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tome 2, Chapitre 10 « L'agression - Deuxième partie » tome 2, Chapitre 10

Aurean n’avait aucune issue. S’il avait pu employer ses pouvoirs de Lucidiens, il les aurait dominés sans difficulté, mais il ne pouvait trahir sa vraie nature, surtout pas devant des personnes hostiles. Même s’il avait pu conjurer son bâton de lumière, il aurait risqué de les blesser gravement et il ne voulait pas en arriver là.

Il se rappela soudain le tour qu’Estrella lui avait joué, en renversant sur lui le contenu d’une carafe d’eau.

« S’il vous plaît, bafouilla-t-il, laissez-moi… Ça vous apporte quoi de m’attaquer ? »

Comme il s’y attendait, ses agresseurs éprouvèrent un plaisir visible à l’entendre les supplier et s’arrêtèrent pour le contempler avec un sourire narquois. Profitant de ce répit, il tendit discrètement la main derrière lui et ouvrit le robinet pour laisser couler l’eau dans le bassin, puis invoqua sa Lumière pour la transformer en un épais nuage de brume, qui monta au plafond. Au-dessus des jeunes gens, elle reprit sa forme liquide et s'abattit sur eux en pluie drue, les trempant jusqu'aux os.

Les élèves de l’École rouge, hurlant et pestant, perdirent aussitôt leur concentration. Le garçon blond saisit l'occasion pour filer vers la sortie, bousculant leur meneur au passage. Il avait presque atteint la porte quand une main attrapa violemment sa longue chevelure et le tira vers lui. Criant de douleur et de surprise, il dérapa sur le carrelage humide et tomba en arrière, le dos meurtri par le sol dallé. Un pied se posa sur sa poitrine, pour le maintenir à terre.

« Espèce de sale petit remugle de terne… Tu vas payer pour cela !

— Arrête, Andres, lança un des suiveurs. C’est un protégé des d’Outremont, tu vas avoir des histoires !

— Je m’en moque. Il ne s’en tirera pas comme ça ! »

Son agresseur relâcha sa pression, seulement pour lui balancer un violent coup de pied dans les côtes. Aurean roula sur le ventre, le souffle court, haletant de douleur.

Il aurait pu rester prostré, attendant que la souffrance s’atténue en espérant que ses bourreaux lâcheraient l’affaire, mais quelque chose s’éveilla en lui… un esprit combatif dont il ignorait l’existence. Même quand il avait affronté les Ombres et le Prétorien, il n’avait pas ressenti cette énergie soudaine qui le fit bondir sur ses pieds, sous le regard médusé de son attaquant. Il invoqua sa Lumière pour désagréger les dalles sous les semelles d’Andres, qui tituba pour conserver son équilibre. Aurean en profita pour se jeter sur lui et le renverser. En entendant la tête de son ennemi cogner sur le carrelage, il éprouva une vague culpabilité ; heureusement, l’élève de l’École rouge semblait juste un peu groggy.

Le Gardien se releva en un éclair et fit face aux trois autres garçons, les poings serrés, prêt à en découdre. Il eut la satisfaction de les voir reculer.

« Vous prétendez défendre l’honneur des Héritiers, et vous m’attaquez à quatre ! lança-t-il. Mais j’ai une nouvelle pour vous : vous ne me faites pas peur. Alors, laissez-moi en paix. »

Aurean tenta de rectifier son habit déchiré avant de se diriger vers la porte, sous le regard médusé des trois garçons. L’excitation étrange qui brûlait encore en lui atténuait la douleur qui pulsait dans son côté, mais il savait que cela ne durerait pas. Il allait devoir trouver au plus vite un endroit tranquille où il pourrait recomposer la matière de son corps, afin de résorber les probables lésions.

À quelques pas de la sortie, il sentit l’un de ses ennemis invoquer sa lumière ; pris de court, il se lança de côté, mais pas assez rapidement pour éviter une puissante lame d’énergie qui frappa violemment sa cheville droite. Avec un cri de douleur, il tomba au sol. Aussitôt, le meneur, qui avait déjà récupéré du choc, sauta sur lui et leva le poing au-dessus de sa figure…

Aurean ferma les yeux, détournant la tête pour minimiser l’impact. Mais le coup n’arriva pas. Lentement, le Gardien rouvrit les paupières, il ne distingua qu’une confusion d’uniformes rouges. Il se redressa sur un coude et aperçut Andres à terre, à quelques mètres de là, une expression éberluée sur le visage. Ses complices semblaient figés sur place, comme si une chape invisible les empêchait de bouger.

« Torie, espèce de cafard ! lança le fauteur de trouble, d’un ton excédé. Relâche-nous immédiatement, ou je te règle ton compte une bonne fois pour toutes.

