Le « black-out »
Malgré les difficultés que nous pouvons rencontrer avec la magie et le risque qu’elle représente, je suis plus que jamais déterminée à m’entraîner pour tenter de quitter cette maudite île. Je crois que jamais plus je ne voudrai en entendre parler. Et pourtant, il s’agit de la destination de référence de tous les couples, mais pour moi ce voyage a représenté un véritable enfer. J’ai l’impression que tout ce que nous essayons d’entreprendre Elya et moi prend une mauvaise tournure à chaque fois et je compte bien mettre fin à cette malédiction. Si autant de malheurs m’étaient arrivés dans mon monde, je ne me serais probablement pas battue. D’ailleurs, cette dernière dispute avec Léo m’a poussée à vouloir attenter à mes jours. Je ne sais pas ce qu’Elya m’a fait, comment il a su me donner autant de force et d’énergie, mais je ne veux plus me laisser abattre. Chaque malheur sera désormais une victoire.
— Bien, alors…
Je désigne tout à coup le lit.
— Je pense que nous allons rester quelques heures enfermés ici, je déclare de but en blanc.
Elya ne relève pas, mais je le connais assez pour savoir que la perspective seule de rester enfermé aussi longtemps n’est pas pour lui plaire. Il aime bien bouger, vadrouiller, fureter, et je pense que dans un monde comme celui-ci je serais un peu comme lui, mais la situation nous empêche clairement de faire ce que nous voulons faire.
Je me penche à nouveau sur le livre, les sourcils froncés, en tentant de comprendre quelque chose à ce charabia. Malheureusement pour moi, je n’ai pas eu l’occasion d’apprendre à lire le dolomenian. Enfin, j’ai commencé, mais je ne suis pas encore au point. Je reconnais quelques mots, mais aucun ne forme de phrase complète et constructive. Je lis, entre autre, les termes « vents », « énergie », « magie », mais tout ça ne signifie rien pour moi. Je ne vois pas quel est le rapport entre ces trois mots, ce qu’ils veulent dire liés ensemble.
Elya a attentivement observé la phrase qui m’interpellait le plus et écarte doucement le livre de mon champ-de-vision, m’empêchant ainsi de poursuivre mon semblant de lecture.
— D’après ce que j’ai compris, pour utiliser la magie il faut… utiliser les éléments.
— Utiliser les éléments ?
Je ne saisis pas très bien ce qu’Elya veut dire par-là, mais j’appréhende tout à coup. J’ai l’étrange sensation que les choses vont être plus compliquées qu’elles n’y paraissent.
— Ce livre est très clair, en vérité.
— Je croyais pourtant que c’était compliqué.
— Oui. Utiliser la magie va être compliqué, comprendre ce livre va être compliqué, mais j’ai réussi à décrypter deux-trois phrases. Elles sont explicites et très claires, extrêmement précises. Jamais personne n’a été aussi concis dans ses écrits que celui qui a rédigé cet ouvrage.
— Et que dit-il exactement ?
— Il dit que la magie est un terme utilisé à mauvais escient et qu’il n’est que le reflet de l’imagination très fertile d’enfants désireux de partir à l’aventure. La magie n’existe que dans leur mémoire, elle nourrit leur imagination pour les aider à développer certaines facultés mentales.
— C’est compliqué, oui… Et donc, la magie n’existerait pas ?
— Ce que nous appelons magie n’en n’est pas vraiment. Il s’agit plutôt de la manipulation des éléments. C’est-à-dire que ceux qui y parviennent sont passés maîtres en l’art de manipuler les éléments primaires, à savoir : l’air, l’eau, le feu, la terre et les énergies.
— Mais… Et la magie liquide et solide ?
— Oh… Ce livre dit que la magie liquide et solide ne sont, en vérité, que l’union de ces cinq éléments réunis et condensés ensemble. Leur utilisation ne nécessite ni la présence d’un des éléments prérequis pour leur invocation, ni la gestuelle qui l’accompagne en temps normal.
— C’est-à-dire ?
— Si tu veux créer une boule de feu, il te faudra au minimum une flamme.
— Si donc je veux jeter un sort dont l’élément principal est l’eau mais que je ne possède pas d’eau, il me sera impossible d’invoquer un sort d’eau ? Nous sommes plus ou moins limités, c’est cela ?
