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tome 1, Chapitre 1 « Une nouvelle journée » tome 1, Chapitre 1

Nicolas*

Au bout de la pièce, la porte s'ouvrit. Le silence se fit immédiatement. J'attendais, raide au milieu de la salle. Le monde entier paraissait se tourner vers moi alors que la fille entrait. Je sentis mon ventre se crisper. Elle était vêtue bizarrement et portait un chapeau à larges bords qui laissait librement cascader une longue chevelure dorée. Elle s’avança d'un pas rapide observant le reste des personnes présentes. Le temps semblait s’arrêter. Son regard glissait sur eux sans vraiment s’arrêter comme si elle les jugeait sans intérêt. Enfin, son regard passa sur moi, sembla marquer un infime temps d’arrêt, avant de reprendre sa route. En quelques secondes elle eut fait le tour de la salle, son visage toujours inexpressif. Rien n'indiquait qu'elle m'eut reconnu. Le bruit de quelques dizaines de déglutition inquiètes se fit entendre tandis que le bruit du sang sur mes tempes rythmait les secondes comme des tambours de guerre. Son regard se fixa soudainement sur un point et elle avança droit sur sa cible. Moi. Son regard s'était fixé sur moi ! Et elle fut la, le visage à quelques centimètres du mien . Si bien que mes incroyables perceptions, malgré le manque de source lumineuse, me permettait de voir les taches de rousseur parsemant son visage clair et son petit nez retroussé de même que la fine ride inquiète barrant son front. Son regard plongea dans le mien et je pu revoir ces yeux. Ces yeux qui m'avaient envoûtés dés la première fois que je les avaient vus et qui continuaient à me hanter, ces yeux qui... Sa voix claire et forte quoique semblant marquer d'imperceptibles hésitations se fit entendre dans le silence.

Je m'appelle Cilia. Veux-tu devenir mon Protecteur?

Je m'évanouis.

Pour comprendre ce passage il faut revenir à une période de ma vie plus sombre mais qui fit de moi ce que je suis aujourd'hui.

Cela se passe dans une petite ville de France qui ne vous dira sans doute rien et que je ne dirais pas. Ce jour-là, j'ai décidé de tout quitter, de laisser tomber. Ma vie ne me plaisait pas et j'étais lâche à l'époque. Quoique en y repensant elle n'était pas si terrible non plus. Pas d'amis, pas de copine, vie sociale quasi nulle, résultats scolaires en berne, grosse déprime en somme. J'allais bientôt découvrir que l’absence de vie sociale n'était pas le plus gros problème que l'on puisse avoir dans sa vie ; mais pour l'instant il me paraissait vivre un calvaire. Je me sentais nul, bon à rien et pire que tout, pas à ma place. Ce monde n'était pas fait pour moi, j'en avais acquis la certitude. Il me rejetait comme je le rejetais aussi.

J'avais tout prévu.

Un sac à dos bien garni bien sur, mais aussi une carte de la région, de l'argent récolté durement ces longs derniers mois et un itinéraire où on ne me trouverait pas. Comme si de toute façon, quelqu'un risquait de me chercher. J’étouffais un ricanement sinistre. Il était prés de minuit et je me trouvais derrière un arbre de la cour de mon orphelinat. J'étais prêt à partir quand un bruit m’arrêta.

Un cri, des pleurs ; une petite fille.

Ce son me ramena des souvenirs d'un autre temps en mémoire d'une époque où je possédais alors quelque chose de précieux, quelque chose à protéger. Une raison de vivre.

Ce son m’empêcha d'aller plus loin. Je restais là, prêt à franchir la grille hésitant, oscillant entre un nouveau départ ou une vie sans saveur.

-Alors petit décide toi ! On a pas toute la nuit. Une voix surgit du néant brisant la solennité de l'instant et...

Je sursautais et faillis me casser la figure. Je repris tant bien que mal mon équilibre.

-Allez décides toi. La fuite ou l'affrontement ?

-De quoi parlez vous ?

Un homme était là, d'âge mur nonchalamment appuyé sur le mur, pas plus gêné d’être là en plein milieu de la nuit.

 -Tu sais de quoi je parle petit, nous le savons tout les deux.

Bien sur que je le savais, je fuyais… Encore. Comme quand les gens s'approchaient trop près de moi. Comme quand il fallait avancer plus loin comme...

