Appoline la sorcière noire

Joua un tour vilain

À un vieil échevin.

Se sentant lésée

Par son honneur bafoué

Elle laissa rugir

Sa soif d’en finir.

Ainsi par une formule consacrée

Elle laissa son feu filer.

Appoline, pourtant si belle

Avait un cœur de glace en elle.

Tant et si bien

Qu’un matin de juin

La matriarche l’expulsa

De sa guilde et de ses draps.

La belle hurla de rage

Et fit de ses sœurs un vrai carnage.

Pas une ne ressortie vivante

De ses flammes noires dévorantes.

Mais un jour de fête

Elle rencontra un anachorète

Qui, en un tour de bras,

Sa baguette lui vola.

Ne pouvant plus lancer de sorts

Appoline le jeta dans l’athanor

Et à toutes jambes s’en fut

Bien plus vite qu’elle ne l’aurait cru.

Le monde elle traversa

À la recherche d’un artefact.

Un jour surgit

Du plus profond de la nuit

Tout droit sortit d’une grange

Un homme étrange.

Tout de gris vêtu

Un cheval par dessus.

L’étrange personnage

Lui donna sans gage

Une étrange instrument

Dont elle se saisit immédiatement.

« C’est pour tous tes méfaits

Tous tes forfaits.

Tu possèdes maintenant

Cette poêle appelée la Poêlodents.

Tu ne pourras t’en défaire

Ou dans le cas contraire

Elle lancera sur toi

La peste et le choléra. »

Appoline prit ses jambes à son cou

Pour se cacher au fond d’un trou.

Ainsi Appoline se vit privée

Des ses sortilèges adorés.

Dès qu’elle utilisait sa poêle

Elle voyait de manière perpétuelle

Ses dents sans coup férir

De poils se recouvrir.

Honteuse et humiliée

Elle alla se cacher

Au fond d’une profonde forêt

D’où elle ne ressortie jamais.