Le paysage défilait à grande vitesse. Désormais j’étais bien plus à l’aise pour conduire. Il était un peu moins de deux heures du matin, la voiture devant être ramenée avant six heures, cela nous laissait un peu de temps. Pas de quoi se presser en théorie, sauf pour madame qui voulait se coucher rapidement « pour avoir un peu de sommeil avant les cours du lendemain ». Comme si elle s’en souciait, ha ha !
Je baissai les yeux, remarquant qu’elle avait posé sa main sur ma cuisse. Un geste très inhabituel de sa part, mais pas déplaisant pour autant ! Je ne pus m’empêcher de rire doucement en constatant qu’elle regardait tout à fait à l’opposé, comme si elle avait honte. Que c’est mignon, hé hé ! Je fus malgré tout très surpris lorsqu’elle glissa sa main dans mon pantalon.
- Wouah… Tu sais, ça ne va pas être évident de conduire droit si tu me tripotes de façon aussi agréable, lui fis-je remarquer avec un sourire.
- Alors arrête-toi quelques minutes, nous ne sommes pas pressés après tout ! ordonna-t-elle, toutefois sans oser me regarder.
J’obéis, le cœur battant, devinant ce qui risquait de s’en suivre. Après tout, suite à de tels attouchements, elle ne peut que… J’en tremble déjà ! Garé sur le côté de la route, j’éteignis le moteur. Nous restâmes silencieux un moment, mais elle me fixait sans sourciller à présent.
- Ne sois pas aussi tendu, petit merdeux. Laisse-toi faire… susurra-t-elle en se penchant vers moi.
Nos lèvres se rencontrèrent de façon inattendue, pendant qu’elle continuait de me masser l’entrejambe avec sa douce main. Sa langue s’engouffra dans ma bouche, approfondissant ce baiser déjà plus que divin. Mais à mon plus grand regret, elle mit fin à ce contact bien trop rapidement pour se pencher un peu plus vers mon membre inférieur. Elle déboutonna mon pantalon alors que je déglutissais, relativement stressé par la situation. Je fermai les yeux à l’instant où ses lèvres entourèrent ma partie délicate. C’est tellement agréable… Et ce qu’elle fait avec sa langue !... Je passai une main dans ses cheveux, caressant cette sublime jeune fille qui me donnait tant de plaisir.
- C’est bien plus enivrant que ce que je pensais… lui confiai-je entre deux soupirs de plaisir.
- Oh, c’est ta première fois le bouseux ? conclut-elle avec un sourire en relevant la tête.
- Oui… avouai-je sans éprouver de honte particulière pendant qu’elle se redressait et s’asseyait sur mes genoux.
- Alors laisse-moi t’enseigner… C’est maintenant que vient la partie la plus agréable, m’apprit-elle avec un clin d’œil.
Je me penchai vers elle dans le but d’échanger un nouveau baiser langoureux. Le contact se fit bien plus chaleureux et excitant. Ma main descendit de ses cheveux pour passer à sa poitrine, la pelotant allègrement. Ce corps est mien à présent… Cette bouche, ces seins, ainsi que sa partie intime. Pour les minutes à suivre, je peux faire tout ce que je veux de ce merveilleux corps qui s’offre à moi. Ses jambes s’enroulèrent autour de moi alors que je pénétrai au plus profond d’elle. Je l’enserrai contre moi, l’embrassant et lui caressant la poitrine tout en remuant mon bassin. Je sentais son souffle contre mon cou, ses gémissements de plaisir me parvenaient aux oreilles, m’excitant encore plus.
- Ah… Bon sang… Le blaireau… Ne te retiens pas… Crétin… Encore… Je… Je t’aime… Abruti…
Pfiou ! Jamais cela ne m’avait procuré autant de sensation. Bien entendu, rien de cela ne s’est produit, reconnus-je en finissant d’essuyer avec mon mouchoir avant de le lancer vers la poubelle. Tout de même, quelle étrange relation j’ai fini par développer… Je croisais les bras derrière ma tête, allongé sur mon lit, songeant à tout cela. Si l’on m’avait dit que je fréquenterai une telle beauté, je ne l’aurais pas cru. Ha ha ! Du calme voyons, il ne s’agit là que d’un simple partenariat ! D’ailleurs, en parlant de partenaire, je dois reconnaître que Fantasma est tout aussi bien fichue qu’Hélène, pas de quoi la jalouser ! Mais… Ce n’était pas une humaine, je ne me trompe pas ? Je me demande si… Avec les démons… On peut… Oh, évidemment ! Avec les succubes ça marche bien, j’imagine que ça doit marcher avec d’autres. Enfin, comme dans les livres. Bien qu’elle soit un peu plus âgée, elle est tout à fait mon genre, souris-je niaisement en me représentant ses formes plus qu’intéressantes.
Ah, mais à quoi je pense ?! C’est exactement ce qu’il faut faire si je veux que l’on m’étripe ! Oublions ça et allons en cours ! Ceci dit, je me demande si cette Anathema…
Tout en marchant hors du lycée je ne pus retenir un bâillement. Je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit à cause de la rencontre. J’aimerais qu’elles ne se déroulent pas à une heure aussi tardive. Fort heureusement, mes parents n’ont rien remarqué. D’ailleurs, que penseraient-ils de ce que je fais ? Bah, aucune importance. Après tout, ça ne changerait rien à ma situation.
