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tome 1, Chapitre 27 tome 1, Chapitre 27

La porte reste close. De rage, ils n’aspirent qu’à la solitude et après concertation, ils se téléportent dans la cabane abandonnée de la chaîne des Elondianes où ils ont séjourné, il y a bien longtemps. Dans la petite maison de bois, ils laissent leur frustration les submerger.

- Où ce maudit peintre a-t’il bien pu apprendre ces techniques ? Nous n’avons rien trouvé dans les livres que nous avons consulté. s’énerve Ambrelune.

- Ne pleure pas, nous avons dû manquer quelque chose. Comment ce peintre est-il parvenu à ouvrir une porte entre les mondes ? Il se dit qu’il a peint des mondes qu’il a vus en rêve et qui sait, peut-être y est-il allé ? Peut-être que si nous tentions de recréer notre monde, nous pourrions rentrer ?

- Tu sais peindre, toi ? demande la jeune fille.

- Non mais nous pouvons essayer de le faire et d’enchanter la toile.

- Rentrons !

De retour dans la capitale, les deux jeunes gens achètent une toile vierge et de la peinture avant de se rendre à Fulvia près de la maison du descendant du peintre. Surpris de les trouver à sa porte, le jeune homme leur ouvre aussitôt son atelier. Il leur explique sommairement comment préparer les couleurs, utiliser les pinceaux et créer les dessins préparatoires.

- Tu crois que si c’est mal dessiné, ça marchera ? chuchote Rune.

- Nous devons poser sur la toile la vie elle-même, je pense que le reste n’a pas d’importance. répond Ambrelune qui réfléchit à la meilleure façon de procéder.

Le peintre les laisse faire, il surveille leur travail et il corrige leurs esquisses. Les deux jeunes gens s’arrêtent souvent pour débattre sur un point précis, leur mémoire s’estompe, ils doutent et ils discutent parfois longtemps avant de parvenir à se mettre d’accord. Lentement, le musée se dessine comme s’ils étaient dos au tableau. Mais ils ne se souviennent que de quelques détails comme les colonnes ou la statue. Ils tentent également de représenter le tableau qui les a aspirés à lui.

- Bien, je vais m’essayer à peindre ceci au mieux. Revenez dans un mois.

- Un mois ? Mais Loris, c’est trop long !

- Je sais, Ambrelune mais je ne peux créer deux toiles en un mois en temps normal. Je vais travailler jour et nuit en laissant tout le reste de côté pour tenter de les finir au plus vite sur un petit format

- Je sais, merci. Nous continuerons nos investigations de notre côté.

Les semaines suivantes se passent en recherches sur le peintre ou la magie qu’il a pu utiliser et un rapide tour du royaume. Bien que Rune et Ambrelune connaissent le pays, ils veulent en emporter le plus de souvenirs possible qu’ils rangent précieusement dans leur sac. Ils passent également beaucoup de temps avec Raya et Andrea qui s’intéressent de près à leur recherche. Il ne leur semble pas impossible d’enchanter une toile pour en faire un passage vers un autre monde, seulement très difficile. Par l’intermédiaire du roi et de la reine, ils rencontrent les plus grands sorciers du royaume qui leur assurent tous que s’il est possible d’enchanter une toile pour la masquer ou créer une illusion, il leur semble impossible d’en faire une porte sur un autre monde et encore moins de la franchir. Ils rient à l’évocation du peintre fou qui ne peut avoir passé la porte. Ils estiment que la jeune fille à la rose de Falba Slikar n’est qu’une légende de plus. Certes, ce tableau est très réaliste et le peintre s’est certainement fait payer fort cher cette toile mais la jeune fille a dû s’en servir comme prétexte pour fuir le domicile familial. Et le peintre en a fait une légende pour tenter d’asseoir sa réputation sans succès.

Dépités, les deux jeunes gens ne s’avouent pas vaincus. Ils s’essaient à enchanter des toiles sans succès. Ils parviennent à les rendre invisibles, à en inverser les couleurs ou à faire fondre la toile mais ils n’arrivent pas à matérialiser ce qu’ils ont peint.

- Nos expériences pourraient se révéler dangereuses ! Imagine qu’au lieu de traverser la toile, nous fassions entrer des éléments du tableau dans ce monde. dit Ambrelune.

- Nous ne prenons guère de risques à tenter de faire entrer des objets du musée, non ?

- Sauf s’ils changent en passant d’un monde à l’autre. Imagine une sculpture de pierre ou de marbre qui a l’intention de nous attaquer ? Ou un nouveau tableau qui risquerait de nous aspirer ?

- Tu as raison, nous pourrions être envoyés dans un monde en plus de celui-ci ! conclut Rune.

- C’est un risque à ne pas négliger, je le crains. Nous devrons traverser un monde supplémentaire pour rentrer chez nous.

Malgré leurs échecs, ils continuent leurs tentatives. Andrea s’intéresse de près à leurs expérimentations pour leur éviter de faire une erreur fatale et leur faire bénéficier de son expérience. Sous sa surveillance, ils parviennent à imprégner des toiles de peinture sans les toucher ou à mélanger les couleurs du tableau pour les fondre en une masse indéfinissable.

Ils tentent également d’enchanter la peinture qu’ils utilisent. Ils créent ainsi des tableaux qui changent de couleur selon la lumière ou d’autres qui dégagent des odeurs fleuries et sucrées. Le mieux qu’ils parviennent à faire est la création d’une mixture colorée qui détruit la toile dès qu’ils commencent à l’étaler. Le pinceau ne tient guère plus longtemps. Dépités, ils s’apprêtent à jeter la peinture mais ils se ravisent au dernier moment. Ils réfléchissent longuement à la manière de s’en débarrasser car la seule matière que leur création ne détruit pas est le verre. Ils finissent par dénicher une carafe en verre au marché et ils y mettent les restes de peinture qu’ils jettent au fond d’un trou profond, bien conscients que ce n’est pas la meilleure solution. Plus tard, pris de remords, ils vont récupérer la peinture magique de peur de blesser quelqu’un. Raya résout le problème en détruisant la bouteille et son contenu dans le cadre d’une expérience pour désactiver son pouvoir.

Déprimés, les deux jeunes perdent espoir à mesure que le temps passe. Ils continuent à explorer le pays mais ils commencent à bien le connaître et leurs escapades ne parviennent plus à leur remonter le moral. Ils ne savent plus où chercher des indices pour rentrer chez eux et ils continuent à se rendre régulièrement à la porte-tableau dans l’espoir qu’elle s’ouvre d’elle- même mais cela ne se produit jamais. Ils décident un matin de se rendre dans la vallée divine pour ramasser des fleurs inconnues d’eux et tenter de leur découvrir des propriétés nouvelles. Ils reviennent dans la petite maison de Raya, les bras chargés de fleurs. Après un rapide tri et un long examen aidés par des herbiers anciens et des livres de magie, ils se rendent à l’évidence. Ils ont cueilli ces fleurs et ces herbes pour rien, elles leurs sont inutiles quand elles ne pourraient pas se révéler dangereuses. Dépités, ils finissent par s’en débarrasser.


Texte publié par Bleuenn ar moana, 25 mai 2017 à 21h40
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