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tome 1, Chapitre 12 « The men behind the Warlords - XI » tome 1, Chapitre 12

C H A P T E R 1 - The men behind the Warlords

◢ PART - XI ◣

Mégapole de Nacir – quartiers du gouverneur

Dean faisait face à une énigme pour le moins singulière. Ce roi avait une faconde étrange : un éloquent verbiage cousu de naïveté. Andy Rell était la personnification des dualités contraires, aussi homme-femme qu’impérieux-ingénu. En toute logique, s’il briguait le trône, Red serait la dernière personne qu’il informerait. Heureusement pour ce dernier, il se targuait de n’être point de l’engeance des félons.

— Quelle réponse espérez-vous de moi, Majesté ? Je ne vous donnerai certainement pas celle qui vous contrariera…

— Je joue selon tes règles, Gouverneur. Si nous discutons à cœurs ouverts, tu te parjures en déguisant la vérité.

— Touché, concéda Dean. Arrêtez-moi si je me fourvoie, vous aimeriez m’avoir en allié, mais vous vous demandez si je ne suis pas déjà un rival. Malgré cela, vous essayez de me gagner à votre cause.

Red ne pipa mot. L’analyse était irritante de justesse ; irritation qui grandit en voyant l’autre réfléchir. Si cet homme était loyal envers la couronne, sa réponse aurait dû crier l’évidence ! En tant que détenteur actuel du pouvoir, il n’était pas censé marchander l’allégeance du gouverneur. Mais concrètement, c’était une autre histoire, et Dean en avait conscience. Bigrement conscience, puisqu’il déclara :

— Acceptez de me combler cette nuit, et je suis votre homme.

Il fallut deux secondes supplémentaires à Red pour saisir le sens de cette requête des plus avilissantes. Il quitta son fauteuil d’un bond, tant l’outrage était sans commune mesure.

— PARDON ?!

L’imbécile cilla à peine. Pire que tout, il était on ne peut plus sérieux. Par ailleurs, il faudrait être insensé pour s’oser à pareille plaisanterie. Dans tous les cas, à moins d’être suicidaire, ce n’était pas une chose à soumettre ou à insinuer à la personne du roi.

— Pour qui te prends-tu, infâme prétentieux irrévérencieux !? De quel droit oses-tu…

— C’est donnant-donnant, Majesté, le coupa platement Dean. J’ai ce que je désire : vous. Et vous avez ce que vous désirez : ma loyauté.

Red fuma de colère. Alors le prix de la loyauté de ce bellâtre envers son trône se monnayait d’une passe sexuelle ? Autant le traiter de catin !

— Il me semblait que vous étiez prêt à tout pour la protection de votre royaume. Apparemment ce n’était que des paroles en l’air, railla Dean.

Le roi verdit. Colère était dorénavant trop faible pour décrire son état.

— Je te tuerai pour ça !

— Je demande à voir !

Dean quitta le lit. Red marqua un arrêt face à l’attitude intimidante de son opposant prêt à en découdre. Il semblait qu’il ait considéré sa menace comme prenant effet à la minute.

Les méninges du gouverneur tournaient et retournaient le problème. Le refus catégorique du souverain venait de lui procurer un beau frisson. Sans doute le frisson de sa vie. Il obtiendrait ce qu’il convoitait. Peu me chaut la manière d’y parvenir. Ce roi fulminant lui présentait un défi alléchant pour lequel la fin justifierait les moyens. Tous les moyens.

— Dans ce cas, préparez-vous à voir Maar scindée en deux. Votre Majesté aura le Nord et moi, le Sud. Je garde Orsei.

Red le reçut comme un violent coup de poing dans le ventre. La déclaration était d’une absurdité désopilante ! Il toisa l’énergumène, luttant contre ses pulsions meurtrières. Son ire saillit les ligaments de son cou lorsqu’il martela sa réponse :

— Je refuse d’être ce roi sous le règne duquel Maar ne sera plus ! Je ne dégraderai pas l’héritage de nos ancêtres à cause de la félonie d’un homme sans honneur. Et tu te dis Guerrier White ? Pitoyable !