Ceci dit, il faut que je perfectionne mes pouvoirs. Je ne sais pas où est Hélène, mais je ne peux pas me reposer sur elle en permanence. Je vais m’entraîner un peu dans mon coin. Voyons voir cet Initiateur… J’observai quelques instants le livre que je sortis de mon sac, avant de me rendre compte de ma stupidité. Bien sûr que les pages sont vierges ! Je ne peux les lire qu’avec mes yeux de démonistes. Sans doute une sécurité au cas où mon Initiateur serait ramassé par un étranger au tournoi. Si seulement il existait un moyen de pouvoir activer mon pouvoir à volonté… Une émotion forte, c’est cela ? Le danger, la colère, le désir peut être ? Et si… je trouvais quelque chose capable de susciter une telle émotion en moi ? C’est un peu stupide comme pari, mais pourquoi pas…
Voyons voir… Je me posai sur un banc, un soda en main, contemplant le parc tout en réfléchissant aux possibilités qui s’offraient à moi. De la colère… Je ne me mets pas facilement en colère, du moins peu de choses me mettraient en colère par la simple pensée. Le danger ? Je n’ai pas envie de risquer ma vie juste pour potentiellement activer mon pouvoir, c’est ridicule. J’aurais tendance à penser que ce serait une précaution pour empêcher les démonistes d’activer leur pouvoir pour faire n’importe quoi, mais les démons n’ont pas l’air de posséder cette restriction, donc inutile de parler d’équilibre. Le désir ? Peut-être que…
Je n’eus cependant pas le temps d’y songer plus longtemps que mes pieds décollèrent du sol. Un homme m’agrippait par le col, tout en me fixant d’un air menaçant. Il devait avoir un an de plus que moi, et il me semblait l’avoir déjà vu. Ajoutons à cela qu’il était accompagné de deux autres types. Un groupe ?
- Hey, espèce d’enfoiré ! À quoi est-ce que tu penses ?! clama-t-il d’un ton menaçant, bien qu’étrangement je ne me sentais nullement en danger.
- Moi ? À rien qui te concerne, pourquoi ? répondis-je naïvement.
- Quel sale bâtard… siffla mon agresseur en me décochant un coup de poing au visage qui me fit tituber.
Est-ce que le désir me permettrait d’activer mon pouvoir ? Après tout c’est quand l’on souhaite réellement quelque chose que de nouvelles forces nous surgissent. Oh, il m’a donné un coup de genou dans l’estomac… Je me pliai en deux sous le choc, bien qu’il n’y ait aucune douleur qui me parvienne. Ses coups sont si faibles en comparaison du type de hier soir. À ce propos il me reste encore des blessures fraîches, mais elles sont superficielles. Je n’y ai placé qu’un simple bandage. Que dire si un jour tout cela devrait m’emmener à l’hôpital ? Il faudra fournir des explications…
Un autre coup de poing me fit valser et tomber un peu plus loin.
- Tu n’as pas ton compte, connard ? Je vais t’apprendre à toucher à ma copine ! ragea mon agresseur sans doute en constatant que je l’ignorais complètement.
- Hé hé, regarde-le Jason, il n’a même pas les couilles de se défendre ! se moqua le plus chétif de ses amis.
Tiens, ce nom me dit quelque chose… Toucher à sa copine ? Je n’ai de relation avec aucune fille. Il parle d’Hélène ? Ah, ça me revient ! C’est son petit ami ? Bah, je ne pensais pas qu’il me tomberait dessus si tôt. Ceci dit, cela fait plus d’une semaine que je traîne tous les jours avec elle pour m’entraîner.
- Espèce de sale con insignifiant ! Tu veux te taper ma copine ?! poursuivit-il en saisissant ma canette et en me la renversant sur la tête.
Merde… Maintenant j’ai du Coca sur le visage. C’est un peu plus chiant que ses coups de pieds bidons. Je me relevai en secouant un peu mes cheveux pour faire partir le liquide.
- Me taper Hélène ?... Pourquoi pas… pensai-je à voix haute sans m’en rendre compte.
- Quoi ?! Mais tu n’es qu’un petit fils de pute ! Je vais te faire la peau ! hurla Jason en attrapant un morceau de bois pour me frapper à la tête avec.
L’impact fut assez violent pour me mettre à terre. Mais son coup était d’une force dérisoire. On dirait que ces paroles vexantes m’ont échappées, mince alors… Ça va m’attirer plus d’ennui. Si Hélène l’apprenait, je serais dans la merde. Ses coups à elle font bien plus de dégâts ! Elle n’hésiterait pas à me flinguer pour ça !
Jason et ses deux compagnons continuaient de me molester à terre, constatant que leurs frappes n’avaient pas l’effet escompté, ce qui les incitait à poursuivre leur assaut déloyal. Je fermai les yeux, me représentant mes propres paroles. La belle chevelure d’Hélène, sa poitrine, sa voix doucereuse bien qu’agressive… La revoir décoiffée et en pétard comme hier soir après son combat… Son petit sourire de satisfaction…
Hum ? Qu’est-ce que c’est ? Mon pouvoir… Il s’agite ! Je me relevai d’un bond et observai mes mains. J’y percevais une plus grande quantité d’énergie y circuler ! Comme lors de mon combat… Bien qu’en moins intense. Voyons voir… Je me baissai pour éviter une frappe de l’un des amis de Jason, puis effectuai une petite pirouette pour me retrouver dans le dos du meneur. Je peux voir leurs attaques avec une grande fluidité !
