l’on pense. Le contact doit être particulier.

- J’aimerai y plonger la main…

- Vas-y si tu le désire, répond une voix douce

Les invités sursautent. Une femme vient d’entrer dans le bosquet. Grande, le teint de porcelaine avec des yeux en amande bleu, son visage encadré par une chevelure blond vénitien lumineuse, elle inspire la confiance.

- Je vous donne la permission de toucher chaque élément qui compose mon jardin.

- Votre jardin ?

- Oui, Maël, vous êtes dans mon domaine et mes invités. Je m’appelle Phayrie. Soyez les bienvenus.

Il faut plusieurs minutes aux deux compagnons pour répondre et retourner la salutation de leur hôtesse. Ondine ose se lever, elle s’approche du bassin de marbre, jette un coup d’oeil à la nouvelle venue, celle-ci hoche la tête en un assentiment muet. La jeune femme plonge la main dans l’or. C’est tiède, il n’y a pas de sensations de lourdeur malgré l’abondance de liquide. C’est un contact semblable à celui de l’eau sans être tout à fait aussi léger. Ondine retire sa main, l’or n’adhère pas. Il ne reste aucune trace sur ses doigts. Le liquide est insaisissable. Maël, de son côté, s’est approché de la statue. Elle a l’air très réelle au point qu’il a l’impression de voir le modèle qui a posé pour cette oeuvre. Il retourne vers Phayrie.

- Qui devenons remercier pour cette invitation dans ce jardin magique ?

Son rire cristallin lui répond.

- Où avais-je la tête. Je me présente: je suis la propriétaire de ce domaine divin et déesse de mon état. Je sais que aujourd’hui, les humains ne possèdent plus les mêmes croyances, c’est pourquoi nous ne nous manifestons plus à leurs yeux… sauf exception.

Abasourdi, le couple ne sait que dire. La déesse les sort de l’embarras en leur expliquant la raison de leur présence ici :

Il m’arrive de convier des humains que j’estime digne dans mon jardin. L’intensité de votre amour m’a touché, tout comme votre désir de famille. Vous avez gagné le droit d’observer mon parc. Une fois n’est pas coutume, j’ai eu envie d’échanger avec d’autres personnes.

- Vous habitez le château de Chaumont ?, interroge Maël

- Pas celui que vous voyez, je vis dans celui qui existe dans ce plan. Les différents plans cohabitent et selon la créature qui parcourt le monde elle verra que ce qui appartient à son univers. Parfois, des plans parallèles s’entremêlent et l’oeil de l’homme aperçoit des éléments extraordinaires. Vous dans mon jardin, ce n’est pas un mélange des plans mais une invitation qui vous a transportée dans un monde différent.

- Nous sommes dans le plan divin, alors ?

- Pas tout à fait, Ondine, ce plan regroupe tout ce qui touche à l’amour. C’est un sentiment tellement fort qu’il a un espace de vie propre à lui. Je ne suis pas la seule représentante de l’Amour dans l’ensemble de ce monde extraordinaire bien que ce soit mon domaine de prédilection.

Les jeunes gens, étonnés par cette révélation, restent muet. Le monde est tellement cartésien de nos jours, que l’existence de d’autres plans les laissent pantois. Maël se fait la réflexion que les hommes veulent absolument coloniser l’Univers alors qu’en serait-il des autres plans ? Que se passerait-il si un scientifique découvrait ces existences parallèles ? L’homme à coup sûr voudrait l’explorer et l’étudier pour enfin le conformer à son image. Ce serait catastrophique.

- Phayrie, nous ne parlerons à personne de votre monde si merveilleux. Je ne veux pas que votre tranquillité soit troublée par une bande de curieux.

- Je le sais bien, Maël. Si j’avais eu le moindre doute je ne vous aurais jamais invité. Je connais votre coeur, mon royaume est à l’abri dans votre esprit. Sans vouloir sous estimer l’intelligence humaine, découvrir les plans par inadvertance c’est impossible. L’accès est rigoureusement protégé et caché. Aucun risque ne vous en faites pas.

Ondine écoute la conversation, allongée dans l’herbe, elle profite des rayons du soleil qui chauffent agréablement son dos. Il y a trop longtemps qu’elle n’avait pas eu l’occasion de s’étendre sans rien faire en dehors de savourer l’instant présent. L’échange entre Maël et Phayrie en fond sonore la berce. Tout doucement, elle s’endort. Dans son rêve, elle se trouve toujours dans le jardin divin, elle voit une petite fille de deux-trois ans gambader dans l’herbe. La rousseur de sa chevelure accroche les rayons du soleil. Elle court vers elle :

- Maman, regarde !

