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tome 1, Chapitre 5 « Ce doux rêve » tome 1, Chapitre 5

Le lendemain matin, lorsque je me réveille je découvre Shou à mes côtés. Il forme une petite boule de poils et sa queue est enroulée tout autour de lui. Il dort paisiblement. Il est si beau, si mignon. Je tends la main pour le caresser et il émet une sorte de ronronnement en frottant sa joue contre la paume de ma main, les yeux toujours fermés. Pourtant, un détail m’interpelle. Comment est-il entré ? Lorsque je me retourne, je constate que la porte de ma chambre est encore fermée. La fenêtre également. Mais la robe que je tenais contre moi en m’endormant est suspendue à la porte de l’armoire, mes sacs ont disparu, tout a été rangé soit dans l’armoire, soit sur la coiffeuse. Je n’ai pas été changée, mais quelqu’un a pris soin de me couvrir des draps du lit.

Je me sens dorlotée. J’en ai chaud au cœur. Je me relève et décide de porter la robe offerte par Elya. Je dois lui faire cet honneur car, après tout, il a dépensé une petite fortune pour cette robe. En vérité, depuis que j’ai atterri dans ce monde, je crois qu’il a dû dépenser énormément d’argent. Je lui coûte excessivement cher et ce n’est que maintenant que je le réalise. Un sentiment de honte et de culpabilité pèsent sur mon cœur, rapidement effacés lorsque je sens l’étoffe de la robe sous mes doigts. Habituellement, je me sens plus à l’aise dans un jean et un t-shirt mais… Je ne sais pas trop, elle m’a attirée. Elle est ravissante. Elle a quelque chose qui me sublime.

Je retire la robe que je porte actuellement pour enfiler l’autre, mais nouer le lacet derrière mon dos toute seule est une tache impossible à réaliser. J’ai beau me tordre, être souple et gymnaste, je ne peux pas tirer le lacet et former un joli nœud sans me briser un bras. Heureusement, Toriel entre et quand elle me voit si désespérée à tenter de m’habiller toute seule, elle vole à mon secours. Elle serre avec force le corset et j’ai l’impression d’étouffer sous le coup. Une fois fini, elle s’écarte de moi et je peux contempler mon reflet. C’est à peine si je me reconnais.

Toriel me fait signe de patienter et quitte en toute hâte la chambre. Que prépare-t-elle encore ? Je ne peux m’empêcher de caresser le vêtement et tente de coiffer mes cheveux avec mes doigts afin de les ordonner un peu, mais ça ne donne rien de très impressionnant. Je me dirige alors vers la coiffeuse où m’attendent quelques produits de beauté généreusement offerts par Toriel. Je m’assois et commence à coiffer mes cheveux, en fredonnant un petit air. Toriel revient, accompagnée par deux jeunes femmes. Elles amènent avec elle une énorme boîte et Toriel m’oblige à rester assise. Je ne comprends pas ce qui se passe, mais quand les deux femmes se postent derrière moi et commencent à me triturer les cheveux, je comprends alors qu’elles sont ici pour me coiffer. J’ignore si c’est réellement nécessaire. Toriel ouvre la boîte et commence à déballer le matériel en parlant rapidement, comme d’habitude.

— Doucement, doucement ! je lui dis. Qu’est-ce qui se passe ?

— Elya.

Ok, ça concerne Elya, mais alors ? Qu’est-ce qu’il y a avec lui ? Elle soupire, commence une phrase et l’interrompe pour en entamer une autre. Je vois bien qu’elle réfléchit à un moyen de me dire ce qu’elle veut que je sache, mais elle vient à peine de commencer son apprentissage et je doute qu’elle puisse s’exprimer clairement et correctement.

— Elya est… Elya est va…

— Elya est va ?

Va… comme aller ? Mais sa phrase n’a absolument aucun sens. Pourtant, elle hoche d’un signe de la tête. Elya est va. Elya est allé. Elya est parti ?

— Elya est parti ?

— Parti ?

— Oui, je pense que c’est le mot que tu cherches. Et où est-il allé ?

Elle me regarde, incrédule.