Il s’écouterait qu’il cracherait aux pieds du malotru. Dean grimaça. Celle-là était une belle estocade pour qui savait l’attachement des Whites à l’honneur. Il serra les dents, le temps de subir la fureur royale, si palpable qu’elle lui léchait la peau. En le voyant ainsi, il en vint à penser que ce souverain-là – cet homme en colère –, il le suivrait volontiers pour la beauté de son indomptable fierté. Dans son courroux, Le Grand Red était transfiguré. Il aurait aimé que le peuple le voie si sublimé.

— En vertu du pouvoir qui m’a été confié, je te destitue du titre de Gouverneur d’Orsei !

— Une minute, Majesté, l’arrêta-t-il en levant la main. Le pouvoir ne vous a pas été « confié ». Ni par vos pairs, ni par votre père. Vous l’avez usurpé en le prenant de force.

Red ne se démonta pas, malgré ces propos drôlement ébranlants et culottés au possible.

— Je l’ai acquis de naissance !

— Et c’est là que je ramène le sujet embarrassant de l’aventure adultérine de feu la reine, glissa Dean, vicieux. N’étant point issu du giron royal, vous ne pouvez vous arroger la couronne.

Il ne comprit pas tout quand il se retrouva plaqué au sol, une poigne de boa autour du cou. L’attaque avait été fulgurante. À califourchon sur lui, Red articula d’un ton dur en desserrant à peine les dents :

— Tu salis encore le nom de ma mère, je t’arrache la gorge pour en nourrir les poissons du lac Hapnes !

Il avait le regard dément d’un tueur en furie. Dean reprit ses esprits et dut solliciter toutes ses forces pour se dégager. Comment un corps aussi gracile pouvait offrir une telle vigueur ? Quand un coup de pied dans l’estomac força sa rencontre brutale avec le mur, il devint vital de ne plus se fier à ses yeux. Avec ce genre d’adversaire, les apparences avaient réellement le don de dérouter.

Le roi était déjà sur lui, les soies de sa tenue apportant légèreté et grâce à l’efficacité mortelle de son attaque. Dean esquiva in extrémis. D’une dextérité peu commune pour un homme de sa carrure, il passa dans le dos de Red et lui entrava le bras gauche avec une clé de soumission. Il s’aida de son poids pour le plaquer contre le mur et pressa son corps du sien afin de limiter ses mouvements.

Il prit soin d’éviter la main droite de son adversaire en la levant bien au-dessus de leur tête. Un anneau serpentin, fait d’une sorte d’acier fluide, s’enroulait autour du poignet de Red, remontait jusqu’au majeur et finissait par un éperon rigide dont la pointe – Dean le jurerait –, était empoisonnée. Il poussa plus fort contre l’assassin et se surprit à apprécier la fermeté de son corps gracile, prisonnier entre le sien et la tapisserie.

Red se raidit en sentant durcir la virilité du White contre ses fesses. La panique afflua lorsque ses ruades furent impitoyablement maitrisées. Il s’était mis en fâcheuse posture… Son erreur avait été d’occulter que Dean restait un Guerrier des Steppes Orseianes. De toute évidence, la vie de châtelain n’avait pas amoindri ses qualités de combattant.

— Vous ne me tuerez pas ce soir, Majesté, susurra le félon à son oreille. Pour tout le monde, j’exalte mes sens en compagnie d’une belle danseuse. Mais il s’avère que la sublime créature a été envoyée par les détracteurs du Grand Red dans le but de vous aliéner le Gouverneur d’Orsei. Nous positionner en ennemis mortels servirait les vils desseins de ceux qui fomentent votre chute. En découvrant cette conspiration, de colère, je lui briserai la nuque après l’avoir sauvagement défigurée pour avoir attenté à mes jours. Telle sera la version officielle à laquelle tous porteront foi. On ne remet pas souvent en doute la parole de Dean Lightfoot Leblanc, par ici.