- Putain ! Pourquoi il bouge comme ça ce con ?! tonna l’un de mes adversaires, frustré.
- Vous êtes déjà fatigués ? les provoquai-je avec arrogance.
Jason se rua vers moi, donnant un coup de poing en direction de mon visage. Même sans mes yeux ce coup était tout à fait prévisible… Je me décalai sur le côté, et déviai un deuxième coup de poing de mon autre opposant. Je fis un petit saut pour esquiver un balayage, posai mes pieds sur mon troisième opposant et y donnai une impulsion pour m’écarter de mes adversaires. Je me réceptionnai en roulade tandis que l’autre chuta misérablement.
- Allez, approchez ! Divertissez-moi ! souris-je avec assurance en leur signant d’oser me défier avec ma main.
- Espèce de… !
J’attrapai son poing et le serrai. J’entendis un craquement, mais avant de le réaliser j’avais déjà enchaîné avec un coup de rotule dans ses côtes. Mon genou s’enfonça avec une grande facilité, mais je ne m’arrêtai pas là. Posant ma main sur son épaule, j’y pris appui et donnai un coup de pied retourné dans le visage de mon dernier opposant, lui brisant sans doute le nez. Une effusion de sang tâchait le sol, le sang de mes deux adversaires. Seul Jason était intact pour le moment.
- Mais… C’est pas humain, ça ! commenta-t-il en me pointant du doigt tandis que ses deux compagnons se roulaient par terre au bord de l’évanouissement. Tes yeux… !
Putain… Et dire que c’est ce sale type qui a le droit de peloter Hélène ! Voilà une chose qui me met en rage ! Je ne serais jamais venu le trouver en temps normal, mais maintenant que je l’ai en face de moi et avec un bon prétexte pour lui casser la figure, je ne vais pas m’en priver !
- Hey… Je vais te massacrer, lui assurai-je, mes paroles le faisant trembler instinctivement de peur.
- Hé, mec… Du calme, hein…
- Va te faire mettre.
Je lui décochai un coup de poing monumental dans l’estomac, suivit d’un coup de genou dans le visage. Par la suite, j’enchaînais avec un coup de pied dans son coude, le lui retournant. Enfin un coup de talon au visage le mis au sol. Wouah, je ne me croyais pas capable d’autant de violence gratuite ! Tant pis pour lui, je ne l’aimais pas. Cependant, je ne réalisai pas tout de suite ce que je venais de faire, le piteux état dans lequel ils étaient. Je m’éloignai du lieu du combat après avoir ramassé mes affaires, les abandonnant à leur sort. J’y suis allé un peu fort…
Voyons voir… Comment ai-je pu entrer dans cet état ? Hum, ça me revient. C’était après avoir pensé à Hélène. C’est plutôt embarrassant, il faut le reconnaître. Pff… Quel embarras il y a à avoir ? C’est normal de penser à une fille mignonne, non ? Mouais, quand celle-ci peut te casser la figure, c’est tout de suite moins glamour ! Ha ha ! Bon, ceci dit il faut que je consulte mon Initiateur maintenant. Déjà, il me faut mes yeux. Penser à Hélène, c’est ça ? C’est ridicule…
Je fermai les paupières un instant, essayant de visualiser la jeune lycéenne. Hum, je ne l’ai peut-être pas réalisé, mais j’ai cassé la gueule à son petit copain. Comment réagirait-elle ? Comme son pseudo l’indique, telle une tempête elle me balaierait ! Ha ha ! Ha ha… Merde.
Bon, concentration… Pense à son cul, à sa poitrine !... Grr, c’est trop pervers ça m’agace ! Je vais me changer les idées. Je me rendis alors à une salle d’arcade et m’installai à une machine pour me défouler sur un jeu de baston. Hum, c’est assez ironique de se dire que je peux presque faire des choses similaires maintenant. Ah, je me vante un peu, j’en suis assez loin tout compte fait. Je me demande jusqu’où peut aller mon pouvoir. Comment progresser ? Quelle est la source de ma puissance ?
Je n’eus pas beaucoup le temps d’y penser car l’écran affichait un défi : « You have a New Challenger ! ». C’est parti, je vais te rétamer vite fait bien fait !... Hum, il ne se débrouille pas trop mal, je suis pourtant pas trop mauvais à Blazblue… Voilà ! Prends-toi les Ciseaux du Carnage dans ta face ! Yaah !... Hein ?! Mais merde, il peut contrer ça avec une autre Distortion Drive ? C’est de la triche ! Bon, je ne suis pas fichu encore… Oh mais attends, je peux le finir avec ma chaleur astrale. Essayons… Et bim ! Astral Finish dans la mâchoire, joueur de mes deux ! Ha ha !... Tiens, il veut remettre ça ? Quel téméraire, il n’apprend pas, hein ? Bon, voyons ça. Hein ? Son bonhomme ne vient pas de disparaître de l’écran ? Ce n’est pourtant pas celui-là qui a cette capacité. Un bug ? Pourquoi ce bouton ne fonctionne plus ? Ça ne fait rien quand j’appuie dessus. Si !... Non. Hey, mon épée a disparue ! Je peux plus frapper ! C’est de la triche ça ! Bon ben j’ai perdu.
Allez, laissons tomber. Je me levai de mon siège dans l’optique de repartir de la salle, n’ayant rien de plus à faire ici et ne voulant pas engloutir le reste de mon argent de poche dans ces jeux, ou au moins pour gagner, pff ! Hé hé ! Mais une voix m’a interpelée :
- Pas trop mal ce jeu. Un divertissement original et intéressant.
