Pourquoi vous inscrire ?
Le monde de Dulatum-la dernière des Fées
icone Fiche icone Fils de discussion icone Lecture icone 2 commentaires 2
«
»
tome 1, Chapitre 5 « La maison d'Ethias, le forgeron » tome 1, Chapitre 5

Erboise n’était pas une cuisinière comme les autres. Magicienne, comme sa mère, elle était la fille illégitime du Roi Erman et la demi-sœur du Roi Éric d’Erum. Leur ressemblance était frappante. Elle avait tout hérité de la famille royale : une tête bien faite, des yeux d’un bleu profond, des cheveux noir de jais et un teint très pâle. Elle était née avant le mariage du roi Erman et de ce fait bien avant l’héritier de la couronne.

Erboise, à tout juste vingt ans, avait épousé le Capitaine de la garde royale d’Erum : Ethias. De six ans son cadet, le Roi Éric avait tenu, à la mort de son père -Erman-, à lui redonner sa place. Elle avait refusé. Il avait insisté. Têtus comme ils l’étaient, cela aurait pu durer longtemps. Heureusement, grâce à Alaxar, alors toute jeune Reine d’Erum, ils avaient pourtant trouvé un compromis. L’accord qui liait le frère et la sœur était le suivant : Erboise gardait son anonymat et en contrepartie, le temps venu elle deviendrait nourrice royale.

Alaxar s’était rapidement prise d’amitié pour sa belle-sœur. Elle admirait l’organisation et la dévotion de cette mère de cinq enfants pour sa famille. Lorsqu’elle fut à son tour enceinte, peu de temps après la naissance d’Ernest, son cinquième neveu, la dernière guerre des Elfes battait son plein.

Les troupes menées par le Roi Nékkor de Néatum venaient de franchir la Forêt des Senteurs. Les ours argentés d’Erum étaient maintenus à distance par le pouvoir d’Alter, l’Elfe noir. Le Roi Éric protégeait son royaume depuis son château : la Bastide. Il mettait en place les défenses du lieu afin d’être prêt à tenir un siège. Malgré ses journées interminables, il vit naître sa fille.

Quelques semaines après l’arrivée de la Princesse Amarys D’Erum, sa mère, Alaxar, décida de rallier ses troupes. Un ours argenté, magnifique créature magique dont la fourrure se transformait en écailles métalliques lorsqu’il était en colère, venait d’être tué. Occis par le feu éternel d’Alter, le pouvoir de l’animal avait rejoint celui de l’Elfe-noir, augmentant encore son influence.

Les habitants d’Erum souffraient de la famine, des blessures et de la maladie. L’Elfe-guérisseuse n’avait pas d’autre choix que de défendre et de soigner son peuple qui payait un lourd tribut à cette guerre sans merci. Elle rejoignit Ethias, parti quelques mois plus tôt, au front de la forêt des Senteurs. Elle lui annonça qu’Erboise venait d’accoucher de leur sixième enfant, avant de lui ordonner de retourner auprès son épouse. Par cette adjuration, elle mit en sécurité sa propre fille ainsi qu’une partie de la famille royale.

Ethias combattait, loin de chez lui, depuis un moment. Il avait juste eu le temps de voir son fils Ernest. Il ne s’étonna pas d’être une sixième fois père, car il avait désiré Erboise tandis qu’elle attendait son retour de couche. Encore nos jours il ne savait toujours pas ce que la Reine Alaxar avait demandé à la nourrice le jour de son départ pour le champ de bataille. Lorsqu’il revint, il ne fut pas étonné qu’à l’instar de ses garçons, sa dernière-née rappelle le physique du Roi Éric. Tous ses enfants avaient les caractéristiques de la famille royale d’Erum. Il n’y avait en cela aucune surprise, ils ressemblaient tous à leur mère.

La souveraine d’Erum décéda la première, sur le front de la forêt des Senteurs, quelques semaines plus tard. Elle réussit cependant à transmettre, dans un dernier souffle, ses pouvoirs et ceux de ses ancêtres à sa fille.

La jeune Princesse, choyée par la famille d’Ethias, vivait cachée dans une humble chaumière. Amarys avait été baptisée Eren par ses frères, très heureux d’avoir enfin une petite sœur. Erboise et son mari se dissimulaient sous les traits d’un forgeron et de son épouse afin de ne pas attirer l’attention sur eux. Ce stratagème était une idée d’Erboise, bien évidemment.