Red frissonna à l’idée de cet obscur dénouement. Il était acculé dans tous les sens du terme. Stratégiquement ; physiquement… Et l’autre n’avait pas fini de frotter son vit contre son postérieur !

— Tu ne t’en tireras pas à si bon compte ! feula-t-il, ulcéré.

Sa colère n’avait jamais atteint de telles cimes. Encore un peu et il s’embraserait littéralement. Bien sûr, cela n’avait rien à voir avec le feu qui naissait entre ses reins…

— Il n’y a que vous et moi dans mes quartiers, Majesté. Aucun témoin, exposa Dean. Combien misez-vous sur vos chances de vous en sortir, si vous persistez à vouloir m’occire ?

Red se mordit la lèvre inférieure et se ravisa avant d’en arriver au sang. Se blesser à la bouche affaiblirait sa couverture de danseuse en éveillant des questions auxquelles il ne voudrait pas répondre. Le silence appelait la suspicion.

Jamais il n’avait autant été pris au piège. Certes, il avait vécu situation plus périlleuse et côtoyé la mort à maintes reprises, mais cet adversaire élevait le danger à un autre niveau. Dans le sens où le péril n’était pas que physique… Il réagissait d’une manière trop mortifiante au contact de cet homme. La pression qu’exerçait son corps viril sur le sien l’émoustillait, à son grand désarroi. Sa conscience n’arrivait pas à s’en accommoder.

— Voyez, je m’en tire à bon compte, ma beauté, le nargua Dean. (Il devait avoir senti sa capitulation.) Vous êtes libre de profiter de mes quartiers jusqu’au matin, ou d’inventer une excuse justifiant que vous n’ayez point trouvé grâce à mes yeux.

Il termina sa diatribe en lui léchant l’oreille. Red émit une plainte involontaire qu’il jugea trop érotique. Bon sang, il ignorait être sensible de cette zone-là ! Sa mortification manqua le terrasser. Pour en rajouter à son royal embarras, le rire suave et moqueur du félon provoqua un honteux remous dans son bas-ventre, attestant de sa réceptivité aux charmes du malotru.

Dean Leblanc lui faisait de l’effet. Qu’il soit damné !

La prise se desserra. Red se dégagea vivement. Malheureusement, il avait perdu l’élément de surprise, véritable atout contre un adversaire de l’acabit du gouverneur. Il n’y avait pas de honte à reconnaitre sa défaite face à un tel homme. Mais si Dean remportait cette bataille-là, la guerre était loin d’être gagnée. Il prit une forte inspiration et arrêta sa décision. Je jure sur la tombe de Mère que cela se payera. Très cher. Rassemblant les pans épars de sa dignité, Red rajusta sa tenue puis toisa le barbare de toute sa hauteur.

— Ce n’est que partie remise, dit-il. Quant à l’excuse… Tu as été frappé d’impuissance face à ma sublime beauté. N’ayant pu te la faire lever, je n’ai pas apprécié que ton entrejambe me déçoive par sa flaccidité. Alors je me suis sauvé pour digérer mon humiliation dans la dignité de ma solitude.

Dean le dévisagea, sceptique. Il ne parlait pas sérieusement… Red lui renvoya un regard dédaigneux, qui s’attarda quelques secondes à son entrejambe exprimant pourtant toute sa vigueur.

— Un homme… un vrai ?

Le roi renifla avec mépris, et sans attendre sa réaction, quitta la suite. Dean ne put qu’exhaler son incrédulité. Cet efféminé projetait de ruiner la réputation de sa masculinité. Elle serait remise en cause dans tout le palace. Peut-être même tout Nacir. C’était de la pure provocation ! Si Le Grand Red cherchait la bagarre, il était son homme. Lorsqu’il se lança à sa poursuite, le souverain s’était volatilisé.

Soit. Il possèderait cette danseuse. Il aurait son roi, dans son lit.

TBC ~ CHAPTER 2 - part 1


Texte publié par EPICE, 17 juin 2017 à 16h27
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