Avec espoir et amusement, Raya et Andrea testent les sorts de l'almanach offert par leurs amis. Ils améliorent quelques sorts mais ils se rendent vite compte que cette magie est trop primitive pour donner des résultats satisfaisants. Un matin, Andrea s'intéresse plus particulièrement aux fêtes associées à la sorcellerie. Les sourcils froncés, il lit avec attention le descriptif des différents sabbats.
- Des citrouilles transformées en lanterne, quelle drôle d'idée même cela doit être fort joli à regarder. Par contre, pourquoi clouer des chauves-souris aux portes pour éloigner les maléfices ?
- Cette pratique est répugnante ! décrète Raya en prenant le livre. Alors têtard, ça donne quoi ?
- Pas grand chose... J'ai noté de nombreuses similitudes avec nos sortilèges. Notamment pour tout ce qui touche aux propriétés des pierres et des plantes. Mais ce sont des ébauches de sortilèges, rien n'est abouti, terminé. Les formules sont creuses, elles ne sont pas chargées de pouvoir. Toutefois, je trouve particulièrement intéressant d'avoir des données sur les balbutiements de la magie. déclare le jeune homme aux cheveux vert émeraude en lisant par-dessus l'épaule de sa moitié-magique qui se met à rire.
-Tu m'étonnes ! « Le crapaud pouvait empoisonner les gens; la bave de crapaud et le suc de chardon pouvaient s'associer pour créer une potion d'invisibilité. Dans le crâne du crapaud, la crapaudine était une pierre recherchée qui pâlissait en présence de poison ; elle était souvent portée en bague. ». Sérieusement, il existait des barbares qui ouvraient le crâne des crapauds et fouillaient dedans pour trouver quelque chose qui n'existe pas ?
Le jeune sorcier rit aux éclats à cette idée avant d'esquisser une grimace de dégoût en imaginant la scène de manière plus précise.
- Je vais me coucher, il est tard. Bonne nuit, Raya.
- Bonne nuit, têtard.
Le lendemain, pendant le petit-déjeuner, il n'est question que des sortilèges étrangers. Raya feuillette le livre en songeant qu'elle tenterait bien quelques sortilèges de base pour se faire la main et vérifier s'ils fonctionnent.
- Cette histoire de crapaud m'a retourné le cœur. maugrée Andrea. Je me demande quelles horreurs nous allons trouver dans ce recueil.
- En parlant de fête, vous savez que les habitants de l'île de Lathi ont décidé de remettre au goût du jour, la fête du jour des souverains que les usurpateurs avaient annulée ? Il s'agit de célébrer la signature du décret qui a inclus notre île dans le royaume de Berethiel-Nienor lors de la fusion de Berethiel et Nienor. dit Raya.
- Mais pourquoi n'ont-ils pas gardé leur indépendance ? s'étonne Ambrelune. Je veux dire que je sais que nous l'avons vaguement vu en cours mais j'ai oublié depuis l'an dernier.
- Et bien, pour nous protéger ! Que peut une petite île comme la nôtre si elle est attaquée ou envahie ? De toutes manières, si les royaumes se sont alliés, c'est pour cette unique raison... lui répond la sorcière aux cheveux mauve.
- Bien sûr. Pourquoi perdre son indépendance si ce n'est pour se protéger...
- Nous n'avons pas vraiment perdu notre indépendance. Enfin, sous le règne des méchants souverains, c'était le cas mais hormis de lourds impôts que nous ne pouvions payer de toutes manières, nous étions peu touchés, au final. Mais maintenant, les décisions des souverains actuels nous touchent assez peu. Et ils sont assez sages pour laisser autant que possible, le peuple décider.
- Et quand aura lieu cette fête ? s'enquiert Rune.
- A la prochaine pleine lune. Du moins pour cette fois-ci. Les prochaines fêtes seront sans doute incluses dans le calendrier.
- Ce qui signifie que je reprends mes études dans un mois et demie. soupire Ambrelune.
- En effet... Mais tu verras, c'est intéressant. Enfin, passé l'année de B.O.U.M. où les élèves n'apprennent que les bases. la rassure Andrea.