— Pas tout à fait. Ce livre… est très scientifique. Il explique comment invoquer de l’eau dans un désert où la terre est complètement desséchée et les plantes brûlées par la chaleur du soleil.
— Si je comprends bien, nous avons le choix entre deux choses : soit nous devenons de simples magiciens qui savent manipuler les éléments en leur possession, soit nous devenons de véritables maîtres qui connaissent et manipulent les éléments à leur guise, comme cela leur chante ?
— C’est à peu près cela.
— Et pour cela nous devons nous y connaître un minimum en science… Je n’ai jamais été douée dans ce domaine.
— Et il ne faut pas oublier la gestuelle.
— Quelle gestuelle ?
Aussitôt, Elya referme le livre et je le regarde faire, intriguée mais à la fois soucieuse. Il joint ses mains comme s’il s’apprêtait à prier, puis les écarte l’une de l’autre et commence à les mouver ensemble avec une harmonie incroyable, comme s’il tentait de créer une forme ronde sans consistance. Il répète ce mouvement inlassablement, mais de plus en plus vite, sans pour autant que quelque chose change dans l’atmosphère.
— Qu’est-ce que tu fais ? je demande, soudain.
— J’essaie d’invoquer les forces du vent.
— Ça ne fonctionne pas, c’est normal ?
— Il nous faut une certaine maîtrise, mais avant tout il faut y croire, avoir foi, sinon la gestuelle ne servira à rien.
— Et si l’on y croit mais que l’on ne fait rien côté gestuel ?
— Alors rien ne se passera, car les entités ne sauront pas ce que tu souhaites.
— Les entités ?
— Oui, les entités de l’air, du feu, de l’eau, de la terre et des énergies. Ce sont des entités vivantes qui n’ont pas le même langage que le nôtre. Le leur est codé, quasi indescriptible.
— Elles sont vivantes ?
J’ai de plus en plus de mal à croire tout ce qu’Elya me dit, pourtant j’ai l’impression qu’il me dit la vérité. Et plus il me parle, plus je perds espoir. Je commence à me dire que jamais nous n’arriverons à manipuler la magie à temps, si tant est que je puisse encore utiliser ce terme, car il ne me semble plus tout à fait adéquat pour l’heure. Jamais nous ne pourrons rattraper cette femme, jamais nous ne pourrons l’arrêter à temps et jamais nous ne pourrons quitter cette île aussi rapidement que je l’aurais souhaité.
— C’est fichu d’avance, je murmure, affligée. Il aurait fallu avoir cet enseignement plus tôt…
— Amaranthe, tu perds espoir et ça ne va pas nous aider à avancer, me réprimande Elya. Je croyais que tu étais certaine de pouvoir nous téléporter, et maintenant tu déchantes ?
— Je ne pensais pas que faire usage de la magie était aussi difficile et compliqué ! je crie soudainement. Tu ne sembles pas en avoir pleinement conscience ! Il faut apprendre les gestes, il faut avoir une certaine maîtrise en science et, plus qu’autre chose, il faut y croire ! De là où je viens, tout n’est que science et technologie. Le semblant de magie qui existe n’est qu’une illusion ! Une illusion d’optique, un jeu de mains, de gestes, de maîtrise de l’illusion, ou alors de la simple technologie. Les énergies primaires sont mortes, elles sont faibles, elles ne peuvent pas être manipulées. Alors comment voudrais-tu que je crois à ça ?
— Amaranthe, tu as vu tellement de choses depuis que tu es arrivée, alors comment pourrais-tu ne pas y croire ? me demande doucement Elya. Tu as atterri dans un autre monde, tu as rencontré de nombreuses personnes de races différentes, tu as manipulé la magie liquide entre tes mains… Alors dis-moi… Comment pourrais-tu ne pas y croire ?
Il n’a pas tout à fait tort dans un sens, mais la chose est tellement irréaliste qu’elle me paraît improbable. Pourtant, Elya essaie de m’ouvrir les yeux sur ce qu’est dorénavant ma vie : oui, j’ai découvert un autre monde. Oui, j’ai fréquenté d’autres créatures. Oui, j’ai utilisé de la magie liquide. Alors pourquoi serait-ce si difficile de croire que les éléments gouvernent ce monde et qu’il est possible de les manipuler à souhait ?
