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tome 1, Chapitre 15 « Le saut de l’ange » tome 1, Chapitre 15

Je ne sais pas ce que c’est que cette étrange poudre rose, mais je retiens aussitôt ma respiration. J’aurais voulu ouvrir la bouche et interroger Toriel, mais il est hors de question que je laisse la moindre particule de ce truc entrer dans mon corps !

— Couvrez-vous le visage ! Couvrez-vous le visage ! hurle tout à coup un garde.

Nous nous arrêtons aussitôt le temps de couvrir notre visage, mais je doute que cette maigre protection soit suffisante. Toriel avait donc raison. Ce chemin, aussi beau soit-il, est un véritable piège à rats.

Je n’ai jamais été très douée pour l’apnée et c’est au terme de quelques dizaines de secondes que j’expire bruyamment pour inspirer de grandes bouffées, essoufflée.

— Toriel, qu’est-ce que c’est ?

Elle se tourne vers moi et malgré le foulard qu’elle maintient sur son visage, je devine parfaitement son inquiétude. J’essaie de ne pas paniquer. Je veux simplement savoir si l’air que nous respirons est mortel.

— Toriel ?

— C’est un poison ! me crie Elya. Un poison mortel…

Bien. Parfait. Tous mes doutes sont donc balayés et mes craintes confirmées. Et comment en sommes-nous arrivés-là ? Je ne comprends pas pourquoi ils ont pris un risque aussi grand pour nous mener à Septuna sachant que nous avions toutes les chances du monde de mourir ici. J’ai beau tenter de comprendre, essayer d’avoir un raisonnement logique, mais tout s’embrouille dans ma tête.

— C’était une idée complètement stupide de nous faire passer par ici ! je beugle soudain, sentant la colère poindre.

Je ne peux m’empêcher d’être vexée, outrée, ahurie. Ils nous ont clairement condamnés. C’était une idée stupide. Me livrer aux bandits aurait été tellement plus simple et aurait coûté bien moins de vies.

J’entends un bruit curieux et j’aperçois un mouvement soudain. Lorsque je tourne la tête, c’est pour apercevoir une racine surgir du sol et transpercer la poitrine de Toriel.

— TORIEEEEEEEL !

Je crie son nom à m’en déchirer la voix, complètement atterrée par ce que je vois. Elle me lance un dernier regard et la racine, en voulant se retirer, emporte le corps avec elle. Je reste clouée sur ma selle, choquée. Elya galope vers le cheval où se trouvait sa sœur quelques secondes plus tôt, le teint cadavérique. Ses yeux se remplissent rapidement de larmes tandis qu’il dégaine son épée. Les autres soldats ne tardent pas à l’imiter. À présent, ils sont tous sur leurs gardes, mais moi je me fiche complètement du danger qui nous menace.

De toute manière, nous sommes déjà morts et enterrés. Toriel n’aura pas eu le temps de voir sa mort arriver et malheureusement pour elle, elle a été douloureuse.

Un couinement me fait sortir de ma torpeur et j’aperçois Shou qui piétine nerveusement. La terre colle à ses pattes. Non, pas lui ! Il est innocent !

— Shou !

Je descends de cheval et me précipite vers lui tandis qu’il me regarde avec des yeux suppliants. Ma gorge se serre et je parviens à l’attraper, puis je le tire vers moi mais une force me résiste. C’est comme si la terre l’attirait inexorablement vers elle. Je suis incapable de le retenir.

— Shou ! Shou, non !

Pas un animal. Pas lui. Pas comme ça.

Il pleure et je vois très bien les larmes, la peur et la tristesse dans son regard. Des larmes coulent sur mes joues et je ne fais rien pour les retenir. Finalement, le visage de Shou disparaît complètement, son corps avec. Je n’ai pas réussi à le sauver. Tremblante, je reste là à regarder le dernier endroit où se tenait Shou. C’est trop. D’abord Toriel, ensuite lui. J’aurais voulu éviter tout ça. Je ne peux pas. C’est au-dessus de mes forces. Si je devais perdre Elya, je crois bien que j’en perdrais la raison et ma vie n’aurait alors plus de sens.