Dans un délai de quelques mois, le Roi Éric mourut, forçant une grande partie de son peuple à se soumettre au Roi Nékkor. Il défendait la Bastide. Dans un ultime combat, il tomba sous les coups d’Alter, l’Elfe noir. Cependant, ce dernier amoureux en cachette d’Alaxar ne réussit pas à lui survivre bien longtemps. Lorsqu’il partit pour le monde secret des Elfes, il légua sa faible lumière et son immense pouvoir à sa filleule, Amarys, dissimulée depuis peu sous le nom d’Eren.

La famille de l’ancien Capitaine de la garde royale vécut deux ans non loin de la Bastide. Ethias reprit le métier de son père et devint forgeron. Erboise ne voyait pas d’un bon œil le fait de rester si près du château. Aussi, après un énième incident entre son mari et des soldats de Néatum au sujet d’impôts trop élevés, elle réussit à le convaincre de partir. L’exil et la fuite ne faisaient pas partie du vocabulaire de ce militaire. Il sacrifia ses principes afin de protéger sa famille. Ils trouvèrent asile à Grubens, dans une vallée oubliée loin de tout. De longues années passèrent.

Les enfants d’Ethias et d’Erboise apprirent le respect du travail de chacun. Leur mère leur enseigna à aimer les créatures magiques et leur père à manier une épée. Les temps furent durs jusqu’à un matin d’hiver où le jeune Capitaine de la garde de Grubens entra dans l’échoppe d’Ethias. Ce jour-là, le sang d’Erboise se glaça. Elle savait depuis toujours son destin lié à la royauté. Elle avait tout fait pour le fuir. Ce jour du deuxième mois d’hiver, elle le vit frapper à sa porte un grand sourire aux lèvres et une épée brisée à la main.

Ils avaient déménagé dans la semaine qui avait suivi. La femme du forgeron n’avait émis qu’une seule condition à ce changement : personne ne devait jamais connaître leur passé. Ethias avait embrassé son épouse sur le front, l’accord était scellé.

∫∫∫

Alors que l’orage battait son plein, Erboise mit la dernière main à son ragoût, avant de le laisser reposer jusqu’au lendemain. Elle avait préparé du bœuf aux poivrons, une recette d’Erum. Le matin même, après avoir entendu les trompettes, elle avait couru au marché. Elle y choisit ce qu’il s’y faisait de mieux. Rien n’était trop beau pour le retour de ses fils.

Elle était établie depuis maintenant deux ans dans la première cour et les commerçants la connaissaient bien. Ils lui réservaient généralement leurs meilleurs produits. La femme d’Ethias était une cuisinière exceptionnelle. Bon nombre de ménagères venaient lui demander conseil et se renseigner sur l’origine des fournitures qu’elle utilisait. Les marchands, en lui confiant leurs denrées les plus fines, faisaient aussi un peu leur publicité.

En rentrant des commissions, elle avait coupé en cube des morceaux de filet de bœuf avant de les faire mariner dans un peu de vin rouge agrémenté de piment léger de Xipes et d’oignons nouveaux. Il n’y avait pas de temps à perdre, car la recette prenait deux jours et si elle voulait servir ce plat le lendemain midi, elle devait s’activer.

Elle avait, ensuite, découpé les poivrons en fines lanières. Elle avait mis toutes les couleurs qu’elle avait pu trouver. Il y avait : les classiques rouges, jaunes et verts, mais aussi des bleus d’Erum et des vermillons de Xipes, qu’elle avait mélangés avec des picholines noires musquées.

Trois cuillères à soupe d’huile d’olive plus tard, elle jetait les légumes dans la poêle. Tout d’abord, elle les dora à feu vif. Puis, baissant l’intensité de la cuisson, elle posa un dessus-de-plat afin de finir de les laisser mijoter à l’étouffée.

Elle tournait la viande dans sa marinade lorsque les trompettes se firent entendre une seconde fois.

La mère d’Eren ne se retourna pas. Elle se contenta de sourire, soulevant le couvercle de sa marmite, elle agita les fumerolles avec sa main libre de façon à humer l’odeur du plat. Il manquait quelque chose.