Je me retournai pour observer la locutrice qui finalement ne m’était pas si inconnue que ça. Bien que vêtue avec des vêtements de ville plutôt banals, une casquette marron sur la tête, et ces deux mèches violettes dépassant de chaque côté de son visage. Fantasma se révélant alors être mon adversaire.
- Tu viens souvent ici ? m’interrogea-t-elle avec les yeux pétillants de curiosité.
- Mais… Que fais-tu là ? questionnai-je en ignorant son interrogation.
- Ça ne se voit pas ? Je faisais une partie de ce… Blazblue ! répliqua-t-elle l’air innocent.
- Sérieusement ? Comme ça, les démons jouent aux jeux-vidéos ? Ha ha !
- Pardon ? Démon, cheval, trottoir, kamoulox ! débita-t-elle sans raison avant de me tirer par le bras hors de la salle d’arcade.
- Mais qu’est-ce qui te prend tout à coup ?
- Soit pas stupide, va pas crier sur tous les toits que je suis un démon ! s’offusqua Fantasma en m’avertissant
- Hein ? Oh, ça ! Personne n’y croirait de toute façon, ne t’inquiète pas pour quelque chose d’aussi dérisoire ! plaisantai-je en riant de l’absurdité de sa réaction.
- Certes, mais il faut faire tout de même attention avec ces détails.
- Ok ok, mis à part ça, tu es venu me voir pour quoi ? Pas juste pour jouer aux jeux-vidéos, pas vrai ?
- Oh, quelle perspicacité ! ironisa-t-elle. Je suis venue te voir pour m’assurer de tes progrès, que tu ne lambines pas vu que notre prochain combat est dans cinq jours. Tu l’as bien vu sur l’Initiateur, n’est-ce pas ?
- Euh… Disons que j’ai eu un contretemps.
- Un contretemps de plus de dix heures ? me reprocha-t-elle avant que je ne lui explique qu’il me fallait aller à l’école, et que je ne choisissais pas de me faire agresser. Ha ha ! L’école ? C’est ridicule, m’enfin tu fais ce que tu veux.
- Ouais, j’imagine que ce doit être un peu bizarre pour un démon, mais si on devait énumérer ce que je trouve bizarre chez les démons on n’en finirait pas.
- Bon, ben je te le dis alors. Notre prochain combat se fait contre l’équipe Jealous Fang. Avec un nom racoleur comme celui-là ils ont réussi à trouver quelques bons membres. Enfin, je dis bons membres pour la catégorie F, on s’entend. Donc je veux m’assurer que vous vous préparez correctement pour votre prochain combat.
- On est vraiment obligés ? Je veux dire, la dernière fois Anathema n’est pas venue, donc…
- Ce n’est pas pareil, si elle sèche un combat, elle ne perdra rien. Vous, vous n’avez même pas pu vous forger une expérience potable. Alors on n’a pas le temps de s’amuser dans ces conditions.
- Je vois. Et donc ?
- Et donc je vais t’entraîner un peu, afin de m’assurer que tu sois prêt le jour venu, conclut-elle en hochant la tête.
- Très bien, pourquoi pas. Bon, il est presque vingt heures, je dois rentrer diner, abrégeai-je afin de ne pas être trop en retard.
- Que dis-tu ? Je n’ai pas fait tout ce chemin pour rien alors on va le débuter immédiatement cet entraînement !
- Hey, du calme ! Je veux bien croire que tu aies raison, mais tu débarques un peu comme ça sans prévenir, alors…
- Il n’y a pas de mais, je me suis dérangée pour toi, ne m’ignore pas, rugit Fantasma un peu vexée.
- Laisse-moi deviner, un ordre d’Anathema ? tentai-je en riant.
- Oui, enfin aucune importance, suis-moi, commanda-t-elle sans me laisser le choix.
Je ne vais pas m’en plaindre, qu’une si jolie fille doive passer du temps en ma compagnie. Surtout qu’elle a une sacrée poitrine !... Je me dégrade. Tiens, mais où m’emmène-t-elle ? Pourquoi montons-nous tous ces escaliers ? Oh je vois, le toit. On ne sera pas dérangés ici.
- Bien, je vais commencer par t’apprendre quelques trucs qui sont toujours bons à savoir. Tout d’abord, connais-tu la différence entre les démons et les démonistes ? débuta la fougueuse jeune femme en levant un index.
- Les démonistes sont des humains ? supposai-je en me référant à mon expérience personnelle.
- Très juste, mais ce n’est pas tout. La différence ne s’arrête pas là. Il en existe une majeure : là où les démons sont naturellement bons, les humains sont en moyenne plus faibles dans ce domaine. Généralement les démons sont affiliés à un type de pouvoir. Moi, ce sont les illusions, Mephiast c’est la glace. Et bien pour faire simple, notre affinité est bien supérieure à celle des démonistes, ce qui en résulte est un pouvoir plus efficace que celui imité par un démoniste de même niveau.
- Oh, tu veux dire que le pouvoir imité est plus faible que l’original ?
- Plus ou moins, un démoniste possédant un grand pouvoir pourra reproduire une capacité de haut niveau avec un pouvoir équivalent, voire même supérieure. Mais dans la majorité des cas cela n’est pas vrai.
- Je saisis le coup, cela signifie qu’il serait insensé pour moi de confronter un pouvoir imité face à l’original, un simple gaspillage d’énergie.
