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tome 1, Chapitre 14 « La poudre rose » tome 1, Chapitre 14

La tension est presque palpable. Je ne suis pas rassurée auprès de cet individu. Je n’ai pas confiance en lui. Il ne m’inspire que méfiance et inquiétude. J’ai l’impression qu’il en sait bien plus à mon sujet qu’il ne veut bien le dire. Je suis nerveuse et j’essaie de penser à autre chose, mais avec ce silence pesant ce n’est pas très évident.

Finalement, Regthar ricane et je le regarde avec stupéfaction. Je suis atterrée. Qu’y a-t-il de si drôle, tout à coup ?

— Vous êtes prince, il est donc normal que vous restiez discret et que vous ne puissiez pas faire confiance à tout le monde, dit-il en s’adressant à Elya dans ma langue. Combien en prendriez-vous ?

— Je vous demande pardon ?

Si Elya ne semble pas avoir saisi, moi, en revanche, j’ai tout à fait compris. Et je suis écœurée. Dégoûtée. Cet homme répugnant veut m’acheter ! Et qui sait ce qu’il va faire de moi une fois en sa possession. Mais je sais qu’Elya ne va pas accepter. Ce n’est pas l’argent qui l’intéresse, il en possède bien plus qu’il n’en faut. Et il m’aime.

— Oui, pour la p’tite dame. J’vous l’achète, poursuit le Dolomenian.

— Elle n’est pas à vendre, grommelle Elya.

Son regard s’assombrit et je sens une curieuse chaleur m’envahir. Auprès d’Elya, je me sens défendue et protégée. Je suis en sûreté. Je sais que je peux lui faire aveuglément confiance.

— Allez… Vous en prenez mille Dolomindos ?

— J’ai dit : elle n’est pas à vendre, répéta Elya plus froidement.

— Oh… Vous êtes exigeant alors. Dix mille, ça vous va ?

— Pour votre gouverne je l’ai payée cinquante mille, ensuite votre comportement peut vous amener droit en prison et pour la dernière fois avant que je ne vous assomme pour vous livrer aux gardes, elle n’est pas à vendre !

Regthar fronce les sourcils et me lance un regard que je n’apprécie pas. Aïe aïe aie, je crois que les choses vont mal tourner. Je ferais bien mieux de quitter cette embarcation pour sauter dans l’eau et rejoindre la rive à la nage. Là, au moins, j’aurai davantage de chance de survivre que de rester aux cotés de Regthar. Non, décidément, je n’ai vraiment pas confiance en lui.

Il se relève lentement en soupirant, sous le regard méfiant d’Eya, et continue de pagayer comme si de rien n’était.

— Bon eh bien tant pis, j’aurai essayé, soupire-t-il.

Je n’ai malheureusement pas le temps de réagir qu’il envoie valser d’un coup violent Elya avec sa pagaie. Je pousse un hurlement en voyant le corps d’Elya tomber à l’eau alors que Shou aboie bruyamment en tournant sur lui-même. Il ne remonte pas à la surface. Paniquée, je me tourne alors vers Regthar, lequel affiche un sourire malicieux. Un sourire effrayant. Je me recule jusqu’au fond de la barque, tâtonnant le sol à la recherche d’un objet pour me défendre, mais je ne trouve rien.

— Je sais ce que tu es, dit-il.

— Alors pourquoi avoir prétendu le contraire ?

— Simplement savoir si ton bonhomme serait enclin à te laisser à moi ou pas. J’ai vite compris que non, mais parfois une grosse somme d’argent peut faire changer d’avis. Dommage, je n’ai pas cinquante mille Dolomindos avec moi.

— Qu’est-ce que vous allez faire de moi ? Qu’est-ce que vous savez sur les gens comme moi ?

Je suis complètement pétrifiée. Une arme m’aurait permis de regagner confiance en moi, assez pour me relever et lui faire face, mais il est le seul à posséder une arme potentielle.

— Je sais que vous êtes des… « humains ». Étrange comme nom. Et je sais aussi que vous êtes d’excellents conducteurs à la magie.

— Alors c’est ça ? Vous voulez de l’argent ou de la magie ?

Il me détaille du regard et je devine aussitôt que ce n’est peut-être pas la seule chose qui l’intéresse chez moi. Oh, pitié ! J’ai l’impression qu’ils ne pensent tous qu’à ça, ça en devient horripilant.