Elle regarda par la fenêtre, personne ne s’intéressait à sa cuisine, aucune voisine sous son balcon. Elle fit le tour de la pièce d’un coup d’œil, puis elle ferma les paupières et écouta le silence de sa maisonnée.

Personne. Ethias avait dû sortir pour prévenir l’entourage que ses fils étaient de retour, au cas où ce dernier aurait été sourd et n’aurait point entendu les trompettes.

Elle passa sa main droite devant son étagère à épice ; de la gauche, elle serra bien fort son pendentif.

Elle ne savait plus où elle l’avait caché.

Une légère lumière orangée sortit de sa paume. Un des bocaux, marqué : « Thym de Néatum », émit une douce couleur violette fluorescente en réponse à son passage. Soulagée, l’épouse d’Ethias lâcha son médaillon. Elle ouvrit le récipient et saisit une pincée de poudre qu’elle ajouta à sa préparation. L’odeur changea immédiatement. Elle devint plus moelleuse, plus profonde.

Il s’agissait d’une de ces potions qui rendaient sa cuisine inégalable. Elle dodelina légèrement de la tête, se demandant comment elle avait pu oublier qu’elle l’avait rangé avec le Thym de Néatum, seul aromate capable de cacher par son odeur citronnée, celle de sa mixture à base de corne de licorne.

Erboise entendit alors les premiers claquements de sabots. Elle se précipita dehors, espérant apercevoir ses fils enfin de retour.

Elle rentra immédiatement, réalisant qu’elle portait encore son tablier. Elle l’ôta et prit quelques secondes pour se mirer dans le couloir de l’entrée. Ses mèches noires échappaient de sa tresse tels les serpentins de carnaval. Elle se pinça les joues afin de se donner bonne mine. Ensuite, elle entoura sa tête de sa natte et dompta ses touffes de cheveux rebelles à l’aide de quelques épingles. Elle lissa sa robe et sortit.

Elle arriva juste à temps pour voir le Capitaine de la garde atterrir, les fesses les premières, dans un tas de fumier. Posant sa main sur sa bouche en signe de surprise dans un premier temps, elle ne put cependant réprimer un fou rire.

Elle se tourna. Elle voulait éviter de blesser le militaire par son égaiement incontrôlé.

Elle reconnut, à ce moment-là, le son de la voix d’Eren. Erboise expira fortement et se retourna. Bien sûr, il était encore question de défendre un cheval ailé. Erboise sourit tendrement : mi-amusée, mi-désespérée. Eren n’était pas son enfant, même si elle l’élevait comme telle depuis le jour de sa naissance, et pourtant, elle lui ressemblait tellement.

Elle attendit, s’assurant que ses fils interviennent. À l’exception d’Éméric, tous étaient venus au secours d’Eren. Ceux qui appartenaient à la garde étaient en pleine forme à ce qu’elle observait. Elle soupira, soulagée.

Le reste n’était que détail d’intendance. Eren serait encore plus sévèrement punie. Elle finirait par mûrir et par comprendre.

Par contre, dans deux semaines, elle aurait dix-huit ans et Erboise ne voyait vraiment pas quel jeune homme arriverait à trouver grâce aux yeux de ses frères.

L’épouse d’Ethias avait l’habitude de résoudre un problème à la fois. Tout d’abord, savoir ce que la Reine allait décider face à cette nouvelle incartade d’Eren. Ensuite, lui dénicher au moins un prétendant qui arrive à se faire accepter de ses frères. Enfin, se débrouiller pour que ses vingt ans venus, elle n’explose pas la Citadelle.

La Magicienne ne savait comment faire afin de préparer sa fille à son avenir de Fée. Alaxar avait envoûté son enfant pour qu’aucun enchantement n’ait de prise sur elle, vingt ans durant. La mère biologique d’Eren était sûre que la Magie protégerait son unique représentante de tout mal. Erboise avait peur que quiconque de malveillant, apprenant que sa fille adoptive était la dernière des Fées, ne veuille la tuer la nuit de ses vingt ans. Sa lumière perdue dans le néant se retrouverait à la merci de son meurtrier. Il pourrait ainsi lui voler tous ses pouvoirs.

Dans de mauvaises mains, un héritage si puissant pouvait s’avérer néfaste pour tout Dulatum.

