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Durant la nuit, Rune et Ambrelune se rendent dans la bibliothèque du château afin de tenter d’en savoir plus sur la porte-tableau et le peintre qui a créé ce sortilège. Ils ne trouvent aucune mention de cette œuvre mais ils rencontrent plusieurs fois le nom de la famille Slikar de la région de Fulvia ce qui éveille leur intérêt.

- On file ! décide Rune. Nous allons à Fulvia.

- Tu es fou ! Nous ne savons rien de ce lieu. souffle Ambrelune.

- D’après la carte, c’est un village au bord d’un cratère. Tu pourras dormir cette nuit, toi ?

- Non, mais Raya et Andrea ?

- Tant pis ! C’est trop important. dit le jeune garçon un peu fort.

- Chut ! Rentrons et laissons-leur une note. Nous ne perdrons guère de temps.

- D’accord, on file.

De retour dans la maison silencieuse, les deux jeunes gens cherchent un parchemin usagé et une plume pour informer leurs amis de leur destination. A pas de loup, ils se rendent dans le jardin puis ils imaginent leur déplacement jusqu’au lieu de leur atterrissage. Ils se sentent stupides lorsqu’ils se rendent compte qu’il fait encore nuit et qu’ils seraient mieux dans leur lit. Mais ils savent qu’ils ne pourront pas dormir de la nuit et ils se téléportent après avoir rassemblé leurs affaires dans l’espoir de pouvoir rentrer rapidement. Arrivés aux abords du village, les deux magiciens s’assoient dans l’herbe pour regarder les étoiles. L’aube pointe lorsqu’ils se lèvent enfin de leur couche moelleuse humide de rosée. Le cœur battant, ils se dirigent vers les premières habitations.

Devant eux, un petit village se niche sur le bord d’un immense cratère. Ambrelune et Rune marchent lentement vers les premières maisons, un peu inquiets. Ils errent dans les rues désertes en attendant l’ouverture de la petite boulangerie. Ils ont fait plusieurs fois le tour du village lorsqu’enfin, la petite échoppe s’ouvre. Les adolescents y achètent de quoi déjeuner puis pour passer le temps, ils se mettent en quête de la maison du peintre. Ils trouvent rapidement deux petites maisons au nom de Slikar et pour patienter, ils se promènent autour du village. Enfin, lorsqu’ils jugent l’heure raisonnable, ils se décident à frapper à la porte de la plus grande des deux maisons. Une vieille femme ouvre, étonnée de cette visite matinale.

- Bonjour, nous cherchons des renseignements sur la famille Slikar. Nous nous intéressons au peintre.

Les yeux emplis d’espoir, ils attendent la réponse de la vieille femme qui leur fait signe d’entrer, à leur grand soulagement.

- Loris ! De la visite pour toi ! crie la vieille femme avant de retourner vaquer à ses occupations.

- Bonjour. Vous êtes bien matinaux. Que puis-je pour vous ?

Le peintre d’une vingtaine d’année qui se tient devant eux arbore une tenue décontractée mais élégante qui met en valeur ses traits aimables. Ses yeux noisette illuminent son fin visage surmonté de boucles auburn. Sautillant plus qu’il ne marche, il leur dit de les suivre. Peu après, attablés devant un solide petit-déjeuner, il les interroge sur la raison de leur présence dans sa demeure. Les deux visiteurs se regardent et hésitent un instant.

- Nous venons pour la porte-tableau. Nous avons tout essayé pour l’ouvrir et nous avons remarqué le nom de votre ancêtre. Nous ne sommes pas de ce monde et nous sommes coincés ici. dit Ambrelune.

- Pouvez-vous nous aider ? demande Rune en se penchant vers lui.

- La prophétie ? Le tableau magique de mon ancêtre ? Laissez-moi un instant, je vous prie, je dois rassembler mes idées. Donc vous êtes passés par la porte-tableau de mon ancêtre qui donne sur votre monde ? Et vous êtes coincés ici ? Et vous espérez que je vous aide ? Depuis combien de temps êtes-vous ici ?

- Onze mois. répond Ambrelune. Nous avons tenté de nombreux sorts sans succès. Vous êtes notre seul espoir. Rassurez-nous, nous ne courons aucun risque à rester aussi longtemps loin de chez nous.

- Pardon ? Non, à ma connaissance, vous ne risquez rien. Hormis devoir expliquer votre absence. Servez-vous, le thé refroidit.

Le peintre beurre une tartine tout en réfléchissant. Puis il reprend son interrogatoire.

- Vous connaissez l’histoire de mon ancêtre ?

- Je l’ai lue dans le livre de contes et légendes que nous possédons mais je ne m’en souviens plus vraiment. dit Ambrelune.

- C’est sans importance, vous voyez de quoi nous parlons ! La porte est toujours en place ?

Les deux jeunes gens acquiescent.

- D’accord. dit le peintre.

Loris lève les yeux sur eux comme s’il reprenait contact avec la réalité. Les yeux brillants, il leur annonce qu’il a une idée. Mais pour la mettre à exécution, il doit avoir accès à la bibliothèque royale. Ravis, Ambrelune et Rune lui assurent qu’ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour cela.

- Bien, je dois réfléchir à cette histoire. Je vous recontacte dès que possible. Dites-moi où je peux vous joindre et soyez patients.

De retour chez Raya, les deux adolescents expliquent leur absence. Les traits tirés par leur nuit d’insomnie, ils éclatent en sanglot en racontant qu’ils ont enfin une lueur d’espoir mais qu’ils répugnent à les quitter. Raya et Andrea tentent de les réconforter de leur mieux avant d leur intimer de retourner se coucher. Dans leur laboratoire, les deux sorciers se livrent à des expériences sur la pelouse de Raya qui jaunit. A voix basse, ils se demandent s’ils peuvent aider leurs amis dans leur quête mais ils ne voient pas ce qu’ils peuvent faire en l’état.

- Raya, qu’as-tu fait ? dit Andrea en riant quelques minutes plus tard.

- Quoi ? Ma pelouse est jolie comme ça, non ?

- Ce n’était pas le résultat espéré.

- Quel rabat-joie ! L’herbe rose, c’est joli et c’est gai. dit Raya en faisant mine de trouver cette couleur jolie. En son for intérieur, elle se maudit d’avoir ajouté de l’extrait de gentiane pour améliorer la formule sans que sa moitié-magique ne remarque rien. Même s’il se doute de quelque chose, Andrea a le tact de ne rien dire. Il sait que Raya niera et qu’ils ne seront pas plus avancés au bout du compte.

A leur réveil, Ambrelune et Rune font la grimace lorsqu’ils voient la pelouse à la couleur douteuse. Ils comprennent rapidement qu’il s’agit d’une mauvaise manipulation de Raya et pour faire bonne figure, ils lui en font compliment. La sorcière qui n’est pas dupe, les remercie avant d’aller s’étendre sur sa pelouse rose.

- Alors, où étiez-vous cette nuit ? demande Andrea une fois seuls.

- Nous avons une piste pour rentrer chez nous. dit Rune en mordant dans une tartine beurrée.

- Vous auriez pu nous prévenir, cette escapade nocturne pouvait être dangereuse.

- Nous savons nous défendre et nous maîtrisons la téléportation, nous serions rentrés en quelques secondes. répond Ambrelune.

- D’accord mais ce n’est guère prudent.

Raya qui est de retour dans la pièce leur demande un récit complet de leur aventure. Les deux jeunes gens s’exécutent et la matinée se passe lentement, pleine d’espoirs et de rêves où ils rentrent chez eux.