— Tu te crois en situation de me donner des ordres, Andres ? répondit froidement le nouvel arrivant. Je pourrai témoigner du fait que je vous ai vu tabasser un garçon plus jeune que vous, en employant vos pouvoirs en plus !

— Je t’interdis de me tutoyer ! Tu n’es que toléré ici !

— Il n’est pas sûr que tu y restes, quand je raconterai à la direction que vous vous êtes mis à quatre pour attaquer un camarade, uniquement parce qu’il n’appartient pas à votre caste. »

Andres éclata de rire :

« Allons, ce sale petit prétentieux dissimule sa nature de compagnon parce qu’il est le protégé des d’Outremont et le favori des professeurs. Nous rendons service aux vôtres en le remettant à sa place ! »

Le visage du nouveau venu se crispa :

« Rien ne justifie votre comportement. Vos écarts en la matière sont bien connus… »

D'intenses vagues rouges palpitèrent sous sa peau couleur de caramel, qui témoignait d’une part de sang étranger à Reyliss. Elles s’échappèrent de ses mains, prenant la forme d’une barrière crépitant de lumière écarlate qui se mit à lentement tourner autour des garçons.

« Vous pouvez bouger à présent, mais vous ne pourrez pas passer cette limite en restant indemnes. Elle se dissipera d’elle-même, mais nous serons déjà loin. »

Sans tenir compte des protestations des agresseurs, il se pencha vers Aurean et tendit vers lui une main secourable :

« Tu peux te lever ? »

Le Gardien put enfin contempler son sauveur en face. Il lui parut vaguement familier ; un élève de dernière année, qu’il avait l’habitude de croiser, sans pouvoir mettre un nom sur son visage. Il l’avait remarqué pour la dignité presque rigide de son maintien et son uniforme de compagnon qui prenait sur lui une allure quasiment militaire. Il possédait des traits réguliers, dominés par des prunelles d’un bleu marine presque noir et d’épais sourcils sombres, comme deux lignes de charbon qui intensifiaient encore son regard.

« Je vais essayer… », murmura-t-il d’une voix atone.

Son énergie combative s’était dissipée, remplacée par une profonde lassitude. Soutenu par son sauveur, il tenta de se hisser sur ses pieds, pour retomber à terre, les yeux noyés par des larmes de souffrance. Le jeune homme se pencha pour examiner sa cheville. Malgré la douceur de ses gestes, Aurean dut serrer les dents pour ne pas hurler. La douleur était presque aussi intense que celle qu'il avait endurée lorsque le projectile d’ombre du Prétorien l’avait frappé. Celle de ses côtes s’y ajoutait en sourdines ; les quatre garçons de l’École Rouge ne l’avaient pas épargné. Il songea à la réaction d’Estrella quand elle le verrait dans cet état et ne put s’empêcher de grimacer ; il devrait réparer les dégâts avant qu’elle ne s’en aperçoive…

Sauf qu’il ne pouvait pas le faire devant Torie. La magie Jaune de la Transmutation permettait certains types de guérison, mais qui n’étaient pas encore accessibles à un élève de quatrième année. Ni même de cinquième année, d’ailleurs… Il lui faudrait supporter ses maux au moins jusqu’à l’infirmerie, où il serait pris en charge par des adeptes de la magie Verte de la Vie.

« Je vais t’aider à te mettre debout… Mais ne prends surtout pas appui sur ton pied droit, d’accord ? »

Aurean acquiesça ; de toute façon, il avait bien trop mal pour même y songer. Torie saisit le bras du garçon blond et le passa par-dessus ses épaules, puis le hissa avec précaution sur sa jambe valide. Ils commencèrent à progresser à une allure de fourmi. Inquiet, le Gardien lança un regard derrière lui, espérant que ses agresseurs ne seraient pas libérés avant qu’ils soient en sécurité. Heureusement pour lui, ils croisèrent deux élèves de l’École bleue, en route vers leur propre salle de cour, qui leur portèrent immédiatement assistance. L’un d’eux joignait ses mains à celles de Torie pour former une chaise improvisée pour le blessé, tandis que le second filait prévenir l’infirmerie. Aurean se sentait vaguement honteux de devoir être transporté comme un sac de farine, mais il n’avait pas d’autre choix que se laisser faire…

Il espérait juste qu’Estrella et ses amis ne s’inquiéteraient pas trop.

Maîtresse Ylliria, l’une des Compagnonnes qui travaillaient à l’infirmerie, aida Aurean  à s'allonger sur une banquette rembourrée et cala sa cheville sur un coussin, avant de l'examiner à l’aide de sa Lumière. Au bout d’un instant, elle fit légèrement claquer sa langue contre son palais, en secouant la tête avec agacement :

« Il faudra faire quelque chose un jour contre ces brutes. Ils t’ont bien arrangé… »

Aurean aurait voulu lui répondre qu’il leur avait rendu la monnaie de leur pièce, mais il n’avait pas particulièrement brillé dans l’affaire. Il avait à peine pu remercier Torie de son aide – le garçon s’était déjà éclipsé pour retourner en cours.