Les mains de la petite forment une coupe qui contient la découverte de l’enfant. Une fois, à côté d’Ondine, elle ouvre mains; elle a trouvé de petites cerises en pierres précieuses. Elles scintillent au soleil.

- Marraine Phayrie a dit que je pouvais les garder !

- C’est très gentil de sa part. Que veux-tu en faire ? On pourrait essayer de les accrocher à une chaîne pour un faire un pendentif ?

- C’est pour toi ! Cadeau !

La larme à l’oeil, Ondine remercie sa fille.

- Je vais les ranger précieusement et les conserver.

Elle embrasse la petite avec affection. La sentir dans ses bras lui donne une sensation de plénitude.

- Tu sais où est ton père ?

En hochant la tête, la demoiselle indique l’espace gourmand du jardin :

- Il cueille de la barbe à Papa, répond la petite tout sourire

Ondine se lève, prend la main que l’enfant lui tend et elles se mettent en route.

- Ondine ! Ondine ! Réveilles toi !

L’interpellée émerge doucement. La voix de son mari n’est pas dans le rêve mais dans la réalité.

- Tu as fait un cauchemar ? Tu pleures !

- Oh, non bien au contraire. Je crois que j’ai rencontré notre fille !

Phayrie sursaute légèrement.

- Voilà qui est surprenant. Je ne pensais pas que vous puissiez voir l’avenir.

- Je ne pense pas que c’était l’avenir. Nous étions ici, elle et moi. La petite vous a appelé marraine.

L’émotion se peignit sur le visage de la déesse.

I- l s’agit bien du futur, une part de la magie ambiante a agit pendant votre sommeil. Rare sont les hommes suffisamment pures pour pouvoir bénéficier d’un coup de pouce magique. J’ignorais la raison exacte de votre présence ici. Votre entrée si naturelle et facile dans mon domaine m’a surprise bien que je vous ai repéré et invité. Toutes les invitations ne sont pas honorées par les Hommes, un certain nombre passent à côté. Je vous observe depuis un quelques années. Votre couple m’a touché et la magie de votre amour fort et courageux vous a offert cette bribe d’avenir en récompense de tout ce que vous avez enduré. De mon côté, je désire vous offrir ma protection et ma bienveillance à vous deux ainsi qu’à votre fille à naître.

Phayrie se dirige vers le bassin d’or bleu, plonge la main dedans. L’or ne lui coule pas entre les doigts mais prend forme petit à petit. Il se solidifie sous forme de croix celtique. Phayrie observe le couple, elle se dirige vers un arbre un peu plus loin

Estomaquées, Maël et Ondine se regardent. Ils n’en croient pas leurs oreilles. Sans quitter la déesse des yeux alors qu’elle cueille une fleur d’opale. Elle revient ensuite vers eux et tend le pendentif achevé monté sur une chaîne en or, issu de la cascade, à Ondine.

- Je suis enceinte ?, interroge la femme incrédule, alors que Maël lui passe le présent autour du cou.

- Oui répond Phayrie, c’est tout récent, mais je vous assure que tout se passera bien. Je vous offre ce talisman, il protégera votre enfant.

Les larmes de joie dévalent les joues des futurs parents. Depuis le temps, qu’ils attendent ce moment, ce bonheur.

- Je ne peux vous garder prêt de moi cependant, comme tu l’as vu dans ton rêve, vous pourrez me rendre visite de temps à autre. Le pendentif vous ouvrira la voie de temps à autre !

Ondine se lève, enlace Phayrie partageant tout l’amour qu’elle a pour elle même si elles ne se connaissent que depuis peu. La déesse lui sourit. Elle sait qu’elle a bien choisi, la lignée qu’elle protège dorénavant répandra l’amour autours d’elle comme une traînée de poudre. L’humanité guérira, l’Amour triomphera de la Haine et de l’ignorance qui rend les hommes méfiants et crédules. Chaque enfant élevé dans l’amour par ses parents transmettra à son tour de l’amour autour de lui et à sa progéniture. Le cercle vertueux est enclenché, Phayrie rayonne, sa mission s’accomplie enfin.


Texte publié par Cora Elzéar, 29 août 2017 à 14h47
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