Le jour suivant, je ne suis pas franchement dans mon assiette. Je pense que ça doit être à cause de la piqûre d’insecte, mais cela ne m’empêche pas pour autant de remonter à cheval pour me diriger droit vers Tarbenar, toujours plus déterminée à accomplir ma mission. J’ai encore de l’espoir, l’espoir d’y arriver, l’espoir d’arriver à mes fins. J’en ai assez de me laisser abattre constamment par le destin. Cette fois, c’est moi qui prends les rennes en main et qui vais donner les directions à suivre.
J’arrive à la frontière des plaines d’Alumen. Tout est verdoyant, humide, un peu vide à mon sens mais c’est peut-être du fait que je me trouve sur les côtes. Je les longe tout en laissant une certaine distance de sécurité, ne sait-on jamais. J’approche du but. Il ne reste plus grand-chose pour arriver à destination et je suis plutôt fière d’y être parvenue seule, mais je regrette également qu’une vingtaine de personnes ont dû y laisser leur vie pour que je puisse enfin m’assumer. J’ai provoqué la mort d’Edgard, le dernier magicien gardé sous haute surveillance, et je sens le terrible poids de la culpabilité peser sur mes épaules. J’espère ne pas provoquer la colère de Dolomen et que cette histoire sera classée comme un accident, mais il n’empêche que je me sens terriblement coupable.
Je secoue vivement la tête en essayant d’oublier cette mésaventure et continue de longer inlassablement les côtes. Elles me semblent longues. Chaque fois que je crois en percevoir la fin, elles continuent de s’étirer, s’allonger, et les démangeaisons de ma piqûre s’accroissent. La rougeur s’est étendue au-delà du bouton et se propage à une vitesse flagrante qui me laisse perplexe. J’ignore si tout mon corps va se transformer en je-ne-sais quoi, mais je commence à paniquer.
Après quatre heures à chevaucher en écoutant le bruit des vagues se fracasser contre les falaises et respirer l’odeur iodée de la mer, j’aperçois les formes de maisons. Soulagée, je talonne mon cheval pour atteindre rapidement ce que je croyais être au départ un petit village tranquille, mais qui rapidement se révèle être une ville de taille moyenne. Lorsque j’y entre, je prie intérieur pour que ces personnes parlent au moins l’une des trois langues que j’ai apprises. Je descends de cheval en ignorant les regards intrigués que me jettent les gens et commence à les aborder pour leur poser des questions, d’abord en dolomenian, puis en sylphien et enfin en azarien. Aucun d’eux ne paraît me comprendre, à moins qu’ils veulent simplement m’éviter, car aucun n’a jamais vu de créature comme moi, mais je suis complètement désespérée et j’ai besoin de l’aide d’un médecin.
N’ayant plus d’autres choix, je soulève alors mon haut et crie par-dessus le brouhaha de la foule en désignant ma piqûre, quitte à passer pour une folle. Les passants m’évitent avec grand soin, si bien qu’ils ont créé un cercle autour de moi, une distance à ne pas franchir pour éviter, sûrement, d’être contaminés. Ils doivent probablement avoir peur et j’imagine que Mélisandre n’a jamais mis les pieds ici pour qu’ils se comportent comme tel, mais cela n’arrange pas ma situation. Je vais devoir m’en aller sans bénéficier de soins et en redoutant d’y passer à chaque seconde.
Complètement dépassée par les événements, je baisse mon haut et saisis Fidèle par les brides, prête à repartir.
— Allons-y, Fidèle. Ça ne sert à rien, ces gens ne comprennent rien et ne veulent pas m’aider.
Je sens alors une main se poser sur mon épaule.
— Votre blessure doit être soignée assez rapidement si vous ne voulez pas ressembler à un Zorchak.
Je me retourne pour faire face à la seule personne qui a osé m’aborder. Je ne sais pas quel comportement je dois adopter, si je suis censée tourner de l’œil, hurler jusqu’à m’en casser la voix, rester prostrée et silencieuse ou bafouiller et tenter de communiquer tout en sachant que mes paroles seront parfaitement incompréhensibles. C’est un homme, un humain, un vrai, qui se tient en face de moi, et il ne s’agit pas de Mélisandre. Il est assez jeune et plutôt séduisant, musclé et mignon. Il porte une longue cape blanche avec une capuche, ceinte par une large ceinture brune, et il est armé d’un arc assez impressionnant et d’une beauté rarissime. En vérité, il me rappelle un peu Mélisandre à notre rencontre, mais depuis nous avons été contraints de changer de vêtements pour le confort.
— Vous avez perdu votre langue ?
Je secoue vivement la tête dans l’espoir de me ressaisir, toujours sous le choc par une telle découverte.