— Oh, l’argent peut attendre un peu. Vous savez, ma femme m’a quittée il y a plus de vingt ans de cela à présent. Vingt longues années pendant lesquelles je n’ai pas eu l’occasion de fréquenter de femmes.

J’ai donc visé dans le mille. Je déglutis péniblement. Lorsqu’il tente de s’approcher de moi, il s’effondre soudainement et je ne peux m’empêcher de sursauter en poussant un cri. Elya se tient juste derrière lui, trempé de la tête aux pieds, et rejette à l’eau l’énorme caillou qu’il tenait.

— Tu n’attires que des ennuis, Amaranthe, halte-t-il.

— Je suis désolée, ce n’est pas volontaire.

Il grimace de douleur et se masse l’arrière de la tête. Je me précipite aussitôt vers lui pour m’assurer que tout va bien et j’entends tout à coup un cor sonner, assez proche de nous. Lorsque je tourne la tête, j’aperçois plusieurs flambeaux allumés, les ombres d’une cinquantaine de silhouettes. J’entends également des chevaux s’ébrouer. La rive est juste là et nous avons droit à un comité d’accueil. J’espère que nous n’avons rien à craindre de ces gens-là, je commence à en avoir marre de fuir constamment.

Lorsque nous arrivons sur la rive, j’aperçois Toriel qui se jette dans mes bras en hurlant mon nom. Je n’en reviens pas. Abasourdie, je la serre contre moi.

— Toriel ? Mais comment… ?

— L’équipe de secours. Elya l’a appelée, ils nous ont retrouvés et nous sommes ensuite partis à votre recherche. Je suis tellement contente que tu sois en vie !

— Moi aussi…

— Vous n’avez pas eu trop d’ennuis pendant le trajet ?

Elle se détache de moi et zieute en direction d’Elya qui se fait examiner sûrement par le médecin du groupe de soldats. Il ne daigne même pas lui adresser un regard. Je me demande même s’il va continuer de se montrer aussi tendre avec moi qu’il l’était lorsque nous n’étions plus que deux, mais je sais pertinemment qu’il a sa fierté et une réputation à tenir.

— Quelques-uns, mais nous les avons tous affrontés, je réponds à la place d’Elya.

— Et toi, tu n’as rien ?

— Non, ça va, ne t’inquiète pas.

— Tant mieux !

Je n’en reviens toujours pas qu’ils aient réussi à nous retrouver. C’est à peine croyable ! Toriel se tient debout, devant moi, juste là, et je n’ai qu’à tendre la main pour la toucher. J’ai envie de pleurer. Je suis soulagée. Nous sommes sauvés ! Maintenant, le trajet va être plus agréable, reposant et sécurisé. Et plus rapide aussi, grâce aux chevaux.

— Nous avons dressé un campement un peu plus loin, me prévient Toriel. Et comme il fait nuit, il est grand temps pour toi de te coucher ! Surtout que tu as une mine affreuse et Elya aussi.

— Nous avons très peu mangé ces deux derniers jours, et à peine dormi.

Elle affiche une mine inquiète et je me sens aussitôt dans l’obligation de la rassurer. Parfois, j’ai l’impression d’avoir affaires à une petite fille, mais elle est tellement adorable que je ne peux rien lui refuser.

— Mais nous avons pris soin l’un de l’autre, sois rassurée. Elya est aussi têtu que toi, au passage.

Elle me pousse en direction du campement et Elya nous emboîte le pas. Les soldats referment la marche derrière nous.

— Elya a pris soin de toi ?

— Il me devait bien ça, je lui ai sauvé la vie.

Aussitôt, Toriel arque les sourcils et, encore une fois, je me sens obligée de lui fournir des explications.

— Un bâton lui transperçait l’épaule suite au tsunami. Je l’ai retiré et guéri, mais je crois qu’il s’en est fallu de peu.

— Il est résistant. Et puis Shou l’a sûrement aidé à guérir.

Oui, Shou. À ce propos, où se trouve-t-il ? Je baisse la tête et le vois qu’il trottine à côté de moi en haletant. Sa langue pend dans le vide, mais il semble content.

— Vous devez avoir soif et faim, en conclut Toriel en le voyant. Le repas est déjà prêt, tu devrais manger un morceau avant d’aller te coucher.

— Avec plaisir !

