Beaucoup de questions restent encore sans réponse mais, suite à ce voyage, j’y vois enfin plus clair.
Une guerre, des anges, de l’amour… On se croirait dans un mauvais film hollywoodien.
Je recouvre lentement la vision et je devine être de retour dans la réalité. Je suis dans la même pièce blanche qu’à mon départ et la femme-chat me fixe de ses grands yeux violets.
Elle semble s'interroger, elle me déstabilise.
Qui est-elle ?
D’où vient-elle ?
Quelle âge a-t-elle ?
Elle est un mystère, une agaçante énigme.
Je m’approche d’elle et, m'agenouillant, je pose de nouveau ma main sur son front.
“Je suis partie combien de temps ?” tenté-je de la questionner.
Je patiente quelques secondes, mais je ne reçois aucun retour. Je soupire longuement et finis par lui adresser un bienveillant sourire.
“Tant pis…” dis-je dans un haussement d’épaule.
Soudain, de violents coups sur la porte nous font toutes les deux sursauter.
“Tu peux redevenir un chat ?” lui demandé-je avec empressement.
Celle-ci hoche la tête en réponse et son corps se métamorphose de nouveau, jusqu’à devenir un félin gracile. C’est à la fois impressionnant et effrayant. Au moins, elle me comprend, à défaut de pouvoir répondre.
Je récupère ma veste juste avant que la porte ne coulisse.
Lucifer ne semble guère enchantée de me voir.
Je croise les bras, je suis sur la défensive, je m'attends à ce qu’elle me réprimande méchamment. Sa réaction est toute autre : elle m’enlace dans une douce étreinte et, se penchant, elle cache son visage dans le creux de mon cou. Je peux sentir son souffle chaud caresser ma peau, résultant sur une agréable chair de poule.
Je n’ai jamais été proche de qui que ce soit et je ne recevais que rarement des câlins de la part de ma mère. Je me complaisais dans ma solitude, étant ainsi protégée. Mais avec elle, c’est différent. Bien qu’elle perce ma carapace, qu’elle envahisse mon espace vital, je ne ressens aucune angoisse.
“Ne me quittez pas encore une fois, susurre-t-elle, s’il-vous-plaît… s’il-te-plaît.”
Je sens mon cœur se serrer douloureusement et, dans un geste nerveux, je mord ma lèvre inférieure.
Je glisse mes bras autour de sa taille et elle relève la tête pour que je puisse me blottir contre elle. Nous faisons presque la même taille, elle doit faire à peine quelques centimètres de plus que moi.
“Luci, hésité-je, je ne veux pas voir le Conseil. Tu es censé être un ange déchu, non ? Alors pourquoi sommes-nous ici ? Et où sommes-nous ?”
Il se passe plusieurs minutes avant que mon interlocuteur ne prenne sa décision et décide de me répondre.
“Ce que j’ai appelé Conseil, c’est le chœur des Dominations. Ils reçoivent les ordres directement de Dieu, ils appliquent les règles et veillent au respect de ses dernières.”
Elle hésite à continuer, elle semble en proie à un dilemme. J’aimerais pouvoir l’aider, la faire rire et la rendre heureuse, surtout lorsque je la vois arborer une aussi triste figure.
“Il y a quelques décennies, ils…”
Elle prend une grande inspiration, comme si elle s’apprêtait à se jeter à l’eau.
“Ils m’ont proposée un échange…”
Je fronce légèrement les sourcils. Ses dires attisent ma curiosité, si bien que je ne tiens plus en place. Que lui ont-ils demandée ?
“Et... ? Luci, Lucifer, viens en aux faits ! Que t’ont-ils demandée ?! m’exclamé-je vivement, la tension atteignant son paroxysme.
- Ta vie contre mon rang d’Archange.” me renseigne-t-elle d’une traite.
Je suis pétrifiée sur place, tant ce qu’elle vient de me révéler me répugne.
“Que vas-tu choisir, Lucifer ? la questionné-je d’une voix tremblante, vacillante.
- J’en ai assez de courir, Cristal… J’ai envie de retourner… en haut…”
Je me suis donc faite piéger par la personne qui a, des milliers d’années auparavant, pris mon cœur ? Cela me révolte. Mon corps et mon esprit crient au scandal : j’ai envie de l’insulter et de la frapper. Oui, de lui asséner un grand coup sur la tête en lui criant combien elle est stupide et irraisonnée !
J’avais confiance en elle, et elle m’a trompée. La déception est intense et il s’ensuit une violente sensation de fatigue.
Je me détourne de sa personne, les poings serrés, les larmes aux yeux. Je m’agenouille pour récupérer le chat et le garder dans mes bras.
Les démons veulent ma peau et Lucifer… elle qui est tombée pour moi… m’a trahie…
C’est, en somme, ma vie contre la sienne. Quel égoïsme… Quoi que cela ne m’étonne pas. Lucifer, l’étoile du matin, est connue pour être une traîtresse et un vil être trompeur.
Je ne peux décemment pas laisser passer ça.
Je sens un goût amer emplir ma bouche et une haine immense grandir en moi.
Je me retourne pour lui faire face et je lui adresse un regard noir.
“Je suis quoi, pour toi ?” osé-je lui demander hargneusement.
Elle sursaute à ma question, elle ne devait probablement pas s’y attendre.
“J’attends une réponse ! crié-je, ne pouvant décemment plus me contenir.
- Je ne sais pas, commence-t-elle avec une once d’hésitation, je ne sais plus. Cela fait tellement longtemps que je te cherche.
- Evidemment… murmuré-je, atterrée.
- Cristal…
- Non, ne m’appelle plus. Ne me cherche plus. Cette guerre est stupide ! Aussi stupide que toi ! Et je vais y mettre un terme. Adieu, Lucifer. Littéralement.”
Je lâche le chat et je la pousse violemment contre un mur. J’essaie de l’y plaquer en faisant usage de tout mon poids. Je maintiens ses poignets de part et d’autre de sa tête et nos regards se fixent : l’un est haineux et l’autre demande pardon.
J’ai la mâchoire crispée, les dents serrées et une sérieuse envie de meurtre. Je ne sais pas ce qui me retient, ni même pourquoi je ressens une aussi grande aversion envers elle. Jamais je ne me suis sentie aussi en colère. Mon âme est en peine, j’ai mal. C’est si douloureux… toutes ces émotions…
“Luci… pourquoi ?”
Je n’attends pas sa réponse, je fais basculer la réalité. La pièce tournoie avant que Lucifer ne tente quoi que ce soit. Je disparais dans un tout autre monde, une dimension différente de la sienne, une réalité qui lui est inaccessible.
Peur, colère, haine… ce n’est pas bon pour moi. Ce n’est bon pour personne.
Je me dois de prendre un nouveau départ, maintenant que je connais mon histoire, mon origine. Du moins, je la connais dans les grandes lignes.
Je me sais bien plus forte et puissante que j’en ai l’air, il me faut juste travailler, étudier. Et pour ce faire, je dois retourner dans cette pièce et faire ce que j’ai toujours fait : fuir.
Pour le moment, je n’ai aucune autre alternative.
Bien sûr, qui dit apprentissage, dit théorie et pratique. Et j’ai pensé à tout.
J’étudierai désormais le jour et je pratiquerai la nuit.
Je vais partir à la chasse aux monstres.
“Ca te va, petit chat ?” demandé-je à l’animal, tout en lui grattant les oreilles.
Un nouveau départ… quoi de mieux ?
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