J’inspire profondément et je ferme les yeux. Il faut que j’y crois, c’est important, mais ce n’est pas si simple. C’est un peu comme si l’on me demandait de croire en Dieu dans mon monde. Comment est-ce que je pourrais y croire sans preuve matérielle ? Certains diraient qu’il y a la Bible, la Parole de Dieu, mais réellement je n’en sais rien. Je n’ai jamais étudié la Bible, alors comment pourrais-je y croire ? Comment pourrais-je croire en la faculté des éléments à me venir en aide ? Eux, une entité bien vivante ?
— Imagine-toi qu’ils sont palpables, me murmure Elya à l’oreille. Imagine-toi saisir le vent du bout des doigts et le tirer à toi… À ton avis, qu’arriverait-il ?
— Je n’en sais rien. Je me prendrais un vent ?
Ironie de l’instant. Je souris et Elya me félicite. C’est un début, me dit-il. M’imaginer recevoir une bourrasque en pleine figure signifie que je suis apte à croire aux agissements des éléments. Si je n’y croyais pas un seul instant, jamais je n’aurais pu imaginer l’éventuelle conséquence de se saisir du vent. Même si j’y croyais, se saisir du vent n’est pas possible. Il est immatériel, volatile, invisible. Il glisse sournoisement entre les doigts et disparaît subitement.
— Je ne peux pas, Elya. Je ne peux pas prendre le vent.
— Et pourquoi ? À tes yeux est-il mort ?
— Seulement éphémère.
— Invisible ?
— Immatériel.
— Ah oui ? Alors ouvre les yeux.
J’obéis. Lorsque j’ouvre les yeux, le monde entier semble avoir changé. Il s’est coloré en de multi-teintes, il est lumineux et brillant, il se mouve lentement et cela me rappelle un peu le voile que j’avais aperçu dans mon appartement avant de le franchir. Cette « chose » nous entoure et s’étend au-delà du bungalow. Au-delà de toute frontière semble-t-il, comme si elle n’avait pas de limite. C’est tellement beau et gracieux. Lorsque je bouge, elle se trouble, se volatilise, et puis revient pour remplir le vide que j’ai créé.
— C’est incroyable, je souffle, complètement fascinée.
— Voici le vent, l’air, me sourit Elya.
Je n’y croyais pas, mais après avoir vu cela, comment ne pas y croire ? Comment Elya a-t-il réussi ?
Il a plus d’un tour dans son sac, j’ai encore du mal à le réaliser. Il me tend alors la main et je m’en saisis, puis il me conduit dehors. Lorsque nous commençons à descendre les marches du bungalow, je me fige aussitôt. Le sol a disparu. Enfin, pas tout à fait. Disons plutôt qu’il a changé de texture. Il est désormais aussi blanc que de la neige et brille lui aussi, mais ce n’est pas vraiment étonnant étant donné qu’il est composé de millions de petits cristaux scintillants. Pourquoi cette couleur ? Pourquoi cette texture ?
— Elya ?
— Les cristaux ne coupent pas, n’aie aucune crainte…
— D’accord.
Je prends une grande bouffée d’air, incertaine malgré les paroles rassurantes d’Elya, et pourtant je le suis malgré tout. Il m’entraîne vers la mer et là, ce n’est plus l’eau bleue si claire et magnifique qui s’étend sous mes yeux, mais des milliards et des milliards de petites billes transparentes, molles, flasques, comme de celles que l’on place dans un vase avec des fleurs ou des plantes. C’est incroyable.
— Pourquoi n’ont-ils pas la même texture qu’on leur connaît aujourd’hui ?
— Les entités apparaissent sous leur vraie forme, Amaranthe, mais peux-tu boire ces billes et te sentir hydratée ensuite ?
— Je ne crois pas…
— Aimes-tu sentir ces cristaux sous tes pieds ?
— Ils me piquent un peu…
— Apprécies-tu de voir ce tableau en multi-colore ?
— C’est trop… « unicolore » dans sa multicolorité.
— Pardon ?
— Non, laisse.
— Les éléments nous offrent quelque chose de bien meilleur pour vivre de manière plus plaisante, voilà pourquoi ils sont invisibles ou différents.
— Mais quelqu’un les a créés, non ? Pourquoi les avoir créés ainsi si c’est pour qu’ils nous apparaissent sous une autre forme.