Je pleure. Je suis incapable de me retenir. C’est trop. Elya s’approche de moi et m’aide à me relever, mais mes jambes sont devenues du coton. Elles ne me supportent plus. Finalement, je me blottis dans les bras d’Elya et l’entends tousser à mon oreille, mais je ne réagis pas. Je refuse de croire à tout ce qui vient de se passer. C’est impossible que de telles choses aient pu se produire, j’ai dû rêver. Halluciner. Rien de tout ça n’est vrai.

Elya tousse avec plus de force et quand je me recule pour l’observer, son visage a viré au bleu. Tous les soldats autour de nous sont atteints de la même toux et leur peau est bleue elle aussi. Quand il lève la tête vers moi, je me rends compte que ses yeux sont injectés de sang. Ses larmes sont devenues du sang. Il va mourir. Je vais le perdre lui aussi.

— Oh, mon Dieu ! Mais que se passe-t-il ? je m’exclame, en pleurs.

Je saisis le visage d’Elya entre mes mains, mais il tombe tout à coup à genoux. Il a du mal à respirer. Les soldats autour de nous s’effondrent les uns après les autres, comme des mouches. Même les chevaux se meurent. Même les feuillent des arbres sèchent et tombent. Tout est en train de mourir, sauf moi. Je vais être la seule survivante. Ce n’est pas ce que je veux. Pas si je les perds tous.

Complètement effondrée par le spectacle qui s’offre à moi, je m’agenouille près d’Elya, mais je ne sais pas ce que je dois faire. Je suis incapable de réfléchir clairement à la situation, trop anxieuse. Finalement, son corps tombe avec un bruit sourd et est parcouru de quelques spasmes, puis plus rien. Il ne bouge plus. Ses yeux fixent le vide. Son regard s’est figé.

— Elya ? Elya !

Je le secoue vigoureusement, mais il ne répond plus de rien. Il est mort, ça y est. Il est mort douloureusement, et sous mes yeux qui plus est. Quelle mort plus atroce existe-t-il ?

La gorge serrée par l’émotion, je me relève et titube jusqu’à un arbre, puis m’appuie contre celui-ci. Aussitôt, le tronc se calcifie, brûle, et de la fumée s’échappe. Terrifiée, je me recule vivement. C’est à ce moment-là que je l’entends.

Les fougères près de moi frémissent et j’ai le temps de la voir surgir, cette racine qui a tué Toriel. J’ai le temps de la voir se diriger vers moi à une vitesse affolante et j’ai également le temps d’entendre mon propre cri.

— Amaranthe ! Amaranthe, calme-toi ! Calme-toi !

Je respire bruyamment, le souffle court, et je regarde autour de moi, stupéfaite. Je suis allongée sur le sol. Elya, Toriel et Mélisandre m’entourent et me regardent avec inquiétude. Ils sont tous là, et tous bien portant. Je me jette aussitôt dans les bras de Toriel en laissant mes larmes couler, soulagée. Ce n’était qu’une hallucination. Une illusion. C’est sûrement à cause de cette maudite poudre rose que j’ai respiré, tout a commencé à ce moment.

— Vous êtes vivants ! je sanglote, tremblante. Vous êtes vivants !

— Oui, Amaranthe, ne t’inquiète pas, me murmure Toriel à l’oreille en me caressant les cheveux. Tu as respiré la poudre rose, mais tu as réussi à sortir de ton cauchemar. Certains sont morts dans leur rêve.

— J’ai failli être tuée.

Je n’arrive pas à m’arrêter de pleurer, l’émotion qui m’étreint est trop forte. J’entends Shou glapir à côté de moi et le saisis aussitôt dans mes bras pour le serrer contre moi, puis parsème son visage de millions de bisous, sous le regard effaré d’Elya. Probablement irrité par mon comportement puéril, il préfère s’éloigner et Mélisandre ne manque pas de lui emboîter le pas pour lui parler. Je dirige alors mes yeux sur Toriel en me remettant doucement de mes émotions.

— Tu aurais pu me prévenir pour la poudre rose, j’aurais évité de la respirer, je grommelle. À cause de ça j’ai vécu la pire expérience de toute ma vie ! J’ai même vu Shou mourir et c’était atroce !

— Je suis désolée, Amaranthe. Cette partie de notre voyage, cette allée bordée d’arbres, est truffée de pièges. Il en existe des millions et à chaque fois cet endroit en utilise un différent. Te décrire tous les pièges sur lesquels nous aurions pu tomber aurait été long et fastidieux, il fallait tenter le tout pour le tout.

— Et quelle est notre prochaine étape ?

