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tome 1, Chapitre 8 « Mortelle embrassade » tome 1, Chapitre 8

J’avais remarqué à plusieurs reprises ce garçon qui m’observait ces derniers temps. Je pensais que je l’intéressais mais il ne m’a jamais abordé lors de mes sorties avec mes amis. Un soir que je sortais d’une boîte de nuit pour respirer l’air du dehors en laissant mes amis à l’intérieur, il est venu à moi. Il m’a souri et m’a pris par le bras pour m’aider à marcher. Il m’a dit qu’il m’emmenait dans un lieu sûr et je n’ai pas réagi, il semblait nerveux et en même temps si sûr de lui que mon instinct ne m’a pas poussé à le fuir. J’avais trop bu et je l’ai suivi sans poser de question. Nous avons longtemps marché, j’ai senti ses ongles se crisper plusieurs fois à travers ma veste en jean mais il se calmait aussitôt. Il ne disait rien et je titubais un peu sous l’effet de l’alcool et de la fatigue.

Nous avons atteint une grande maison après une longue marche, les effets de l’alcool s’estompaient mais la fatigue m’écrasait sous son poids à mesure que le temps passait. J’ai senti qu’il m’allongeait sur un lit moelleux, je commençais à me sentir un peu mieux. J’ai senti son regard sur moi mais je n’ai pu le distinguer ; en proie à une migraine, j’ai commencé à n’être que douleur et fatigue. J’ai deviné qu’il se penchait sur moi puis je n’ai senti que la piqûre à mon cou. De surprise, j’ai ouvert les yeux qui se sont fixés sur une fleur du plafond décoré de moulures dorées. Mon corps entier n’était que douleur.

Durant ce qui m’a semblé des jours, j’ai déliré, je voyais une silhouette toujours assise près de moi ou penchée au-dessus de moi malgré la pénombre qui régnait dans la pièce durant ce qui devait être le jour. Je faisais des cauchemars où je voyais des choses voler dans la nuit, mes dents me faisaient mal, ma peau me semblait devenir toujours plus froide comme si mon sang se glaçait peu à peu dans mes veines tel une rivière gelée. Mon cœur gelait littéralement dans ma poitrine, il paraissait devenir de glace et mes poumons se soulevaient de moins en moins souvent. Parfois, je tombais dans un trou noir, je ne me souvenais de rien, je ne rêvais sans doute pas. Ma peau devenait glacée sous mes doigts et toujours plus pâle. Un jour, j’ouvris enfin les yeux, lucide. L’inconnu qui m’avait veillé était là, près de moi. Il poussa un soupir de soulagement et ses yeux brillèrent de joie à me voir en vie.

Le jour se devinait à peine à travers les lourdes tentures que l’inconnu n’ouvrait jamais. Il commença à me parler de vampire et de solitude, je retins surtout que j’étais loin de ma famille et de mes amis depuis un mois entier. Il avait volé un mois de ma vie, il avait volé ma vie. William le vampire prétendit que je me ferai à sa condition mais j’étais trop en colère pour réfléchir. Je n’étais qu’un monstre sanguinaire, je voulais quitter cette pièce et le fuir coûte que coûte alors qu’il prétend que je ne peux pas sortir quand je le souhaite. Je suis son prisonnier… Je voulais être seul mais il ne bougea pas. Je remarquais le décor, les moulures, les miroirs et les sculptures dorées de la chambre, je me croyais à Versailles et je ne pouvais que m’extasier devant tant de beauté. J’étais dans un manoir du XVIIème siècle, hors du temps, hors du monde. Mon bourreau ranima ma colère en insinuant que nous pourrions passer de bons moments ensemble. Je m’imaginais des années durant à vivre auprès de mon assassin sans pouvoir m’éloigner chaque fois que je le voulais ou m’échapper dans la nature pour m’apaiser.

De rage, je cherchais à fuir ce lieu et ce William qui m’observait assis sur la méridienne qui m’avait servi de lit. Je n’étais pas dans une chambre mais dans un petit salon. Une sorte d’instinct me retenait de sortir au dehors, quelque chose en moi y répugnait et je me souvenais alors que je ne pouvais sortir au soleil.

Furieux, je saisis la première chose à ma portée en regardant mon créateur dans les yeux.

- Il n'y a pas de nous !

Je ne pouvais admettre que je passerai ma vie auprès de mon bourreau, nous aurions peut-être pu être amis dans d’autres circonstances, mais c’était au-dessus de mes forces. Les tentures moisies se déchirèrent comme une feuille de papier crépon et je compris mon erreur. J’avais perdu une vie par la faute du vampire mais j’avais gâché la nouvelle vie qu’il m’offrait. J’aurais sans doute fini par m’y accoutumer une fois ma rage et mon désespoir apaisés. Le soleil toucha ma peau pâle, il la brûla et je hurlais, je n’étais de nouveau plus que douleur. Mais je n’étais plus le seul à souffrir de mes vies perdues.

21.04.2017


Texte publié par Bleuenn ar moana, 24 août 2018 à 06h38
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