C’est la lumière du soleil et le chant des oiseaux qui me réveillent. J’ouvre les yeux et me détache lentement d’Elya. Il n’a pas bougé de la nuit. En revanche, il transpire. Je pose ma main sur son front pour confirmer mes craintes. Il est fiévreux. Ses joues sont rouges et sa bouche entrouverte. Je l’entends respirer rapidement. Son état s’est dégradé, ce n’est pas très bon signe. Je défais alors le bandage et mes gestes réveillent Shou qui dormait paisiblement à côté de moi. Une fois le bandage enlevé, je soulève un peu les compresses. L’odeur qui se dégage de la plaie n’est pas très agréable, mais elle pourrait être pire, j’imagine. Elle a commencé à s’infecter et je n’ai rien pour nettoyer. Rien, hormis l’eau de mer.
Il me reste encore quelques compresses et je les prends pour les tremper dans l’eau. J’en détache une du paquet que je tiens pour nettoyer le sang et désinfecter, avant de poser les autres sur la blessure. Une fois fait, je remets en place le bandage. Pendant tout ce temps, Shou m’a regardé faire sans rien dire, plutôt curieux. Je lui adresse un petit sourire.
— Ton maître va guérir, ne t’en fais pas.
Je ne suis même pas certaine de ce que j’avance, mais j’espère sincèrement ne pas me tromper. J’ouvre une autre noix de coco jaune pour en boire quelques gorgées, puis j’en fais boire à Elya avant de verser le reste dans le petit récipient dédié à Shou. Il lape aussitôt. Je ne sais pas quand les secours vont arriver ni même s’ils vont réussir à nous trouver. Nous ne sommes plus tout à fait au même endroit signalé par Elya. Autrement dit, nous sommes mal barrés. Des brigands pourraient débarquer à tout instant. Je n’ai même plus mon arc. Il faudrait peut-être que je fouille le reste de la plage à la recherche d’autres objets qui pourraient servir.
— Shou, surveille Elya, d’accord ? S’il y a le moindre souci, tu… tu aboies.
Je ne suis même pas sûr que ses glapissements soient vraiment des aboiements, mais je ne sais pas comment appeler ça. Heureusement, il me comprend malgré tout et se met au garde à vous. Il est très fidèle.
Je lui fais un signe et m’éloigne.
Je ne reviens que deux heures plus tard environ et mes recherches n’ont pas été très fructueuses. J’ai déniché une autre couverture qui va me permettre de dresser une sorte de tente au-dessus d’Elya pour le garder bien au chaud et le préserver de vents éventuels. En revanche, je ne garantis rien contre la pluie. J’ai également pu récupérer de grands bâtons pour créer la tente improvisée, ainsi qu’un livre qui va permettre d’alimenter le feu étant donné qu’il est devenu illisible. J’ai aussi récupéré quelques élastiques. Eux aussi vont me permettre de confectionner la tente en maintenant le drap sur les bâtons sans qu’un vent ne vienne tout démonter. Sinon, il y a principalement des restes d’armures, des lances brisées, des casques fendus, des épaulettes ébréchées… Je récupère quelques morceaux, ne sait-on jamais des fois que j’aurais à affronter un ennemi. Enfin, j’espère que ça n’arrivera pas.
Je reviens vers le camp, abattue, et dépose le tout près d’Elya puis commence à dresser la tente. Il me faut environ une heure pour réussir à la faire tenir et je commence à être affamée. Il ne reste plus rien de l’écureuil que Shou a ramené hier, je dois trouver autre chose. Il faut que je trouve quelque chose à manger.
Tout à coup, une idée me traverse l’esprit, mais je suis trop éloignée de l’emplacement et je refuse de laisser Elya seul pendant plus de quatre heures. Un Bulloque, ça doit être mangeable j’imagine. Peut-être y en a-t-il dans la mer ? Je suis sûre qu’ils ne sont pas particulièrement rapides, les attraper devrait donc être assez facile.
Je prie silencieusement et m’avance vers la mer, puis plonge dans l’eau. J’ouvre les yeux. L’eau est encore sombre, il y a pas mal de débris, de petits morceaux de branches, des feuilles, et d’autres choses que je ne suis pas en mesure d’identifier. Je n’y vois pas grand-chose mais, parfois, il me semble apercevoir une petite ombre qui s’agite. Il y a donc de la vie. Les Bulloques doivent sûrement se trouver au fond ou sur les rochers je pense. C’est donc ce que je regarde en premier et j’en trouve un… mort. Sa coquille est brisée, il a dû se retrouver dans le tsunami et être emporté par les vagues, se cogner contre un rocher. Sa mort est plus utile qu’il ne pourrait le croire.