— Où-est-il-va ? je répète en articulant chaque mot.

— Brandélior.

Elle imite aussitôt un homme tenant une épée et en train de combattre. Oh, merde. Je crois avoir compris.

— Il est parti à la guerre ?

Elle acquiesce encore une fois. Il est parti. M. Grincheux est parti. Il s’en est allé combattre des forces ennemies. Il est courageux… Une multitude de questions se bouscule à mes lèvres, mais je sais que Toriel ne pourra en comprendre aucune et je dois donc sagement patienter jusqu’à ce qu’elle maîtrise parfaitement ma langue. En revanche, il y a peut-être une question, une seule, qu’elle serait éventuellement en mesure de répondre. Elle est futée, je sais que si elle ne saisit pas mes mots elle devinera mes pensées.

— Et quand revient-il ?

Elle hausse les épaules. Je n’ai même pas pu lui dire au revoir. Il n’a même pas vu la robe sur moi. Dommage. Je voulais qu’il puisse voir combien je suis éblouissante à l’intérieur, surtout que je suis entre de bonnes mains. J’aurais été réellement resplendissante et il ne peut même pas le voir.

La porte est grande ouverte, pourtant un homme prend malgré tout la peine de frapper et je remarque aussitôt l’épée suspendue à sa ceinture. Il est vêtu d’une armure. Il est beau. En vérité, il n’y a pas un seul homme que je n’ai pas croisé qui ne soit pas beau. Ils sont tous magnifiques à regarder. Je ne devrais pas dire « hommes » mais « Sylphiens » car c’est ainsi qu’ils se nomment. Ce ne sont donc pas des elfes comme je le supposais au début. Ou peut-être s’agit-il effectivement d’elfes, mais ils ne portent pas le nom que les hommes leur ont attribué. Et d’ailleurs, je préfère ce nom-là. Sylphiens. Il est plus joli, plus harmonieux à entendre.

Toriel fait rapidement les présentations.

— Amanda, Aldaron. Aldaron, Amanda.

— Amanda.

Il s’incline poliment et je m’incline en retour. Il s’adresse alors à Toriel à l’instant où Sa Majesté débarque et je rougis jusqu’à la racine des cheveux, gênée. Je ne sais plus où me mettre. Je n’ose pas croiser son regard et Toriel s’esclaffe à cause de mon comportement, puis me parle. Elle tente sûrement de me dire quelque chose et elle fait de grands signes pour imager ses paroles, mais je n’arrive pas à déchiffrer. Je n’ai jamais été douée pour les devinettes. Je cligne plusieurs fois des yeux et les regarde elle puis Sa Majesté à tour de rôle, incrédule. Elle me répète les mêmes gestes comme lorsqu’elle avait tenté, en vain, de m’expliquer sa relation vis-à-vis d’Elya. Si bien que j’avais cru qu’ils étaient ensemble. Est-ce que ça voudrait dire qu’ils ont un lien de famille ?

— C’est… C’est ton père ?

— Oui, père.

Elle opine du chef. Bien. Et donc, Elya est par conséquent son frère. Je suppose. J’éprouve un curieux soulagement avant de réellement prendre conscience de la situation. Elle est la fille du roi. J’ai été achetée par un prince. Je suis l’invitée d’une famille royale. Rien que ça. Est-ce que je dois rire ou pleurer ? M’effondrer ou être flattée ?

Tout s’explique alors. Tout cet argent qu’elle a dépensé sans compter. Ils doivent être incroyablement riches. Est-ce que j’ai seulement droit de posséder autant ? J’aurais mieux fait d’atterrir au milieu des champs, d’être trouvée par un fermier et vivre une vie morose. Je ne pense pas mériter tout ça. C’est… C’est trop. C’est beaucoup trop. Ce n’est pas mon style de vie, je n’ai jamais vécu ainsi, j’ai toujours connu la modestie. Je me suis toujours contentée de ce que l’on me donnait, et Dieu sait que l’on me donnait peu. Alors pourquoi, tout à coup, ai-je droit à autant ?