-Qu'attends tu petit, deux pas deux plus et tu seras libre, reste et tu souffriras. Peut être plus encore qu'avant. Je restais abasourdi presque paralysé devant cet homme qui respirait la sérénité, collé à son mur. Je continuais à hésiter même sous le feu froid de son regard de glace. C’était tellement tentant, ce serait tellement plus simple, plus de pression, plus d'importance...

-Cependant, de la souffrance peut naître de nouvelles sortes de bonheur. Mais tu m'as l'air trop lâche pour suivre cette voie.

Les mots de cet homme me piquaient au vif, pénétraient en moi réveillant un écho...

-De quoi parlez vous ?

-Je parle de la voie de l'Homme, du vrai de celui qui sait endurer pour le bonheur des autres et ensuite en retirer le sien, contrairement à ceux qui n'apportent d'importance qu'à leur malheur.

-Pourquoi accepterais je de souffrir pour d'autres si personne n'est prêt à le faire pour moi ? Je ne suis pas assez fort pour le supporter.

-Alors deviens plus fort, si tu en es capable. Ainsi tu pourras sauver les gens autour de toi sans rien attendre d'eux en retour. Ainsi tu seras libre.

L'homme se retourna et rabattit la capuche de son manteau sur sa tête avant de faire mine de repartir.

Je m’avançais précipitamment.

-Que... Que dois je faire ? Ma voix pitoyable de faiblesse se brisa sur le dernier mot.

Il se tourna vers moi. Mouvement immobile, le temps paraissant suspendu et comme s'il n'était venu que dans ce but ; ultime destin inévitable, il me tendit quelque chose que je m’empressai de prendre rompant la magie de cet instant.

Il me regarda dans les yeux et sans qu'il ouvrit la bouche, j'entendis sa voix résonner dans mes oreilles.

-Tu as ce courage petit, tu en es capable.

Ses yeux était gris et dur. Dur comme son visage que je voyais distinctement pour la première fois.

Il me fit l'impression d'avoir vu des choses horrible, peut être même vécu et qu'il y avait survécu tout en y laissant une partie de son âme. J'y réfléchissais encore quand je m’aperçus qu'il avait disparu, englouti sans un bruit par la pénombre.

Je m'assis sur le sol dur et froid et restais la.

Cet homme étrange pour le moins, venait de me laisser un choix. Un choix entre un monde qui n'était pas fait pour moi et …

Quoi au juste ? Je ne le savais pas, mais ce qui était sur en revanche, c'est que de ce choix dépendrait mon futur.

Je repensais aux paroles de cet homme que je n'avais connu qu'une dizaine de minutes et qui pourtant avait changé ma vie. Je compris alors je devais devenir comme lui, un homme qui vit dans un monde à part un monde qu'il s'était créé. Mais en était-je capable ?

Le jour se levait. J'avais fait un choix, mon choix.

J'ouvris ma main pour voir ce qu'elle contenait. Un papier. Et dessus deux mot. Un nom, une adresse. Parfait. Il ne m'en fallait pas plus pour commencer ma nouvelle vie.

J'allais devenir plus fort, pour tout ceux qui n'en était pas capable pour leur venir en aide, comme cet homme l'avait fait pour moi.

Tel était mon choix et je comptais bien m'y tenir.

Je tournais le dos à l’extérieur et retournais dans ma chambre, de ce qui était mon chez moi ; l'orphelinat. Heureusement, on était samedi, j'allais pouvoir faire la grasse mat'. Je me couchais et m'endormis instantanément, oubliant mes doutes et mes questions.

Cilia*

La poutre flambait. La chaleur étouffante augmentait encore, tandis que la fumée emplissait mes poumons. Des cris et des pleurs raisonnaient autour de moi, tandis que du haut de mes cinq ans, je me frayais un chemin vers l’extérieur. Je m’arrêtais, épouvantée et saisie par le spectacle qui s'offrait à moi. Les maisons du village sous l'éclairage de la pleine lune blafarde, brûlaient comme autant de torches éclairant la nuit. Elles exhalaient des étincelles incandescentes dans le ciel comme autant de points rouges allumant la voûte céleste d’étranges lueurs.

Je ne pus m’empêcher de trouver ça beau.

Un craquement sinistre retentit soudain m'arrachant à la contemplation de mon monde en flamme.

J’avançais et me retournais juste à temps pour assister à l'effondrement de la maison qui m'avait vu naître.

