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Florise, la sorcière généreuse et la poêle maudite...
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Florise, la sorcière généreuse et la poêle maudite(oui, vu que le lion et l’armoire magique, c’était déjà fait, dites...)

La pièce était à peine éclairée par les restes rougeoyants trônant -sans vergogne ni fierté mal placée non plus d’ailleurs- dans l’âtre. La petite demeure familiale n’avait de demeure que ce que son usage quotidien voulait bien lui en octroyer : une maisonnette, tout au plus, de torchis et de bois apparents faite, comme souvent étaient faites les maisons des petites gens dans ce coin assez reculé -pour ne pas dire totalement perdu- de la principauté.

Sise à l’écart de la grand route d’Occident, elle était par là même bien plus éloignée du bourg le plus proche -façon de dire donc-, et sans alors parler de la grande ville qui était beaucoup plus loin encore, ni du petit palais du comté qui lui devait être au moins encore plus que plus loin... Et de la Capitale de la Principauté, pfffffiou ! pas la peine d’y penser : trop trop loin, trop trop de temps à passer -que ce fut à pied, à chat-val ou en voiture-en-voile-là tout ça- pour franchir ne serait-ce qu’une petite partie de la distance séparant donc Gloriette-la-Haute la bien nommée et Maquabane-aux-Canes-à-Dass, lieu-dit perdu au fin fond des terres inhospitalières du Ponant... en bas, à droite sur la carte... oui, ici.

Tout ça pour dire qu’ainsi à l’écart du monde donc ou presque, il n’y avait personne, jamais personne qui passait dans le secteur -le coin ou l’endroit ou ici là si vous voulez- pour faire simple et vrai, et court...

C’est bien pour cela que ce qui se passa alors parut fort peu à-propos à l’habitante de l’endroit, du coin, du secteur donc.

— Toc-Toc-Toc...

Eh oui ! Si tant est que la pièce fut plongée dans une profonde semi-obscurité un peu rougeoyante quand même, et que le silence palpable pour ne pas dire présent voire presque lourd n’était à peine trahi par une voix légère et criarde à la fois -ce qui pouvait encore arriver sans dénoter forcément d’un contre-sens à l’illogisme forcené dans ces contrées reculées de chez reculées et en ces temps immémoriaux à ne plus s’en souvenir-, ... donc, oui, il y avait bien une vie à l’intérieur de cette cabane, un point c’est tout.

L’hôte de séant, séance tenante, cessa pousser la chansonnette et alla non-chat-la-ment ouvrir l’huis, tirant à dessein une chevillette qui n’attendait que l’occasion depuis quelque temps déjà, de faire chuter ainsi et sans coup férir la bobinette...

Alors que le soleil orangé tentait résister encore un peu aux nuages épais et nacrés qui voulaient voiler sa face ronde et pleine, et que le vent léger faisait frissonner les branches vertes et odoriférantes des pins sylvestres qui entouraient la petite clairière, une silhouette immobile se découpa sur le bleu irisé d’un ciel d’été un peu en déclin que Phœbé la douce n’emprunterait à son conjoint diurne que dans quelques heures seulement...

La demoiselle -car d’une demoiselle il s’agissait bien là- posa avec lenteur et parcimonie une main fine aux doigts déliés sur le chambranle de bois brut fait, puis, sur un léger signe de tête de la propriétaire de ce petit bien foncier sis en marge des limes occidentales donc, pénétra.

La porte se referma, sans bruit, alors qu’un pigeon voyageur se posait sur une branche basse, qu’un hérisson mal coiffé fouillait l’humus de son museau habile malgré que l’heure du repas n’ait pas encore sonné, et qu’une petite fille habillée de rouge et panier garni à la main prenait sur sa dextre et s’enfonça ainsi dans les bois, pensant que le loup n’y était pas.

Mais là, il s’agit d’une autre histoire...

...

La porte s’ouvrit, laissant ressortir, sourire aux lèvres et yeux brillants, la jeune damoiselle de tout à l’heure.

Elle se retourna pour saluer la maîtresse de maison d’un simple geste de la main, et reprit le chemin qu’elle avait suivi quelques heures auparavant ; Dame Lune, croissante et joviale alliée, éclairera assez sa voie pour lui épargner mauvaise rencontre comme torsion trop prononcée de cheville. Elle pourra donc rentrer chez elle, le cœur léger et la tête pleine de nouvelles espérances, avec ce petit bout d’espoir griffonné de quelques mots sur un petit papyrus à l’ancienne mode et roulé -serré, glissé au fond de sa poche...

Merci Florise !

Cette dernière, sorcière donc de son état d’âmes -oui, parce que plutôt connaisseuse des arcanes des cœurs et des esprits que des esprits sans corps, quoi- replaça sous la table ronde le petit tabouret qu’elle avait offert à sa visiteuse.

Ceci fait -c’est mieux une maison bien rangée, si petite soit-elle- elle reprit l’air en cours et poussa la note si gaiement que Tibère, son chat familier, pris la poutre d’escampette -oui, il y grimpait quand sa douce bienfaitrice maltraitait trop à son goût les comptines d’antan- faisant choir non pas la chevillette mais bien l’ustensile de cuisine tout de cuivre fait et qui cogna le sol de terre dure en donnant ce son si particulier qu’on peut parfois entendre, le soir, aux fonds des bois...

