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tome 1, Chapitre 7 tome 1, Chapitre 7

Peu à peu, le climat se radoucit, les collines prémonitoires sont en vue. Les deux adolescents gravissent sur ses pentes douces et herbeuses. Les jours ont passé sans qu’ils s’en rendent compte, une légère pluie gêne leur avancée depuis plusieurs jours mais ils ont décidé de ne pas s’arrêter pour autant. Ils ne veulent pas perdre de temps et surtout, ils ne trouvent pas de lieu où s’arrêter ce qui leur ôte la tentation d’attendre le retour du beau temps. De plus en plus inquiets, ils ont décidé d’avancer coûte que coûte. Le nom des collines les intrigue au plus haut point aussi un soir alors que le vent souffle en rafale et fait trembler la tente, ils feuillettent leur livre pour trouver une explication. Le nom des collines est lié à la source miraculeuse qu’ils ont découvertes il y a peu.

Après trois jours dans les collines, durant lesquelles leur humeur a vacillé entre l’impatience et la joie, ils atteignent enfin la cascade du destin. Ravis de retrouver un lieu familier, Rune et Ambrelune sont soulagés et impatients de bientôt pouvoir rentrer chez eux.

- Je suis désolée de ne pas toujours avoir été gentille avec toi ces derniers jours, je suis nerveuse.

- Ambrelune, ne t’inquiète pas, je n’ai pas été très gentil non plus. Toutes les fois où je t’ai dit que tu nous retardais depuis le début parce que tu es lente, ce n’était que méchanceté pure de ma part.

- Je sais et j’ai pensé que tu étais décidemment un idiot de dire ces mensonges.

Dans leur impatience, ils décident d’un commun accord de couper à travers les bois pour arriver plus rapidement à la porte qui les ramènera chez eux.

- Arrêtez ou nous tirons !

Stupéfaits, ils s’arrêtent et voient trois soldats avinés s’avancer vers eux.

- Où courez-vous comme ça ? Videz vos sacs !

Rune et Ambrelune s’exécutent, ils ne peuvent rivaliser avec ces soldats.

- Un grimoire ? Vous êtes de sorciers ?

- Oui, disent-ils d’une seule voix.

- Je hais les sorciers, vous êtes morts.

D’instinct, en le voyant mettre son arc en joue, Ambrelune ramasse une pierre tranchante puis la lance de toutes ses forces et le frappe violemment à la tête. La flèche part et la blesse mais l’homme meurt sans pouvoir riposter. De son côté, Rune plante son couteau dans le ventre d’un soldat qui s’approchait pour le tuer tandis que le troisième prend la fuite ; il ne s’attendait pas à tant de résistance.

- On a tué des gens ! se lamente Rune.

- Tu pleureras après, on n’a pas le temps pour ça ! Nous ne sommes pas chez nous où les gens ne se tuent pas entre eux pour régler leurs comptes ou se défendre. C’était eux ou nous. Viens, on file, le soldat va donner l’alerte.

Ils courent à perdre haleine dans le bois mais dans leur panique, ils se perdent et ils sont bientôt incapables de se repérer. Ils tournent en rond et n’ont qu’une crainte, arriver droit sur le château.

Ils errent tout le jour dans la forêt. Et quand la nuit tombe, ils entendent des chiens hurler au loin.

- Tu crois qu’il y a des loups dans ce bois ? demande Ambrelune.

- Franchement, ça m’étonnerait, il est trop petit. Un loup a besoin d’un grand territoire de chasse. Par contre, peut-être que des chiens errants se promènent dans les parages et c’est tout aussi dangereux.

- Merci de me réconforter !

Après une courte nuit difficile, ils reprennent leur route le lendemain matin. Après une nouvelle journée de marche, qui est de plus en plus facile à mesure que leurs muscles s’habituent à leur rythme soutenu, le château est en vue.

La nuit venue, ils s’aventurent dans la ville où des affiches battues par le vent et la pluie sont placardées : ils sont recherchés. Le cœur battant, ils avancent vers le château qui est leur seul point de repère dans cette ville inconnue. Les rues sont désertes ce qui les soulage mais également les effraie car ils sont bien plus repérables si un passant venait à les croiser. Vêtus de longues capes noires pour mieux se fondre dans la nuit, ils avancent d’un pas léger. Ils ont enfoui leur tente et la majorité de leurs affaires sous un buisson à l’extérieur de la ville avec l’espoir de plus en avoir besoin à l’avenir. Sans parler, ils trottinent sur les pavés, main dans la main, légers comme des ombres.

A pas de loup, ils s’avancent vers le château. Des soldats effectuent leur ronde sur les remparts et d’autres patrouillent aux alentours de siège du pouvoir. Après avoir traversé la moitié de la ville en silence, le château est en vue et ils cherchent à repérer la porte qui mène vers leur monde. Désorientés, ils jugent plus prudent de faire le tour du château pour repérer le chemin qui mène droit vers la porte et leur délivrance. Après un long détour, ils foulent enfin du pied le chemin de terre battue qui mène au château. Quatre heures du matin sonnent, ils n’ont pas de temps à perdre. Epuisés, ils savent qu’il leur faut fournir un ultime effort pour rentrer chez eux.

La porte-tableau est enfin en vue, du moins, ils l’imaginent car ils ne distinguent rien dans le noir. Durant une demi-heure, ils la cherchent à tâtons, paniqués à l’idée qu’on les surprenne. L’aube commence à pointer lorsqu’ils la trouvent, des soldats hurlent derrière eux, ils sont repérés.

- Tu es sûre que c’est là ?

- Oui, ne t’inquiète pas, murmure Ambrelune. Rune, aide-moi à chercher !

Ils doivent rapidement se rendre à l’évidence, ils sont au bon endroit et la porte demeure invisible alors que des soldats arrivent. Terrifiés, ils regardent en arrière puis se regardent, ils ne peuvent plus fuir et ils n’ont qu’un couteau chacun pour se défendre.


Texte publié par Bleuenn ar moana, 19 mai 2017 à 21h23
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