La porte s’ouvrit à la volée, révélant une Estrella paniquée et échevelée qui vola à son chevet :

« Aurean ! J’ai eu tellement peur, je n’arrivais pas à te trouver ! Que s’est-il passé ? »

Dans son inquiétude, il lisait bien plus que maîtresse Ylliria, mi-amusée, mi-exaspérée par l’irruption de la jeune fille. Après ce qu’ils avaient vécu, l’an passé, il était assez naturel qu’elle s’imagine le pire !

« Il semble que certains garçons de l’École rouge n’aiment pas mon nouveau nom, lui déclara-t-il avec un sourire qui se transforma vite en grimace. Ils me l’ont expliqué de façon assez… violente.

— C’est le moins qu’on puisse dire ! s’exclama maîtresse Ylliria. Je dois souvent soigner des coups et des bosses, mais des os brisés… c’est un peu plus rare. Et heureusement, d’ailleurs ! »

Les yeux d’Estrella s’élargirent d’inquiétude : Aurean tenta de lui sourire pour la rassurer, mais ma soigneuse choisit ce moment pour délacer et ôter sa bottine, avant de découper sa chaussette pour dégager la cheville.

Il sentit le sang se retirer de son visage ; ses doigts se crispèrent sur le drap recouvrant la banquette. Dans ce genre de circonstances, il regrettait que son corps erastrien imite si fidèlement celui des humains, au point d’éprouver la même douleur. Ce n’était d’ailleurs pas une surprise… Il l'avait déjà expérimenté, en particulier quand Eveas de Trente l’avait frappé.

Et peut-être... avant ?

Estrella saisit sa main et la serra pour le réconforter.

« Est-ce que c’est grave ? demanda-t-elle à maîtresse Ylliria d’un ton inquiet.

— Il s’en remettra vite, mais ça ne sera pas une partie de plaisir. Surtout pour sa cheville…  »

Une main crispée sur ses côtes, Aurean se redressa pour voir les dégâts : l’articulation avait doublé de volume et prit une inquiétante couleur violacée. Son pied formait un angle bizarre avec sa jambe. Une vague de nausée s’empara de lui : il se laissa retomber contre le dossier de la banquette, le cœur au bord des lèvres. Il n’avait qu’une envie, se transporter à Lucid, en espérant que la blessure s’évanouirait quand il récupérerait sa forme de lumière… Mais sous le regard d’Ylliria, c’était impossible.

« Une double fracture complexe, je le crains. Je vais devoir remettre tous les fragments en place, sans attendre. Mais en l’absence d'un mage Bleu de l’Esprit pour détourner son esprit de l’opération, ça risque d’être très douloureux... 

- C’est ma Couleur secondaire, décréta Estrella. Je vais m’en charger »

Elle se pencha vers lui, en murmurant :

« Aurean, ferme les yeux… »

Le Gardien obtempéra ; il se sentait beaucoup trop mal pour lutter. D’une voix douce, la jeune fille commença à fredonner, tout en caressant de sa main libre les cheveux encore humides du garçon. À travers le Lien, elle lui envoya un sentiment de chaleur, qui l’engourdit de façon plaisante. Une image se forma dans son esprit, celle d’une plaine couverte de fleurs multicolores, ou s'ébattaient des dizaines de papillons de toutes les nuances de l’arc-en-ciel. Debout à côté de lui, vêtue d’une simple robe blanche qui volait dans la brise, Estrella lui tenait toujours la main. Le vent léger les enveloppait d’une douce fraîcheur, transportant des bouffées odorantes issues des corolles à leurs pieds. Au dessus de leur tête, le ciel d’un bleu intense se parsemait de petits nuages floconneux. Continuant de fredonner, l’Estrella de sa vision s’assit dans l’herbe tendre et l’invita à en faire de même.

Malgré tout, Aurean n’avait pas perdu tout contact avec la réalité. Il percevait toujours vaguement le drap d’étoffe rêche sous ses doigts, la banquette inconfortable. La douleur pulsait dans sa cheville et dans ses côtes, mais comme si ces sensations affectaient quelqu’un d’autre que lui, et qu’il n’en éprouvait qu’un écho, faible et lointain. Il pouvait même sentir les os retrouver leur place normale, sous l’effet de la Lumière de maîtresse Ylliria. Il aurait dû hurler, mais l’atmosphère calme et onirique dans laquelle Estrella l’avait enveloppé le protégeait de toute souffrance.

