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Un miaulement retentit soudainement, me faisant sursauter. Un petit cri de surprise m’échappe alors que je comprends que ce que je pensais être un énième monstre se trouvait être en vérité un adorable chat noir. Je souffle longuement, évacuant le stresse accumulé, pour finalement m’agenouiller près de lui. Je le prends délicatement dans mes bras, avant de m’intéresser à cet étrange endroit.

C’est petit, vieux et poussiéreux. Personne ne vit ici. Pourtant, depuis la rue, je pouvais voir un étage supérieur aux volets ouverts et desquels il émanait de la lumière. Cette maison est censée être habitée… C’est à n’y rien comprendre.

Tournant la tête en direction d’un coin de la pièce, je remarque ce qui me paraît être des ossements. Une nausée me vient, alors que je m’en éloigne un maximum.

“Un cadavre, un chat, des monstres... Y a pas à dire, tout est normal.”

Je grommelle, mécontente mais quand même heureuse d’être ici en sécurité. Les deux démons ne m’ont pas suivie et ne semblent pas vouloir le faire. Le peuvent-ils seulement ?

“Je suis peut-être tombée dans un espèce de… de salle sur demande ! Comme dans Harry Potter !”

Mon regarde se pose de nouveau sur les ossements.

“Toi, tu ne me rassures pas.”

Je ne sais combien d’heures sont passées depuis que je me suis enfermée en ces lieux singuliers, mais le fait est qu'il s'agit là d’une véritable caverne d'Ali baba de la connaissance !

Traduire les vieux texte a été un jeu d’enfant, les comprendre un peu plus difficile, et y croire…

Le fait est que tout ce qui m'arrive depuis que je suis petite prend une esquisse de sens. Ces anciens textes parlent de magie, de destruction, d’enchanteurs et autres faits fantastiques dignes d’un Tolkien. Il ne manque désormais plus que l’anneau.

Parallèlement à cela, j’ai découvert des choses intéressantes sur mes prédécesseurs venus en ces lieux. Notamment le fait qu’ils étaient tous issus de la même âme. Il en résulte une sorte de principe de la réincarnation. C’est là le semblant d’explication que j’ai pu obtenir en effectuant mes recherches.

Le principe en lui-même ne m'intéresse pas vraiment, c’est ce qui me concerne qui attise ma curiosité. Car ces documents expliquent clairement qui je suis et pourquoi il m’arrive de telles choses.

Je suis l’Enchanteresse.

Sont-ce là des bêtises ?

La femme m’avait appelée ainsi.

Je me prends la tête entre les mains et je grogne de frustration : quel labyrinthe mental !

D'autant plus que cela entre en conflit avec ce que m’a enseignée l'Eglise !

Cela paraît improbable et pourtant ces écrits dépeignent parfaitement ce que j’ai pu voir jusqu'à aujourd'hui.

Je soupire longuement, en m’affalant sur la vieille chaise en bois. Mon regard se porte alors sur le chat noir, endormi à mes pieds.

Et toi, qui es-tu ?

Je me lève et je me dirige vers la bibliothèque. Il s’y trouve notamment des grimoires remplis de fantasques formules et après ces heures de travail, j’ai grand besoin de me détendre. Un sourire malicieux étire maintenant mes lèvres, alors que je m’empare de l’un d’entre eux.

“Alors, voyons voir… l’art de l'illusionnisme ancestral de… euh… Ouais, illusion, ça m’a l’air amusant !“

Je l’ouvre à une page au hasard et je la parcours rapidement du regard.

Il s’agit d’une formule permettant de créer une illusion. Cela m’a l'air tout à fait intéressant et des plus amusants. Je me place donc au milieu de la pièce, les instructions encore en tête.

Je ferme les yeux et je respire longuement, doucement, pour me concentrer. Apparemment, la difficulté est nulle lors de cet exercice. Cela m'encourage donc d’autant plus à me montrer sérieuse et à réussir. Je garde quand même des doutes quant à l'issue de l’exercice. Si cela ne fonctionne pas, au moins je serai fixée.

Je continue donc d’inspirer et d’expirer sur un rythme régulier, jusqu'à ce que je sente naître une étrange sensation en moi. Un mélange de chaleur, semblable à un brusque regain d'énergie. C’est déstabilisant, mais également enivrant.

Est-ce que ça fonctionne ?

J’en ai bien l’impression, et cela m’encourage à continuer.

Je m’efforce donc de me concentrer, de ressentir cette force grandissante, pour la rendre d’autant plus forte, d’autant plus puissante. C’est instinctif, c’est comme si j’avais toujours su faire cela.

Une brume lactescente apparaît autour de moi, j’ouvre d’ailleurs les yeux pour l’observer, m’émerveillant devant ces progrès.

Ce que j’ai fait là est tout bonnement incroyable, impensable. Je meus mes mains et je pense à une forme particulière. Commençons simplement, me dis-je. Je pense à un triangle et je me focalise sur cette forme géométrique, jusqu’à ce qu’elle en emprunte la forme parfaite. Un triangle équilatéral, trois côtés de même taille. Ca fonctionne !

Me sentant de plus en plus sûre de moi, j’essaye d’aller plus loin. Après un tel succès, je ne peux décemment pas me contenter d’un simple triangle, carré ou rectangle. Non, j’ai envie de faire apparaître un dragon.

C’est donc en usant de mon imagination et en faisant preuve d’une intense réflexion que la fumée prend, petit à petit, l’allure de cet animal légendaire. D’abord le museau, suivi par un regard d’une incroyable intensité, jusqu’à son long corps, semblable à celui d’un serpent.

Ce dragon emplit la pièce toute entière, c’est… prodigieux.

Un grand sourire illumine mon visage aux traits crispés. Je sais que je peux aller plus loin, je sens que je peux faire bien plus.

Je tourne la tête vers la porte.

Je sais ce que je vais faire.

Je ne remarque pas la porte de l’unique sortie s’ouvrir d’elle-même. Non, il n’y a dans ma tête que cet objectif que je viens de me fixer.

Marchant lentement jusqu’à l’extérieur, concentrée sur le dragon, les mains relevées, je ne distingue pas non plus ce dernier changer, scintiller. L’animal prends vie, grandit, grossit, mais je ne le perçois pas. Car la seule chose que je vois, ce sont ces deux énergumènes qui m’attendaient bel et bien.

“Vous allez regretter d’avoir voulu vous confronter à…”

Je marque une légère pause, m’autorisant un instant de réflexion.

“...à l’Enchanteresse” finit de dire la femme que j’avais violemment frappée auparavant.