Que font les étoiles dans le ciel ?
Les étoiles brillent.
Les étoiles dansent, en une ronde si lente qu'il lui faut la nuit pour accomplir un seul tour.
Les étoiles chantent d'une voix si ténue, si cristalline, que les oreilles mortelles n'en perçoivent que l'écho irréel.
La vie des étoiles s'écoule comme un long rêve dont elles ne s'éveilleront jamais. Parfois elles s'en contentent, juste heureuses d'exister. Mais d'autres, plus jeunes, connaissent encore l'ennui : pour s'en distraire, quand la lune leur sert de luminaire, elles contemplent la terre.
Une petite étoile en particulier : ce n'est pas un astre célèbre et flamboyant arborant le patronyme d'une divinité célèbre, mais un obscur petit soleil, connu d'une poignée d'astronomes seulement. Dès que le matin survient, elle est parmi les premières à pâlir et disparaître. Quand les constellations dessinent leurs ballets complexes, elle reste juste au-dessus de l'horizon, à observer le monde.
C'est là qu'elle l'a aperçu pour la première fois au haut d'une butte, à la fois si proche et si lointain, la tête levé vers le ciel, le corps lové dans une position d'adoration. Il ne ressemblait à aucun des êtres qu'elle avait pu voir jusque là : sans pattes, sans ailes, sans poil, sans plume, presque sans queue ni tête... Un être étrange et incompréhensible, qui s'enfonçait dans le sol tendre de la colline dès que paraissait le matin.
Mais chaque soir, quand elle quittait timidement son édredon de nuées pour vivre sa vie d'étoile, elle le revoyait sur le promontoire, la tête levée vers les cieux, se balançant doucement au gré de leur chant.
Les étoiles sont trop vieilles, trop tolérantes pour juger des apparences des créatures de la terre. Aussi, elle ne le trouvait pas répugnant, avec ce corps long et souple, dont la peau luisait doucement, couleur d'albâtre rosé et tout aussi translucide. C'est avec une étrange grâce que ses anneaux pâles s'étiraient et se contractaient, tandis qu'il se mouvait dans l'herbe rase.
Aussi, à présent, revient-elle chaque nuit le regarder. Elle se demande si c'est elle qu'il regarde ainsi, qu'il attend, qu'il reconnaît nuit après nuit. Elle brille aussi fort qu'elle le peut, espérant qu'il comprendra qu'elle le fait pour lui, cet être à jamais rivé au sol.
Elle ne peut, hélas, quitter le ciel : si elle en descend, ou plutôt si elle en tombe, ce sera pour ne plus jamais y remonter. La vie des étoiles est longue, si longue, qu'à peine poserait-elle ses rayons au sol qu'elle verrait la vie de son aimé flétrir et s'éteindre.
Alors, du haut des cieux, tant qu'elle le peut, elle admire l'objet à jamais inaccessible de ses affections et affronte son destin.
Celui d'une étoile amoureuse d'un ver de terre.
La haut, au firmament, reluit un cœur d'étoile,
Qui ne bât que pour lui, dans son corps de lumière,
Qui gît dans la douleur d'aimer un ver de terre,
Qui pour lui donnerait jusqu'à l'éternité,
Qui pleure de le voir si loin d'elle exister..
Autour du thème de l'amour improbable, inspiré par quelques vers Victor Hugo. La lettre de Ruy Blas :
" Madame, sous vos pieds, dans l'ombre, un homme est là
" Qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile
" Qui souffre, ver de terre amoureux d'une étoile
" Qui pour vous donnera son âme, s'il le faut
" Et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut. "
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