- Content que tu le comprennes aussi vite, acquiesça la jeune femme satisfaite. Autre chose, il n’est pas instantané ni même évident d’imiter un pouvoir. Un démoniste peut disposer d’un répertoire virtuellement illimité, ce qui n’est pas tout à fait le cas d’un démon. Cependant quelques conditions sont à réunir pour copier un pouvoir : premièrement l’observer dans sa totalité avec ton pouvoir éveillé, deuxièmement le comprendre. Juste subir n’est pas suffisant, d’autant plus que les pouvoirs complexes te demanderont d’être observés à plusieurs reprises avant de pouvoir être imités. Ce n’est qu’une fois que tu auras percé le secret du pouvoir en question que tu pourras prétendre l’utiliser. Enfin, dernière chose à savoir, certains pouvoirs ne peuvent simplement être reproduits de par leur nature innée.
- Ah je vois, ce n’est donc pas aussi simple que ça, compris-je finalement.
- Cependant, certains génies du combat se sont affranchis de toutes ces règles.
- Des personnes telles que Anathema, par exemple ?
- C’est ça. Mais je ne serais pas étonnée si tu révélais un tel potentiel. Ce qui nous amène à la dernière différence fondamentale entre les démons et les démonistes : les démonistes construisent leur répertoire de pouvoir au fil de leurs combats, ce qui n’est pas le cas des démons, acheva-t-elle un peu fatiguée de ses explications.
- Donc impossible que j’échappe aux combats…
- Impossible que tu échappes aux combats ! répéta-t-elle joyeusement.
- Je saisis l’idée. Et concrètement à quoi cela va-t-il me servir de m’entraîner ?
- Premièrement à ce que tu saches maîtriser tes pouvoirs ! C’est important bien sûr ! Ensuite tu pourras aussi accroître ton endurance et ta puissance. En augmentant ton pouvoir naturel, tes impacts, ta résistance, ta vitesse, bref tout ça augmentera. D’autant plus qu’il existe quelques rares démonistes capables de développer leurs propres pouvoirs, cela peut être un début. Et enfin, si tu te montres sage, je t’enseignerai une ou deux de mes illusions.
Je ne sais pas si c’est parce qu’une sublime jeune femme me fit un clin d’œil avec une voix aguicheuse ou l’opportunité d’accroître mes pouvoirs, mais je ne pus m’empêcher de rougir timidement. Ceci dit, elle m’avait convaincu. Il ne me reste plus qu’à suivre son programme assidûment.
Je ne pus m’empêcher de bailler, encore une fois. C’est que Fantasma est vraiment épuisante et exigeante. Comme si je devais affronter mille hommes ! Mais ses illusions sont terrifiantes et redoutables. Je commence à comprendre la différence entre un combattant de catégorie A et un combattant de catégorie F comme moi. Et quand elle m’expliqua que la différence entre les catégories était très marquée, surtout entre A et S, je ne pus m’empêcher de frissonner en pensant à Anathema qui est une combattante de catégorie S. Malgré tout, j’imagine qu’avec quelqu’un comme elle à la tête de notre équipe, on a une chance d’arriver au sommet. Cependant, je n’ai pas encore eu l’occasion de la rencontrer. Je me demande comment les autres participants vivent cette situation…
- Cesse de rêvasser, fainéant !
Cette voix brutale me tira de mes pensées. Je sursautai légèrement sur le banc duquel j’étais assis tandis qu’Hélène s’installait à côté de moi.
- Tiens, je croyais que tu ne voulais pas traîner avec moi, on est encore devant le lycée, même si ce n’est pas l’enceinte, on pourrait nous voir ! déclarai-je d’un air moqueur.
- Aucune importance. Dis-moi plutôt ce que tu fous de tes journées ou soirées pour être aussi épuisé, commanda-t-elle d’un ton impérieux en allumant une cigarette.
- Ah, hum, Fantasma a insisté pour m’entraîner. La rencontre est dans deux jours déjà… Tu ne devrais pas fumer ce truc, ce n’est pas bon pour la santé et accessoirement je n’aime pas la fumée, insistai-je en agitant la main pour chasser la fumée.
- Rien à foutre de ton avis de bouseux, me confia-t-elle si chaleureusement en me recrachant de la fumée au visage pour mon plus grand déplaisir. Moi c’est Mephiast qui m’a prise en charge. Un vrai glaçon asocial, un peu comme toi. En fait en pire je dois l’admettre…
- Ouais, je vois. Faut croire que c’est vraiment important cette histoire de tournoi. Ça me stresse un peu je le reconnais.
- Un sacré enjeu, fallait s’y attendre. Au fait, j’ai appris pour Jason, commença-t-elle sans me regarder.
- Ah ouais ?...
- Ouais. Il est à l’hosto. Tu lui as pété la gueule, à lui et ses potes, c’est ça ?
- Ouais, j’imagine que c’est le mot… avouai-je un peu anxieux quant à sa réaction.
- Il a eu du mal à l’admettre quand même, j’ai dû le secouer un peu pour qu’il parle. Ils sont dans un sale état, tu sais.
- C’est vrai, je ne me suis pas trop retenu…
- Ils s’en sortiront, quoi que bien emplâtrés, m’apprit-elle sans pour autant me soulager avant de laisser tomber sa cigarette par terre et de l’écraser avec le pied.