Je ne mange pas le repas que me sert Toriel, mais je le dévore en quelques bouchées à peine, aux côtés de Shou et Elya. Je vois bien les regards furtifs que me jette Elya, remplis de ce dédain que j’ai toujours connu au début de notre relation. Shou, lui, m’ignore royalement et s’abreuve abondamment, puis mange goûlument.

Quand il est l’heure pour moi de me retirer, il n’y a déjà plus grand monde dans le camp. Toriel est partie se coucher depuis un moment déjà. Je pensais qu’elle aurait voulu rester un peu auprès de moi pour discuter et que je lui raconte tout dans le moindre détail. Lorsque j’entre dans la tente, un bruit me fait sursauter alors que je me déshabille. Je m’empresse de cacher ma poitrine, affolée, mais ce n’est que Shou. Il ne reste plus aux côtés de son maître et semble davantage apprécier ma compagnie. Je souris et enlève les derniers vêtements. Au moment de me glisser dans les draps du lit, le rabat de ma tente se soulève et Elya fait irruption. Stupéfaite, je le dévisage.

— Tu as quelque chose à me dire ?

— Pas spécialement.

Il commence alors à retirer ses bottes et son haut et je le regarde faire, bouche bée.

— Mais… Mais qu’est-ce que tu fais ?

— Ça ne se voit pas ? Je me déshabille.

— J’avais remarqué, merci. Tu dors ici ?

— Oui.

Je rougis jusqu’à la racine des cheveux et sens mes joues me brûler et une désagréable chaleur m’envahir. Je n’avais pas imaginé un tel scénario. Du moins, pas si tôt. Je suis encore sous le choc. Pourtant, Elya se déshabille et s’allonge tranquillement à mes côtés, comme si de rien n’était. Je sens son bras m’envelopper, son corps se coller au mien, sa peau contre la mienne et son souffle brûlant caresser mon épiderme. C’en est troublant. Et enivrant. Terriblement enivrant. Grisée, je me colle un peu plus contre lui et ferme les yeux. J’aime être dans ses bras. C’est un peu comme s’il créait une énorme enveloppe de protection autour de nous.

Après les deux jours que nous avons vécus, l’épuisement me terrasse rapidement et je m’endors sans aucune difficulté.

— Mmrrow !

C’est le ronronnement de Shou et sa langue rugueuse sur mon visage qui me réveillent. Je grommelle et ouvre les yeux, me les frotte et m’étire. Shou me gratte le visage et je me recule pour éviter ses griffes acérées une fois de plus. Je sens alors la toile tendue de la tente dans mon dos et me retourne vivement. L’espace derrière moi est vide. Elya n’est plus dans la tente et ses vêtements ont disparu eux aussi. J’affiche une moue boudeuse.

Je me demande s’il va un jour accepter de s’afficher en public avec moi, car j’ai bien l’impression qu’il s’efforce de rester le plus discret possible vis-à-vis de notre situation, comme s’il ne voulait pas être remarqué. Suis-je donc une honte ? Suis-je si lamentable qu’il se refuse à se montrer à mes côtés ?

Je préfère ne pas y penser, m’empresse de m’habiller et retourne près du feu de camp où je me tenais la veille pour manger. Les soldats commencent déjà à démonter les tentes, mais d’autres mangent ou se parent simplement de leur armure. Toriel est déjà sur les lieux et engloutit un bol de… En fait, je ne sais pas vraiment ce qu’il y a dedans, mais je préfère ne pas le savoir.

— Sers-toi, me dit-elle en désignant le chaudron.

Magnifique, je vais donc devoir manger cette espèce de bouillie brunâtre étrange et visqueuse. Elle n’a pas franchement l’air appétissant, mais je dois faire avec.

— Tu as bien dormi ?

— Bien mieux que ces derniers jours. Où est Elya ?

— Avec le chef du régiment, ils décident du chemin que nous allons emprunter pour atteindre Septuna. Pourquoi ?

— Comme ça…

Je sais bien que je n’ai pas franchement l’air crédible et c’est précisément à cause de ça que Toriel me dévisage. Je fais mine de ne pas l’avoir remarquée et me sers un bol de ce truc bizarre. Je renifle et grimace. L’odeur est abominable. Je suis incapable de savoir à quoi elle se rapproche exactement, mais elle parvient à me couper l’appétit en un rien de temps.