— Je ne suis pas sûre que tu veuilles le savoir.

— Toriel…

— Sérieusement, Amaranthe, il vaut mieux que tu le découvres par toi-même.

— Toriel !

Mais je sais pertinemment que je ne parviendrai rien à tirer d’elle. Si elle ne veut rien me dire, alors elle ne me dira rien. Je crains déjà le pire. Pourtant, malgré moi, je me relève et Toriel m’aide à remonter sur mon cheval. Elya n’aurait pas eu la délicatesse de le faire… Je lui jette un rapide coup d’œil, mais il ne m’adresse pas le moindre regard. Je n’existe plus à ses yeux. Je commence sérieusement à m’interroger sur ce qui s’est passé entre nous quand nous n’étions plus que deux. Peut-être a-t-il éprouvé ces sentiments comme il a sans doute cru qu’il s’agissait de la fin et qu’il ne verrait plus tous ceux qu’il a connu.

À présent, je suis convaincue que c’est cela, sans compter l’approche de son mariage. J’ai espéré des choses que je n’aurais jamais dû espérer. J’ai été naïve une fois de plus, une fois de trop. C’en est assez, j’en ai marre d’être un pantin. Je ne veux plus jouer ce rôle. Il n’obtiendra plus rien de moi.

Nous reprenons le chemin comme s’il ne s’était rien passé. Il s’écoule environ cinq longues heures sans aucun problème, jusqu’à ce que j’aperçoive une lumière non loin. Nous approchons sûrement de la fin de cette allée et ce n’est pas plus mal. À présent que je sais de quoi elle est capable, je ne veux pas trop m’y attarder. Pourtant, nous faisons halte pour nous reposer un peu et nous restaurer.

Je m’assois sur un rocher et ouvre ma gourde d’eau pour en boire quelques gorgées. Du coin de l’œil, j’aperçois Elya qui s’approche de moi.

— Amaranthe, il faut que l’on parle.

— Te casse pas la figure, ça ne sert à rien. J’ai compris, alors laisse tomber, Ok ?

— Amaranthe, je…

— Elya. Dégage.

Il se refroidit, pince les lèvres, tourne les talons et s’éloigne d’un pas sec. Bon vent ! Il joue le grand jeu, la pauvre petite victime, sans doute pour me rendre coupable. Comme si j’avais besoin de ça. Toriel s’avance en le regardant, puis hausse les sourcils.

— Que s’est-il passé ?

— Rien de très intéressant.

— Nous repartons d’ici cinq minutes alors tiens-toi prête et sois sur la défensive.

Elle veut que je sois sur la défensive ? J’ignore pourquoi, mais je ne le sens pas. La prochaine étape m’effraie déjà.

Quelques minutes plus tard, nous reprenons la route et nous débouchons sur le haut d’une falaise… vertigineuse. Lorsque je baisse la tête, je ne vois que des nuages. Nous devons être haut. Très haut. En face se dressent quelques piliers de roches qui forment un chemin. J’imagine qu’il nous faut sauter de pilier en pilier et les chevaux ne peuvent désormais plus nous accompagner. Voilà pourquoi ce chemin est si dangereux.

Un cri attire mon attention et lorsque je lève la tête, j’aperçois des centaines d’aigles qui volent au-dessus de nous. Ils sont incroyablement grands. Immenses. Et je suis persuadée qu’ils peuvent nous tenir entre leurs serres.

— Nous devons abandonner les chevaux et éviter de nous tuer en ratant un saut, c’est ça ? je fais, perplexe.

Un petit sourire étire les lèvres de Toriel.

— Non. Nous fonçons avec les chevaux, leur instinct de survie les poussera à sauter, mais ils doivent être plus rapides que les aigles.

— Pourquoi ? Les aigles ont l’intention de nous choper ?

— Regarde et tu verras…

Elya crie en levant la main, puis baisse le bras et s’élance. Aussitôt, les soldats n’attendent pas et le suivent, talonnant leurs chevaux tandis que les aigles s’agitent nerveusement dans le ciel en poussant des cris stridents. Toriel hurle et me pousse à la suivre. Je n’attends pas plus longtemps pour lui obéir et, effectivement, je n’ai qu’à donner quelques coups d’étriers dans le flanc de mon cheval pour le pousser à aller toujours plus vite. Il saute lui-même au-dessus du vide, sans peur manifeste. Quel courage, je l’admire !