Je le prends avec moi et retourne au petit campement, puis allume un feu et suspends le Bulloque. J’attends patiemment à côté, le temps de me réchauffer et me sécher. J’ignore combien de temps il faut à ce truc pour cuire ni même s’il y avait une étape à suivre avant de le mettre sur le feu, mais je suis trop affamée pour y penser et même vouloir le faire. Shou attend lui aussi.
Mon regard se dirige inconsciemment vers Elya. Il est encore en trop mauvais état pour avaler quoi que ce soit. Pourtant, ça ne pourrait pas lui faire de mal et peut-être même l’aider à reprendre des forces pour mieux lutter contre la fièvre. Je pourrais éventuellement prémâcher du Bulloque et le mélanger avec le jus tropical, mais j’ai bien peur que ça ne fasse un drôle de mélange. Bien que, dans son état, je doute sérieusement qu’il s’aperçoive de quoi que ce soit.
— Qu’est-ce que tu en penses, toi, Shou ? je demande alors en me tournant vers lui.
Il baisse les oreilles et me regarde fixement. Je sais qu’il ne me comprend pas puisqu’il ne sait pas de quoi je parle, mais l’idée ne me quitte plus.
Depuis le temps, une heure s’est écoulée et le Bulloque ne commence même pas à dorer. En revanche, une étrange odeur s’échappe de lui. C’est assez répugnant. Je prends un bâton et le plante dedans pour tenter de voir si c’est cuit ou non, mais malgré ça je n’arrive pas à déterminer. Le tout, je suppose, est d’éviter que ça devienne aussi dur que de la semelle. Je le retire du feu, en coupe un petit morceau et le remets au-dessus du feu, puis hésite longuement. Ça n’a pas l’air très ragoûtant. À la base, je ne suis pas très fan des escargots, aussi petits soient-ils. D’aspect, je trouve ça écœurant. La texture ne me plaît pas non plus et le goût est très étrange. Alors là, devoir affronter mon dégoût pour manger cette chose en version mille fois plus grande…
J’inspire profondément et enfourne le morceau dans ma bouche. Mon estomac se soulève et avant de vomir, je préfère cracher le morceau dans le sable. Shou se jette immédiatement dessus et le fait que le Bulloque ne soit pas totalement cuit ne lui pose manifestement pas de problème.
— Il faut combien de temps à ce machin pour cuire ? je soupire.
Je coupe deux autres morceaux pour Shou et nous buvons à nouveau. Je décide d’aller chercher de nouvelles noix de coco pour avoir encore assez de provisions. C’est incroyable comment tout est calme et je m’estime assez chanceuse de ne pas faire encore de mauvaises rencontres. Il faut un peu de chance dans le malheur, d’autant qu’un tsunami ce n’est pas rien. Vraiment pas rien. Je me demande encore comment j’ai survécu. C’est sûrement grâce à la magie. Je n’ai pas tout compris, mais je suis quasiment sûre que c’est elle qui m’a sauvée.
Elya s’agite nerveusement et commence à bafouiller, mais je ne saisis pas un traître mot de ce qu’il marmonne. Il doit sans doute délirer. Le pauvre. J’aimerais tellement pouvoir faire quelque chose pour lui, l’aider à guérir plus vite, mais je ne vois vraiment pas ce que je peux faire de plus. Il est à l’ombre, il a une couverture, je le fais régulièrement boire, je place un linge humide sur son front, je vérifie souvent sa plaie, et elle cicatrise bien. Je crois qu’il n’y a rien d’autre à faire. J’attends encore deux heures devant le Bulloque et décide enfin de goûter. Cette fois, je peux estimer qu’il est cuit, bien que la cuisson la plus adaptée pour un Bulloque doit probablement être à la vapeur, accompagné d’une petite sauce. Malgré tout, je parviens à manger et prépare la mixture étrange pour Elya. La couleur me coupe littéralement la faim, puis je tente d’en faire avaler à Elya. Ça passe tout seul. Il avale machinalement en bredouillant entre deux gorgées. Heureusement qu’il est dans les vapes, sinon il vomirait, me maudirait et m’assommerait peut-être. Moi-même je crois que je n’aurais jamais bu un truc dont l’odeur est aussi atroce, mais il faut qu’il ait quelque chose dans l’estomac.