—Mi-aout ! fit le greffier, qui décidément n’en manquait pas une.

— Strongneugneux, retoqua sa maîtresse en ramassant le sus-dit objet, Maudite poêle !

C’est alors que...

—Dring-Dring...

OOO

—...dring dring !

La sonnette refit entendre son ton affable ou aimable, ou presque, alors que Caro tentait émerger d’une sieste peu réparatrice quoique bien méritée.

—Allons, encore de ‘’bonnes nouvelles’’, je suppose...

Yeux frottés et sourire de façade plaqué sur un visage autrefois aimable et rayonnant -mais ça c’est une autre histoire- la jeune personne ouvrit la porte et se découpa alors sur le seuil de son appart l’ombre grisâtre... du facteur.

—Merci... Au revoir...

Il s’agissait juste d’un recommandé, pas la peine de réveiller tout l’étage non plus, hein...

—Ah oui, c’est vrai, je l’attendais plus celui-là...

Une lettre aimablement dactylographiée et signée d’un tampon efficace quoiqu’un peu austère... C’est que Caro aimait croire qu’en ce monde moderne aux us trop fonctionnels et trop peu romantiques, place était encore pour y trouver un brin de poésie, un peu de fantaisie...

— Oui, on peut toujours rêver, après tout ; ça coûte rien, de rêver.

Lettre ouverte donc, lue et pas trop approuvée quand même ; papier mis en boule et jeté plus que posé sur un coin de sa table rectangulaire... rejeté, pour tout dire.

—Encore un rejet, un refus, une non-suite, une ‘’lecture attentive à la critique professionnelle et constructive de votre tapuscrit...’’, tout ça, quoi !

‘’Blabla... des longueurs par-ci par-là, pas assez de descriptions, personnages manquant de profondeurs... blabla... tournures parfois alambiquées... incohérences manifestes... BLA-BLA !’’

Bon, faudrait savoir : pas simple de faire profond sans utiliser un vocabulaire un tant soit peu étoffé ; décrire sans écrire nombre mots, c’est pas facile, c’est sûr ; comment jouer de la cohérence dans un monde qui n’est pas régit par les même lois que le seul et unique que l’on connaisse jusqu’ici, le nôtre donc ? Ah, pfffffiou, à la fin !

Et Caro, ou alors Caroline, de se recroqueviller sur un petit tabouret qui passait sans doute par là, et de laisser ses émotions prendre le pas sur sa raison -bon, un peu comme souvent-...

—Dring, dring...

Yeux vite essuyés, porte à portée de main... un petit dernier ‘’sniff’’ pour la route...

C’était encore le facteur : il avait oublié de lui donner une seconde enveloppe, qui, elle, ne demandait pas de signature, paraphe ou autre autographe pour être remise en mains propres... d’où l’oubli, sans doute...

—Sans doute un autre refus ? Euh, bah non, je n’ai envoyé cette fois-ci mon parchemin, enfin mon manuscrit tapé sur mon traitement de textes qu’à un seul éditeur... chat échaudé craint l’eau froide, que voulez-vous...

se dit, en son for intérieur donc, l’apprenti-écrivaine.

Touchant, tournant, retournant la missive entre ses doigts qu’on lui qualifiait souvent de déliés, elle tenta deviner le contenu... quelques secondes seulement, la patience n’étant pas son fort.

Dans ce pli à l’ancienne facture ainsi... déplié, un petit support aplati mais qui sembla vouloir reprendre plus d’ampleur quand il fut sorti de son écrin.

—Oh, le joli rouleau !

pensa, à voix haute, la demoiselle qui avait, semble-t-il, oublié un peu de sa détresse.

Touchant la matière épaisse et douce, puis lisant la manière dont les quelques lignes manuscrites, pour de bon, étaient posées, reniflant et le papyrus, et du nez un peu embué, elle ferma ses mirettes pour mieux entendre s’ouvrir son cœur...

Quelques courts instants plus tard...

—Allez, on prend sa plume à une main, son courage à deux, une grande pincée d’inspiration à trois... T-R-O-I-S !

...et de prendre Caroline, ou alors Caro, son stylo et son cahier-papier, et d’y écrire, noter, la première phrase, le premier tiret :

‘’– Florise, Premier Tome.

La pièce était à peine éclairée par les restes rougeoyants...’’

... Quant à savoir ce qui pouvait bien avoir été écrit sur le(s) rouleau(x) : petite formule magique, imprécation hermétique issue d’une autre époque, numéro de téléphone voir adresse mail d’un éditeur à l’esprit aventureux -non, là peut-être pas, faut rester cohérent quand même...

Enfin bon, disons alors que là n’était pas le propos, que c’est... une autre histoire.

Hein ? Vous donnez votre langue au...

—Mi-aout !

—Strongn... Clong ! Aille !

...Maudite poêle...


Texte publié par ffmonrise, 12 mai 2017 à 15h32
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