La Reine venait de rendre sa sentence et la femme d’Ethias n’en crut pas ses oreilles. Ce n’était point une punition, mais un honneur. Elle ne comprenait pas ce qui avait pu motiver Erianor.

Au loin, elle vit Eren courir vers elle avec cette grimace si particulière qui animait son visage lorsqu’elle était malheureuse. Elle la prit dans ses bras, la consola et lui conseilla de vite faire son paquetage.

Erianor allait entrer dans la cour d’honneur. Soudain, elle fit signe à son escorte de rentrer sans elle. Elle s’avança.

D’un geste plus que discret, elle découvrit son poignet droit et bougea ses bracelets. Une fine cicatrice en forme d’étoile siégeait à la base de sa paume. Erboise déglutit et sortit l’espace d’un instant son médaillon.

La Reine dans un souffle lui dit :

« Vous êtes la sœur d’Éric.

– Et vous la marraine d’Amarys », conclut Erboise.

Les deux femmes n’avaient pas besoin de parler davantage. Elles trouveraient bien un endroit plus discret pour partager leur secret. En patientant, elles se prirent les mains : Erianor, reconnaissante qu’Amarys ait une famille et Erboise, soulagée qu’Eren ait une marraine.

Les deux étaient satisfaites de ne plus être seules dans la tâche qui les attendait : protéger la dernière des Fées.

∫∫∫

L’orage de la veille n’était plus qu’un mauvais souvenir. L’odeur de ragoût de bœuf aux poivrons et olives envahissait maintenant la première cour et la cour intérieure. Les fils d’Ethias et d’Erboise, bien qu’occupés à différents endroits de la Citadelle, reconnurent ce fumet comme s’il s’était agi d’un signal.

Dans les écuries même, les palefreniers savaient que les enfants d’Ethias mangeraient, ce midi encore, un des délices d’Erboise. Elle était connue tant pour sa pâtisserie que pour sa cuisine en général. Nombre de familles d’artisan d’art venaient des campagnes, mais une seule était originaire d’Erum.

Ils étaient arrivés deux ans plus tôt au retour de la première mission du Prince. Ethias avait immédiatement occupé le poste de Maître forgeron. Cet homme, au physique grand et large, avait su gagner le respect de tous par sa gentillesse, son esprit travailleur et sa dextérité. Grâce à lui, Grubens était doté des meilleures lames de Dulatum.

Certains faisaient même le voyage depuis Xipés pour un simple poignard.

Erboise se chargeait de tout le reste. Elle taillait les mèches de ses fils qu’elle préférait rasés de près. Cependant, ces derniers s’amusaient de ses soupirs lorsqu’ils portaient moustaches ou barbes. Elle avait un physique gracieux et fin qui discordait avec celui de son mari.

Si les enfants d’Ethias avaient les cheveux noir de jais, cela venait du côté de leur mère. De petite taille, elle était toujours coiffée d’une tresse enroulée autour de la tête, à la mode de Grubens. Ses yeux bleu profond pétillaient de malice et d’intelligence.

Tous s’accordaient à dire qu’elle tenait sa maison et sa tribu comme personne. Et même si la petite dernière, Eren, était un peu agitée pour une jeune personne de son âge, elle avait ce trait commun à toute la famille d’Ethias : un cœur d’or.

Les enfants du Maître forgeron avaient comme caractéristique particulière de se ressembler énormément. Les garçons étaient tellement semblables qu’il était difficile de les distinguer les uns des autres. Quant à Eren, elle avait une troublante similitude avec ses frères. Tous étaient grands, plus que la moyenne, avec des yeux bleus foncés, connaissant des nuances allant de l’émeraude à l’améthyste et ils étaient toujours prêts à rendre service.

Ethias et Erboise étaient fiers de leurs enfants et appréciaient de les avoir tous autour d’un bon plat.

Ethan discutait avec le Prince de la mission qu’ils venaient d’effectuer. Ils mettaient également au point le calendrier d’entrainement tout en tenant compte du fait que le Capitaine de la garde était consigné à la première cour. Le jeune homme s’excusa auprès de Gregory et lui expliqua qu’il avait un repas de famille à honorer.

L’hériter de la couronne donna une tape amicale à son second et l’enjoignit de profiter du talent culinaire de sa mère.