Aurean était soulagée que la magie Verte puisse fonctionner sur son corps érastrien…mais à y réfléchir, c’était plutôt logique. Par contre, habituellement, ni la magie Bleue de l’esprit ni la magie Violette du Rêve ne l’affectaient. Fort heureusement, le lien qu’il partageait avec la jeune fille lui permettait de recevoir cette suggestion sans éprouver le réflexe, même inconscient, de la rejeter.

Dans ce monde alternatif, il s’allongea au milieu des fleurs, les yeux levés vers le ciel, regardant paresseusement les nuages dériver dans l’océan d’azur. Ses paupières se firent lourdes. Il se laissa aller, bercé par le son du vent dans les herbes qui se mêlait à la voix d’Estrella. Même à Lucid, il n’avait jamais ressenti une telle paix : pour une fois, il parvenait à mettre de côté les craintes et les interrogations qui ne cessaient de l’accabler.

« Aurean ? Aurean ! »

Il rouvrit brusquement les yeux, pour apercevoir le visage d’Estrella, penchée sur lui. Autour d’eux, il reconnut les murs blancs et austères de l’infirmerie.

« C’est fini, Aurean. Tu peux revenir à présent. »

La jeune fille l’aida à se redresser ; il constata avec soulagement que sa cheville avait repris sa forme et son volume habituels. Un épais bandage de tissu, qui luisait de la douce lueur émeraude de la magie Verte de la Vie, enveloppait sa jambe des orteils jusqu’en dessous du genou. Il n’éprouvait plus de douleur, juste une sorte d’engourdissement au niveau de la blessure.

Maîtresse Ylliria lui demanda d’ôter sa veste – ou ce qu’il en restait – et de soulever sa chemise, puis pansa de même manière ses côtes, pour poursuivre le processus de guérison plus que pour les maintenir.

« J’ai réparé l’essentiel, mais il faudra plusieurs jours pour que tu sois totalement guéri. Ne t’étonne pas si tu es très fatigué durant cette période : le processus fait appel à ta propre énergie vitale. Essaye de te reposer autant que possible, la guérison n’en sera que plus rapide. Dès demain, tu pourras mettre un peu de poids sur ta cheville, mais évite de trop marcher dans les prochains jours. C’est bien compris ? »

Aurean acquiesça en étouffant un bâillement. Il avait peine à rester éveillé.

« C'était... fantastique, Estrella, souffla-t-il à son attache. Je ne savais pas que tu savais faire ça… »

Elle haussa les épaules :

« Disons qu’on apprend de ses ennemis… Après avoir subi quelques suggestions mentales, j’ai voulu en comprendre le mécanisme pour pouvoir désormais m’en défendre… Autant l’employer de façon positive. »

Il opina, impressionné par la maturité de sa réflexion. Après tout, Estrella n’était plus vraiment la jeune fille de seize ans un peu naïve qui l’avait tiré de la crypte de la demeure des Trente, même si elle avait gardé quelques-unes de ses manières un peu abruptes.

Il se tourna vers la soigneuse et lui adressa un sourire :

« Merci beaucoup, maîtresse Ylliria.

— De rien. Essaye juste de ne pas revenir avant un moment. J’espère bien que ceux qui t'ont fait ça en paieront les conséquences. »

La porte s’ouvrit brusquement, livrant passage à maître Bertlam. En deux pas, il s’approcha de la couche où reposait le Gardien. Ses yeux brillaient d’une colère contenue, mais il s’efforçait de faire bonne figure.

« Eh bien, je ne te connaissais pas ce tempérament bagarreur !

— Moi non plus, soupira Aurean, songeant à ce bref moment où cet étrange sentiment combatif l’avait submergé. Je suppose que je ne retournerai pas en cours aujourd’hui ?

— Ni les deux à venir. Tu as gagné trois jours de repos. »

Estrella grimaça :

« J’ai loupé le cours, moi aussi…

— Maître Alleman est prévenu. Tu es tout excusée pour la première heure, mais ne loupe pas la deuxième ! »

En dépit de ces paroles, la jeune fille hésitait à abandonner le Gardien ; sans doute ne se sentait-elle pas tranquille à l’idée de distendre le Lien alors qu’Aurean était encore souffrant, mais il la rassura d’un sourire.

« Ne t’inquiète pas, tout ira bien ! Nous nous verrons ce soir !

— Exactement ! renchérit maître Bertlam. En attendant, je vais faire ramener notre éclopé à la maison. »

Il s’approcha de la banquette et souleva le garçon comme s’il n’avait été qu’un enfant. Aurean essaya de protester, mais l’épuisement eut raison de lui. Après tout, il n’était pas si désagréable de se laisser faire et de bénéficier de l’attention des siens !


Texte publié par Beatrix, 5 mars 2019 à 00h57
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