[enregistrement-3245-Th-23h78]

‘Tain, qu’est-ce que c’est encore que ce truc violet ? Carena, tu as changé le produit de nettoyage ?

« Non, patron. »

C’est dégoûtant. (*bruit spongieux *)

Ok, alors il est 23h79, heure de Thorax et je suis crevé, donc on va faire court.

« Tu ne fais jamais court, patron. »

Tais-toi Carena, on ne t’a pas sonnée. Je disais : court. Je ne me suis toujours pas fait piquer mon navire, donc c’est toujours le capitaine Zeck Larchey qui parle, et toujours à bord du Carena 738, matricule 345-C738-T8. Tu es vraiment sûre que ça ne vient pas de toi, ce truc ? L’odeur est bizarre.

« Non, patron. Ça doit être toi. »

Mouais. Je ne suis pas convaincu. Bon, j’en étais où ?

« Faire court. »

Tout juste. Donc, a priori, rien à signaler pour aujourd’hui. Marchandise livrée avec succès dans la Bulle n°4 de Thorax. Des arnaqueurs de première. Note à moi-même, ne plus faire affaire avec ces zombis sur pattes.

« Dois-je enregistrer cette remarque dans le listing clients ? »

Pour qu’ils s’en rendent compte à la douane et me coffrent pour diffamation ? Franchement, Carena, ce genre de remarques me ferait presque douter de ton intelligence.

Pour en revenir à nos affaires, il a quand même fallu que je bataille pour me faire payer le montant prévu. C’est-y pas malheureux ? Les gens n’ont plus aucun respect pour les honnêtes coursiers, c’est triste. Sous prétexte qu’on sous-traite le transport, on n’a plus droit à aucune considération. Alors que sans nous, bah… ils seraient quand bien même bien embêtés, ces saligauds. On ne pense jamais aux petits entrepreneurs intermédiaires, alors qu’ils sont quand même le maillon le plus important de la chaîne économique.

« Tu devrais faire grève, patron. »

Idée stupide, Carena. Si je fais grève : petit a, je ne serai plus payé, donc je n’aurais plus moyen de t’entretenir, donc je vais devoir te vendre et on sait tous les deux que c’est hors de question ; petit b, la concurrence est acharnée et ne demande qu’à me piquer ma place, ce qui au final, reviendrait au petit a ; petit c… il n’y a pas de petit c, mais tu as compris le principe ? Non, le problème avec l’univers d’aujourd’hui, c’est qu’il n’y a plus que la violence qui marche. Le seul moyen de se faire respecter, ce serait un spectaculaire coup d’éclat, un truc qui leur ferait rentrer dans le crâne que…

« Qu’est-ce qu’on a dit au sujet des accès de témérité, patron ? »

(*soupir*) Je n’aurais jamais dû demander à Vega de t’installer un module de vocalisation. Je suis sûr qu’elle en a profité et t’a reprogrammée pour me faire la leçon.

« Dame Vega n’a pas touché à mes circuits internes. C’est du simple bon sens. Ou alors c’est un défaut de fabrication. »

Sûrement. Oh, mais tu n’arrêtes pas de me distraire ! Débranche-toi cinq minutes !

Donc, les Thoraciques sont des escrocs agrippés à leurs sous, mais j’ai réussi à me faire payer. Les soutes sont vides et j’ai rendez-vous demain pour les remplir de nouveau. A première vue, on se dirige vers Chamblain. Ce qui n’est pas plus mal, ça nous rapproche de Vigine. Tu as établi le plan de vol, Carena ?

« Pas encore. »

On pourrait peut-être faire un détour. J’ai envie de voir Vega. Ça fait combien de temps que je ne l’ai pas revue ?

« Vingt-cinq jours, quatre heures et douze minutes. »

Beaucoup trop longtemps, c’est bien ce que je disais. J’ai une envie folle de l’embrasser, de la prendre dans mes bras et de l’entendre faire ce petit bruit. Tu sais, quand je lui mordille l’oreille et que je descends dans son cou et que…

« Patron ! »

(*rire*) Gênée, Carena ? Je ne te savais pas prude, pourtant. C’est dommage, je pensais que tu pourrais m’expliquer pourquoi j’ai retrouvé une série de sites pas très nets sur mon dernier historique Internet. Mais comme tu es si choquée, ça ne peut pas être toi.

« Pa… Patron ! »

C’est bien ce que je pensais. Bon, tout ça demande réflexion ;

Sinon, j’en étais où ? Euh… Le rapport d’avanie est presque négatif. Une minuscule fuite de gaz réfrigérant dans les moteurs sept et huit, mais rien d’urgent. J’ai paré au plus pressé. A surveiller, cependant. Je ne voudrais pas qu’on risque une surchauffe. Vega ne me le pardonnerait pas.

« Moi non plus. »

Tu n’aurais plus tellement l’occasion de t’en plaindre, tu sais. Raison de plus pour passer par Vigine, cela dit. Vega pourrait m’arranger tout ça en un rien de temps. Quand doit avoir lieu ta prochaine révision complète ?

« Dans trois mois. »

(*silence*)

Non, on n’attendra pas tout ce temps-là. Programme Gora dans le plan de vol, Carena. Tant pis, on rallongera le délai de livraison. Motif : sécurité de la navette et de sa cargaison.

« Ok, patron. »

Je crois que je n’ai rien oublié. Carena ?

« Rien. Mais tu n’as pas fait court. »

Oh, ça va.

Sur ce, je vais me coucher. Terminé.

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