En descendant des appartements du Prince, Ethan croisa Édouard qui finissait son service à l’étage des conseillers.

Ernest et Eliott étaient assis devant les écuries et parlaient de l’état général des animaux qui étaient rentrés la veille. Tous deux mâchouillaient un brin de paille. Ils s’époussetèrent lorsqu’ils virent leurs frères sortir de la tour du Roi. Les fils d’Ethias se rejoignirent au milieu de la première cour. Après avoir échangé les accolades de rigueur, ils se demandèrent où était Éméric ?

Ils plaisantèrent sur le fait qu’il devait encore préférer dévorer un livre plutôt que d’arriver à l’heure au repas de leur mère.

Lorsqu’ils poussèrent la porte de la maison familiale en riant, ils furent surpris de trouver Éméric déjà attablé. Il leur sourit. Malgré leur âge, Ethan, Édouard, Eliott et Ernest durent d’abord se laver les mains avant de pouvoir s’installer.

En plus de leur ressemblance, les enfants d’Ethias et d’Erboise avaient en commun un immense respect pour leurs parents et un pendentif autour du cou.

Cadeau de leur mère, il s’agissait d’une pierre cerclée d’argent. Les ornements n’étaient jamais les mêmes. Les bijoux avaient été fabriqués en secret par Erboise elle-même et étaient ensorcelés. Les gemmes avaient pourtant en commun d’être bleues ou d’une nuance approchante.

Erboise avait dû utiliser toute sa magie pour créer un envoûtement aussi puissant. Ses fils ainsi que sa fille adoptive étaient protégés contre les enchantements eux-mêmes.

Aucun sort ne pourrait avoir de prise sur sa progéniture. Alaxar avait, déjà, caché Amarys à l’aide d’un charme de dissimulation. Pourtant, il risquait de prendre fin le jour de ses vingt ans. Ni Erboise ni l’Elfe guérisseuse n’étaient sûres de la chose. Les médaillons préservaient les enfants d’Erboise, surtout de la sorcellerie noire, mais aussi de certaines créatures magiques.

La femme d’Ethias participait à sa façon à la protection de sa famille.

Maintenant qu’ils étaient tous à table, Erboise appela Ethias, en retard. Le Maître-forgeron allait s’asseoir lorsqu’il vit le sourcil inquisiteur et silencieux de sa femme se soulever. Il fit prestement demi-tour tandis que ses fils pouffaient le plus discrètement possible.

L’ancien Capitaine de la garde d’Erum fit tourner ses mains devant le visage de son épouse avant de se laisser tomber sur sa chaise placée en bout de la table. Les garçons riaient maintenant franchement.

Erboise n’eut qu’à tapoter le bord de sa marmite de sa cuillère pour obtenir le silence et l’attention de sa famille. Une à une, les assiettes furent remplies. La quiétude s’installa, brisant par moment par le claquement des fourchettes sur la porcelaine. Alors qu’Ernest nettoyait son plat à l’aide d’un bout de pain, Erboise posa à table une magnifique tarte à la rhubarbe.

Ethias fit le café. Les conversations avaient remplacé le bruit des couverts. Eren occupa toute la famille et même Erboise ne put retenir un fou rire à l’évocation du baquet. Si le Maître-forgeron était extrêmement contrarié par l’attitude de sa fille, il était tout de même très fier qu’elle ait pu rivaliser avec le Capitaine de la garde.

Ils burent leur café en discutant avant de prendre une part de tarte. Erboise avait une recette bien à elle. Elle mettait les fruits au sucre, faisait cuire sa pâte à blanc puis déposer la rhubarbe en spirale sur le biscuit à peine doré. Ensuite, elle déversait sur sa préparation un mélange d’œuf, de lait, de poudre d’amande et de beurre.

Mais ce n’était pas là sa seule cachoterie.

Ce fut donc au milieu des rires et de l’odeur moelleuse de la tarte et du café, qu’Erboise prit conscience que le destin de sa fille adoptive venait de prendre une nouvelle direction.


Texte publié par Isabelle , 16 juin 2017 à 10h56
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 5 « La maison d'Ethias, le forgeron » tome 1, Chapitre 5
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2780 histoires publiées
1267 membres inscrits
Notre membre le plus récent est JeanAlbert
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés