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tome 1, Chapitre 26 tome 1, Chapitre 26

Si, avant de passer le pas de la porte, la pièce me semblait blanche et vide, elle devient désormais gigantesque, noire, et il me semble apercevoir des points scintillants. En fait, les murs, le plafond et le sol laissent place à l’infinité de l’espace, avec ses étoiles et ses planètes. Le spectacle qui s’offre à moi est époustouflant, j’en reste sans voix.

Une plateforme qui me semble être faite en bronze, où dans un métal de même couleur, s’élève dans les airs, me faisant alors perdre l’équilibre.

Je m’agenouille, tout en observant les environs.

Quelques minutes plus tard, de faibles chuchotements se font entendre. J’ai l’impression d’entendre des voix de femmes et d’enfants. C’est déstabilisant.

Que se passe-t-il ?

Est-ce un piège ?

A cette dernière pensée, je matérialise une arme lumineuse, à l’aide de ma magie, ressemblant à s’y méprendre une hache. Une hache qui brille.

Pourquoi pas ?

Je m’impose une respiration calme, apaisée. Je sais ce que je dois faire et je sais pourquoi je le fais.

Les voix deviennent plus claires, plus distinctes. “Que nous veut-elle ?”, “Qu’a-t-elle derrière la tête ?”, “Elle est une anomalie !”, “Mais supprimez-la !”.

Je sens que je suis la bienvenue.

“Y a quelqu'un ?” tenté-je avec le mince espoir qu’ils, quoi qu’ils soient, me répondent.

Étrangement, les chuchotement se tarissent jusqu'à complètement disparaître. Le silence domine maintenant, ce qui n'est pas pour me rassurer.

Je pince nerveusement mes lèvres, tout en me demandant quelle attitude il me faut adopter pour me sortir de cette étrange situation. Je prends alors une grande inspiration, puis je reprends :

“Je me nomme Cristal. Je suis celle qui a fait sombrer l'Empire des Anges. Je suis l’origine de ces millénaires de guerres… et… et…”

Ma voix se brise vers la fin et une larme coule le long de ma joue. Mes mains tremblent et la peur, vicieuse comme elle est, s’empare de moi peu à peu.

“Continuez, prononce ce qui me semble être une femme possédant un sacré organe tant elle parle fort, nous vous écoutons, Enchanteresse.”

C’est gentil de ne pas me mettre la pression...

J'essuie mes joues et il me faut faire un bel effort pour reprendre contenance. Mais j’ai vécu pire situation.

“J’ai cru comprendre que tout était de ma faute… Lucifer est tombée et avec elle, d’autres anges. Le mal s’est répandu sur Terre comme une traînée de poudre et l’Humanité est alors devenue une espèce pêcheresse. C’est bien cela ?

- Oui, prononce la même personne d’une façon neutre, l’on ne peut hélas changer le passé. Donc que nous proposez-vous ?”

Je relève la tête et je serre les poings : ce que j’avais en tête, ce que j’ai mûrement réfléchi va se concrétiser.

“Changer le futur, leur dis-je.

- Certes. Mais encore ? me répond-elle avec dédain.

- Où voulez-vous en venir ? s’exclame quelqu’un ou quelque chose d’autre.

- Tuez-la !

- Elle est une anomalie !

- Elle n’a pas le droit d’exister !

- On ne nous a pas prévenu !”

La discussion dérive et devient un capharnaüm de menaces de mort. Cela devient d’autant plus intimidant.

Ce sont donc ces êtres célestes qui sont à la tête du Royaume des Cieux ? Ils me font penser aux politiciens humains : incapables de s’accorder et juste bons à gueuler.

Je me détourne d’eux pour m’intéresser à mon environnement.

Le Centre se trouve au sein d’un gigantesque trou noir, lui-même situé au milieu de la Voie Lactée. C’est époustouflant ! Jamais je ne pourrais me lasser d’un tel paysage. L’infini de l’espace m’inspire et me détend. Je m’assieds d’ailleurs en tailleur pour observer ce si beau spectacle qui s’offre à moi .

“Dites, coupé-je tout doucement, que pense Dieu de moi ?”

Les voix se taisent de nouveau.

Je compte les secondes : une, deux, trois…

Plusieurs minutes s’écoulent avant qu’une voix semblable à celle d’un enfant ose s’exprimer :

“Nous ne le savons pas.”

J’esquisse un mince sourire et un rire sans joie m’échappe.

“Se moque-t-elle de nous ?

- Que devons nous faire ?!

- Que quelqu’un trouve une solution !” s’égosillent-ils encore.

C’en devient lassant.

Je me lève puis je m’étire longuement, tel un chat, en levant les bras et en soupirant d’aise.

“Vous sous-estimez les Hommes. Vous méprisez les Démons. Jamais vous n’avez tenté de comprendre les uns ni les autres. Vous vous terrez dans votre trou et vous n’avez pas même conscience de ce qu’il se passe en bas.”

Le silence revient. Je m’éclaircis la gorge et je continue :

“Puisque vous ne faites rien pour protéger les Hommes des Démons, je vais m’en charger. Je vais doter l’Humanité toute entière de pouvoirs.”

Ils beuglent de nouveau, outrés par mes paroles qu’ils jugent insensées. Cela me fait grincer des dents. Ils me sous-estiment. Ils ne devraient pas.

Je lève les bras et j’entonne une incantation de mon cru. Il s’agit d’un sortilège demandant une incommensurable puissance, si bien que je doute y survivre. Mais, au moins, l’Humanité de courra pas à sa perte.

Et ici, j’ai l’opportunité de toucher absolument tout. Et le faire devant eux est un plaisir que je m'octroie

Je garde les yeux grands ouverts.

Je veux voir mon monde pour la dernière fois, l’ultime fois.

J’aurai aimé voir Lucifer, lui expliquer, l’embrasser une dernière fois…

Non…

Je pars sans regret.

J’ai fait ce que je devais faire.

C’est la fin.

Lucifer… A Dieu…


Texte publié par Fiorthnir, 19 mai 2017 à 12h43
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