"Cristal, tu n'as pas fini de bouder ? Je suis désolée de t'avoir soi-disant interrompu avec ton "coup de foudre" fantomatique ! s'égosille Alexa, tout en riant moqueusement.
- Ce n'est pas drôle du tout, répliqué-je, acerbe, et je n'ai rien inventé ! Elle était là, cette fille ! Je te le jure ! On se regardait dans les yeux !
- Ma pauvre chérie, tu délires complètement ! me répond-elle en tapotant mon dos.
- Tu es agaçante ! Je n'ai rien imaginé... laisse-moi. De toute façon, je dois y aller.
- C'est ça ! On se retrouve à midi ! Tu me diras s'il y a des beaux garçons en info !
- C'est Réseaux et Télécommunications ! lui crié-je tout en m'éloignant en direction de mon bâtiment.
- C'est pareil !” me crie-t-elle à son tour, ne cessant de rire.
Je soupire faiblement et, après réflexion, je décide de ne pas m'offusquer pour si peu. Elle a toujours été ainsi et elle s'est toujours moquée de mes trucs de "geek", comme elle le dit si bien.
Alexa est mon amie depuis la primaire, nous sommes inséparables, bien que différentes l'une et l'autre. Nous n'avons pas les mêmes passe-temps, mais cela ne nous a pas empêchées de construire une amitié forte ! Je sais que je pourrais toujours avoir confiance en elle et elle en moi.
Je marche en direction du bâtiment appartenant aux pôles informatique et réseaux, les deux filières se le partagent. J'esquisse un grand sourire, le cœur battant plus rapidement : je suis heureuse.
Heureuse, mais surtout impatiente.
Je regarde l'heure sur mon smartphone et je découvre avec stupéfaction qu'il ne me reste plus que dix minutes. J'accélère donc le pas.
L'édifice qui m'abritera durant mes trois prochaines années d'études est neuf puisque récemment rénové : on le distingue aux murs blancs, encore propres et immaculés.
J'entre dans la salle A5, un soi-disant amphithéâtre.
Il en a le nom, mais pas l'apparence : C’est à peine s’il peut accueillir soixante étudiants.
Je m'installe au premier rang, sans me départir de mon air joyeux et insouciant, je suis enchantée de me retrouver là.
Je parcours la salle du regard et je constate qu'il n'y a que des garçons. Quoique non, il s'y trouve une autre fille. Elle aussi m'a vue. Nous nous observons mutuellement quelques instants, avant de nous détourner. Je ne suis pas ici pour me faire des amis et je me complais dans ma solitude.
La directrice du département R&T entre dans la salle, accompagnée d'une armée de professeurs. Elle commence à expliquer ce qu'il se passera cette année, durant ces deux premiers semestres.
J'en profite pour repenser à la jolie fille aux cheveux courts de tout à l'heure. Je peux encore la voir distinctement dans mon esprit, puisque possédant une mémoire photographique. Elle portait un jean noir, déchiré au niveau des genoux, une veste en cuire et sa lèvre inférieure se trouvait percée par une espèce de piercing noir en forme de pique. Elle faisait très mauvaise fille, avec le recule, et je me surprends à la trouver ravissante de beauté.
En fait, je me souviens surtout de son regard hypnotique.
En plongeant mes mirettes dans les siennes, j’ai ressenti presque exactement la même chose que lorsque je ressens l'irrépressible besoin d'entrer dans le bureau de mon père. Cette nouvelle constatation me fait légèrement froncer les sourcils puisqu’étrange.
Non... Ce doit être mon imagination débordante qui me joue encore une fois des tours.
Et depuis que j'ai fêté mon dix-huitième anniversaire, cela arrive de plus en plus souvent.
Maman dit que c'est normal : je ne prends pas mes médicaments.
Finalement, je ne m’y attarde pas plus. Cette fille était belle, point.
Deux heures plus tard, la sonnerie retentit : il est midi, nous pouvons partir, rentrer chez nous.
Je pars immédiatement à la recherche d'Alexa. Cette dernière doit se trouver dans le département Biologie. C'est donc avec une certaine insouciance que je m'y dirige.
Du moins, que je m'apprêtais à m'y diriger, car ma maladresse me fait de nouveau bousculer quelqu'un, un jeune homme cette fois-ci. Je me confond encore une fois en excuse, sans oser le regarder. Cependant, son rire cristallin et le fait qu’il tapote ma tête, me pousse à lever les yeux.
Je découvre face à moi un charmant jeune homme aux cheveux blonds, presque blancs, et aux magnifiques yeux verts. Il m'adresse un sourire chaleureux, creusant adorablement ses joues pour mettre ses pommettes en évidence.
“T'excuse pas, petite ! l'entends-je me dire d'une voix douce.
- J'ai... je... , commencé-je à bafouiller, j'insiste ! C'est la deuxième fois que ça m'arrive aujourd'hui, je devrais faire plus attention !”
Je glisse une main sur ma nuque, tout en détournant mon regard, gênée. Ce dernier penche légèrement sa tête sur le côté, tout en me regardant fixement.
“C’est donc toi… , murmure-t-il, comme stupéfait.
- Je vous demande pardon ?” lui demandé-je, moi-même perplexe.
Il secoue la tête, ne cessant de me sourire amicalement.
“Ce n'est rien, j'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir, Cristal.”
J'écarquille les yeux : comment diable ce magnifique garçon connaît-il mon prénom ? Un ami d'Alexa ? Peut-être… cela ne m’étonnerait pas : elle est ‘populaire’.
Elle n’a jamais rencontré de difficulté lorsqu’il s’agissait de parler avec un garçon ou un inconnu. Et pour ça, je l’admire, car j’en suis parfaitement incapable.
J’observe attentivement celui qui se trouve en face de moi et, bien que bafouillant, je lui répond que je l’espère également. Je prends également mon courage à deux main pour lui demander son prénom, en faisant fi de ma timidité presque maladive. Je regrette cependant de ne pas lui avoir demandé comment il a eu connaissance de mon identité.
“Gabriel.” me répond-il, avant de me faire un petit geste de la main et de s'éloigner.
Gabriel... ?
Comme l'ange ?
Je porte une main contre ma poitrine, ressentant de nouveau cette sensation, mais cette fois-ci, c'est différent. J'ai l'impression d'étouffer, que je vais m'écrouler.
Que m'arrive-t-il ?
Que se passe-t-il ?
Fais-je une crise ?
Je sens une main se poser sur mon épaule et j'entends la voix inquiète d'Alexa. Son timbre chaleureux me sort de ma torpeur.
Je ne me suis pas rendue compte que je m'étais agenouillée et repliée sur moi-même.
Je relève la tête, les larmes aux yeux, puis j’enlace mon amie aussi fort que possible. J’ai besoin d’être rassuré.
"Cristal... tu fais encore des crises d'angoisses ? Tu as bien pris tes médicaments, non ?
- Non... je ne suis pas malade, je n'ai... je n'ai pas besoin de prendre des médicaments."
Elle m'aide à me relever, n'ajoutant rien de plus.
Je me blottis contre elle et je me permets de pleurer, d'évacuer cette insupportable avalanche d'émotions contradictoires : désir, angoisse et peur.
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