Nous commençons notre histoire à Bourg Makis. C’est ici que vit le célèbre Professeur Ficus Saule-Pleureur, chargé de donner le tout premier Pokémon aux jeunes Dresseurs décidés à partir à l’aventure. Et voici Elia, une jeune fille venue chercher son petit compagnon…
Deux jambes sveltes couraient très vite, sous une jupe rouge taquinée par un vent printanier. Le Sac marron arborait un clip en forme de Teddiursa. Un joli ruban blanc cintrait le chemisier. Les longues socquettes vermillon se terminaient par une paire de ballerines crème. Elia avait 13 ans, des cheveux blonds ébouriffés, de grands yeux bleus et une bonne humeur communicative.
Bourg Makis était un petit patelin qui rendait hommage à sa spécialité éponyme. Les demeures se déployaient en forme cylindrique, le pourtour vert foncé embrassant des murs blancs, nantis d’un toit de différentes couleurs. C’était un coin très tranquille, beaucoup de touristes y séjournaient pour se détendre. Toutefois, les commerces se limitaient à l’essentiel. Il fallait se rendre à Mepoville pour les grosses emplettes. En dépit de sa simplicité, Bourg Makis avait une carte maîtresse : le Laboratoire Pokémon. Y exerçait le célèbre Professeur Ficus Saule-Pleureur. Beaucoup de Dresseurs, novices ou confirmés, faisaient escale dans cette bourgade afin de le voir. On le jugeait taciturne, peu loquace. Mais il demeurait l’unique Professeur de la région, de fait, tous les curieux convergeaient vers lui.
Elia poussa les portes du Laboratoire. Une dizaine de Dresseurs plus jeunes qu’elle se bousculaient pour passer en premier.
– Moi ! Moi, Professeur !
– Chacun son tour, les enfants…
Ficus Saule-Pleureur avait une tête de dépressif. Il ne souriait jamais et semblait atteint d’une maladie assez grave qui le faisait tousser de façon très étrange : il produisait de la fumée. Certains lui avaient recommandé des médecins de renom, une démarche qui l’avait fortement contrarié… Son état ne concernait que lui, il refusait que quiconque s’immisce dans ses affaires.
Ses recherches sur la corrélation organique des Méga-Gemmes entre Humains et Pokémon avaient suscité le respect du Professeur Chen, le scientifique le plus respecté de tous, situé à Kanto. Lorsque Samuel Chen donnait son approbation sur les thèses de théoriciens moins connus, tout le monde les agréait aussi, car c’était lui le grand ponte, le plus fin connaisseur en la matière.
Les futurs Dresseurs s’emparèrent d’une Poké Ball chacun, après avoir mûrement réfléchi. Elles contenaient toutes un petit compagnon pour débuter leur voyage. Certains préféraient un Pokémon pour son aspect, d’autres pour son type ou encore sa force.
Une dispute éclata lorsqu’un enfant s’empara de Feunnec.
– C’est pas juste ! Moi aussi je veux Feunnec !
Ficus les tempéra d’une voix monocorde.
– C’est la règle, les enfants… Premier arrivé, premier servi…
– Il est sinistre… – murmurèrent-ils entre eux.
– J’entends très bien, vous savez…
Ils se turent, le rouge aux joues. Cet homme, efflanqué dans sa blouse blanche froissée, les intimidait. Ils adoptèrent chacun leur petit compagnon sans plus faire de scène.
Restait à présent Elia. La déception l’envahit lorsqu’elle constata qu’il ne restait plus aucune Poké Ball sur le présentoir.
– J’arrive trop tard, c’est ça ?...
– En effet… C’est dommage…
– Il ne vous reste pas un autre Pokémon quelque part ?
– Il me reste toujours des Pokémon… Mes 16 Boîtes sont pleines…
– Boîtes ? Les Boîtes de stockage ?
– C’est cela…
Elia pressa son Sac plus fort.
– Et donc… Vous allez m’en confier un ?
– Est-ce que tu vas faire un caprice si je refuse ?...
– Non, je ne suis plus une enfant…
Cela signifiait sans doute qu’il comptait la recaler… Pourtant, Ficus la questionna, à sa surprise.
– Si tu n’es plus une enfant, pourquoi viens-tu adopter un Pokémon ? Cette cérémonie est réservée aux « jeunes Dresseurs »…
– J’ai 13 ans.
– C’est limite…
Une quinte de toux embrasa la gorge du quarantenaire. De la fumée sortit de sa bouche et de ses narines. Elia n’avait jamais vu un rhume déclencher ça.
– Vous devriez vous soigner, Professeur…
– Personne ne le peut…
– Pourquoi ?
Il soupira.
– Voilà pourquoi je déteste les enfants… Pourquoi, pourquoi, pourquoi… Parce que… Si je ne fournis pas plus de détails, c’est parce que je n’y tiens pas… Tout simplement…
– Euh… Oui… Mais, pour mon Pokémon… S’il vous plaît…
– Tu es têtue, hein ?...
Les yeux grenat bordés de cernes sombres la contemplèrent. Ficus expectora dans un mouchoir avant de demander :
– Que comptes-tu faire exactement ?...
– Partir à l’aventure, comme les autres.
– Élevage, tour du monde, Ligue Pokémon ?...
– Ah, j’aimerais défier des Champions !
Ficus hocha la tête.
– Si tu as la passion, tu t’y tiendras et tu partiras loin d’ici… C’est bien… Mais est-ce que tu sais que l’extérieur n’est pas aussi sûr que tu l’imagines ?...
– Pourquoi me dites-vous ça ?... Vous voulez me dissuader de partir ?...
– Non… Ce n’est pas ça… Le Pokémon que je vais te confier est spécial… Avant de te le remettre, je veux m’assurer que tu es vraiment motivée…
– J’en prendrai soin, Professeur !
– J’en suis sûr… Mais…
– Mais ?
– Non, rien… Viens…
Ficus se rendit à l’arrière de son laboratoire. Un PC très moderne occupait le bureau. Il l’alluma et transféra un de ses Pokémon dans sa main calleuse.
– Tiens… Je t’en fais cadeau… Quitte cette ville le plus tôt possible et pars à l’aventure…
Le fait qu’il insiste tant pour qu’elle décampe ne l’inquiéta pas plus que ça ; Elia exultait, elle avait un Pokémon, enfin ! Son tout premier ! C’est tout ce qui comptait !
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