Pourtant, à mesure que le temps s’écoule, je le sens malgré tout très nerveux et tendu, et la panique le pousse à accélérer le rythme de sa course. Nous dépassons rapidement les autres pour arriver à hauteur d’Elya. Il me dévisage, interloqué, mais nous n’avons pas le temps de discuter. Derrière moi, j’entends quelques hurlements, des hennissements et d’autres bruits étranges que je préfère ne pas identifier. La peur me saisit, mais ma monture est rapide. Nous pouvons y arriver. J’aperçois la fin du chemin et le soulagement m’envahit… pour rapidement disparaître lorsque je sens des griffes se refermer sur moi. Je crie en serrant Shou contre moi alors que le cheval sur lequel je me trouvais plus tôt bascule dans le vide. L’aigle me lâche et je tombe.

Il n’y a plus rien à faire. Je suis définitivement perdue, personne n’est capable de me secourir. J’ai le temps de voir deux ou trois chevaux s’arrêter aux abords d’un des piliers. J’entends vaguement mon nom avant de disparaître sous les nuages. Là, je tourne la tête pour regarder en bas. Il y a de l’eau. Beaucoup d’eau. Et une forêt également. Je vais stupidement mourir en tombant. Je vais mourir à cause d’une chute. J’ai eu l’occasion de mourir au moins mille fois, et c’est comme ça que je vais perdre la vie. C’est d’un ridicule.

Tout à coup, j’aperçois un aigle franchir la barrière que forment les nuages. Il se précipite vers moi en me fixant de ses yeux perçants. En haut de son crâne, j’aperçois le visage d’Elya. Il chevauche l’aigle. Il chevauche un aigle pour me sauver !

Lorsque les pattes de l’oiseau m’enserrent, je me sens sauvée et soulagée. Je flotte dans le vide, je vole et je vois le paysage défiler à grande vitesse sous mes yeux. Nous remontons tranquillement, mais d’autres aigles surgissent de nulle part et s’attaquent à celui qui m’a sauvée. Il est obligé de me lâcher pour se défendre et je crie en tendant la main en avant, vers Elya. Il n’arrive pas à la rattraper. Mon corps heurte si violemment un autre aigle en dessous de moi que j’en ai le souffle coupé. Des étoiles dansent devant mes yeux et les ténèbres m’encerclent soudainement, avant même que je n’ai le temps de lutter pour rester éveillée.

Lorsque j’ouvre les yeux, j’ignore combien de temps s’est écoulé depuis l’instant où j’ai librement chuté dans le vide. Quoi qu’il en soit, j’ai mal à la tête et mon corps me semble incroyablement lourd. Je sens l’odeur de la terre humide et de l’herbe, ce qui n’est pas vraiment étonnant puisque je suis allongée dans une clairière. Des arbres m’entourent, je ne vois pas le ciel, mais il fait sombre. Il doit probablement faire nuit. Je grommelle et me redresse péniblement en grimaçant. La tache me semble plus compliquée qu’elle n’en a l’air, mais chaque membre de mon corps est douloureux. Un peu comme si un rouleau pâtissier géant m’était passé par-dessus. Je chancelle et recule. Mon pied heurte quelque chose derrière moi et quand je me retourne, j’aperçois un corps.

Je reconnais Elya sans difficulté. Lui aussi émerge lentement de son inconscience en grommelant. Nous revoilà à la case départ. Nous sommes à nouveau seuls. Nos chemins avec Toriel se sont encore séparés, mais cette fois je garde confiance. Je sais que nous la retrouverons, car la chance semble être de notre côté. J’en suis absolument convaincue.

Je pousse doucement Elya du bout de mon pied et il grogne, puis ouvre les yeux.

— Allez, debout la belle au bois dormant !

Il soupire et se redresse péniblement, mais je ne l’aide pas. Je n’ai toujours pas digéré l’information que Toriel m’a donnée à son sujet, même s’il a volé à mon secours. En aucun cas ça ne le pardonne.

— Tu pourrais peut-être m’aider un peu, marmonne-t-il.

— Il n’y avait personne pour m’aider quand je me suis réveillée, je lui rétorque.

Il me lance un regard froid, mais je reste implacable. J’en ai assez de me laisser marcher sur les pieds, il est grand temps que je me fasse entendre, même si ça ne plaît pas forcément aux autres.