- Tu ne m’en veux pas trop ? me risquai-je à lui demander en levant timidement les yeux vers elle qui ne me regardait toujours pas.
- Non, il l’a cherché. À vrai dire il commençait à me les briser à faire son macho, d’autant plus que ce con débitait à qui veut l’entendre qu’il « m’a démontée dans les vestiaires une fois » …
- C’est pas très réglo de sa part.
- Effectivement, ça lui servira de leçon j’espère.
- Vu comme tu en parles on pourrait presque croire que tu as rompu, introduis-je en portant attention à sa réponse.
- Pff… Comme si j’allais rester avec un type comme ça. Bon, tu viens on va faire un tour en ville ?
J’ai eu le sentiment que mon cœur s’était stoppé un instant. Et moi qui pensais qu’elle venait pour me casser la figure, voilà qu’au contraire elle m’annonce que j’ai eu raison, qu’elle est libre et qu’elle veut aller en ville avec moi. Plutôt inattendu comme résultat !
- Hum, on a encore un cours tu sais… lui rappelai-je connaissant d’avance sa réponse et me moquant moi-même pas mal du cours en question.
- Sérieux, pour du français ? Fais ce que tu veux, j’y vais sans toi, s’enorgueillit-elle en se levant du banc prête à mettre sa menace à exécution.
- Oh, je t’ai tant manqué que ça ? la taquinai-je en me levant à mon tour.
- Je vais t’exploser les dents et te les faire avaler… menaça-t-elle comme prévu de ma part.
- Allez viens, au diable le français !
Oui, au diable le français. C’est vrai que tout a commencé à cause du français. Si je n’avais pas eu ce fichu livre à rendre, tout cela n’aurait sans doute jamais eu lieu. Je n’aurais pas été coincé dans la bibliothèque, pas de pierre violette pour me donner des pouvoirs, ainsi de suite. Cela dit, je ne sais pas si c’est mon égo ou mon intuition qui parle, mais j’ai le sentiment que nous aurions été impliqués là-dedans dans tous les cas. Et cette pierre violette, je me demande de quoi il s’agissait… Je n’en ai plus entendu parler depuis.
Nous rôdions dans la ville, un peu au hasard des rues. Elle marchait un peu en avant par rapport à moi, prenant les devants et me guidant malgré que je connaisse parfaitement les environs. C’est dans sa nature j’imagine, toujours à compter sur elle-même et à prendre les choses en mains. Pourtant, avant de la connaître, je croyais que ce n’était qu’une grande gueule un peu violente qui aimait attirer l’attention. Enfin, je ne me suis pas trompé sur un point : elle est tout à fait violente. Mais au fond, c’est une personne très gentille et plus attentionnée qu’elle veut me le faire croire. J’ai quand même du mal à comprendre pourquoi elle se comporte de manière vulgaire. J’aimerais la connaître un peu mieux.
Nous étions plutôt silencieux. Je ne savais pas trop comment engager la conversation, il était assez difficile de lui poser des questions et d’espérer obtenir une réponse normale. J’aimerais quand même éviter de me faire insulter gratuitement, cela ne m’avancerait à rien. A un moment, je la vis passer la main dans sa poche pour en retirer son paquet de cigarette. A la grimace qu’elle tira l’instant d’après, je compris qu’il devait certainement être vide.
- On va s’arrêter à un bureau de tabac, il faut que je me reprenne des clopes, me fit-elle savoir en repérant le plus proche.
Elle sortit ensuite son portefeuille pour vérifier qu’elle avait bien sur elle le montant nécessaire. Sa mine s’assombrit, et elle resta immobile un instant sans rien dire.
- Finalement j’irais plus tard, ce n’est pas urgent, voulut-elle me convaincre en me tournant le dos.
Cette excuse… Ce n’est pas crédible. Elle aurait des problèmes d’argent ? Je me sens mal à l’aise pour elle. C’est d’autant plus difficile de l’interroger sur ce sujet, je ne peux pas vraiment m’en mêler comme ça. Je sais que de mon côté nous avons la chance de ne pas connaître ce genre d’ennui. Bon, même si je ne cautionne pas vraiment ce comportement fumeur, j’imagine que je peux bien faire une exception pour une fois. Sans doute en ferait-elle autant si j’étais en galère, à sa manière.
- C’est bête, il est juste à côté. Allons-y maintenant, comme ça tu ne perdras pas de temps après.
Tout de suite après mes mots, elle parut très contrariée. Je m’empressais de me justifier aussitôt pour ne pas qu’elle me fasse de scène.
- C’est qu’il faut que j’y passe aussi, mon père veut que je lui ramène un paquet en rentrant, mentis-je un peu paniqué. Je t’en offrirai un en même temps, je te dois bien ça !
- En quel honneur ? s’enquit-elle un peu agressivement.
- T’occupes, cesse de montrer les crocs et viens !
Je lui pris la main pour la forcer à m’accompagner, mais n’aimant pas être emportée de cette manière, elle me fit lâcher prise. Elle consentit tout de même à accepter mon offre, non sans bouder évidemment. D’une certaine manière je peux comprendre sa réaction, elle a une certaine fierté. Devant le buraliste, je lui demandai alors ce qu’elle prenait et elle énonça machinalement la marque de son paquet. J’en commandai alors deux, un prétendument pour mon père et un pour elle. En voyant le prix je manquai de faire un arrêt cardiaque, c’était beaucoup plus cher que ce que j’imaginais ! Aussi belle puisses-tu être Hélène, je ne ferai pas ça tous les jours pour toi… Je lui tendis un des deux paquets, et elle le prit en détournant la tête de manière hautaine sans murmurer le moindre remerciement. Je ne lui en veux pas, sa réaction m’amuse plus qu’autre chose.
