Le trajet dure une vingtaine de minutes. Ça me laisse le temps d'exercer une de mes passions : le chant. Il n'est interdit de chanter dans la maison, même pour endormir mon frère, ce n'est pas possible. D'après ma mère, je dois garder cela pour moi et de ne pas le révéler aux autres. A quoi bon d'avoir une passion qu'on ne peut pratiquer ? Je ne sais pas moi-même. Tandis que je marche seule sur les routes désertes, je pousse la chansonnette faisant même quelques pas de danse par-ci par-là. J'apprécie le fait d'aller au village, personne ne me voit quand je chante ou quand je danse. Je parais heureuse, pourtant, ce n'est pas vraiment le cas. Les bourgeois viennent quelque fois nous embêter alors que nous sommes tranquillement à la maison. C'est d'un triste. Triste vie.
J'aperçois au loin le village. D'après ma montre, il est actuellement huit heures et j'ai l'interdiction de revenir avant onze heures. Qu'est ce que je vais faire après les courses ? Un long soupir s'échappe de mes lèvres. Je planifierais ça plus tard. Je rentre peu à peu dans le village. Le village n'est pas un lieu fréquentable, c'est là où traînent les fumeurs d'opium ou bien les prostituées. Ce n'est pas rare qu'on me prenne pour l'une d'elles, vu comment je suis habillée. Comme elles, sauf que je dévoile pas mon corsage.
Je me dépêche d'aller sur la place. De nombreux marchands s'y sont installés et ouvrent tous les matins. Je l'avoue que c'est l'idéal mais il y a peu de choses qui nous intéresse. En comptant les sous, je compte acheter des légumes, pour qu'on puisse faire un bouillon et du pain. J'aurais peut-être assez d'argent pour avoir un morceau de viande, mais je n'ai plus d'espoir qu'on en trouve dans nos assiettes !
En me faufilant, je pars à la rencontre du premier marchant, auquel je demande une pomme de terre, un navet et une carotte. C'est peu pour quatre personnes, mais c'est déjà bien qu'on puisse manger ! Il y a des jours qu'on ne peut manger à cause de l'argent ! Je paie ma commission, il me reste assez pour acheter du pain, chose que je fais aussi vite. Je repars aussitôt que je suis venue. La peur prend possession de mon corps quand je suis ici, c'est juste le trajet qui me plaît.
Maman, tu es bien gentille, mais qu'est ce que je fais maintenant ? Tiens, je vais aller rendre visite à Edward. Il travaille dans l'usine à côté du village, j'aurai sûrement la chance de le voir et de lui parler. Je slalome entre les rues et même les ruelles en tentant de me rendre à l'usine. Je peux la voir rien qu'à la vapeur qui s'envole de la cheminée. L'air est irrespirable depuis que les industries volent la place des agriculteurs. Ça nous aide peut-être, mais on ne peut plus vivre sous ces conditions, c'est horrible. Plus je m'approche dangereusement de l'usine, plus j'ai dû mal à remplir mes poumons d'air. Satanée vapeur. Je scrute à chaque endroit de l'usine mais en vain. Une mine de tristesse apparaît sur mon visage. Peut on considérer ça comme de l'amour ? Suis-je vraiment amoureuse ? Je rêverais d'avoir Edward comme époux mais cela est impossible, alors que mes parents l'apprécient.
- Mary, qu'est ce que tu fais là ?
Je fais volte-face, lève la tête, pour tomber nez à nez avec la fameuse personne qui est entrée dans mon coeur.
- Je voulais te voir. Répondis je en baissant la tête, honteuse.
- Mais tu sais que ce n'est pas possible…
Je secoue positivement la tête. Je sais que c'est impossible mais j'ai envie d'y croire ! Diable, laissez-moi rêver un peu !
- A ce qu'il paraît, un homme veut ta main et celui-ci, paraît-il, est bien fortuné. Ajoute il.
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