Après la discussion enflammée qu’entretiennent Toriel et son père, ce dernier donne une accolade virile au Sylphien resté avec nous, puis s’en va, escorté par quatre gardes. Aldaron se tourne alors vers Toriel pour commencer à lui parler. Il m’adresse parfois la parole, mais je ne lui accorde pas trop mon attention. À quoi cela sert-il, de toute manière ? Nous sommes incapables de nous comprendre. Je préfère regarder les deux Sylphiennes coiffer mes cheveux et me maquiller.

Je reste assise une bonne heure sur la chaise, mais le résultat est juste surprenant. Je suis méconnaissable. Époustouflante. Jamais je n’ai été aussi belle, aussi jolie. C’est peut-être la première fois que je m’apprécie autant et je ne peux m’empêcher de fixer cette splendide jeune femme dans la glace qui me regarde. Oh, Elya a vraiment manqué quelque chose, dommage !

J’aurais tant voulu qu’il me vît ainsi, sous mon plus beau jour, si resplendissante et éblouissante. Ces Sylphiennes ont su faire de moi une véritable jeune femme. Elles ont des doigts magiques. J’ai peine à y croire. Finalement, Aldaron, après m’avoir longuement détaillée du regard, est appelé et nous salue puis se retire. Sitôt parti, Toriel me donne un coup de coude dans les côtes. Elle me dit quelque chose à propos d’Aldaron, puis son regard s’assombrit légèrement et je perçois le nom d’Elya. Elle doit probablement parler toute seule. Une fois coiffée et maquillée, je quitte enfin la chambre en compagnie de Toriel et nous nous dirigeons vers la salle à manger. À l’heure où nous y arrivons, il n’y a quasiment plus personne et je peux donc manger sans me sentir de trop, ou trop mal-à-l’aise, bien que je sente quelques regards se poser sur moi. Je me sens flattée, troublée, et gênée. Surtout gênée, je crois.

Depuis que j’ai débarqué ici, si l’on omet l’épisode où j’ai été capturée et puis vendue, je vis dans un doux rêve. Tout me semble idéaliste. Incroyable. Trop beau pour être vrai. Je découvre de fabuleux paysage, fréquente d’incroyables personnes, et je suis choyée, bien entourée. Que puis-je espérer de mieux ? Le seul hic, là-dedans, c’est que je ne comprends personne et personne ne me comprend. Excepté Toriel, peut-être, bien que la communication soit malgré tout difficile.

***

Les trois semaines qui suivent, je continue de visiter et découvrir la ville, ses environs, et je poursuis l’enseignement de Toriel. Elle fait d’immenses progrès et elle est particulièrement douée pour apprendre. Je suis moi-même épatée car au terme de ces trois semaines, elle maîtrise bien la langue et je peux enfin lui parler avec plus de fluidité. Bien évidemment, il y a certains mots qu’elle n’a jamais entendu et je les accompagne parfois par des gestes quand cela m’est possible. Cependant, nous n’avons jamais eu de conversation sérieuse concernant mon arrivée dans ce monde. Elle ne m’a jamais interrogée sur mon ressenti, et jamais je n’ai encore osé lui poser des questions sur ce monde, peut-être par peur de découvrir les réponses. Je ne sais pas très bien.

Tout le temps de l’absence d’Elya, Shou est resté à mes côtés. Il ne me quitte plus d’une semelle, si bien qu’il a fallu que j’interroge Toriel pour savoir comment le nourrir. Elle a transféré ses gamelles et sa nourriture de la chambre d’Elya à la mienne.

Là , je suis assise sur le lit et je le regarde dévorer une sorte de pâté verte, attendrie. Moi aussi j’aimerais avoir un animal comme lui. Il est tellement mignon ! La porte de ma chambre s’ouvre soudainement et Toriel fait irruption, le regard alerte mais un sourire sur les lèvres.

— Elya est de retour !

Mon cœur s’emballe et je la rejoins. Nous courons jusqu’à la salle du trône et lorsque nous y parvenons, il y a déjà foule. Le père de Toriel, Arthurion, est assis sur son trône. Elya lui fait face, entouré par quelques soldats, et certains habitants se sont joints, poussés par la curiosité.