Pour accompagner le geste et pour étancher notre soif, je payais deux canettes de soda à un distributeur avant que nous allions nous poser sur un banc dans la ville. C’est tout de même soulagée qu’elle sortit et alluma l’une de ses cigarettes fraîchement acquises. Elle en expira une bouffée de fumée, à présent décontractée, avec son cola light dans l’autre main.
- Dis-moi, ton père aussi il fume de celles-là ?
- Euh… Ouais, elles sont pas mal d’après lui, affirmai-je maladroitement.
- Ce sont les moins chères.
J’eus un simple rire nerveux. Forcément. De toute façon, je ne pensais pas que mon mensonge était crédible un seul instant.
- C’est vrai, sans doute pas celles qu’il consomme. Il ne va pas être content si je lui ramène ça, tu en feras un meilleur usage que lui j’imagine, soufflai-je en lui tendant le paquet.
Elle marqua un temps d’arrêt pour fixer non pas l’objet que je lui tendais mais directement mes yeux. Elle arborait une expression neutre, voire froide, ce qui était plutôt perturbant.
- Ton père ne fume pas, pas vrai ?
- Exact…
- Je ne veux pas de ta pitié, ou quoi que ce soit du genre.
- Oh, écoute, tu ne peux pas juste dire « merci » et prendre ce que l’on te donne pour une fois ? Ce n’est pas de la pitié, juste un simple service rendu à une amie ! clamai-je en lui plaquant les cigarettes entre les mains.
Pendant un instant, j’ai pensé qu’elle me giflerait, mais elle a simplement baissé la tête sans dire mot. Je me suis alors senti mal, j’ai culpabilisé pour ce que je venais de faire. C’était sans doute excessif, je devrais me contenter de respecter ses choix.
- Excuse-moi, c’est sympa de ta part. Merci… souffla-t-elle sans oser me regarder.
L’entendre s’excuser ainsi ne lui ressemble pas. Elle doit vraiment être désorientée pour parler ainsi. Ou alors, c’est peut-être une partie d’elle que je ne connaissais pas. Je retrouvais moi aussi mon calme, et ma question traversa mes lèvres avant que j’aie eu le temps d’y songer.
- Pourquoi fumes-tu ?
- Ça me détend, je crois.
- Depuis longtemps ?
- Ça va faire cinq ans maintenant. Depuis que ma mère est morte alors que je n’avais que douze ans.
- Tu vis seule avec ton père alors ?
- Jusqu’à que je puisse me tirer de là, je vais devoir supporter ce connard. Ce sale ivrogne n’attend que ça d’ailleurs, m’apprit-elle avec un rire jaune.
- Tu es seule alors… ?
- Bien sûr que non ! J’ai toutes mes amies du lycée ! réfuta-t-elle énergiquement.
- De vraies amies ?
- Et toi alors, espèce d’asocial ? T’as pas ce genre de soucis je parie.
- Non, c’est vrai. J’ai deux parents aimants, ainsi qu’une adorable petite sœur sur laquelle je peux compter. Je ne suis pas tout à fait seul.
- Tu as de la chance, bourgeois…
J’ai cru déceler une pointe d’envie dans le regard d’Hélène lorsqu’elle a prononcé ces mots. Oui, je suis bien chanceux d’avoir une sœur pareille. Sans elle, je n’aurais eu personne à qui parler, ma vie serait vide. Je ne sais pas comment j’aurais vécu. En revanche…
- Tu n’es plus seule maintenant. On est partenaires, et ce pour bien plus que des cigarettes.
- Hey, ne t’y crois pas trop, vantard.
La voir dire ça avec un sourire radieux et sincère me mit du baume au cœur. Elle aussi, elle est auprès de moi. Et malgré tout ce qu’elle a pu traverser avant, elle a maintenant quelqu’un à qui parler. Pourtant, en l’observant, il est difficile de deviner tout cela. Une très belle jeune fille avec un corps mince sans défaut, une chevelure blonde luisante lui tombant sous les épaules. De merveilleux et profonds yeux de saphirs, une peau d’une douceur infinie, une magnifique voix cristalline, des lèvres des plus attirantes, une poitrine ferme et envouteuse…
- Qu’est-ce que tu mates, bouffon ? me réprimanda-t-elle peut-être en percevant mon regard déplacé.
…et un caractère de cochon !
- Oh, euh… Ton soda ! Je n’ai jamais compris la différence entre le Cola et le Cola Light ! me rattrapai-je aussitôt avec une excuse plutôt mal formulée.
- Hum ? s’interrogea-t-elle en prenant une gorgée de son Cola Light. Le goût est légèrement différent, et j’ai une tendance à préférer le Light au Cola habituel.
- Euh… Ouais, c’est ça j’imagine, appuyai-je alors qu’elle marquait un temps d’arrêt.
- Putain mais t’es con ou quoi ?
Ah, ça m’aurait étonné.
- Ouais, non… Oh regarde, un ciné ! détournai-je de manière hasardeuse un peu désespéré en désignant le bâtiment au loin.
- Mais tu es tout à fait débile, il est en travaux, et il ne passait que des films de merde de toute façon, rétorqua Hélène un peu suspicieuse.