— Non, c’est juste que… Enfin, je croyais être la seule humaine avec Mélisandre.
— Mélisandre… Ce n’est pas un nom commun pour notre espèce, vous en conviendrez.
— Euh, je… Oui…
— Pardonnez mon indélicatesse pour cette surprise.
— Ce n’est rien, mais… vous êtes qui ?
— Je m’appelle Jack, je suis le médecin du village.
— Avec un arc ? Et ces gens connaissent donc notre espèce, alors pourquoi m’évitent-ils comme la peste ?
— Ils pensaient que j’étais le seul de mon espèce, mais j’essayais de les convaincre du contraire. J’ose espérer qu’ils vont enfin me croire, à présent.
— Vous saviez donc que vous n’étiez pas le seul ?
— Oui. Disons que j’ai accès à certaines données.
— Et comment avez-vous accès à ces données ?
— Des messagers, des éclaireurs, des pourparlers, des espions… Je suis le bras-droit de Sa Majesté, ce qui explique l’arme. J’ai commencé à travailler à ses côtés après l’avoir sauvée. J’ai atterri dans ce monde il y a cinq ans environ, j’étais le seul à ce moment. J’en ai profité pour apprendre beaucoup de choses et me faire une place sans pour autant laisser parler de moi, mais vous et Mélisandre n’êtes pas très discrets dans votre genre.
Je rougis légèrement à cette remarque et détourne la tête, vaguement gênée. Il me fait alors signe de le suivre et nous commençons à marcher d’un pas tranquille dans la rue pavée. La foule s’écarte sur notre passage et ce n’est pas plus mal ainsi.
— Donc vous êtes au courant de tout ce qui se passe dans le monde, si j’ai bien compris ?
— Oui, je sais tout. J’ai des yeux et des oreilles dans chaque recoin de ce monde. Il faut soigner votre blessure, Amaranthe. Ce n’est pas mortel ni dangereux, mais le poison peut agir un très long moment et la douleur va s’accentuer jusqu’à ce que le venin ne fasse plus effet. Cela pourrait vous retarder dans votre mission.
— Quoi ?
— Oui, vous êtes bien en chemin pour sauver Sire Elya d’Hangest Hogfort, n’est-ce pas ?
Il ne mentait donc pas quand il disait tout savoir. Je ne sais pas trop comment je dois le prendre ni même si je dois vraiment me fier à lui. Puis-je me permettre d’avoir confiance en lui et me reposer un peu sur son épaule ou bien serait-il plus sage que je prenne immédiatement la fuite ?
— Vous n’avez rien à craindre de moi, Amaranthe, soyez-en certaine. En vérité, pour tout vous avouer, vous ne pouviez pas tomber sur meilleure personne que moi, sans vouloir me vanter.
Je ricane et il arque un sourcil en me dévisageant. J’avais envie de lui lancer un « Sinon, ça va les chevilles ? », mais pour un début de rencontre je crois que ce n’est pas terrible. J’aurais donné une mauvaise impression de ma personne, surtout s’il est véritablement une personne de confiance comme il me l’affirme. Ce n’est rien de le dire, maintenant c’est à lui de le prouver.
— C’est moi qui en jugerai, je murmure.
— Comme il vous plaira. Votre performance à la traversée de la rivière m’a épaté, je dois le reconnaître.
— Quoi ? Ah, je vois… Vous avez des yeux et des oreilles partout. Votre espion aurait pu avoir la décence de m’aider.
— La surprise aurait été moins impressionnante, voyons !
— Si je suis encore en vie, c’est grâce aux chevaux.
— Je suppose, par ailleurs, que vous ignorez comment ils ont réussi un tel exploit ?
— Je ne m’étonne plus de rien, ce monde est complètement différent du nôtre.
— Rassurez-vous, certains endroits et certaines choses vont vous rappeler notre monde. Vous vous sentirez alors moins désorientée que vous ne devez l’être présentement.
— Si vous savez tout, alors qui a tué Edgard, le dernier magicien ? Ainsi que le général Erestos et ses soldats ?
— Il y a des informations qui parviennent à m’échapper. Je connais seulement la tragédie qui a eu lieu, mais personne n’en connaît l’auteur et encore moins la raison de ce crime.
Il s’arrête tout à coup au-devant de la porte d’une maison et sort un trousseau de clés de sa poche, puis ouvre. Je le laisse faire en essayant de paraître parfaitement indifférente, mais en vérité je suis de plus en plus surprise. Il s’efface et me fait signe d’entrer.
— Avec mes chevaux ?
— C’est un simple couloir qui mène dans une cour fermée dans laquelle se trouve l’écurie et l’entrée de ma maison.