— Les mystères de l’univers resteront à jamais les mystères de l’univers, ma douce Amaranthe.
— Et c’est ainsi que je dois les imaginer lorsque je veux les manipuler ?
— Tu les imagines comme tu veux, mais tu dois y croire.
C’est donc cela la clé de la « magie ». Croire en la vie. J’acquiesce d’un signe de la tête et cligne des yeux. Je suis prise d’un vague vertige. Tout est redevenu normal, les scintillements et le voile coloré ont disparu. C’est un peu un soulagement, mais je n’en reviens toujours pas. Je ne m’attendais pas à cela, en vérité.
— C’est surprenant.
— Revenons au bungalow, nous avons encore des choses à apprendre pour manipuler ces entités.
— D’accord.
Nous retournons donc au bungalow d’un pas tranquille, Elya sûr de lui et moi encore dubitative, un peu troublée aussi. Il y a encore sûrement beaucoup de choses que j’ignore de ce monde, j’espère que je vais toutes les apprécier pour ne pas regretter mon départ de mon monde à moi.
Une fois dans le bungalow, nous reprenons nos places respectives, mais je sens mon cœur tambouriner dans ma poitrine. Je ne sais pas trop ce qui nous attend, si nous allons réussir ou échouer aujourd’hui. Si nos efforts vont aboutir. Elya semble me faire totalement confiance, mais ce n’est pas mon cas. Je n’ai jamais vraiment eu d’assurance en moi et, en vérité, c’est peut-être ce qui m’a conduit ici, dans ce monde, là où j’ai enfin l’impression d’avoir ma place.
— Tu es prête ?
— Aussi prête que je peux l’être.
Véritablement, je n’en sais rien.
Elya me montre la manière de m’y prendre pour forcer le vent à se lever autour de nous. Il n’y parvient pas et je ne suis pas certaine d’avoir plus de succès que lui. La gestuelle est la même que celle qu’il a accomplie un peu plus tôt dans la journée et je m’efforce de l’imiter au mieux. Il faut que l’entité de l’air comprenne mon message. Il faut que je puisse la convaincre de mes intentions mais, après cinq longues minutes à remuer mes mains et brasser l’air de mes bras, rien ne se produit. Je n’ai pas plus de succès qu’Elya.
Il me pousse à continuer, persévérer, mais moi je me sens complètement découragée si bien que j’ai envie d’abandonner.
— Tu peux le faire, j’en suis certain !
— Pas si je ne suis plus motivée, Elya.
Je soupire, anéantie. Maintenant, la seule chose que je désire, c’est de me coucher. Elya me demande alors de fermer les yeux et je m’exécute.
— Rappelle-toi de ce que sont les entités, me dit-il. Rappelle-toi leur brillance, leur beauté, leur texture…
Oui, de tout ça je m’en souviens parfaitement. Comment pourrais-je oublier une telle chose, d’ailleurs ?
Sans ouvrir les yeux, il me demande alors d’attraper un pan de l’air et de le secouer comme un mouchoir en soie, à la manière d’une femme qui salue son mari quand celui-ci part.
J’essaie. J’essaie de toutes mes forces, je chasse même la fatigue qui s’installe, je me motive, je me convaincs, mais rien ne se produit.
Finalement, je rouvre les yeux et c’est une vision d’horreur qui s’offre à moi. Je pousse un cri, stupéfaite, et Elya ouvre aussitôt les yeux.
Tout est devenu noir autour de nous. Je veux dire, le voile multicolore est devenu noir, il est à demi-transparent. Nous nous précipitons au-dehors, inquiets, mais les cristaux sont devenus noirs eux aussi. Finalement, craignant le pire, nous nous précipitons à la mer, mais le résultat est le même. Nous vivons désormais dans un monde de noirceur bien moins reluisant que celui que nous avons eu l’opportunité de visiter quelques minutes plus tôt.
— Que se passe-t-il ? je m’enquiers, paniquée.
— C’est un black-out. Les entités ont perdu leurs forces !
— Quoi ? C’est possible ? Mais qu’est-ce qui nourrit les entités ?
— Ce sont les runes. Si les entités ont perdu leurs forces, alors cela signifie que les runes n’ont plus d’énergie.
— Et où les runes puisent-elles leur énergie ?
— L’entité de l’énergie. Elle a dû être volée !
— C’est possible ?
