En cette fin de matinée glaciale, Gaston range son bureau. Dans un tiroir, il retrouve un peu de son savon ; même s'il se souvient que Prunelle lui avait dit ne plus jamais vouloir voir cette chose dans les lieux, le préposé au courrier sourit en se souvenant qu'il est en congé.
- Il serait dommage de gâcher. Je sais, je vais le mettre dans les sanitaires, il n'y a jamais de savon dans le distributeur. Une goutte et les mains sont propres, si ce n'est pas merveilleux !
Il s'exécute à l'insu de tous et il constate qu'en effet, le distributeur de savon était vide comme à l'accoutumée.
Quelques minutes plus tard, monsieur Boulier sort des toilettes en hurlant.
- Qui a trafiqué le savon ??
Le couloir est envahi de mousse et personne ne sait d'où elle provient. Enfin, le comptable émerge de la masse aérienne en faisant remarquer qu'il a besoin d'aide pour sortir de cet enfer. Gaston arrive un sandwich à la main et il demande :
- Alors, vous le trouvez comment mon savon ? Il lave bien, hein ? Mais attention, il ne faut pas en mettre plus d'une goutte. Il est pratique et économique, vous ne trouvez pas ?
Sous les cris de monsieur Boulier, Gaston s'enfuit et il s'enferme dans son bureau en disant qu'il est incompris dans cette entreprise. Son chat dans les bras, il se dirige vers son bureau encombré en frissonnant.
- Il fait froid aujourd'hui ! Ils n'ont même pas démarré les radiateurs !
L'employé au courrier décide d'utiliser son système de chauffage personnel. Dans les tiroirs de son bureau en métal, il met le feu à du charbon. D'ordinaire, il se sert du dessus du bureau pour se confectionner des petits plats pour se donner des forces et affronter la journée. Mais, attristé par l'incident de la matinée, il décide de déjeuner à l'extérieur. Il croise Monsieur de Maesmaker dans le hall, celui-ci le regarde un peu inquiet en songeant qu'au moins, il ne sera pas dans les bureaux. Dans les locaux déserts, l'homme d'affaire entend un bruit étrange. Un peu inquiet, il pénètre dans le bureau de Gaston et il remarque que la souris s'amuse à plonger dans le bocal du poisson rouge.
L'homme pose les contrats qu'il tient à la main et il se perd dans la contemplation de ce curieux manège durant de longues minutes. Fantasio, prévenu de l'arrivée du visiteur, toque à la porte, un peu inquiet de le trouver là. Un regard alentour le rassure, Gaston n'est pas dans les parages et tout est calme.
- Bonjour, monsieur de Maesmaker ! Une bien belle journée pour signer ces contrats, n'est-ce pas ?
- En effet ! dit-il d'un ton aimable en lui tendant la main.
Les salutations d'usage échangées, le futur collaborateur se souvient des contrats, il tend la main pour les récupérer sur le bureau où il les a posés mais une vive douleur lui fait lâcher prise au contact de la surface métallique. Furieux, il déchire les contrats en criant qu'il ne remettra pas de sitôt les pieds dans cette maison de fous. Malgré les tentatives de Fantasio pour le calmer, il part en claquant la porte derrière lui. Lorsque Gaston revient, un sandwich à la main, il constate, ravi, que la température de la pièce s'est réchauffée.
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