- C'est bien pour cela que je continue mes études dans cette voie que je n'ai aucune chance d'approfondir dans le monde d'où je viens.
- Et tout ce que tu apprends avec nous te servira durant ta formation et par la suite.
- Je le sais et c'est pour cela que j'ai souhaité reprendre mes études. Les possibilités sont immenses et je veux savoir jusqu'où je peux aller sur la voie de la magie.
- Ma foi, si tu vas jusqu'au Magistère d'honneur, tu peux presque tout faire... Maintenant que les frontières sont de nouveau ouvertes, cela va devenir possible.
- Je sais mais quand je songe que je m'engage sur un cycle de deux ans d'études, parfois, je me dis que c'est trop pour moi. D'un autre côté, si j'étais restée dans mon monde, j'aurais forcément continué mes études.
- Mais tu n'es pas obligée de faire la formation complète, tu le sais... dit Andrea d'une voix douce. Tu peux déjà faire beaucoup de choses à ton niveau et dans deux ans, tu pourras faire bien des choses également. Personne ne t'en voudra de ne pas aller au bout.
- Je me demandais... Comme j'ai passé mes épreuves de B.O.U.M. en formation accélérée, crois-tu que je puisse faire de même ?
La jeune fille lève vers le sorcier un visage plein d'espoir. Il la regarde un instant avant de réfléchir.
- Si tu travailles d'arrache-pied pour assimiler la théorie et si tu t'entraînes très dur, tu pourrais réduire ta formation de moitié. Mais à la seule condition que tu travailles à la boutique toutes les vacances scolaires en observation puis que tu répondes toi-même aux demandes des clients, même si tu dois fouiller tous les livres et passer des nuits entières pour réussir ce que l'on te demande de faire même si ce n'est pas de ton niveau et à l'unique condition que tu sois dans les meilleurs de ta promotion. A cette seule condition, je pense pouvoir te permettre de réduire ta formation de moitié. Tu pourrais avoir ton diplôme dans trois ans et demie. Mais tu vas passer tes vacances scolaires dans le laboratoire enfermée avec moi à longueur de journée.
- Il faut que je réfléchisse à cette idée. Mais j'avoue que j'ai dix-huit ans et que l'idée de passer les neuf prochaines années à étudier ne m'enchante pas particulièrement.
- Tu n'es pas forcée d'aller au bout du cursus, tu sais. A chaque niveau, on valide des compétences... Et tu peux valider tes diplômes par paliers.
- Justement, je veux savoir jusqu'où ces compétences peuvent aller.
- Très loin, tu peux aller très loin et même trop loin. répond Andrea dans un murmure. Bon, où en étions-nous ? conclut le jeune homme d'une voix plus forte.
Ils se penchent sur leur travail respectif sans parler. En son for intérieur, Ambrelune réfléchit à l'opportunité d'accélérer sa formation. Et elle compte bien mettre Andrea à contribution de gré ou de force.
- Je dois me fournir en livres de toutes sortes sur la magie. déclare Ambrelune au déjeuner.. Mais je pense avoir écumé toutes les boutiques de l'île.
- Tu dois aller à la capitale ou à la ville commerçante de Kittery pour trouver ce que tu cherches. lui répond Raya en se resservant de la soupe de pois cassés.
- C'est vrai, je n'y pensais plus ! Nous y sommes allés l'an dernier !On y trouvait vraiment de tout !
- Si nous y allions tous ensemble ? propose Andrea. Je dois me fournir en ingrédients difficiles à trouver par ici. Cette escapade m'évitera de les commander. Et ça nous fera une sortie, depuis combien de temps n'avons-nous pas pris du bon temps ? Nous passons notre vie dans le laboratoire, ou presque.
- TU passes ta vie dans le laboratoire ; mais c'est une bonne idée que j'approuve. Et combien vont nous coûter tes ingrédients ? interroge Raya. Tu sais que tu commandes de plus en plus d'ingrédients chers ces derniers temps, têtard ?