- Mouais, allons boire un café plutôt, il faut que je te parle d’un truc.
- Ok. Oh, et inutile de le préciser, mais oublie l’idée de me serrer ! devança-t-elle un peu trop froidement à mon goût.
- Ce n’était pas mon intention… mentis-je.
Hum, elle peut parfois être blessante, m’enfin bon. J’ai vraiment un truc à lui dire de toute manière. Quelque chose qui m’inquiète un peu, qui peut sembler être une évidence, mais dans l’éventualité où elle aurait eu une réponse précise à ce sujet, cela peut m’aider.
Nous nous retrouvâmes à une terrasse, exactement comme lors du jour où nous sommes allés chercher mon téléphone. Cette fois, ce fut elle qui tint à m’offrir le café. C’était sans doute déjà plus dans ses cordes, et au fond je l’en remercie car cette journée commençait à me coûter cher.
- Dis-moi, Hélène, ça me tracasse un peu, mais penses-tu que les démonistes et démons soient nombreux parmi la population ? questionnai-je en sirotant mon café afin de changer de notre précédent sujet de conversation.
- Pour les démons je ne suis pas sûre, quant aux démonistes je peux affirmer que ce n’est pas le cas.
- Pourquoi cela ?
- J’imagine que si le nombre de démonistes était élevé, tôt ou tard l’un d’entre eux aurait fait une connerie monumentale qui aurait tout révélé à tout le monde.
- C’est pas faux…
- Hum ? Qu’est-ce que tu n’as pas compris ?
- Est-ce qu’on est autorisés à faire usage de nos pouvoirs en dehors des rencontres ? réfléchis-je un peu perplexe quant à la réponse.
- Je n’en sais rien, mais ce que je sais c’est que ce n’est pas interdit. Si c’était le cas, on en aurait été informé très vite d’un sujet aussi important, ajouta cette rose épineuse en croisant ses jambes.
- Donc on peut faire ce que l’on veut ?
- Pas exactement. Je n’oublie pas que nous participons à un tournoi, c’est-à-dire une compétition, avec des enjeux et des concurrents. Si on se fait trop remarquer, ces mêmes concurrents vont finir par nous repérer et nous faire la peau. C’est toujours ça de moins à faire par la suite.
- Je comprends la mentalité. Un peu sévère tout de même…
- Je ne trouve pas. Celui qui manque de prudence et s’expose est celui qui finira par déguster de sa naïveté, philosopha-t-elle en déposant sa tasse de café vide.
- Oh, tu vois que tu peux être mignonne et dire des choses sensées, remarquai-je en souriant.
- Que… Ferme-là, misérable ! Ce n’est pas ton cas !... Pas toujours…
- Hé hé ! Oups, je vais être en retard. Fantasma va me réprimander. Une dernière chose avant qu’on ne se sépare, Hélène. Pourrais-tu me donner ton numéro de téléphone ? Il serait bon que je l’aie, tu n’es pas d’accord ?
- T’en as pas besoin, espèce d’asocial ! rétorqua-t-elle aussitôt.
- Ah, dommage. Moi qui pensais que nous étions amis, soupirai-je.
- Partenaires ! rectifia la jeune fille embarrassée. Hum… Tiens.
Elle concéda finalement à me le donner, griffonné sur un petit bout de papier, son numéro de téléphone. Enfin ! Maintenant quand j’aurai quelque chose d’urgent à lui demander je n’aurai pas besoin d’attendre qu’elle me contacte. Une bonne chose de faite.
- Ah, merci ! Sur ce, je te laisse ! saluai-je sur le point de partir.
- Attends, ordonna-t-elle en se levant.
Elle fit un pas dans ma direction, ce qui ne manqua pas de me surprendre. Et lorsqu’elle approcha son visage du mien, mon cœur s’affola aussitôt. Et finalement, elle posa ses lèvres… sur ma joue. Hum, je crois que je me suis emballé un peu vite.
- Salue-moi au moins correctement, espèce de crétin d’impoli ! corrigea-t-elle.
- Oh, ouais, où avais-je la tête ! C’est que d’habitude ce sont mes amies que je salue comme ça ! taquinai-je me délectant de son embarras.
- Tu n’as pas d’amies, sale asocial ! me rappela-t-elle un peu douloureusement.
- Hum, pas même toi ?
- Rien à voir, j’ai juste pitié de toi, c’est tout… accorda Hélène en détournant le regard, ennuyée.
- Oh, je vois que même toi tu peux être vraiment très mignonne et adorable ! admis-je l’air taquin en lui caressant la joue, ce qui la fit réagir immédiatement.
- Qu’est-ce que ça veut dire, ça ?! Je vais te briser en deux, connard !
- Désolé, j’ai pas le temps, je dois te laisser !
Je profitai de cette opportunité pour m’enfuir en trottant, évitant ainsi une mort lente et douloureuse infligée par cette belle rose. Je pus remarquer du coin de l’œil un étrange sourire naître sur son visage, un sourire tout à fait particulier. Moi-même je ne retins pas ce même sourire identique sur mes lèvres. Je crois bien avoir une touche, et une belle ! Je me sens bien plus léger désormais. J’ai bien l’impression d’avoir une chance avec Hélène, la fille que j’aime. Mais bizarrement, j’ai un étrange sentiment à ce sujet. C’est comme si… Non, ce n’est pas important. Cela dit, ce n’est pas elle qui va me sauver de la punition de Fantasma ! Je vais me faire massacrer pour mon retard…
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