— Amaranthe, est-ce qu’il s’est passé quelque chose avec Elya ?

— Non, rien du tout…

Nous avons juste échangé quelques baisers langoureux qui m’ont toujours laissée pantelante. Sinon, toi ça va ?

J’avale prudemment une cuillère de ce que je vais appeler une gelée, comme si je craignais qu’elle ne veuille me tuer. Quand la nourriture effleure ma langue et mon palet, mon estomac se noue et je me penche violemment pour tout recracher. Je ne suis pas contre la nouveauté et je ne suis vraiment pas difficile avec la nourriture. J’ai déjà mangé du chinois, du japonais, du mexicain, de l’indien et j’en passe, mais là c’est épouvantable. Ce truc est à vomir et j’ignore comment Toriel fait pour en manger une seule bouchée.

— Amaranthe, tu dois manger pour reprendre des forces. Tu as maigri depuis la dernière fois, je trouve.

— Je ne peux pas. Ce truc c’est… C’est une atrocité !

— C’est la spécialité du coin, tout le monde adore le Kornoug !

— Parce que ce machin porte un nom ?

— Absolument !

Je pose mon bol par-terre et Shou se fait une joie de le dévorer à ma place. Heureusement qu’il est là. Qu’est-ce que je ferais sans lui ? Je préfère clairement mourir de faim plutôt que d’avaler ce truc.

— C’est assez drôle, mais Mélisandre déteste aussi le Kornoug. J’ai l’impression que c’est propre aux humains.

Mélisandre… Je l’avais presque oublié !

— Il est encore en vie ? Il est ici ?

— Bien sûr qu’il est encore en vie ! Quelle question stupide… Et oui, il est ici.

— Je ne l’ai pas aperçu hier.

— Il dormait déjà, il était épuisé. Nous avons marché rapidement pour vous rattraper.

Je vois ça. Pourtant, de ce qu’Elya m’en a dit, ce continent est immense. Comment savaient-ils quel chemin nous allions emprunter ? Oh, et puis après tout peu importe. Ils sont là et c’est le plus important.

Quand on parle du loup…

Mélisandre s’approche et prend place à nos côtés, puis désigne le plat de Kornoug avec un air amusé.

— Je vois qu’il a eu du succès.

Toriel le secoue gentiment par l’épaule. Moi, je ne peux m’empêcher de dévisager la blessure qui lui barre son œil gauche. Ce n’est pas très beau à voir, mais elle semble être en bonne voie de guérison. Cependant, je pense qu’il sera marqué à vie.

— Comment est-ce que…

— Oh, c’est mon trophée pour avoir survécu au tsunami.

Je déteste ce mot et j’espère ne plus jamais l’entendre. C’était une expérience traumatisante et j’espère ne plus avoir à la revivre. Jamais.

Une heure plus tard, le camp est complètement démonté et nous reprenons tranquillement le route. Elya est en tête, avec Mélisandre à ses côtés. Moi, je préfère rester en retrait et Toriel me tient compagnie, avec Shou.

— C’est étonnant qu’Elya ne le réclame pas, dit-elle. Pourtant, c’est son animal de compagnie préféré et il ne supporte pas de le voir avec d’autres personnes que lui.

— Il a beaucoup à faire et à penser, il ne peut pas être là pour tout le monde, je lui dis.

— Peut-être…

Pourtant, elle ne semble pas spécialement convaincue et je la surprends même en train de me dévisager encore. Oh, bon Dieu, je crois que je vais y avoir droit. Elle commence à me soupçonner et si Elya veut préserver notre secret, j’ai plutôt intérêt à être meilleure menteuse.

— Toriel, il ne s’est rien passé. Hormis une dispute. Je ne supporte pas la façon dont ton frère me traite…

— Il pourrait avoir plus de tact si déjà tu lui as sauvé la vie !

— Ce n’est rien, j’ai l’habitude.

— Non mais pour qui il se prend ? Je vais aller lui parler, moi !

— Toriel, non !

Je n’ai pas le temps de la retenir qu’elle galope en direction de son frère. La bourde. Il va me haïr ou me tuer. J’enchaîne encore les catastrophes, c’est un don inné chez moi.