Un grondement sourd tel que je n'en avais jamais entendu, retentit soudain. Derrière moi.

Je me tournais de nouveau et me retrouvais face à la créature la plus hideuse que j'avais jamais vue.

Un corps humanoïde arqué et recouvert de pustules surmonté d'un faciès des plus étranges. On aurait pu le trouver comique avec son nez plat, sa bouche tordue et ses oreilles immenses, si des dents acérés ne saillaient pas de ses lèvres pulpeuses et que ses yeux jaunes injectés de sang, avec un air de gourmandise, ne se fixaient pas sur moi.

Un hurlement d'effroi resta bloqué dans ma gorge tandis qu'un bras terminé par de longues griffes s'approchait lentement de moi.

Il n'était qu'à quelques centimètre de mon visage quand un craquement écœurant retentit et que le démon -car il s'agissait bel et bien d'un démon- l'air surpris regarda la lance jaillir de sa poitrine.

Presque aussitôt avec un bruit de succion, elle ressortit de sa poitrine et je pu apercevoir l'homme qui venait de transpercer la créature.

Mon père.

Solide et large d'épaule, il maniait avec nonchalance une lance à double tranchant, traçant des arabesques dans l'air aussi beaux que dissuasifs.

Il apostropha la créature qui ricana en réponse en se tenant le ventre. De la blessure sourdait un dense liquide noir qui s'étalait, pourtant déjà presque tari.

Mon père se tourna vers moi. Ses yeux vert sombre presque noir, reflétaient les taches de lumière qui éclataient derrière moi.

-Fuis ! Pars rejoindre ta mère !! Vite.

Je trébuchais en voulant partir trop vite et ne pu résister à l'envie de jeter un ultime regard derrière moi. Mon père combattait vaillamment trois de ces monstres qu'il tenait en respect de ses lames.

Je courais aussi vite que mes petites jambes me le permettait en direction du flot de fuyard. Au milieu d'eux, ma mère tenant par la main mon petit frère. J'allais les rattraper quand je sentis le sol se dérober sous moi. Un choc violent au niveau du front. Je m'évanouis.

Un tissu humide sur ma tète me réveilla. Je clignais des yeux deux, trois fois tentant de reprendre pied avec la réalité. Je sursautais en voyant penché sur un moi un homme masqué par un visage de fer. Il ouvrit la bouche pour me parler quand un violent mal de crane me saisit et …

La sonnerie du réveil retentit. Je m'éveillait en sursaut le corps couvert de sueur. La lumière s'échappant des rideaux m'aveuglant, je replongeais aussitôt dans la tendre noirceur de mon édredon.

J'y restais blottie en chien de fusil attendant que le terrifiant souvenir du rêve ne s'efface (ce qui n'arrivait jamais totalement) et que l'insistante sonnerie du réveil ne me rappelle à mes obligations. Comme arriver à l'heure en cours par exemple. Avec un soupir, résignée, je repoussais ma couette et sortis de mon lit.

Je passais rapidement à la douche avant de m'habiller. Je saisis les premiers vêtements à ma portée tout en vérifiant qu'ils n'étaient pas trop dépareillés et sortis de ma chambre pour rejoindre la cuisine.

Là, mon petit déjeuner m'attendait avec comme d'habitude, un mot de mes parents me souhaitant une bonne journée et bla bla bla.

Je restais là un instant vaguement déçue avant de me reprendre. La force de l'habitude.

Mes parents étaient extrêmement occupés et partait toujours très tôt le matin pour ne rentrer que très tard le soir. Quand ils rentraient.

Car leur poste prestigieux, les faisaient parfois voyager très loin et très longtemps, souvent plusieurs semaines sans interruptions.

Ce qui expliquait ma très rapide prise d'autonomie (après m’être brûlée deux fois en faisant les pâtes) et ma légère tendance à la paresse. Je chassais ces pensées désagréables qui trottaient dans mon esprit et dévorait mon petit déjeuner tout en regardant le cadran de l'horloge juste en face de moi. Pile à l'heure. Parfait.

J'attrapais le trousseau de clé pendus au dessus de la porte et mon manteau à capuchon.

Je soupirais une nouvelle journée d'école commençait. Y'a pas idée d'avoir cours le samedi.


Texte publié par sylv1, 10 juillet 2017 à 22h03
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