— Écoute, l’énergie se mêle souvent à l’air, mais elle est blanche, très vive, fugace. À partir du moment où tu y crois, ton pouvoir est immense et tu peux faire ce que tu veux de ces entités !
— Mais quel intérêt à voler une entité ?
— Celui d’affaiblir les puissances de ce monde.
— Septuna est en danger…
Et c’est probablement un coup du roi Goldorus, mais comment aurait-il réussi un tel coup de maître ? Il n’a pourtant pas les capacités requises pour manipuler les entités. Seuls les magiciens en sont capables ! Si tant est que l’on puisse véritablement les appeler des magiciens, puisque la magie n’existe pas d’après ce livre.
Il faut absolument que nous retournions à Septuna, mais sans l’aide des entités, j’ignore comment nous pouvons nous y prendre.
— Malheureusement, nous sommes bloqués ici, poursuit Elya.
— Oui, ça je sais !
— Non, je veux dire bloqués dans le monde des entités !
— Quoi ?
Je lui lance un air parfaitement outré, mais à son air, je devine qu’il est terriblement sérieux. Nous voilà coincés dans un monde plus obscur encore que les ténèbres elles-mêmes. J’ai envie de sortir de ce cauchemar, m’arracher les cheveux, gémir et pleurer en même temps, tout en me berçant et en me murmurant que rien de tout ça n’est vrai. Je ne veux pas rester bloquée ici, dans ce monde sans couleur et sans vie.
Cependant, une idée me traverse l’esprit. La texture de l’océan est différente, ce n’est plus de l’eau.
— Nous pouvons peut-être traverser l’océan ! je m’exclame, ravie de ma découverte.
— Tu es vraiment sérieuse ?
— Écoute, Elya…
— Non, toi écoute-moi ! Il nous a fallu un mois complet en bateau pour nous rendre de Dolomen jusqu’aux Îles de Therdonne, à pieds il nous faudra probablement une année complète ! Sans eau ni nourriture. Et qui te dit que ces perles peuvent supporter notre poids ? Tu imagines ? Ce serait comme avancer dans du sable mouvant !
Il n’a pas tout à fait tort, mais nous devons tenter le tout pour le tout et je suis prête à prendre le risque. Il faut bien que quelqu’un se sacrifie, moi je ne veux pas rester dans ce monde.
— Je vais essayer.
— Non !
— Et toi, reste là.
— Je ne te laisserai pas faire une chose aussi stupide, encore moins sans réagir.
— Elya !
Il se raidit, pince les lèvres. Il n’a jamais vraiment apprécié mon ton autoritaire, mais je n’ai pas le choix.
— Si j’échoue, Septuna aura encore son roi. Dolomen pourra survivre, car tu partiras à sa conquête, mais il faut que j’essaie. Laisse-moi tenter le tout pour le tout et toi, pendant ce temps, reste en sécurité. Tu es leur roi légitime, si l’un de nous deux doit mourir, il vaut mieux que ce soit moi. Tu es le seul à pouvoir gouverner ce royaume.
Je vois ses yeux se remplir de larmes et si ça ne tenait qu’à moi je pleurerais à chaudes larmes, mais je ne dois pas me laisser démonter. Il faut que je le fasse, c’est pour le bien de tous. À cause de moi, des milliers de vies ont péri. Grâce à moi peut-être, des millions de personnes vont vivre. Je dois le faire.
Finalement, Elya concède, accepte, et nous échangeons un dernier baiser passionné.
Quand enfin l’heure arrive, je m’enfonce lentement dans cette mer de perles noires. Elles ne sont ni chaudes ni froides. Elles sont lisses, presque glissantes. J’espérais pouvoir marcher sur elles, force est de constater que leur texture trop molle ne forme pas un sol très solide et je m’enfonce lentement comme dans du sable mouvant. Faire demi-tour n’y changerait pas grand-chose, car je suis trop engagée. J’ai peur.
J’entends Elya crier derrière moi, mais je l’interdis de venir me rejoindre pour me sauver, je lui assure que tout va bien se passer et que ce qui m’arrive est parfaitement normal. En vérité, je suis sûrement la moins bien placée pour affirmer une telle chose.
Finalement, je disparais totalement à la vue d’Elya et les perles finissent par m’engloutir avidement sans que je ne puisse rien y faire.
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