Devant la porte-tableau où la toile du descendant de Falba Slikar a été installée, les deux jeunes gens font leurs adieux. Ils donnent à leurs amis une note et un plan pour se rendre chez eux s’ils peuvent passer la porte pour leur rendre visite.
Munis de leurs affaires, ils se tiennent devant la porte-tableau et main dans la main, ils s’avancent. Ils versent une goutte de sang sur le sol et bientôt, ils passent la porte. Ils ont payé le prix pour traverser les mondes.
- Où sommes-nous ? souffle Ambrelune.
- Dans un placard, je crois. dit Rune.
- Nous sommes derrière la toile ? Chut, j’entends du bruit.
Ambrelune fait apparaître une faible lueur ce qui manque de faire pousser un cri à son ami. Elle lui fait signe de se taire et elle recherche les inscriptions à la craie, ils sont derrière le tableau au château. Ils cherchent comment sortir et ils suivent le mur. Rapidement, ils sortent dans un placard sombre. Avec prudence, ils sortent leur sac à la main. Ils se glissent dans la foule et ils cherchent la sortie quand Ambrelune tire Rune par la manche. Elle lui montre du doigt La jeune fille à la rose de Falba Slikar.
- Je rêve. murmure le jeune homme.
- Je ne crois pas, elle était là depuis le début. Brumance Trëndafil de Nichi. Qu’elle était belle ! Tu crois qu’elle a vécu dans notre monde ?
- Je crois plutôt que le peintre vendait ses toiles dans ce monde car il en pouvait plus le faire en Berethiel-Nienor à cause de sa réputation hasardeuse.
- C’est tout à fait plausible. dit Ambrelune en détaillant la jeune fille. Peut-être qu’elle a vécu dans notre monde, dans cette ville !
- Sans doute. Rentrons chez nous.
- Tu crois que nous avons toujours nos tatouages ? dit Ambrelune en sortant du musée. En tous cas, nos vêtements et nos grimoires sont toujours là.
- Oui, tu as toujours ton tatouage ! dit le jeune homme après une discrète vérification.
Les yeux ronds, Ambrelune se retourne.
- Nous n’avons donc pas rêvé ? Mes parents vont me tuer !
- Ils vont te tuer si tu es en retard, le musée va fermer.
- Quelle journée ! dit Rune en riant alors qu’ils quittent le musée.
- Elle a été très longue ; près de treize mois si mes calculs sont bons.
- Je crois qu’ils le sont.
Puis il se penche à son oreille pour lui murmurer :
- Si nous trouvions un endroit discret ? Je meurs d’envie de faire la même chose que toi.
- Dépêchons-nous alors, je connais un café où nous serons tranquilles.
Peu après, assis dans l’alcôve d’un vieux café, ils cherchent quel sort serait discret et sans danger. Après réflexion, ils tentent tous deux de faire onduler la surface de leur chocolat au lait. Bientôt, une tempête se déclare dans leurs tasses et ils se sourient, heureux de voir que leurs pouvoirs sont intacts.
Ils parlent longuement de leur voyage, nostalgiques et ils s’interrogent sur la façon dont ils vont pouvoir reprendre leur vie après tout ça.
- Je ne peux pas débarquer avec un sac empli de vêtements et de livres, plus un poignard. Mes parents vont se poser des questions. Et j’étais allé acheter une bande dessinée ! Je dois passer à la librairie.
Aussitôt leur chocolat chaud avalé, ils se rendent à la librairie puis ils cherchent un sortilège qui leur permette de cacher leurs objets venus d’ailleurs. Assis dans un parc, ils s’interrogent.
- Les rendre invisibles ? Ou les miniaturiser ? propose Rune.
- Ou nous enchantons nos porte-monnaie pour ne pas avoir à nous en séparer. répond Ambrelune en se levant. Je sais où acheter des porte-monnaie assez grand.
Leurs emplettes faites, ils se décident à rentrer chez eux.
- On ne peut pas se téléporter, je te le rappelle. chuchote Ambrelune.
- Nous allons devoir marcher ? J’avais oublié ce détail… Tu habites loin d’ici ?
- Oui, mon bus arrive. On se revoit bientôt, promis ?
- Promis. Raya et Andrea vont me manquer.
- A moi aussi, mais nous irons bientôt les voir.
Lorsque les deux adolescents passent la porte de chez eux, ils croisent un miroir et ils songent qu’ils ont grandi. Leurs parents les prennent dans leurs bras en pleurant.
- Où étais-tu donc ? Nous te cherchons depuis treize mois ! Tu vas bien ?
Les yeux écarquillés, ils ouvrent la bouche en même temps et tous deux feignent l’amnésie. Ils subissent des examens médicaux qui révèlent que tout est normal. Lorsqu’ils se revoient enfin, ils sont surpris de voir que la réaction de leurs parents est identique.
- Je pensais que le temps se serait écoulé différemment. Or, il n’en est rien. Treize mois, nous sommes partis treize mois. dit Rune en tapant dans un caillou.
- Et nous avons un an de retard à l’école !
- Tu as toujours les runes ? Je crois que notre voie se trouve ailleurs. Dans un autre monde. chuchote-t’il.
- Tu crois ? s’étonne Ambrelune. Mais nos familles ?
- Après ce que nous avons vécu, tu te vois reprendre l’école, te faire traiter comme un bébé par tes parents ? Je pense retourner là-bas et entamer une carrière de magicien.
- Si le passage s’ouvre de nouveau. Ou si nous parvenons à en créer un nouveau.
- Nous pouvons y aller de nuit.
- Tu oublies les caméras, Rune.
- Ou nous devons trouver une autre porte-tableau. Ou en faire créer une.
- Qui irait de chez nous à chez Raya et Andrea ? dit Ambrelune, songeuse. Ce serait la meilleure chose à faire.
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