Je relève les yeux vers la jeune femme qui vient de me pousser sur le sol, un peu surpris. Inconsciemment, je sens mes sourcils se froncer en détaillant un peu plus la scène dans laquelle je viens littéralement de tomber. Il y a trois secondes, j’étais assise dans mon lit, le DVD du monde de némo en train de tourner sur mon pc, et là, je me retrouve en pleine bataille rangée sans avoir aucune idée de comment.

La fille qui m’a bousculée semble être la sorcière rouge. Elle porte ce fameux corset qu’on voit plus dans les comics book que les films. A ses côtés, Captain America et le soldat de L’hivers font face à Tony Stark et son équipe. Machinalement, ma main se porte à mon visage et je lâche un soupir. J’ai dû m’endormir. Trop de films de superhéros ces derniers temps aura eu raison de ma santé mentale. D’un autre côté, il parait qu’on n’a pas vraiment de santé mentale équilibrée quand on est auteur. Tant mieux. J’ai toujours trouvé les gens « normaux » ennuyeux au possible.

En attendant, je ferais bien de me mettre à l’abris moi. Ou, de trouver le moyen de me réveiller. Parce que, je n’ai pas envie de me prendre un tir de toile mal visé et autres boucliers en adamantium. Ça non. J’inspire un grand coup et me redresse. Evidemment, même dans un rêve, il faut que j’ai gardé mon pyjama rose et mes chaussons oursons. Je ferme les yeux une seconde avant de me mettre à courir. Pas pratique avec les têtes qui dépassent de mes chaussons.

Je finis par me retrouver cachée par une caisse, le cœur battant. Il me faut des vêtements. Si on est dans un rêve, il me suffit de fermer les yeux et de demander à mon rêve de changer mes vêtements, non ? C’est absurde, un rêve, après tout.

- Aileba, hurle alors une voix, me faisant sortir de ma méditation.

Je suis toujours en pyjama, mais je me redresse par-dessus la caisse, pour observer d’où provient la voix. C’est Captain America qui m’appelle. Mon regard croise le sien et il secoue la tête de droite à gauche, un peu surpris, visiblement. Enfin, pour ce que je peux en dire avec son masque sur son visage.

- Ben tu viens ?

Comment ça, je viens ? Genre… Les aider ? Mais je n’ai pas le moindre pouvoir, moi. Je suis juste une pauvre petite cliente du cinéma le plus proche, qui adore le popcorn en regardant ses super-héros préférés se faire taper dessus. J’ai rien demandé en plus, moi. Et, je dois avouer que même en rêve, me faire taper dessus par Iron Man, merci mais non merci. Ses rayons ont l’air assez… perforants. Je tiens à l’intégrité physique de mon corps, merci bien. Surtout que, ce pyjama, je l’adore.

Un « boum » sur le côté me fait tourner la tête. Ben tient, voilà Hulk qui se jette dans la mêlée. Je repasse la tête par-dessus ma caisse et observe le combat devant moi. J’avais, visiblement, mal jugé l’affaire. Ce n’est pas la « civil war » mais les héros contre Loki. Pour le coup, l’idée de rejoindre le camp de Loki me traverse l’esprit durant une seconde. J’inspire un grand coup et relâche l’air de mes poumons. Comme si je pouvais lui servir à quelque chose. Moi, avec mes chaussons-nounours, aider un super-vilain qui réussit à faire face quasiment tout seul à quoi ? Huit superhéros ? Je risquerai de le faire trébucher en perdant un chausson et de lui faire perdre le combat. Aileba la poisse, qu’on m’appellerait ensuite.

Une sphère d’énergie passe à quelques centimètres de ma tête et je me laisse à nouveau tomber derrière ma caisse.

- Il faut que je rentre chez moi.

Les mots sont sortis de ma bouche sans que je n’ai même songé à les prononcer. Rêve ou pas rêve, je ne peux pas rester ici. Alors que je me redresse une nouvelle fois pour tenter de trouver une brèche, un trou, un portail ou quelque chose, Wanda Maximoff se pose à côté de moi.

- Tu as oublié ton réveil, me demande-t-elle, moqueuse.

- Désolée, je pensais que le combat pour sauver le monde, c’était demain.

Elle me regarde, étrangement, et elle fait une moue peu convaincue. Elle s’apprête à me répondre, en ouvrant la bouche, mais elle est obligée de s’interrompre pour faire appel à ses pouvoirs et nous éviter de nous prendre une boule d’énergie sortie de nulle part. Le bouclier rouge m’enveloppe et je sens ma mâchoire tomber.

- C’est tellement plus impressionnant qu’au cinéma.

La phrase m’échappe. Le regard surpris de Wanda, un peu moins. Je tourne la tête sur le côté pour éviter les questions. De toute façon, il n’y a pas le temps. Un autre missile arrive vers nous et Wanda est obligée de le dévier avec sa magie, l’envoyant vers le ciel où il explose au bout de quelques secondes.

- Comment ça, plus impressionnant qu’au cinéma, me demande-t-elle, un air inquiet sur le visage. Aileba, tu vas bien ? Tu as pris un coup sur la tête ?

Sa main fraiche se pose sur mon front et elle me fait délicatement tourner la tête de droite à gauche pour observer mes tempes. Pas de bosse, visiblement, et Wanda se recula avec un air inquiet. Elle pinça les lèvres et se remit à parler. Mais, je n’entendais rien. Sa voix était comme déformée. Et, soudainement, je me sentis tomber, comme dans un puits. Comme Alice à l’entrée du pays des merveilles. La seconde passa, et je revins à moi.

- Aileba, ça va, me demandait Wanda, de plus en plus inquiète.

- Oui, répondis-je. Allons botter le cul de Loki.

Je ne pris pas le temps de vérifier. Cette fois, je savais que je portais ma tenue d’Avenger. Je n’avais aucune idée d’où la certitude me venait, mais elle était là. Je me sentis décoller du sol, et je rejoignis les autres dans la mêlée. Une sphère d’énergie dorée sortit de mes mains et Loki s’envola pour retomber sur le dos un peu plus loin. En cet instant, je me sens puissante. Vraiment. J’ai l’impression que je pourrais attraper le monde et le porter sur mes épaules.

L’arrivée de Thor qui ficelle Loki en quelques secondes et repart par Bifrost devrait m’interpeler. Mais non. Tout est on ne peut plus normal. Enfin, je le croyais. Parce, malgré tout, je reste persuadée qu’il s’agit d’un rêve. Jusqu’à ce que je sente une énorme douleur grandir dans ma poitrine. Je baisse les yeux et voit un grand trou à la place de mon corps.

Je n’ai même pas le temps de crier que je me retrouve dans mon lit, en pyjama, assise à regarder l’écran en veille de mon ordinateur. Je cligne plusieurs fois des yeux, surprise. Je n’ai pas l’impression de m’être réveillée. Ça non. J’avale ma salive difficilement. Il est temps de dormir un peu. C’est mieux pour mes nerfs. Voilà que je m’invente des choses, maintenant.

Alors que je tends la main pour refermer l’écran de mon ordinateur, je vois un visage apparaitre et me faire un clin d’œil avant de disparaitre. Et, à cet instant, un doute s’installe en moi. Et si c’était vrai ?