— L’ennemi a été terrassé, Sire, annonça Elya. Nous occupons actuellement Brandélior.

— Fort bien. Y a-t-il eu de nombreuses pertes ?

— Il ne reste que peu d’habitants en vie. Une bien triste nouvelle… Les Gorloggs étaient nombreux. J’ai également perdu pas mal de mes soldats.

— Des Gorloggs ? je fais en me tournant vers Toriel, étonnée.

Qu’est-ce que c’est ? Des créatures ? Elya est donc parti combattre des créatures pour sauver une ville ? C’est très brave et courageux de sa part, mais dangereux. Le nom qu’il a donné à ces créatures ne m’inspire pas confiance et j’imagine déjà quelque chose de grand, avec des yeux perçants, des crocs acérés et des griffes crochues. Je frissonne et me frictionne les bras. Arthurion affiche un air désolé et Elya courbe l’échine.

— J’ai tenté mon possible pour épargner un maximum de vie, mais la majorité des villageois étaient déjà tués ou infectés. Nous n’avons pas pu faire grand-chose. J’ai laissé une centaine de soldats derrière moi pour protéger la ville en cas d’une nouvelle attaque.

— C’est déjà la deuxième en un mois. Ils attaquent de plus en plus souvent, grommela Arthurion. Tu as fait ton possible, Elya, tu seras récompensé pour ta bravoure. Maintenant, va te reposer. Tu dois être fatigué.

— Bien, Majesté. Je vous remercie.

Sur ce, Elya s’en va mais dans la direction opposée où Toriel et moi sommes. Il ne m’a même pas adressé un regard. Toriel me fait signe de la suivre et je lui emboîte le pas. Elle sait sûrement où retrouver son frère.

Nous le retrouvons dans ses appartements où il retire péniblement ses vêtements. Toriel vient l’aider et il marmonne quelque chose. Moi, je reste contre la porte d’entrée, prête à prendre la fuite à tout moment. Je préfère me faire discrète, car j’ai l’impression de ne pas trop avoir ma place. Je ne sais même pas ce que je fais ici et les regards méprisants que me jette Elya ne font que confirmer ma pensée.

— Toriel, je devrais peut-être y aller…

— Pourquoi ? Et tu vas faire quoi ?

— Je ne sais pas trop…

Elya hausse les sourcils et dévisage sa sœur, manifestement étonné. Il lui pose une question à laquelle elle répond. Ils doivent sûrement parler de moi. Depuis le temps qu’il est parti, elle sait maintenant correctement parler ma langue. Elya doit en être surpris. Il murmure encore quelques mots et elle lui parle sur le même ton. Je n’aime pas trop ça, toutes ces confidences.

— Qu’est-ce qu’il dit ?

— Rien d’important.

— Toriel !

— Amanda, ce n’est rien, je t’assure.

Je fais la moue et elle m’adresse un tendre sourire. Quand Elya retire son haut pour dévoiler son torse, je ne peux m’empêcher de détourner le regard, les joues roses. Il n’aurait pas pu faire ça une fois seul ? Il est en présence de femmes ! Et surtout, en présence de sa sœur. Je crois qu’il ne doit pas connaître la pudeur.

— Et maintenant, je peux partir ?

— Pourquoi est-ce que tu veux partir ?

— Je crois que ton frère ne m’apprécie pas trop.

— Il n’apprécie pas grand-monde. Il n’est pas très aimable avec les autres et il est un peu dur et sévère, mais c’est dans son caractère. Il fait partie de la garde royale et prend son rôle très sérieux. Peut-être un peu trop.

— J’ai l’impression qu’il est constamment en colère contre moi ! Qu’est-ce que je lui ai fait ?

— Toi ? Rien. Il est toujours comme ça, crois-moi.

— Mais pourquoi m’a-t-il achetée ?

Ça y est, cette fois j’y viens. J’en ai marre de ne pas savoir. Qu’est-ce qui l’a poussé à m’acheter ? Surtout pour quelqu’un d’aussi grincheux que lui. J’avoue ne pas très bien comprendre, je suis perdue.