- Oui mais je me le permets parce que les bénéfices de la boutique augmentent. Et ils augmentent en concomitance avec la complexité des sortilèges que nous proposons. Plus ils sont complexes, plus les ingrédients sont nombreux et coûteux mais plus nous les vendons cher. avec une marge importante qui nous permet d'augmenter nos bénéfices Et plus nous sommes en mesure de satisfaire nos clients, plus nous les attirons. Et avec l'ouverture des frontières qui sait si nous ne pourrons pas vendre à l'étranger les sorts que nous avons crées ?
- Je l'admets mais nous devons rester raisonnables, au cas où. dit Raya d'une toute petite voix.
- Certes, la prudence reste la règle. Mais c'est pour ça que nous avons passé trois heures hier à faire nos comptes et à les mettre à jour. Et nous avons de l'argent de côté au cas où.
- C'est vrai mais plus de choix pour les clients, cela veut aussi dire plus de travail pour nous. Je regrette le temps où je passais mes journées à créer des sortilèges dans le secret de mon laboratoire. avoue la sorcière aux cheveux mauves, nostalgique. Oui, au pire des cas, nous aurons les moyens de revenir à des sorts basiques le temps de nous refaire une santé financière.
- Il nous faut bien vivre... répond Andrea en la regardant avec plus d'attention, la tête penchée sur le côté.
- Je le sais bien.
- Et tu as toujours du temps pour tes expériences. Le fait d'être quatre a travailler à la boutique nous permet d'avoir du temps pour nos travaux personnels.
- Je sais. Et j'ai besoin de poudre de limace de mer de toutes manières pour tester un sort que j'ai écrit il y a longtemps.
- Il est supposé avoir quel effet ?
- Je ne sais pas, je ne l'ai pas testé.
Andrea soupire en secouant la tête mais il ne répond rien.
- Bien, qui veut du dessert ? J'ai fait de la compote de pommepoires ! dit le sorcier en se levant.
Toutes les mains se lèvent et le jeune homme sourit de voir les yeux avides levés vers lui.
Peu rassuré, le sorcier pose le plat sur la table et il entreprend de servir ses amis. Il sait que s'il y a un domaine où il n'excelle pas, c'est bien la cuisine et il se risque rarement à se lancer dans des préparations élaborées. Pourtant, une recette de cuisine et une recette magique ont bien des similitudes mais le sorcier a plus de difficultés à manipuler des aliments que des ingrédients magiques. Il observe les réactions de ses amis un peu inquiet mais il se détend à les voir manger de bon appétit le dessert qu'il a mis du temps à préparer au petit matin alors qu'il était le seul levé dans la maison endormie avec Acédie II.
- Au fait, il faudrait nettoyer un peu le laboratoire. Je propose qu'on ferme la boutique cet après-midi et qu'on s'y mette. Nous laisserons une pancarte pour dire aux clients éventuels de faire sonner la cloche pour nous avertir de leur présence. reprend Andrea. Et en fin d'après-midi, nous irons voir pour les livres.
Son ton autoritaire qui ne lui est pas habituel ne laisse la place à aucune réplique ou tentative de négociation aussi les deux jeunes femmes ne répondent rien et se contentent de regarder leur assiette avec application.
En pénétrant dans le laboratoire, la petite équipe évalue l'ampleur de la tâche. Quelques étiquettes à remettre en place, la poussière dans les coins et sur les étagères à nettoyer, les produits trop vieux à jeter même si cette tâche est effectué régulièrement et surtout le sol et les murs à nettoyer. Ambrelune se rassure, à eux trois, ils n'en auront pas pour très longtemps. Les manches retroussées, les jeunes gens s'attellent à la tâche avec des grimaces au vu de l'état de certains ingrédients qui sont restés trop longtemps dans leur pot. Les poubelles se remplissent vite et lorsqu'ils se mettent à genoux pour récurer le sol, en nage et épuisés deux heures plus tard, ils savent que leur tâche du jour touche à sa fin. Andrea fait le tour de la pièce et il se déclare satisfait du travail accompli.
- Bon, si nous allions manger dehors ce soir ?
La proposition est chaleureusement accueillie et après une rapide toilette, la petite troupe se rend dans la grande ville de l'île pour dîner.
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