— Qu’est-ce qu’il y a ? me demande-t-il finalement, sur un ton qui laisse sous-entendre son agacement.

Je n’ai qu’une seule envie, c’est de l’ignorer et m’en aller d’ici. Franchement, qu’espère-t-il en adoptant ce ton avec moi ? Que j’éprouve de la sympathie et que je veuille tout lui déballer ?

— Rien.

— Amaranthe, celle-là tu ne la fais pas à moi.

— Et à ta fiancée non plus ?

Il se fige, la bouche entrouverte et les paupières écarquillées. Il paraît surpris, mais je reste de marbre. Finalement, il se reprend, cligne des yeux et secoue la tête.

— J’ignore comment tu l’as appris, mais…

— Mais quoi ? Tu aurais dû me le dire dès le départ !

— Alors que nous ne nous connaissions même pas ? Quelle excellente idée ! Mais qu’aurais-tu fait de l’information ? Et c’est à cause de ça que tu es en colère ?

Il fronce les sourcils et se frotte les yeux en affichant un air exaspéré. Il a le comportement d’un homme dépassé par la situation, accablé par la femme qui l’accuse du doigt et semble ne pas comprendre la situation. Il a le comportement de l’homme qui a une excuse pour toute chose, mais je refuse de me laisser encore piétiner. J’en ai assez.

— Je te signale que c’est toi qui as commencé. Dès que nous avons retrouvé Toriel et tes soldats, tu t’es montré froid et distant comme si tu ne voulais pas ébruiter l’information à notre sujet.

— Amaranthe, tu te trompes sur toute la ligne. Je comptais t’en informer…

— Quand ça ?

— Pas dans l’immédiat en tout cas.

— Et pourquoi ?

Pourquoi ne me l’aurait-il pas dit là ? Pourquoi attendre ? C’est tellement inutile et ça mène forcément à des situations compliquées et des malentendus. Il est bel et bien un homme, ça ne fait aucun doute. Je pince les lèvres et me retourne. Je n’ai plus envie de le regarder, encore moins si c’est pour entendre des choses que je ne veux pas entendre.

— Amaranthe…

Sa voix est plus douce, mais je refuse de me laisser attendrir. Je veux clarifier la situation avant toute chose, savoir si je peux encore espérer quelque chose de sa part ou si je dois faire une croix sur lui.

— Je ne pouvais pas t’en informer dès le départ, car j’ignorais dans quel sens allaient évoluer mes sentiments à ton égard.

— Et à l’instant tu m’as clairement dit que tu comptais encore attendre pour me parler de ton mariage.

— C’est un mariage arrangé, je n’éprouve aucun sentiment pour cette jeune fille alors ça n’y aurait rien changé.

Je sens soudainement ses bras se glisser autour de ma taille. J’essaie de rester impassible, mais ça devient de plus en plus compliqué.

— Alors pourquoi m’as-tu snobée ainsi ?

— Toriel est du genre bavarde. Un peu trop. L’information aurait circulé et atteint Septuna avant même que nous ne soyons arrivés à destination. Je veux pouvoir en parler face à face avec mon père. Je veux qu’il l’entende de ma bouche.

Je ferme les yeux. Ce n’est donc que ça ? Il veut simplement s’entretenir avec son père ? Oh, j’espère ne pas me tromper et faire le bon choix, mais à chaque fois j’ai le don de toujours prendre les mauvaises décisions. Je me retourne et rouvre les yeux pour plonger mon regard dans le sien.

— Je suis désolée…

— Non, c’est à moi de présenter des excuses, me souffle-t-il à l’oreille en caressant ma joue. Tout à l’heure, j’ai vraiment cru te perdre. Quand je t’ai vu tomber… j’ai… je n’osais pas y croire…

— Tu savais qu’il y avait quelque chose sous les nuages ?

Il secoue la tête. Voilà qui nous avance. Il ignore donc totalement où nous sommes. Cette partie du monde lui est complètement inconnue et je vais la découvrir avec lui. Pourtant, nous n’avons pas le temps de faire un pas qu’une dizaine de silhouettes surgit d’entre les buissons pour nous encercler en braquant leur lance vers nous. J’ai l’impression de faire face à un groupe d’autochtones. Je les dévisage un à un, étonnée et effrayée.


Texte publié par Nephelem, 12 juillet 2017 à 09h14
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