La journée se termine tranquillement et le soir venu, je rejoins Elya dans la tente pour dormir au chaud puisque dehors il fait un peu plus frais. Le lendemain matin, c’est un fredonnement qui me réveille. Je tourne machinalement la tête. Elya est encore à mes côtés. Sa fièvre a baissé, il semble plus serein et calme, mais il n’est pas réveillé. Il dort encore.
J’ai l’impression que mon cœur rate un battement et je sens un frisson me parcourir l’échine. Shou relève la tête et ses oreilles se dressent, mais je lui fais signe de se taire et sors mon couteau.
J’ai peur. Je suis complètement terrifiée à l’idée d’être en présence de quelqu’un. Je voudrais rester planquée ici, mais le problème c’est que la présence d’une tente, surtout sur une plage, signifie qu’il y a forcément quelqu’un à l’intérieur. Alors je prends mon courage à deux mains et soulève le rabat, complètement terrorisée et paniquée. Je ne suis pas préparée à ça et je ne suis pas non plus armée. Je tourne la tête et aperçois trois hommes. Quand ils me voient, ils se figent, me détaillent, et un sourire fend leur visage. Ils parlent, mais je ne comprends rien à ce qu’ils disent. Il n’y a personne pour m’aider, cette fois. Pas même pour traduire leurs mots.
— N’approchez pas ! je hurle en tendant mon pauvre petit couteau devant moi.
Ils dégainent leur épée et je blêmis. Trois épées contre un couteau, ce n’est pas terrible. Je ne pense pas avoir une chance contre eux. Je le lâche et lève les mains. Ils s’approchent et me ligotent alors que Shou sort en trombe de la tente pour leur aboyer dessus. Ils sourient, rigolent, et l’un d’entre eux lui donne un coup de pied.
— Non, arrêtez ! je crie. Laissez-le tranquille, s’il vous plaît !
Shou retourne dans la tente en chouinant, et les trois intrus n’ont pas le réflexe de regarder à l’intérieur. Ils doivent supposer que je suis seule et que ce campement n’appartient qu’à moi. Heureusement. Au moins, il y en aura peut-être un qui pourra se sortir vivant de ce pétrin.
L’un des hommes, je suppose qu’il doit s’agir de Cereusians, me pousse et je tombe dans le sable. Je m’assois un peu plus confortablement et je les regarde en tentant de garder mon sang-froid. Ce n’est pas évident. Ils voient les noix de coco et le Bulloque, puis me lancent un regard impressionné, coupent un morceau de Bulloque et commencent à manger. Ils sont en train de diminuer le peu de provisions que je suis parvenue à rassembler pour ma propre survie et celle d’Elya. S’ils terminent tout, je ne vais plus rien avoir et j’ignore où chercher.
Aujourd’hui, ce n’est pas mon jour de chance, mais parler ne va servir à rien. Ils ne vont pas me comprendre.
Ils discutent entre eux, braillent, rient à gorge déployée, toussent, chantent, boivent comme des trous, bref ce n’est pas très joli à voir. Souvent leur regard dérive jusqu’à moi, mais il y a une étrange étincelle qui brille au fond de leurs yeux. Je préfère ne pas savoir à quoi ils pensent, mais il y a des risques que je passe un sale quart d’heure. Il faut que je trouve un moyen de m’échapper, éventuellement défaire ces liens. Ils ont pris mon couteau et leur épée reste suspendue à leur ceinture. Alentours, il n’y a aucun autre objet tranchant.
Je suis assez habile, je peux éventuellement me lever et courir dans la forêt, j’ai peut-être une chance. Ils n’ont pas l’air très sportifs. Je ne le suis pas non plus, mais je peux toujours tenter.
Shou commence tout à coup à chouiner et les autres se tournent vers la tente. Non, Shou, arrête ça tout de suite ! Arrête où ils vont voir Elya ! Je devrais peut-être faire diversion, pourtant quand je vois l’un des types se lever, mes jambes sont comme paralysées. Je suis incapable de bouger ou de regarder autre chose que la tente. Il sort son épée, me lance un regard éloquent, puis soulève lentement le rabat de la tente. Elle est vide. Même Shou a disparu. Elya n’est plus là. Il n’est plus là ! C’est le moment où jamais. Je le laisse retourner près de ses amis, ranger son épée et se rasseoir. À peine s’est-il assis que je me lève comme une furie pour courir en direction de la forêt.
Je les entends beugler derrière moi et j’ai même l’impression de les entendre s’emparer de leur épée. Je cours à perdre haleine, les mains liées dans mon dos et le cœur battant à tout rompre. Je prie intérieurement pour ne pas tomber et il faut croire que je suis plutôt douée pour éviter les obstacles, sauf ceux qui viennent de derrière.
