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En regardant ma montre cachée sous mon tablier, il est sept heures. Cela veut dire que je dois réveiller mon frère et le préparer pour qu'il puisse aller à l'école. Mon frère a ce privilège que je n'ai pas et je regrette de ne pas avoir un savoir aussi développé que lui, alors qu'il n'a que neuf ans.

- Paul, tu te réveilles ?

Il se frotte les yeux en s'asseyant sur le bord du lit. Mon frère et moi partageons la même chambre et le même lit, c'est compliqué par moment mais on s'y fait. Je le vois s'étirer et bailler tandis que je lui tends ses vêtements. Il les saisit avec précaution, sachant que c'est les seuls vêtements propres qu'il possède. En effet, la plupart de nos habits sont abîmés par le temps et dû à notre condition. Nous sommes pauvres.

- Edward viendra te chercher à sept heures trente, afin que j'aille aider maman.

Il acquiesce sans élever la voix et commence à enfiler ses précieux vêtements. Je noue son nœud autour de son cou et attache sa montre sur son veston. Je lisse ses vêtements afin qu'il soit présentable à l'école. J'ai juste le temps de terminer qu'on entend déjà les sabots des cheveux frapper le sol et les roues de la charrette qui traînent derrière.

- Tu fais attention à toi. Prononce je.

- Promis. Répondit il en courant vers l'extérieur.

J'ai à peine le temps de saluer Edward qu'il est déjà l'heure de retourner au travail. Ça m'attriste un peu le fait que je ne passe pas plus de temps avec Edward. C'est un homme charmant et si gentil... Même si sa main est déjà promise à quelqu'un. Mes parents n'ont pas encore choisi mon mari, ils font de leur mieux mais je ne suis pas pressée. Au fond de moi, je n'ai pas tellement envie de procréer et d'avoir des enfants, contrairement à ce qu'on pourrait penser, mes parents respectent ce choix mais savent que ce n'est pas possible. Ce qui est fort regrettable. Je pars derrière la maison, ma mère a les mains dans l'eau, lavant énergiquement le linge. Quand elle me voit arriver, elle se relève difficilement en étirant son dos au passage. Son corsage doit la faire souffrir...

- Mary, n'attends pas que ça se passe, prends donc le peu d'argent qu'il reste et vas au village. Rapporte nous de quoi manger. Ne reviens pas avant onze heures, ton père et moi devons nous entretenir avec un homme qui te veut comme épouse.

Diable, pourquoi je n'ai pas su cela bien avant ? On parle de mon avenir, de ma liberté et de ma dépendance ! Pourtant, je n'ai pas d'autre choix que d'accepter cet homme que je connais pas. Même pas son nom.

- Mère, puis je savoir son nom ?

Elle ne répond pas. Inutile de continuer cette conversation, elle ne dira rien. Je vais à la cuisine, prenant l'argent entreposé dans une salière et commence à emboîter le pas vers le village.