Pourtant, ce n’est pas le regard assassin que me lance Elya ni les remontrances de Toriel quand elle le voit me fixer avec autant de haine qui m’interpellent, mais plutôt le paysage qui nous entoure. Nous venons de pénétrer dans une large allée bordée par les plus hauts arbres que j’ai jamais vu. Et leur cime est si dense, si touffue et si vaste qu’elle forme un dôme au-dessus de nos têtes, nous protégeant d’éventuelles averses. Le sol que nous foulons est lui aussi très verdoyant. Des oiseaux volent d’un coin à l’autre, des lapins traversent parfois le chemin. Et contre toute attente, malgré l’ombrage produit par les arbres, il ne fait pas froid. J’irais même jusqu’à dire qu’il fait chaud, en vérité. Un peu comme dans une serre.

Le visage empourpré par la colère, Toriel revient vers moi. Je la sens encore énervée, tendue, mais je ne sais pas vraiment quoi lui dire.

— Il est vraiment agaçant, parfois, grommelle-t-elle.

— Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

Je suis curieuse, mais je risque pourtant de le regretter, je crois. J’aurais mieux fait de me taire.

— Monsieur n’a pas envie de s’étendre sur le sujet et estime qu’il n’a pas de compte à me rendre. Il est adulte et se conduit comme il lui plaît. Je suis désolée, Amaranthe, qu’il te déteste à ce point. Moi je t’adore, j’espérais que lui aussi.

L’image du médicament me revient immédiatement quand je vois sa mine déçue et je m’empresse de saisir sa main.

— Je t’adore Toriel, ne t’inquiète pas pour mes relations avec Elya. Je peux gérer ça toute seule. Tant que tu es avec moi, tout va bien.

— C’est vrai ?

— Absolument.

— Tant mieux. Un moment, pourtant, j’ai cru qu’il t’appréciait assez pour annuler son mariage avec cette empotée de Stella. Une sale peste hypocrite. Un mariage d’alliance, mais mon père aurait pu choisir quelqu’un d’un peu mieux pour Elya. Il lui donne déjà tout son temps et son énergie, mais en plus il est obligé de supporter cette affreuse vipère. Sans Elya, je ne sais pas ce que son père ferait. Il a de lourdes responsabilités, d’énormes responsabilités, et il n’arrive pas à tout gérer. Elya l’aide sans jamais rien demander en retour, alors il pourrait au moins lui laisser choisir sa future épouse !

Je me suis arrêtée à Stella. Le choc est énorme en vérité. Voilà pourquoi Elya refuse que nous soyons vus ensemble. Voilà pourquoi il me repoussait au début… Dès le départ, il avait commencé à éprouver quelque chose. Seulement, les sentiments étant les plus forts, il a fini par céder. Et c’est maintenant que j’apprends qu’il est sur le point d’en épouser une autre que moi. Est-ce la raison pour laquelle il ne m’a pas touchée la nuit dernière ?

— Amaranthe, tu m’écoutes ?

— Oui, absolument !

Je me racle bruyamment la gorge et me redresse sur la selle. Toriel soupire et secoue la tête.

— Il faut être prudent ici.

— Ah bon ? C’est un endroit dangereux ? Ça n’a pas l’air…

— Oui, mais Mélisandre m’a appris un très bon dicton : « l’habit ne fait pas le moine ». Les apparences sont parfois trompeuses. Nous avions plusieurs choix d’itinéraires, nous voulions emprunter un itinéraire potentiellement dangereux mais avec ce qui s’est passé quand tu étais seule avec Elya, nous préférons utiliser celui que jamais personne ne fréquente à cause du danger qu’il représente.

— Ah, votre but est donc de nous tuer Mélisandre et moi ? Il fallait le dire depuis le début !

Ma réplique la fait sourire et je lui retourne le sourire. C’est la première fois que je parviens à faire rire quelqu’un. Habituellement, on me reproche toujours d’avoir un humour vaseux.

— Non, nous voulons seulement nous assurer que vous arriverez à Septuna sains et saufs.

— Et alors ? Qu’avons-nous à craindre de cet endroit ?

— À peu près tout.

Quoi ? Même des adorables petits lapins qui nous regardent avec un air aussi adorable ? Même ces plantes aux couleurs chatoyantes ? Non, c’est impossible. Cet endroit me paraît bien trop féerique pour qu’il représente un danger.

Si tôt que ces pensées ont osé franchir mon esprit, une étrange poudre d’un rose pâle envahit rapidement l’espace.


Texte publié par Nephelem, 12 juillet 2017 à 09h13
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