— Tu es quelqu’un de particulier, Amanda, me répond Toriel en continuant de retirer l’armure de son frère. Tu as été trouvée par un marchand d’esclaves. Tu aurais pu atterrir entre de mauvaises mains.

— Je ne suis qu’une humaine, ce n’est pas comme si je possédais des pouvoirs magiques, tu sais ?

— Oui, je sais. Maintenant, je sais, souligne-t-elle. Mais avant de te connaître, nous ne savions pas ce que tu étais. Nous ne risquons pas grand-chose, désormais, si tu atterris entre les mains de l’ennemi.

— Tu crois qu’il regrette de m’avoir achetée ? Je ne lui apporte rien et je lui coûte très cher.

Elle ne dit rien. Super. Je ne pouvais pas me sentir plus mal et, cette fois, j’ai vraiment envie de retourner dans ma chambre. Il faut que je trouve un prétexte pour fuir de ce lieu, j’ai l’impression d’étouffer. C’est horrible. Mes yeux se baissent sur Shou qui se frotte à mes jambes en ronronnant, sans me quitter des yeux.

— Il faut que j’aille nourrir Shou.

— Il a retrouvé son maître, maintenant.

— Ses gamelles sont dans ma chambre.

— Ah oui.

Je lui souris et commence à m’éloigner, Shou sur mes talons. Quand je me retrouve seule dans ma chambre, je ferme le verrou et tire les rideaux pour plonger la chambre dans le noir absolu, puis je m’effondre sur le lit, le cœur serré. J’étais heureuse. Je me sentais unique, oui. Jusqu’à ce que le silence de Toriel sur le geste d’Elya me fasse l’effet d’un poignard qu’on enfonce dans mon cœur. J’avais sincèrement espéré qu’en me trouvant ici, les choses changeraint. Je voulais me sentir indispensable, utile. À la place, je suis plus incapable encore que dans le monde où j’ai grandi. Ils s’attendaient sûrement à mieux. Je n’ai aucun pouvoir, je suis aussi inutile qu’un vieux déchet.

Et je sais que la magie existe ici, dans ce monde. Toriel l’a vaguement mentionné. Je crois même qu’elle a un jour évoqué des dragons. Enfin, elle ne les a pas nommés « dragons » à proprement parler, puisqu’elle ne connaît pas le nom que nous, les humains, leur donnons. Mais tout de même. Je ne suis qu’une simple humaine. J’aurais tant voulu posséder d’incroyables pouvoirs pour les aider dans leur combat contre les Gorloggs, par exemple ! À la place, je ne peux rien faire. Pas même du tricot, de la broderie ou de la couture, car je n’ai jamais appris. Toriel passe la majorité de son temps à coudre de somptueuses robes, et c’est elle qui m’a justement posé la question. Il faut bien trouver un passe-temps pour occuper la petite humaine inutile que je suis.

Je devrais partir. M’en aller, loin d’ici. Je retrouverai peut-être ce fichu portail. Je ne causerai plus de soucis à la famille royale. Il faudrait que je trouve un moyen de les rembourser. Et retrouver ma liberté.

Shou grimpe sur le lit et se frotte contre moi pour réclamer mon attention. Je caresse sa tête d’une main distraite en essayant de retenir mes larmes, mais elles finissent par couler. J’ai mal. Je souffre. C’est douloureux. J’aurais préféré me retrouver avec une dague plantée dans le cœur plutôt que d’éprouver ces émotions, ces sentiments. C’est plus douloureux que n’importe quelle blessure physique.

Je vais partir, c’est décidé. Ils n’auront plus à s’occuper de moi. Je vais partir cette nuit. Ils ne s’apercevront de rien. J’aurais voulu laisser un mot à Toriel, mais elle ne sait pas lire. Tant pis. De toute manière, je ne crois pas qu’un mot y changerait quoi que ce soit.

Et puis, comme ça, Elya pourra retrouver Shou. Fidèle petite bestiole. La seule qui soit incapable de me quitter, car elle m’apprécie un peu trop. Je soupire et attends patiemment que le temps passe. J’attends le moment propice.


Texte publié par Nephelem, 8 juillet 2017 à 09h38
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