J’entre donc et Jack referme derrière moi puis me suit. Arrivés dans la petite cour, il m’amène jusqu’aux écuries où se trouvent déjà plusieurs chevaux. Du foin est éparpillé sur tout le sol et les chevaux se promènent tranquillement dans le petit espace confiné en mangeant le foin. Un garçon d’une dizaine d’années s’occupe d’ailleurs de le ramener en tas.
— C’est le garçon d’une amie. Comme sa famille est pauvre, je lui ai proposé de travailler chez moi. Je le rémunère très généreusement pour ce qu’il fait. Beaucoup le voient d’un mauvais œil, car ils considèrent qu’il travaille trop peu, mais je suis plutôt content de savoir que quelqu’un s’occupe de mes bêtes en mon absence.
Une amie, un travail, des bêtes… Il s’est donc déjà créé une vie toute entière dans ce monde et il est clair qu’il a renoncé depuis longtemps à retourner dans le nôtre. Moi, parfois, je me sens nostalgique. J’espère que ce sentiment va finir par disparaître.
Jack demande alors au garçon de s’occuper des chevaux. Après quoi, il pourra rentrer chez lui. Il me fait entrer par une porte vitrée et nous débouchons directement dans une cuisine qui me laisse sans voix. Elle ressemble aux cuisines de notre monde, une cuisine de style américain avec un frigo, un four, un micro-onde… Je n’en reviens pas. Je ne vais pas pouvoir faire semblant de ne pas être surprise. La cuisine est ouverte sur un salon dans le même style contemporain mais sans les objets électroniques comme la télévision ou une console de jeu. Je commence à croire que Jack s’est donné un mal de chien et a dépensé des fortunes pour se sentir à l’aise dans cette maison.
— Asseyez-vous là.
Il m’indique une chaise et je prends place, sans prononcer le moindre mot mais tout en continuant de jeter des regards effarés autour de moi.
— Je vais chercher ma trousse de premiers secours, je reviens.
Sur ces paroles, il disparaît et je l’entends gravir des escaliers. Poussée par la curiosité, je ne peux m’empêcher de me diriger vers le frigo pour l’ouvrir. Une lumière s’allume. Je passe ma main dedans. Il est froid. Il fonctionne donc vraiment. Quand j’entends les pas dans l’escalier, je referme la porte et retrouve ma place, plus rouge qu’une tomate. Jack me demande de retirer mon haut et s’assoit en face de moi puis ouvre sa trousse. Elle est grande pour une trousse de premiers secours. À l’intérieur, il y a des choses que je reconnais et d’autres qui me sont totalement inconnues.
— C’est vous qui avez… C’est… Vous avez construit toutes ces choses ?
— J’étais ingénieur et débrouillard. Et Sa Majesté m’a prêté assez d’argent pour me sentir dans mon environnement.
— Et ceux qui ont l’opportunité de visiter votre maison, comment réagissent-ils ?
— C’est une maison de vacances. Enfin, une maison qui me sert de logement quand je pars en mission prolongée dans le nord du royaume. J’en ai d’autres éparpillées sur le continent. L’aménagement de la maison a intrigué pas mal de gens et à cause du bouche-à-oreille, Sa Majesté a eu vent de ça. J’ai eu droit à une visite personnelle et la complexité et l’utilisation des objets l’a intrigué et impressionné, si bien qu’il a conçu un immense atelier de construction de réfrigérateurs et de fours. Les villes sont en travaux les unes après les autres pour l’aménagement du tout à l’égout.
Il sort un petit flacon rempli d’un liquide bleu dont il imbibe un coton et tâtonne ma blessure avec. Je sens des picotements désagréables et sursaute en grimaçant.
— Autrement dit, vous ramenez la technologie et le modernisme de notre monde dans ce monde.
— Plus ou moins.
— Les problèmes environnementaux que nous rencontrons dans notre monde vont se retrouver ici aussi, j’espère que vous en avez conscience ?
— C’est là que vous vous trompez. Je n’ai pas construit ces appareils électroménagers avec l’électricité, car l’électricité pollue aussi, mais grâce aux runes.
— Le roi en possède une grande quantité ?
— Sa réserve arrive à sa fin, mais il a envoyé des explorateurs dans les quatre coins du monde à la recherche de réserves naturelles.
— En revanche, sa richesse ne semble pas avoir de limites.
— Il est immensément riche. C’est la première fortune de ce monde.
— Et il a confiance en vous…
— C’est un bon roi reconnaissant envers un humain de lui avoir sauvé la vie. D’autant plus que je ne lui ai jamais fait faux bond.
Il se saisit d’un pot en verre dans lequel se trouve une sorte de crème verte puis décroche une plante séchée à son mur pour la réduire en miettes dans la substance crémeuse. Il mélange le tout avec une cuillère, verse une goutte d’un produit rouge sang puis referme le pot et se lève. Là, je le vois qu’il sort une casserole, verse de l’eau à l’intérieur, allume sa gazinière, coupe des plantes et les ajoute dans la casserole avant d’ajouter une énorme poignée de Guanes.