Je sens un objet dur heurter ma tête et je m’affale de tout mon long dans la boue et les feuilles mortes. Complètement groggy, je recrache un peu de terre que j’ai accidentellement avalée et tente de me relever, mais un pied m’écrase tout à coup, tant et si bien que j’en ai le souffle coupé.
J’aperçois la lame d’une des épées approcher de ma joue et une voix rauque me susurrer quelques mots incompréhensibles à mon oreille. Le tranchant de la lame me coupe et je grimace, sens quelques larmes monter à mes yeux.
— S’il vous plaît, détachez-moi, libérez-moi ! Je vous en supplie, arrêtez !
Je me refroidis quand je sens une main sur ma cuisse remonter lentement, puis un cri fend l’air et je sens le poids du pied qui m’écrasait disparaître, la main qui me caressait se lever. J’entends un bruit de fer qui s’entrecroise et je me retourne. C’est Elya. Il est armé d’une épée, mais où est-ce qu’il l’a dégotée ? Shou est là lui aussi et s’acharne sur un des types. Je remarque alors qu’il n’a plus son épée. L’effet de surprise l’a sûrement poussé à la lâcher. Elya semble être en bien meilleure forme. Je suis à la fois soulagée mais encore sous le choc. Je me recule jusqu’à un tronc d’arbre et regarde Elya combattre les brigands avec force et acharnement. Trois types à peine entraînés, qui considèrent leur épée davantage comme un jouet, n’ont absolument aucune chance contre un guerrier de la garde royale entraîné depuis plusieurs années. Le combat s’achève sans trop de difficulté et Elya retire son épée du dernier cadavre en poussant celui-ci de son pied, puis essuie l’épée sur ses vêtements, avant de me regarder.
— Merci, je bafouille, la voix tremblante.
Je suis incapable de dire quoi que ce soit, pas même de lui demander par quel miracle il a guéri aussi vite. Hier encore, pourtant, il délirait complètement.
— Les Nerhak ont un pouvoir cicatrisant sur les petites blessures et la guérison de ma plaie était bien avancée, dit-il comme s’il avait lu dans mes pensées. Il s’est acharné sur mon bandage pour l’arracher et j’ai entendu en quelle charmante compagnie vous étiez.
— Charmante ? j’explose soudainement alors que les larmes coulent. Vous appelez ça charmante ? Ils m’ont menacée, ligotée, ils ont sûrement dit des insanités sur moi et ils voulaient… ils voulaient me… ils voulaient…
Je sanglote, incapable d’achever ma phrase. Elya s’empresse de réduire à grandes enjambées la distance qui nous sépare. Il s’agenouille près de moi et caresse ma joue, sans me quitter du regard.
— C’est terminé. Je suis arrivé à temps, vous voyez.
Oui, je vois. Mais ça n’est pas passé loin.
Il me libère et j’essuie rapidement mes larmes, gênée qu’il me voit dans un tel état. Je déteste pleurer devant les autres, mais trop c’est trop.
— En tout cas, je suis impressionné. Vous avez su vous débrouiller sans moi pour survivre…
— Oui, jusqu’à ce que ces connards arrivent !
Je n’ai pas pu m’en empêcher. Heureusement, Elya n’a pas compris l’insulte, mais je pense qu’il n’est pas dupe. Il me jette un regard circonspect.
— Nous devrions y aller.
— Il faut récupérer quelques affaires, j’ai retrouvé mon sac.
— Bonne idée.
Nous rebroussons chemin pour récupérer quelques affaires avant de nous mettre en route. Cet endroit n’est désormais plus très sûr. Je sens souvent le regard d’Elya sur moi, mais je préfère ne pas le regarder en retour. Je crains d’y lire à nouveau de la colère ou encore de la déception, de l’exaspération, du désespoir… Tout ce qu’il m’a fait connaître durant mon séjour en Sylphiade. Je ne comprends pas d’où lui est venu cette colère, mais j’espère qu’elle s’est effacée.
Un lourd silence s’est installé entre nous et aucun de nous ne parle. Et malgré la gêne que je ressens et le malaise qui m’envahit, je ne me sens pas prête de m’exprimer. Je n’ai pas franchement envie de faire mauvaise impression encore une fois, je suis déjà un fardeau pour lui. À cause de moi, il est obligé de me conduire dans sa demeure familiale pour me mettre en sûreté. J’espère qu’il ne va rien se produire de malencontreux, nous ne sommes plus que deux.
