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Nous nous tenons maintenant face à une gigantesque porte blanche. Lucifer et Gabriel y sont entrés avant moi, en m’ordonnant de rester ici, seule, avec le matou.

Je prends donc mon mal en patience mais… je ne suis pas connue pour en avoir beaucoup. L’envie d’explorer les lieux est forte. Comment diable suis-je censée lui résister ?

En me retournant, je vois le bout du couloir qui m’appelle, ne demandant qu’à être exploré. Qu’est-ce que j’attends pour le faire ?

De toute évidence, ils ne semblent pas avoir besoin de moi.

Qu’est-ce que je risque ?

Ne m’ont-ils pas dit que j’étais ici en sécurité ?

C’est l’occasion de tester cela.

“Matou, votons ! Qui est pour se casser d’ici ?”

Le matou en question miaule, ronronne puis il quitte mes bras.

“Ok ! Je vote pour, moi aussi ! Barrons-nous en vitesse !”

Le chat noir s’éloigne de moi sans même m’attendre.

“Je vois... On suit le chef !”

Je jette un dernier coup d’œil à la mystérieuse porte derrière moi, hésitant encore à désobéir. J’ai toujours été rétive à toute forme d’autorité. L’étiquette qu’ils aimaient bien me coller, avant, à l’école, c’était le mot “rebelle”, voire “insubordonnée”. A raison, je le leur accorde.

Un malicieux sourire étire mes lèvres, alors que je m’éloigne de cette entrée. Je suis libre, majeure et apparemment importante pour eux.

So what ? comme le dirait si bien Pink.

J'essaye donc de suivre tant bien que mal le maudit animal qui s’avère être bien plus rapide que moi. Et dans un même temps, je commence à me poser des questions : n’y a-t-il donc personne en ces lieux ?

Cristal, ne panique pas…

Il n’y a vraisemblablement nulle âme qui vive.

Les murs, le sol et le plafonds, sont tous de cette même agaçante couleur blanche. Cela me rappelle cette technique de torture durant laquelle l’on enferme la victime dans une pièce complètement blanche et lui-même vêtu de cette même couleur.

De fait, à mesure que je progresse, je me sens de plus en plus oppressée, jusqu’à devoir m’arrêter.

Où suis-je ?

Qui sont-ils ?

M’ont-ils finalement enlevée ?

Comment ai-je pu leur faire confiance ?!

De violents flashs brouillent soudainement ma vue, me faisant sursauter et crier.

Des images prennent alors forme, ressemblant à s’y méprendre à un genre de… film ?

Il y a deux filles, l’une est blonde et l’autre est brune, avec des taches de rousseur sur son visage. Elles se trouvent à côté d'un amphithéâtre. C'est du moins ce que je perçois sur un panneau, contre un mur, près d'une porte. Serait-ce là un campus universitaire ?

"Cristal, tu n'as pas fini de bouder ? Je suis désolée de t'avoir soi-disant interrompue avec ton 'coup de foudre' fantomatique !

- Ce n'est pas drôle du tout ! Et je n'ai rien inventé ! Elle était là, cette fille ! Je te le jure ! On se regardait dans les yeux !

- Ma pauvre Cristal, tu délires complètement !

- Tu es agaçante ! Je n'ai rien imaginé... Laisse-moi. De toute façon, je dois y aller.

- C'est ça ! On se retrouve à midi ! Tu me diras s'il y avait des beaux garçons en info !

- C'est Réseaux et Télécommunications !

- C'est pareil !”

C’était quoi ?

Que vient-il de se passer ?

Cristal ?

Je cligne plusieurs fois des yeux, tandis que la vision s'achève, me laissant retrouver cette sensation d’étouffement. Je remarque seulement maintenant que je suis à terre, assise sur le sol, le dos reposant contre le mur. Et bien sûr, le chat se trouve sur mes genoux.

Un long soupire m’échappe.

Je me sens... terrassée, épuisée. Mes dernières forces me quittent, je n’en peux plus. J’ai besoin de dormir. De dormir pour ne plus jamais me réveiller. Ouais, ça me parait être un bon programme.

Le chat ne semble pas être d’accord avec ma décision de piquer un somme ici, dans ce couloir, puisque lorsque je me permets de fermer les yeux, je reçois un coup de griffe sur la joue droite. Je sursaute, j’ouvre grand les yeux, avant de grogner de douleur.

Je hais ce félin !

“Si je la retrouve…”

Je tourne la tête vers l’origine de ces paroles.

Je reconnais cette voix, c’est Lucifer.

Le chat quitte mes genoux et commence à s’enfuir dans la direction opposée.

Sans plus de réflexion, j’entreprends de m’échapper avec lui. De toute évidence, je porte une confiance quasi-aveugle à cet animal.

Il n’est pas normal, il ne peut l’être. Il me comprend, il est intelligent, je suis la seule à le voir : il est unique !

Est-ce seulement un véritable chat ?

Je me permets d’en douter, en particulier après tout ce qui m’est arrivé. Je me fie pourtant à lui et je le suis à travers ce dédale de couloir qui me donne l’impression de tourner en rond.

Aucune fenêtre, aucune sortie de secours, rien d’autre que du blanc, du blanc et encore du blanc.

Le chat et moi faisons tache dans ce décor atypique, cela va sans dire.

Par ailleurs, ce dernier finit par ralentir, jusqu’à s’arrêter. Personne ne semble nous suivre, c’est une bonne nouvelle. Une excellente nouvelle même ! Mon visage s’éclaire et mon cœur se réchauffe quelque peu.

Une porte s’ouvre face à nous et, puisque le chat s’y engouffre, je fais de même.

Pourquoi ?

Je n’en ai aucune idée.

Mais je ferai tout ce que ce chat fera, aussi stupide cela soit-il.

De toute façon, je ne comprends pas grand chose à ma situation.

Ce qu'il m'arrive est invraisemblable, illogique. Alors suivre un chat...

“Cristal, tu es devenue complètement folle, me dis-je à voix haute. Ma vie est un nanar.”

Un miaulement criard, désagréable me parvient, me faisant me retourner pour voir le félin se tordre de douleur.

Mais avant que je ne m’en approche, je constate qu’il grossit et qu’il semble prendre une forme humanoïde.

En effet, son pelage soyeux disparaît, laissant place à une peau hâlée. Ses pattes grandissent jusqu’à devenir bras, mains, jambes et pieds, tandis que sur sa tête pousse une longue chevelure ébène.

Ce chat est devenu une femme. C’est du moins ce que m’indique sa poitrine et l’absence d'attributs masculin.

Je soupire encore une fois.

Qu’ai-je fait pour mériter cela ?