— Qu’est-ce que vous faites ? je finis par demander, intriguée.
— Je prépare de l’anti-poison. Malheureusement efficace seulement pour ce type de piqûre. Il n’agit pas sur les autres types de poison.
— Dommage.
Il me sourit.
— Quand même… La façon dont vous parlez de Sa Majesté, vous semblez être amis. Et je croyais que les plaines d’Alumen n’étaient que… que de vastes plaines. Elya n’a jamais évoqué de roi ou que sais-je encore.
— Ça ne m’étonne pas très franchement. J’ai connu Sire Fallen quasiment à mon entrée dans ce monde. En fait, j’ai atterri dans son royaume. Au départ, il m’a fait prisonnier. C’est d’ailleurs en prison que j’ai appris la langue des Alumenians. J’y suis resté un an. Puis la capitale a été attaquée, le mur de la prison a volé en éclats, je me suis échappé mais quand j’ai vu Sire Fallen en danger, je n’ai pas hésité à lui venir en aide. Par la suite, je me suis armé d’une épée trouvée sur un cadavre et d’un bouclier et j’ai combattu. C’est là que j’ai découvert la magie. Je m’en suis souvent servi, inconsciemment évidemment, mais par chance ou par miracle, je n’ai causé aucun réel dégât. J’ai juste provoqué la victoire et nous avons repoussé l’assaut alors que nous étions destinés à périr.
— Ce qui explique l’amitié. Je croyais que Dolomen était pourtant le royaume le plus puissant et là…
— Il l’est, mais les plaines d’Alumen restent le royaume le plus riche.
Une odeur plutôt désagréable s’échappe de la casserole et Jack éteint la gazinière puis termine d’écraser les Guanes. Finalement, il verse la crème verte à l’intérieur de la casserole, mélange le tout et ajoute un peu d’eau pour rendre la substance plus liquide et donc buvable. Il en verse dans un verre qu’il me tend.
— Buvez cul sec, le goût est horrible mais cet anti-venin est redoutable.
Je le remercie, inspire profondément, me pince le nez et bois d’un trait. Malgré tous mes efforts, je sens le goût de la mixture et me retiens avec peine de ne pas vomir. Je grimace et je suis parcourue d’un frisson. Jack me reprend le verre des mains pour le poser sur la table.
— Il est le plus riche alors cela va lui faciliter son développement dans la technologie et tout le reste, je reprends sans perdre le fil.
— Vous n’êtes pas du genre à perdre le nord.
— C’est un compliment ?
— Oui. Si nous avions encore des runes nous aurions dépassé Dolomen dans notre expansion et nous serions devenus la première puissance, mais Dolomen nous réserve quelques surprises et se développe très vite. D’autant que je soupçonne le roi de posséder encore une généreuse réserve de runes qu’il a soigneusement stockée.
J’hésite à répondre et je suis plutôt étonnée que cela ne reste qu’une « supposition ». Elya a donc pris toutes les précautions nécessaires pour ne pas ébruiter l’affaire et c’est assez remarquable, surtout quand on sait que Sire Fallen possède assez d’espions pour connaître les moindres faits et gestes de la dernière paysanne recluse dans le fin fond du royaume.
J’ai tout à coup des bouffées de chaleur et je commence à transpirer à grosses gouttes, accompagnées de quelques vertiges et je commence alors à me demander si Jack, finalement, ne m’aurait pas empoisonnée.
— Ce monde est grand, dit-il. Et certains continents n’ont pas encore été découverts fautes de moyens, de temps et d’argent.
— Pourtant, vous savez qu’ils sont là.
— Oui. L’argent peut accomplir des miracles. Cependant, avant de m’occuper de ces royaumes il y a des choses à faire sur ce continent.
J’acquiesce et tente de m’éventer avec la main pour récupérer de l’air.
— Vous êtes certain que c’est un anti-venin ?
— Je ne vous ai pas empoisonnée. L’anti-venin va vous fatiguer, j’ai une chambre de libre là-haut. Venez.
Je me lève et regarde la piqûre. Il n’y a déjà plus rien, c’est incroyable. Jack me conduit jusqu’à la chambre et me conseille de dormir sans drap et sans vêtement si je ne veux pas avoir trop chaud, car l’anti-venin va encore agir deux heures. Je lui obéis et il est vrai que je n’ai pas franchement très froid.
L’anti-venin agit aussi comme anti-douleur semble-t-il et après cinq minutes à souffler bruyamment, je me sens terrassée par la fatigue et je finis par m’assoupir, exténuée.
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