— Vous êtes silencieuse, Amaranthe.
— Je n’ai rien à dire.
Je trébuche sur une branche et il me retient. Je le remercie et nous reprenons notre route.
— Ok, vous êtes fâchée ?
— Non, pourquoi devrais-je l’être ?
Il m’oblige alors à m’arrêter et, malgré moi, j’ancre mon regard dans le sien. Ses yeux sont incroyables, si lumineux et si intenses. Mon cœur s’emballe et mes mains deviennent moites.
— Vous semblez contrariée…
— Ce n’est rien…
— Amaranthe, arrêtez de mentir. Je ne suis pas stupide et je sens qu’il y a quelque chose qui vous chagrine.
Je ne vais donc pas pouvoir contourner le sujet, il est trop malin et trop perspicace pour ça. Et même si je trouvais une excuse vaseuse, je pense qu’il décèlerait sans problème un nouveau mensonge. Je soupire et grimace. Il va probablement me trouver ridicule, tant pis. Il veut connaître la vérité, alors il va l’avoir.
— Pourquoi étiez-vous en colère contre moi en Selphiade ?
Ma question semble l’étonner, car je le vois arquer les sourcils. Il ne va quand même pas me dire qu’il n’était pas en colère ! Il semble réfléchir et puis sourit.
— Vous avez dû confondre ma colère avec de l’exaspération.
— Pourquoi étiez-vous exaspéré ? C’est à peine si vous m’adressiez la parole ou me considériez ! Je sais que je suis une étrange créature venue d’un autre monde et que vous étiez méfiant, mais je vous ai prouvé qu’il n’y avait rien à craindre de moi ! Et je n’y suis pour rien si c’est vous qui avez monté les enchères aussi haut !
Son regard s’attendrit et je me sens littéralement fondre. Non, arrête ça Elya. Mes yeux se baissent alors vers ses lèvres.
Oh, bon Dieu, je crois que Toriel avait raison ! J’éprouve des sentiments pour lui, pour une créature qui n’est pas humaine ! Est-ce malsain ? Est-ce normal ? Je me sens idiote et honteuse
— Si je ne vous adressais pas la parole et si j’étais exaspéré, c’est parce que j’étais incapable de vous comprendre et vous de me comprendre.
— Toriel a fait des efforts pour que la communication passe entre nous.
— Je voulais pouvoir m’adresser à vous le jour où je maîtriserais parfaitement votre langue.
— Pourquoi moi ?
— Votre regard.
— Ce n’est même pas mon origine étrangère ?
— Que vous soyez humaine ou non je n’en n’ai rien à faire.
J’ai l’impression qu’il s’agit d’une déclaration d’amour un peu maladroite. Est-ce que je me trompe ? J’ai envie de me jeter dans ses bras et l’embrasser, mais je crois que ce serait mal me comporter. Je ne sais plus quoi dire face à cet aveu et je reste figée sur place. Les mots ne veulent pas sortir.
Elya prend délicatement mon visage en coupe entre ses mains et approche doucement ses lèvres des miennes. Elles s’effleurent en un baiser léger. Je tremble et mes jambes deviennent du coton. Je ferme les yeux et entrouvre légèrement mes lèvres pour répondre à son baiser. Je sens son souffle chaud sur ma peau, sa bouche qui écrase la mienne en un baiser plus langoureux, ses mains froides qui maintiennent mon visage. J’ai l’impression que je vais tomber dans les vapes. Je dois rêver.
Oui, c’est ça. Je dois rêver.
Lorsqu’il se détache de moi, en me laissant pantelante, il me semble que quelques secondes à peine se soient écoulées. Shou glapit à nos côtés en remuant joyeusement la queue. J’ai peine à croire ce qu’il vient de se passer. Elya m’a embrassée. Un membre royal m’a embrassée, moi, Amanda, pauvre petite humaine dépourvue de toute qualité.
— Nous devrions nous remettre en route, me suggère-t-il.
— Oui.
Cette fois, il me tient la main, et tandis que nous marchons, je m’interroge à son sujet. Qu’est-ce qu’il peut bien trouver chez moi ? Qu’est-ce qui l’attire autre que mon regard ? Après ma dernière expérience, je pensais pouvoir faire une croix sur l’amour, et voilà que j’atterris dans un autre monde et rencontre un homme absolument fabuleux et hors du commun. J’espère qu’il ne va pas regretter son choix. Il faut que j’arrive à sa hauteur pour ne pas le décevoir. Je dois y arriver, c’est une question de vie ou de mort.
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