Je ne saurais dire quand cette histoire a commencé – la mémoire est une chose si aléatoire à cet âge-là – mais je sais parfaitement quand et comment elle s'est terminée : un dimanche d'octobre 2005, le jour de mes dix-huit ans, avec une lettre. Une simple lettre.
Le plus ironique dans tout ceci, c'est que je n'ai commencé à me poser des questions qu'une fois que tout s'est arrêté. Aurais-je continué à trouver la situation normale si elle n'avait jamais pris fin ? Je n'en sais rien. Ça fait parti des questions qui me hantent encore aujourd'hui, dix ans plus tard.
Mais avant de parler de la fin, commençons par le début.
Comme je le disais plus tôt, je ne peux affirmer avec précision quand tout ceci a commencé. Pour mes cinq ans, les choses étaient déjà en place, c'est tout ce dont je suis certaine. Mais il y a une histoire qui revient souvent pendant les repas de famille, une des anecdotes gênantes que les parents et grands-parents adorent ressortir à la moindre occasion.
Un jour où j'avais trois ans, trois ans et demi, ma mère m'a laissée, comme souvent, devant le Manège Enchanté pour aller faire le ménage dans les bureaux dont elle avait la conciergerie. J'ai profité de cette absence de surveillance pour aller forcer le réfrigérateur, ouvrir les six liégeois au chocolat qui étaient à portée de main et les délester de leur chantilly. La chantilly uniquement ! Ah ah quelle gourmande ! Sans grande surprise, j'ai été malade dans la nuit et ai vomi le fruit de mon péché.
Le détail de cette petite histoire ne réside pas dans le fait que laisser un enfant seul à trois ans pour une heure ou deux pose problème – cela fait partie d'une autre histoire que je vous raconterai peut-être plus tard – mais dans la chute. Si cette anecdote est revenue si souvent, c'est parce que cette nuit-là, je lui ai vomi dessus. Je sais qu'à cette époque, il dormait déjà dans la même pièce que moi, mais si je garde de nombreux souvenirs de l'école, je n'en ai aucun de ma chambre de l'époque. Juste quelques photos de mon grand lit deux places – pour un enfant de trois ans, donc – et cette histoire. J'aurais aimé croire qu'il dormait par terre mais le doute s'immisce quand on voit ce lit et quand on sait qu'à trois ans, on ne se lance pas dans un sprint effréné en pleine nuit pour aller se mettre la tête dans la cuvette. Non, à trois ans, on se vomit dessus. Et, manifestement, on lui vomit dessus aussi...
Cependant, je n'ai pas envie de raconter ici des théories et autres spéculations, donc nous dirons que tout à commencer lorsque j'avais cinq ans. Et comme vous l'aurez certainement déjà deviné, ceci n'est pas que mon histoire. C'est aussi la sienne. C'est l'histoire de mon histoire avec mon grand-père.
Maintenant que le mot est lâché, qu'un frisson de dégoût m'a parcouru à son écriture, je me dis qu'il est nécessaire de vous laisser l'opportunité de détourner le regard, de ne pas aller plus loin. L'idée n'est pas de choquer ou d'attirer votre pitié. Elle n'est même pas de donner de quelconques témoins à cette histoire. Seulement d'en laisser une trace. Un premier pas, peut-être, pour parvenir à en parler plus ouvertement un jour, à visage découvert. Parce que si je ne sais pas encore vraiment quoi en penser, ce qui est certain, c'est que je ne veux pas me contenter de l'enterrer et de l'ignorer. J'ai déjà essayé, il est évident que ça n'a pas marché...
Nous dirons donc que ceci était une introduction, un avant-goût de mes spectres. Les véritables ténèbres commencent à la prochaine page...
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