Durant la pause déjeuner, Gaston Lagaffe déambule dans les bureaux déserts. Les mains dans les poches, il furette un peu partout visiblement à la recherche de quelque chose.
- M'enfin, ce n'est pas possible, elle doit pourtant être par là !!
Les poings sur les hanches, le préposé au courrier décide d'inspecter un à un les bureaux de ses collègues. Enfin, il finit par trouver Cheese sur la table de Lebrac qui s'apprête à goûter le dessin sur lequel le dessinateur travaille.
- Cheese, te voilà enfin, ça fait une heure que je te cherche. Il est largement l'heure pour moi de partir. Viens ici, Cheese, ma souris à moi. Je t'ai vue, tu sais. Tu barbotais dans le bocal de Bubulle, je t'ai vue et ne tente pas de me faire croire le contraire, ton pelage n'est pas encore sec. Tiens, un morceau de fromage, je sais que tu aimes ça.
La souris dans la main, Gaston la pose sur le bureau le temps pour elle de finir de manger son fromage et de s'ébrouer. Il s'apprête à partir quand il se rend compte avec horreur que des gouttes d'eau ont dénaturé le dessin.
- M'enfin, ce n'est pas possible. Qui a laissé ses affaires traîner en vrac sur son bureau ? C'est Lebrac, bien sûr. Il ne peut jamais ranger ses affaires celui-là aussi. Bon, comment je vais faire ? Je sais, je vais le faire sécher et remettre de la peinture là où il en manque.
Quelques minutes sous le ventilateur plus tard, Gaston a encore plus abîmé le dessin qu'auparavant. Le souffle trop puissant a poussé les gouttes d'eau sur la surface de la feuille dont les couleurs se sont encore plus étalées que quelques minutes auparavant.
- Bon, Gaston va trouver une solution. En même temps, si les collègues ne rangent pas leurs affaires aussi.
Gaston se souvient de la gomme qu'il est parvenu à créer dans la matinée et il songe que c'est une bonne occasion de l'essayer. Il s'est rendu compte lorsqu'il a renversé son café dessus qu'elle absorbe l'eau. Satisfait de voir que son génie lui sauve la mise, il passe la gomme sur le papier et quelques retouches de peinture maladroitement posées redonnent au dessin un aspect propre à défaut de lui redonner son aspect d'origine. Discrètement, il repose le dessin là où il l'a trouvé et il sort, Cheese dans la main.
- Grâce à toi, j'ai pu tester super gomme ! Et elle marche ! Je vais pouvoir déposer un brevet ! Bon, allons manger, j'ai faim et il est tard.
Au retour de sa pause déjeuner, Lebrac s'étonne de l'aspect de son dessin mais il se dit que c'est le fruit d'un mauvais séchage de sa peinture. Il hausse les épaules après avoir observé son atelier où rien ne semble avoir bougé. Rassuré, il commence à retoucher son travail, il dépose quelques gouttes de peinture dans des endroits qu'il lui semblait avoir terminé de retoucher et dont il trouve l'aspect étrange. Mais il se dit que sa migraine causée par la lampe halogène est en cause et qu'il a bien fait de s'arrêter de travailler le temps d'avaler un café. Soulagé d'arriver au bout de son travail, le dessinateur prend sa gomme pour effacer les traits de crayon gris afin d'achever le travail sur lequel il a passé des jours et qu'il doit rendre dans une demie-heure. Il efface avec application les traits de crayon et il quitte sa table de travail, soulagé d'être dans les temps, pour manger un biscuit bien mérité. A la machine à café, Lebrac rencontre mademoiselle Jeanne avec qui il discute longuement. Il récupère sa madeleine dans le distributeur automatique avant de courir vers son bureau.
- Mince, je vais être en retard à ma réunion, je dois y aller.
Quelques secondes plus tard, un hurlement retentit. Lebrac tient son dessin totalement recroquevillé et parcheminé dans la main. Son travail est fichu et il est en retard au comité de rédaction sans rien à présenter. En grommelant, il prend des esquisses qui traînent afin d'avoir quelque chose à présenter avant de jeter d'un geste rageur le papier à la poubelle et de courir dans les couloirs vers la salle de réunion. Il croise Gaston qui rentre de sa pause déjeuner, un sandwich dans la main mais il n'y prend pas garde. En passant devant le bureau de son collègue, Gaston voit sa gomme parmi ses affaires.
- Mais voilà ma gomme ! Je la cherchais partout ! Si Lebrac me vole mes affaires aussi, je ne retrouve rien ensuite. dit-il en récupérant son bien sans se rendre compte que des gouttes de mayonnaise tombent sur l'illustration pour la couverture du prochain numéro du magazine sur lequel son collègue travaille.
D'un pas traînant, il rejoint son bureau en achevant son sandwich. Cet après-midi presque toute l'équipe est en réunion, il va pouvoir travailler dans le calme.
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